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Encore un effort, camarades, pour sortir de l'abîme

Envoyé par Henri Rebeyrol 
Aujourd'hui, dimanche 17 mars, à 11 heures, les quelques auditeurs qui écoutent encore France-Culture ont sans doute senti souffler le vent de l'Histoire (l'allusion au "vent de l'Histoire" est évidemment ironique). L'invité était M. Kepel qui a eu droit au grand couvert : une heure pour traiter de son dernier livre, "Passions arabes", et, pour abonder dans son sens (pas ou peu d'objection "de fond") et lui passer de la pommade dans le dos, les trois ou quatre journalistes ou penseurs du "complexe médiatique" qui savent parler en public, qui n'écorchent pas trop le français et qui sont un peu "cultivés" à la mode ancienne, MM. Gallo, Bourlange, Meyer et deux autres habitués de l'émission dont je n'ai pas retenu le nom, n'ayant pas le désir d'encombrer ma mémoire de brimborions.

Il y a deux ans, M. Kepel a "vendu la mèche" sur la cause principale des émeutes (nuits de cristal ?) d'octobre et novembre 2005. Tout a vraiment commencé, a-t-il expliqué dans son livre sur ces émeutes, dans lequel il célèbre aussi Hugo Victor qui a écrit Les Misérables, roman dont une partie de l'action se passe à Montfermeil, le célèbre Montfermeil des banlieues, tout, à savoir incendies d'écoles, de bus, de bibliothèques, d'automobiles, de commerces, appartenant tous, comme le loi d'Allah l'exige (pour justifier qu'ils soient incendiés), à des mécréants, de commissariats de police, d'abribus, de bâtiments publics, de gymnases, etc. et bien entendu d'êtres humains, tous appartenant à la même communauté inférieure, quand la rumeur suivant laquelle les CRS auraient attaqué une mosquée, à Aubervilliers, si ma mémoire ne me trompe pas, et en auraient gazé les occupants, "rumeur" mensongère évidemment, comme toutes les rumeurs de ce type, s'est répandue dans les banlieues, et jusqu'au Danemark, les habitants de ces banlieues se vengeant de ce prétendu sacrilège en incendiant tout ce qu'ils voyaient aux cris "Allah akbar" et accessoirement "mort aux juifs"...

M. Kepel dans son dernier livre est revenu à la charge, cette fois-ci contre les fables, les blagues et les mensonges qu'il a contribué, autant que les autres sociologues, politologues, islamologues, etc. à forger au cours de ces quarante dernières années : grandeur, puis fin, de l'islam politique, analogies entre les Frères musulmans et les démocrates chrétiens européens, grandeur de la "petite bourgeoisie" pieuse, sacralisation des "révolutions arabes", qui ne sont ni des révolutions, ni arabes, etc.. Et pour cela, éventuellement pour atteindre non pas la Vérité, mais une vérité, celle des choses et des événements, il a décidé de ressusciter deux anciens modes d'appréhension du réel, modes totalement décriés, discrédités, voués aux gémonies par tous les tenants des sciences du social : l'orientalisme, en particulier celui des voyageurs ou des anciens savants - ceux d'avant le triomphe des sciences sociales - et la littérature, en particulier Flaubert, écrivain qui s'est essayé, mais par dérision ou sans trop y croire, à l'orientalisme. Les journalistes qui l'invitaient ont embouché les trompettes de la Renommée pour saluer la valeur littéraire de ces "Passions arabes" : attendons d'en avoir lu une ligne ou deux pour juger de la qualité littéraire du livre de M. Kepel, qui s'est souvenu soudain, au cours de cette émission, qu'il était français (d'où ce goût nouveau pour la belle langue et pour la littérature) ...

