Les mouvements actuels ressemblent, dans une certaine mesure, à la révolution iranienne de 1979. Il s'agit pour les peuples de chasser des dictateurs décadents, laquais de l'Occident. Sauf que l'URSS n'est plus là... et qu'il n'y avait pas Facebook en ce temps-là.
La révolution iranienne est devenue
islamique quand les islamistes, qui étaient une composante parmi d'autres du mouvement révolutionnaire, ont confisqué la révolution et éliminé tous les autres opposants : communistes, moudjahedines, nationalistes démocrates inspirés par Mossadegh, etc.
Quand Khomeini est rentré à Téhéran, on pensait sincèrement que ce vieux monsieur, en apparence très sage, se contenterait de rester à Qom (ville religieuse) pour prononcer des oracles, sans rapport direct avec la politique. Comme on était naïf.
D'ailleurs, le premier gouvernement de l'ère révolutionnaire était constitué de technocrates en cravate, formés aux Etats-Unis, modernes, sachant l'anglais. Puis tout s'est emballé : les mollahs ont pris le pouvoir, éliminé tous leurs opposants politiques, interdit la cravate (symbole de la décadence occidentale) et surtout provoqué la guerre contre l'Irak qui leur a permis d'asseoir une bonne fois pour toute leur pouvoir. A tel point que Khomeini a refusé un cessez-le-feu en 1982, et poursuivi cette guerre stupide jusqu'en 1988 pour sans cesse détourner l'attention.
La déclaration d'Ahmadinejad est ridicule : il salue le mouvement égyptien au moment même où les manifestations en Iran sont durement réprimées. Il espère que l'Egypte (et les autres pays arabes en proie aux événements) deviendra une république islamique... qui réprimera dans le sang toute contestation démocratique.
Le peuple iranien s'est révolté contre ses dirigeants en 2009. Il n'attend qu'une seule chose : remettre cela.
Les mouvements révolutionnaires arabes, que nous applaudissons sincèrement aujourd'hui, vont-ils, comme en Iran, être récupérés par des islamistes soucieux d'en découdre avec Israël pour mieux cacher leurs turpitudes à venir ? Nous sommes à un tournant décisif. La haine d'Israël et le soutien aux gentils Palestiniens demeurent des ressorts puissants, susceptibles de fédérer la rue arabe. D'autant qu'à Téhéran, on prépare activement les prochaines échéances militaires par hamas et hezbollah interposés. De quoi susciter l'émotion et emmener tout le monde sur la voie de l'islam politique antisioniste. Suivre une telle pente est, de toute façon, plus simple qu'organiser une vraie démocratie.