Communiqué n° 1183 : Sur la chute du président Hosni Moubarak

Communiqué n° 1183, vendredi 11 février 2011
Sur la chute du président Hosni Moubarak

Le parti de l'in-nocence salue avec joie la chute et le départ du président Hosni Moubarak, dictateur corrompu qui était une des figures du despotisme oriental dans sa version moderne. Il salue le courage et la détermination des manifestants qui ont remporté cette victoire et il espère vivement qu'ils ne se la laisseront voler et détourner ni par l'armée ni par les intégristes religieux. Il espère que ce nouveau succès de la liberté, après celui qu'elle a remporté le mois dernier en Tunisie, sera rapidement amené à s'inscrire dans une série heureuse, où brilleront les noms de l'Algérie ou du Soudan, et ceux des plus caricaturales et tragiques des tyrannies encore en place, que ce soit en Libye et en Syrie. Il ne doute pas qu'un tel "Printemps des peuples" du monde arabo-musulman mènerait à une révision globale des rapports du monde occidental avec eux, éloignant le spectre d'un "choc des civilisations" qu'il n'a bien sûr jamais souhaité, même s'il trouvait absurde qu'on refusât d'en percevoir la menace, les prémices et les premières escarmouches.

On sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne.

Je bats ma coulpe, Florentin.

D'après le Wall Street Journal, M. Ahmadinejad vient de déclarer que la chute de M. Moubarak était une grande victoire, et a saisi l'occasion pour appeler les pays de la région de se "libérer" des "pouvoirs arrogants" (comprenez Israël et les Etats-unis).

J'aurai sans doute tort de bouder mon plaisir et de cultiver mes idées noires : puisque le PI et les Mollahs sont d'accord, c'est que je dois avoir tort.

Ce grand vent de liberté mérite un hommage de haute tenue :

Hossni se prononce honni.

Comme Ghisslaine !

Les mouvements actuels ressemblent, dans une certaine mesure, à la révolution iranienne de 1979. Il s'agit pour les peuples de chasser des dictateurs décadents, laquais de l'Occident. Sauf que l'URSS n'est plus là... et qu'il n'y avait pas Facebook en ce temps-là.

La révolution iranienne est devenue islamique quand les islamistes, qui étaient une composante parmi d'autres du mouvement révolutionnaire, ont confisqué la révolution et éliminé tous les autres opposants : communistes, moudjahedines, nationalistes démocrates inspirés par Mossadegh, etc.

Quand Khomeini est rentré à Téhéran, on pensait sincèrement que ce vieux monsieur, en apparence très sage, se contenterait de rester à Qom (ville religieuse) pour prononcer des oracles, sans rapport direct avec la politique. Comme on était naïf.

D'ailleurs, le premier gouvernement de l'ère révolutionnaire était constitué de technocrates en cravate, formés aux Etats-Unis, modernes, sachant l'anglais. Puis tout s'est emballé : les mollahs ont pris le pouvoir, éliminé tous leurs opposants politiques, interdit la cravate (symbole de la décadence occidentale) et surtout provoqué la guerre contre l'Irak qui leur a permis d'asseoir une bonne fois pour toute leur pouvoir. A tel point que Khomeini a refusé un cessez-le-feu en 1982, et poursuivi cette guerre stupide jusqu'en 1988 pour sans cesse détourner l'attention.

La déclaration d'Ahmadinejad est ridicule : il salue le mouvement égyptien au moment même où les manifestations en Iran sont durement réprimées. Il espère que l'Egypte (et les autres pays arabes en proie aux événements) deviendra une république islamique... qui réprimera dans le sang toute contestation démocratique.
Le peuple iranien s'est révolté contre ses dirigeants en 2009. Il n'attend qu'une seule chose : remettre cela.

