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La littérature, ce truc de boloss

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 avril 2013, 10:34   La littérature, ce truc de boloss
ou comment bien préparer son épreuve de français :

[bolossdesbelleslettres.tumblr.com]

Au premier abord, ça peut paraître drôle mais très vite on se demande à quoi ou à qui ce site peut servir.

En tout cas, on enrichit son vocabulaire.

(source)
Utilisateur anonyme
25 avril 2013, 14:07   Re : La littérature, ce truc de boloss
Effectivement, nous sommes en guerre (cf discours de Dourdan) :

"Refusons le sabordage du français", par Claude Hagège
LE MONDE | 25.04.2013

Par Claude Hagège (professeur au Collège de France)

La France n'est certes que la source historique, et non la propriétaire exclusive de la langue française, que partagent avec elle, à travers le monde, les soixante-dix-sept Etats et gouvernements constituant ensemble l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Du moins jusqu'ici. Car le projet de loi Fioraso, qui veut imposer, en faveur de l'anglais, une très large extension des exceptions au principe du français langue de l'enseignement, des examens et des concours, pourrait avoir pour conséquence, du fait de la valeur symbolique d'un acte de sabordage du français par la France officielle elle-même, un doute croissant quant à la légitimité de la promotion de cette langue par les autres pays francophones. Heureusement, quelques espoirs subsistent : le directeur du Salon du livre du Beyrouth me disait, à la fin d'octobre 2009, en un français aussi classique que sa voix était sereine et teintée d'ironique mépris : "Laissez là vos alarmes : si la France torpille le français, d'autres pays seront toujours là pour le revigorer et galvaniser sa diffusion !"

On se demande, pourtant, d'où peut bien venir, en France, cet acharnement contre la langue française. De la monarchie à la République, surtout aux heures les plus tragiques de cette dernière, tout illustre ce dicton : "C'est par sa langue que vit une nation." Les dirigeants de la nation française sont-ils donc saisis d'une pulsion d'autodestruction ? A supposer que tel ne soit pas le cas, tout francophone lucide ne peut qu'adresser aux gens de pouvoir à Paris et aux intellectuels malvoyants qui les inspirent, le message suivant : "N'entendez-vous pas s'esclaffer les étudiants étrangers que votre exorbitante et naïve assurance prétend attirer dans vos universités et vos écoles par un enseignement en anglais, alors qu'il n'y est pas langue maternelle ? Ne voyez-vous pas que les mieux informés d'entre eux commencent à avoir pitié de votre dérisoire servilité face aux mécanismes du profit, et à se demander quelle déplorable aliénation vous torture, alors qu'ils respectaient jusqu'ici la culture et la langue françaises ? Allez-vous protéger enfin vos tympans contre les sirènes des universitaires liés par des conventions avec des établissements anglophones, et qui n'ont pas encore compris que c'est en utilisant le français qu'ils accroîtront le prestige de leurs travaux, et non en mordant le sol devant l'anglais ?"

Le français est depuis le XIIIe siècle une langue à vocation internationale, d'abord européenne, puis levantine, puis mondiale. Il est aujourd'hui la seule langue, avec l'anglais, qui soit présente sur les cinq continents. Chaque réunion de l'OIF montre que la promotion du français encourage celles de toutes les autres langues des pays membres. Madrid, Lisbonne-Brasilia, et maintenant Pékin dressent, face à la résistible domination de l'anglais, l'arme irrésistible de la diversité. Et c'est à ce moment même que la France, qui possède une longue antériorité historique dans l'illustration de sa langue, devrait sacrifier cette dernière aux pauvres pièges de l'argent ? !

Il est encore temps de réagir devant le burlesque en passe de devenir le consternant. Il est encore temps de se mobiliser avant qu'un projet de loi porteur du cancer ne soit proposé à la représentation nationale. Une partie grandissante du public bien informé est en train de se déprendre du vertige de l'américanisation déguisée en mondialisation. L'Académie française, elle aussi, dénonce un projet suicidaire.

Quant aux masses françaises, abreuvées de sous-culture américaine, elles ne manifestent aucun désir de substituer l'anglais au français dans l'enseignement en France. Ce sont donc les forces vivantes et majoritaires du pays que l'on insulte en plaçant l'anglais sur un piédestal dont il n'a que faire, surtout venant du gouvernement français. Battons-nous pour notre langue ! Car même si l'enjeu est aussi d'éviter, par solidarité civique, aux autorités de sombrer dans le grotesque en même temps que dans l'indignité, c'est de notre identité qu'il s'agit. Il n'est plus temps de clore nos paupières : nous sommes en guerre !

Claude Hagège (professeur au Collège de France)
Utilisateur anonyme
27 avril 2013, 01:17   Re : La littérature, ce truc de boloss
Je dépose ici un portrait de Claude Hagège, car j’aime beaucoup son visage (que je trouve très fin, très malin, très civilisé en somme) :

Utilisateur anonyme
27 avril 2013, 01:23   Re : La littérature, ce truc de boloss
Quant aux “Boloss des Belles Lettres”, ce sont un peu des Duane McArus...
Oui, bon, n'oublions pas malgré tout que cet homme est un Ami du désastre de première importance.
Citation
Marcel Meyer
Oui, bon, n'oublions pas malgré tout que cet homme est un Ami du désastre de première importance.

