Très intéressante recension dans
Le Monde d'hier soir.
L'article se livrait à la critique, élogieuse, cela va sans dire, sous le titre, "Mauvaise note pour la mixité", d'un
ouvrage collectif
L'école, une utopie à reconstruire, qui vient de paraître aux éditions La Découverte sous le haut patronage de l'extraordinaire Dubet.
Il faut prendre très au sérieux ce qui paraît à la Découverte, lointaine héritière de François Maspéro, car ces éditions exercent un quasi monopole et magistère sur la pensée de gauche en sa forme la plus moderne et radicale (postcolonialisme, remplacisme, pédagogisme, mariagepourtousisme, transisme). Il ne faut pas douter donc que les propositions pour reconstruire
l'utopie scolaire trouveront bientôt une oreille attendrie dans les couloirs du ministère de l'Education. Qu'y trouve-t-on donc de si novateur nous explique le journaliste ? Eh bien, à côté des habituelles jérémiades sur l'école qui
trie, qui
sélectionne, qui
note et stigmatise les jeunes issus des quartiers populaires, et sur les classes moyennes qui ne jouent pas le jeu de la mixité sociale (notamment les bobos parisiens qui mettent leurs enfants dans les écoles privées), apparaît cette proposition absolument grandiose :
la suppression de toute mention à la profession des parents dans les fiches de renseignement que remplissent les enfants pour leurs professeurs au début de l'année scolaire ?
Pourquoi ? Parce qu'une "étude" a monté qu'à côté de la discrimination fondamentale, du fait de leurs origines sociales, et raciales dont sont victimes les enfants des classes populaires s'ajoutait une deuxième discrimination encore plus terrible : les professeurs, du fait d'un processus inconscient, auraient tendance à mieux noter les enfants de cadres supérieurs. Mieux même : 25 % de l'écart (quelle précision !) constaté s'expliquerait par la surnotation des professeurs. L'auteur de l'étude et de cette
modeste proposition (au sens swiftien) se dénomme Pierre (Kh)Merle. L'article se conclut d'ailleurs sur un constat du sociologue sur les notes comme
rituels de stigmatisation (jadore) et causes du décrochage scolaire. Grandiose !