Les mouvements révolutionnaires arabes, que nous applaudissons sincèrement aujourd'hui, vont-ils, comme en Iran, être récupérés par des islamistes soucieux d'en découdre avec Israël pour mieux cacher leurs turpitudes à venir ? Nous sommes à un tournant décisif. La haine d'Israël et le soutien aux gentils Palestiniens demeurent des ressorts puissants, susceptibles de fédérer la rue arabe. D'autant qu'à Téhéran, on prépare activement les prochaines échéances militaires par hamas et hezbollah interposés. De quoi susciter l'émotion et emmener tout le monde sur la voie de l'islam politique antisioniste. Suivre une telle pente est, de toute façon, plus simple qu'organiser une vraie démocratie.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Le célébre chroniqueur Spengler nous donne sa version très plausible de la crise égyptienne.


SPENGLER
Food and failed Arab states
By Spengler

Even Islamists have to eat. It is unclear whether President Hosni Mubarak of Egypt will survive, or whether his nationalist regime will be replaced by an Islamist, democratic, or authoritarian state. What is certain is that it will be a failed state. Amid the speculation about the shape of Arab politics to come, a handful of observers, for example economist Nourel Roubini, have pointed to the obvious: Wheat prices have almost doubled in the past year.

Egypt is the world's largest wheat importer, beholden to foreign providers for nearly half its total food consumption. Half of

Egyptians live on less than $2 a day. Food comprises almost half the country's consumer price index, and much more than half of spending for the poorer half of the country. This will get worse, not better.

La suite i c i

Vous devez avoir raison, j'ai écouté frère Tariq sur notre radio publique, et il était des plus rassurants. Finalement, je vais croire, comme lui, qu'un vent de liberté souffle en ce printemps tôtif, et que le danger représenté par les frères musulmans est surfait, et que la presse israélienne manifeste des inquiétudes disproportionnées.

Vision marxiste de l'Histoire, si je peux me permettre : Les structures sont indépassables.

Curieux... Les commentaires laissent songeur ("experts" et journalistes). L'art de tourner les pages avec désinvolture. Le degré zéro de l'analyse sur toutes les ondes. Le coup de l'émotion. C'est comme une "Coupe du Monde" nous sort un journaliste sur France Culture.

Non, Onuphre, nous prenons un coup de jeune, c'est tout.

Ecoutez les radios, regardez les émissions, lisez la presse : les dictateurs corrompus figures du despotisme oriental Thieu et Lon Nol se sont enfuis, la foule exulte, le grand vent printanier de la démocratie s'est levé.

Je vais de ce pas préparer l'épisode suivant, c'est à dire l'accueil des Boat People à Marseille et à Sète.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Ce serait plutôt : casse-toi Sarko !

Citation
Jean-Marc
Non, Onuphre, nous prenons un coup de jeune, c'est tout.

Ecoutez les radios, regardez les émissions, lisez la presse : les dictateurs corrompus figures du despotisme oriental Thieu et Lon Nol se sont enfuis, la foule exulte, le grand vent printanier de la démocratie s'est levé.

Je vais de ce pas préparer l'épisode suivant, c'est à dire l'accueil des Boat People à Marseille et à Sète.

Eh, oui, Jean-Marc, c'est tellement vrai, ce petit rappel était nécessaire. D'ailleurs, on annonce déjà une arrivée à Lampedusa. Pratiquons, plus que jamais, le doute méthodique, c'est très dynamisant !

Voilà qui aurait sans doute mérité un "fil" à soi seul :



Abdellatif Kechiche: "Je rêve d'un soulèvement de nos banlieues"

12/02/2011 | 14H57

Grisé par la révolte du peuple, le réalisateur d’origine tunisienne Abdellatif Kechiche espère qu’elle touche toutes les démocraties où règne l’injustice.

"Qu’elle est belle cette révolution. Comme beaucoup de gens, elle me grise. Parfois, j’ai le sentiment qu’elle vient de moi, qu’elle est l’expression de ma révolte face à l’injustice, qu’elle sort de mes propres tripes. C’est d’ailleurs plus une révolte des tripes que du jasmin, des roses ou de je ne sais quoi. C’est un véritable cri. Des hommes luttent, sacrifiant leur vie pour la dignité.