Merci de ce salutaire rappel, M. Meyer. C. Hagège a fait plus de mal pour la langue française que de bien (le parler banlieue et autres petits nègres célébrés par les industries culturelles ne lui ont jamais écorché l'oreille, c'est le moins qu'on puisse dire). Son anglophobie est d'ailleurs exactement proportionnelle à son intérêt bienveillant pour les langues diversifiées à mort.
Je me raplle encore la façon dont il avait couvert d'éloges le livre qui n'avait d'autre "mérite" que d'être écrit dans la langue "banlieue" d'une beurette retombée depuis dans l'anonymat que son absence de vrai talent n'aurait jamais dû faire quitter.
Les processus de transformation objective de la langue sont, pour lui, emblème de l'Université, des processus dynamiques d'emprunt et de diffusion. Vue sous cette angle déterministe, nécessairement, la langue évolue. Point d'involution à l'horizon, bien au contraire. Pour Hagège (et tant d'autres), l'immigré qui s'exprimait hier, dans le tram, dans un mixte babélien d'algérois et de français, est un être enrichi linguistiquement. Il ne parle ni mal l'arabe, ni très mal le français. Il parle un mélange des deux, qui est un produit culturel digne d'intérêt du point de vue scientifique.
Pour les linguistes totues les langues se valent. Or de la langue à la culture il n'y a qu'un pas. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que les linguistes ont un part de responsabilité non négligeable, directe ou indirecte, consciente ou non, dans le funeste relativisme culturel de notre époque.
Pour les linguistes totues les langues se valent. Or de la langue à la culture il n'y a qu'un pas. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que les linguistes ont un part de responsabilité non négligeable, directe ou indirecte, consciente ou non, dans le funeste relativisme culturel de notre époque.
Je ne veux pas prendre la défense de M. Hagège, qui se défend très bien tout seul, qui écrit beaucoup mieux que la plupart des professeurs et des linguistes et qui est un remarquable "orateur", mais ce serait injuste que de nier la singularité de sa pensée, qui détonne dans le milieu "universitaire", la qualité de son oeuvre (L'Homme de paroles et Le français et les siècles sont de grands livres de "culture" et même de haute culture) et les quelques préoccupations qu'il a en commun avec les in-nocents.

M. Hagège (est-ce un fait établi ou un mythe personnel ?) a vécu pendant les dix premières années de sa vie dans un milieu où étaient en usage plusieurs langues et sans qu'il y ait vraiment de hiérarchie entre ces langues. C'est une expérience plus largement répandue qu'on ne le croit : en Afrique, en Asie et dans certains pays d'Europe, expérience dont beaucoup de Français sont hélas privés depuis la disparition des "patois" et qu'un écrivain de nos amis, Richard Millet, regrette amèrement. Cette expérience fondatrice a fait de M. Hagège un "amoureux des langues" - un philologue, comme on disait à la Renaissance -, autant qu'un savant, attaché à la pluralité des langues, qui est elle-même à l'image de la diversité du monde réel. Le "combat" qu'il mène pour préserver la diversité du monde me semble très honorable, parce qu'il disparaît régulièrement de nombreuses langues, que beaucoup sont menacées et que, pour éviter qu'elles ne s'effacent de la mémoire de l'humanité, il convient de les étudier et de protéger les peuples qui les parlent encore. C'est dans ce cadre-là que M. Hagège place la défense du français. Ce n'est pas seulement parce que le français est la langue dans laquelle il s'exprime et dit ce qu'il est, même si ce n'est pas tout à fait sa langue maternelle ou la langue de sa prime enfance, qu'il défend le français et qu'il juge qu'il est du devoir des institutions que le peuple français s'est données de défendre et d'illustrer le français; c'est aussi parce que c'est une langue "belle", "riche", avec d'innombrables potentialités d'expression, comme le sont d'ailleurs et sans doute différemment le bété, le hopi, l'ossète.

Car M. Hagège a une qualité : certes, c'est un savant, mais, comme dirait Montaigne, il ne fait pas le savant jusqu'à la garde-robe. La description et l'étude des langues, quelles qu'elles soient, exigent, non pas un relativisme moral ou culturel (celui de tous les "post"), mais un relativisme "scientifique" : on abandonne tout absolu, tout présupposé, toute causalité donnée ou prévisible, et l'esprit libre ou libéré, on peut saisir les réalités et les mettre en relation avec d'autres réalités. Dans le débat public, M. Hagège n'est pas relativiste. Il défend des valeurs, des principes, des croyances. Il sait la grandeur du français et de la France. Il est hostile à l'uniformisation générale du monde et, comme on dit aujourd'hui, à la "marchandisation" des corps, des esprits, des âmes, des langues.