Le fait est qu'il rend hommage aux orientalistes, voyageurs ou "savants", un peu érudits, à l'ancienne mode, qui ont été accusés de racisme, de colonialisme, d'impérialisme, d'avoir inventé "l'Orient" et d'avoir vendu aux Occidentaux, sous le nom d'Orient, leurs propres fantasmes sexuels ou xénophobes, etc. etc. etc. Finalement, nous apprend M. Kepel, ces orientalistes de jadis, même quand ils étaient de simples voyageurs, comme Denon ou Flaubert, ont écrit (ou peint, ou photographié) plus de choses intéressantes et vraies sur l'Orient et les orientaux que la plupart ou la totalité des savants "modernes", dont lui-même et ses collègues, spécialistes du social, depuis un demi-siècle. La résurrection de l'orientalisme s'accompagne d'un éloge des pouvoirs de la littérature, comme mode de saisie des réalités humaines. Il ne faut pas trop se leurrer. Sous la plume ou dans la bouche de M. Kepel, l'éloge de la littérature risque d'être de la même eau que les dithyrambes qu'il modulait naguère sur les grandeurs des sciences sociales, incontournables ou indépassables, comme chacun était tenu de s'en persuader - sans preuve évidemment. Quoi qu'il en soit (comprendre : à la différences des hôtes de M. Kepel, je ne crois guère à la validité, ou même à la sincérité, de ses retournements), l'essentiel a été dit au cours de cette émission, même si cela a été dit en creux ou en négatif : toute la "science" (les "logies" du social, de l'islam, de la politique, de la psyché), dont on rebat les oreilles des Français depuis des décennies et à laquelle ils sont sommés d'accorder du crédit, ne vaut pas grand-chose. Ce n'est qu'une hénaurme blague, disait Flaubert - le nouveau modèle à suivre, selon M. Kepel, pour tout ce qui se rapporte à l'islam, aux musulmans, aux élucubrations politiques.
Enfin une bonne nouvelle !
Cherchez la femme ... Aurait-il convolé avec une chrétienne du levant encore amoureuse de la littérature française?
Utilisateur anonyme
18 mars 2013, 13:43   Re : Encore un effort, camarades, pour sortir de l'abîme
Flaubert l’orientaliste, c’est la première chose que l’on rencontre sur la “quatrième de couverture” de la biographie que Michel Winock vient de consacrer à l’auteur de Madame Bovary.
Au cours de cette émission, M. Kepel a vendu une autre mèche, celle du "mythe" (puisque c'est le terme qu'il emploie) de l'origine de la "révolution" tunisienne. Le dénommé Bouazizi qui s'est immolé par le feu n'avait aucun diplôme, n'avait pas suivi d'études supérieures, ni même d'études secondaires, n'a pas été giflé par la policière municipale qui lui demandait de plier son étal et de déguerpir, étant un vendeur à la sauvette ou clandestin; en revanche, il avait agoni la malheureuse de ces injures sexistes que l'on entend habituellement dans ces lieux (omerta, évidemment, des médias français et européens). C'est la propagande "gauchiste" (c'est le mot employé par M. Kepel) qui a "fabriqué" cet ersatz de martyr ou de héros de la cause, le transformant en étudiant diplômé sans emploi, obligé pour nourrir sa famille de vendre des légumes, et en victime de la répression policière. Tout le monde a gobé cette hénaurme blague : de la part des Tunisiens, cela se comprend - ils sont formatés de gober n'importe quoi. Mais les journalistes français ont gobé ça aussi (volontairement ou non) et ont réussi à faire gober ce "mythe", selon le joli mot de M. Kepel (quelle idée se fait-il d'un mythe ?) à leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.
Cher ami, je crains fort qu'on ne puisse vendre une mèche.

En effet, l'expression "vendre la mèche" est une corruption pour "eventer la mèche", c'est à dire "découvrir, au moyen d'une contre-mine, l'endroit où une mine a été pratiquée, et enlever la mèche qui devait mettre le feu".

Il n'y a donc, par définition, qu'une et une seule mèche.
Les choses de la langue ne sont pas aussi simples que vous semblez le penser.

Littré (1872-77) écrit : "au lieu d'éventer la mèche, le populaire dit souvent vendre la mèche ; c'est absurde". Littré fait de "vendre la mèche" un "signe" de classe. Ce ne sont pas les bourgeois qui emploient cette expression, mais "le populaire", terme méprisant pour désigner le peuple. Cette expression attribuée au populaire ("populo") me convient parfaitement pour parler de trissotins blindés de diplômes qui découvrent soudain que la terre n'est pas plate. La langue, pas plus que la terre, n'est plate. Elle est faite d'innombrables strates entre lesquelles circule le sens (ou devrait circuler le sens). Flaubert, parlant d'imbéciles, n'hésitait pas à forcer la langue, à mal écrire et même à faire des fautes. Pourquoi ne suivrait-on pas les leçons qu'il donne ?