Lorsque les événements ont commencé, je me suis senti totalement solidaire, bien sûr, des émeutiers, mais je n’osais pas y croire et j’avais peur pour eux. J’assistais en témoin impuissant, sidéré, à ce courage populaire, spontané, exemplaire. Un peuple qui parvient à déstabiliser puis à renverser une dictature aussi redoutable que celle qui était en place depuis trop longtemps en Tunisie, ce n’est pas rien. Tout devient possible. C’est une belle leçon à la planète entière. En même temps qu’une véritable claque aux intellectuels, politiques, et artistes, dont je suis, qui n’ont rien su ou pu faire pour changer les choses.

Je souhaite de tout mon être une longue vie à cette révolte populaire, qu’elle continue à faire des petits à travers le monde arabe, bien sûr, mais pas seulement. Je rêve de la voir se propager à toutes les dictatures, mais aussi à toutes les démocraties corrompues, partout où sévissent l’injustice sociale, le mépris et l’humiliation des hommes. Je rêve d’un soulèvement de nos banlieues.”

Propos recueillis par Marion Mourgue et Bernard Zekri



[www.lesinrocks.com]

". Parfois, j’ai le sentiment qu’elle vient de moi, qu’elle est l’expression de ma révolte face à l’injustice, qu’elle sort de mes propres tripes. C’est d’ailleurs plus une révolte des tripes que du jasmin, des roses ou de je ne sais quoi."

Cet homme est un génie de la tripe, il devrait s'établir charcutier. Qu'il sache cependant que ce qui sort des tripes ne sent pas la rose ni le jasmin.

En effet c'est du lourd Stéphane Bily. Cet homme est à vomir, il ne fait que des films anti-français grâce à nos subventions et continue à nous cracher dessus dès qu'il en a l'occasion.

Pour revenir au sujet, il y a quelque chose que je ne comprends pas dans la position du PI. Dans un précédent communiqué, le Parti voyait, dans un proche avenir, les pays arabes comme démocraties ou régimes islamistes, dernière situation qui aurait le mérite d'une rupture inévitable entre les deux civilisations.
Maintenant, alors que l'avenir n'est guère plus lisible, vous écartez cette théorie du choc des civilisations.
Vous émettez toujours avec raison quelques réserves, mais je ne vois pas ce qui concrètement peut faire penser à un avenir plus rose que vert pour les pays arabes.

Très bon reportage d'Arte sur les manifestations et la tactique des frères musulmans en Egypte.

Visible en intégralité ici :

[videos.arte.tv]

Citation
Jean-Marc


Je vais de ce pas préparer l'épisode suivant, c'est à dire l'accueil des Boat People à Marseille et à Sète.

Plus de 4000 Tunisiens à Lampedusa ce soir, déjà. Vous avez été, je crois, le seul ici, à avoir mis le doigt sur le fameux épisode n°2.....

Non, le monde arabe n'est pas l'Europe de l'Est en 1989 !

Extrait

Les Moubarak et autres Kadhafi du Moyen-Orient ne sont pas des phénomènes tombés de la lune ; ils sont le produit de l'absence de liberté inhérente à la culture de masse islamique. On s'accoutume très tôt à la soumission, dans cette civilisation. Dès lors qu'il est interdit de répondre à son père, à son maître, à un imam, se soumettre à une dictature d'un Etat devient presque une seconde nature. Dans un tel contexte les moyens d'action individuels - en réalité, de survie - sont la conspiration, la manipulation, l'intrigue et la corruption. Ceux qui veulent avoir le pouvoir craignent que tout partage représente un aveu de faiblesse, une humiliation. C'est pourquoi, quand une position est acquise, elle devient permanente, cela du plus humble des bureaucrates jusqu'à la présidence.


Ayaan Hirsi Ali, fondatrice de l'AHA Foundation, pour la défense des femmes musulmanes

[www.lemonde.fr]

Je m'étonne que l'islamophile "Le Monde" publie un tel texte. Vite, rendez-nous Edwy Plenel !

Le Monde publie aussi : Révolution post-islamiste par Olivier Roy.

"Là, des gens qui arrivent en libérateurs se muent sur un mode somnambulique en dictateurs jusqu'à ce qu'un autre vienne mobiliser les masses pour libérer la nation de son ex-libérateur. Immanquablement, l'homme nouveau rétablit la vieille infrastructure de mouchardage et de torture."

Merci, Ostinato, d'avoir attiré notre attention sur cet article.