Pourtant, même pour ce qui est de l'usage, les choses ne sont pas aussi tranchées qu'elles le paraissent. Dans le Dictionnaire de l'Académie (1762, 1798, 1832), l'expression est ainsi glosée : "On dit aussi figurément découvrir la mèche, éventer la mèche pour dire "découvrir le secret d'un complot". Les académiciens ajoutent, à propos de l'emploi "on éventa la mèche", qu'il "est du style familier". Autrement dit, en 1762, éventer la mèche semblait familier par rapport à la "norme" "découvrir la mèche". Selon Féraud (1788), l'expression, que ce soit avec "découvrir" ou avec "éventer", est du "style familier". La familiarité supposée du verbe "éventer" dans "éventer la mèche" disparait dans le dictionnaire de Littré. Au figuré, découvrir, éventer la mèche, c'est "découvrir le secret d'un complot, d'une affaire". En 1935, les académiciens infirment le jugement de Littré et qualifient de "familières" les deux expressions "découvrir la mèche" et "éventer la mèche". Ils relèvent "vendre la mèche", sans porter de jugement sur l'emploi du verbe "vendre" : "on dit aussi vendre la mèche", écrivent-ils sèchement. En revanche, seule cette dernière expression est tenue pour familière dans le Trésor de la langue française : "vendre la mèche (au fig. et fam.) : dénoncer un complot, dévoiler une combinaison".

Tout cela pour dire en substance que les jugements en matière de langue sont flottants, parfois hésitants, souvent contradictoires, et qu'ils ne sont jamais fondés en raison (comprendre : leur fondement reste implicite). Mais là n'est pas l'essentiel. Pour beaucoup de lexicographes, découvrir ou éventer ou vendre la mèche, que le verbe soit familier ou "populaire" importe peu, a pour sens "dévoiler le secret d'un complot, d'une machination". Or, ce n'est pas dans ce sens que "vendre la mèche" a été employé ci-dessus. A mon sens, la glose la plus fine est dans la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie. Fi des subtilités "familier" ou non familier. Pour les académiciens, les expressions n'ont pas le même sens. Découvrir (ou éventer) la mèche, c'est "découvrir le secret d'un complot, d'un arrangement, pénétrer un dessein secret et empêcher qu'il réussisse", alors que "vendre la mèche", c'est "révéler ce qui devait rester caché". Il me semble que ce vendre la mèche est parfaitement "propre" (au sens grammatical ou sémantique de ce terme) et qu'il dit plus justement qu'éventer la mèche (puisqu'il n'y a pas de complot, ni d'arrangement, ni dessein secret) ce que M. Kepel a révélé à deux reprises, à savoir des faits qui étaient cachés ou dissimulés et qui devaient le rester.
Je parlais d'une mèche, pas de la mèche. C'est le "une autre mèche" qui me semble poser problème, puisqu'il n'y a, par définition, qu'une mèche à la mine.
Ah mais là il y a deux mines, soit deux sujets différents à quoi se réfèrent l'une et l'autre mèche, soit une mèche pour chaque mine, no ?

Pour ma part, je vous avoue que ce serait plutôt le "poser problème" qui m'a toujours paru un peu raide et indisposant... "Faire sens" également me fait le même effet ; on dirait que l'idée a du mal à passer sans le concours suggestif du corps...
Ha, vous n'êtes pas ingénieur... "une autre mèche" évoque l'idée non point d'une autre mine, mais d'une sorte de mine qui reprendrait vie après avoir été, comment dire, soufflée... techniquement, il n'y a pas deux mines au même endroit...

Au fond, que reprochez-vous à "poser problème" ? le fait qu'il n'y ait pas d'article ? de mon point de vue, la construction est ancienne et identique à "faire doute"...
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