A mon sens, le point faible de la pensée de M. Hagège est dans la conception qu'il se fait de la francophonie. Pour lui, c'est l'empire du métissage et de l'égalité des cultures, le seul espace "laïque" où selon lui les cultures (religions, croyances, etc.) sont "à égalité" et dont il fait l'antithèse de l'américanisation du monde ou de l'empire américain. Le fait essentiel et qu'il ne voit pas est que la francophonie est morte, sans doute dès les années 1920 et après 1945, avant même qu'elle ne soit instituée, quand les principaux pays d'Amérique latine (Argentine et Brésil), la Russie, l'Europe de l'Est (Pologne et Roumanie), le Proche-Orient, les pays de l'Europe du Sud (Grèce, Italie, Espagne, Portugal) ont abandonné ou ont commencé à le faire l'usage qu'ils faisaient du français comme langue de culture ou langue d'accès à la culture, laissant après 1970 la France seule ou quasiment seule dans un face-à-face "déconstructeur" avec les territoires de son ancien empire.
Utilisateur anonyme
30 avril 2013, 17:33   Re : La littérature, ce truc de boloss
« Pour les linguistes totues les langues se valent. Or de la langue à la culture il n'y a qu'un pas. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que les linguistes ont un part de responsabilité non négligeable, directe ou indirecte, consciente ou non, dans le funeste relativisme culturel de notre époque. »

C'est également mon impression. Sans que cela soit systématiquement vrai, j'ai remarqué que mes collègues “linguistes” avaient tendance à affirmer que toutes les nouveautés de la langue étaient bonnes, sans être capables de concevoir qu'il puisse jamais y avoir appauvrissement. Ils semblent également persuadés que leur discipline est la méta-discipline par excellence, et que la littérature n'est qu'un joli machin annexe. Bref, pas mal d'amis du Désastre (linguistique), dans ces parages.
Utilisateur anonyme
30 avril 2013, 21:11   Re : La littérature, ce truc de boloss
J'ajoute qu'ils y sont pour beaucoup, également, dans l'effondrement de l'enseignement du français à l'école. Leur action principale, ces dernières années, a consisté à vouer aux gémonies l'enseignement classique de la lecture et de la grammaire, au profit de la méthode globale (et ses dérivés) et d'un enseignement de la grammaire basé sur des méthodes sympas, modernes, ancrées sur un jargon sans doute utile aux chercheurs, mais tout à fait déroutant pour un élève d'aujourd'hui, incapable de conjuguer le moindre de verbe et entièrement dépourvu de syntaxe. C'est ainsi qu'on prétend, le plus sérieusement du monde, inculquer aux élèves, ces pauvres hères, des notions telles que le schéma actantiel d'une narration, les éléments sapientiels d'un texte, ou encore la fonction perlocutoire du langage.
Tout cela serait comique, bien sûr, si ce n'était pas tragique.
En principe, les linguistes entendent décrire le fonctionnement des langues et rendre compte de la possibilité du langage en général, quand les littérateurs se targuent de faire du beau (pardonnez-moi la rapidité apparemment peu flatteuse de l'expression) avec l'objet de l'étude des premiers ; ce ne sont pas les mêmes domaines de compétence...

(Et puis, il n'est pas rare que les professeurs jalousent les artistes et les créateurs, il est donc pratiquement normal qu'ils essaient de se venger comme ils peuvent, pour les plus communs d'entre eux, en trashant un peu le matériau par leurs trouvailles conceptuelles, si j'ose dire...)
Utilisateur anonyme
30 avril 2013, 21:58   Re : La littérature, ce truc de boloss
Certes, mais « rendre compte de la possibilité du langage en général », la littérature en général, et la poésie en particulier, fait cela mieux qu'eux, et ce depuis la nuit des temps. C'est ce qui les rend malades et les met littéralement hors d'eux, chaque fois qu'on a le malheur de leur signifier.
Déjà le terme de "science" pour qualifier une discipline comme la linguistique est assez discutable ; par ailleurs, quelle est la finalité de cette discipline ? Conduit-elle à des résultats autres qu'endogènes, qui au fond n'apportent pas de connaissances sur le réel ?
Le structuralisme s'est sans doute réfugié là, mais encore ? Comme le fait remarquer Davoudi, ces disciplines gonflées et prétentieuses ne remplacent pas les matières classiques et l'étude normale des langues. Leur nécessité est assez douteuse... Il n'y a pas besoin de faire de la linguistique pour chanter la diversité du monde !
Utilisateur anonyme
30 avril 2013, 22:15   Re : La littérature, ce truc de boloss
Nulle intention de ma part de nier l'intérêt — considérable, au demeurant — de la linguistique, qui est le prolongement scientifique naturel (et donc culturel) de la grammaire. Je trouve cela captivant qu'on puisse faire une thèse de doctorat sur le modal anglais SHOULD, par exemple.
Mais ces gens-là feraient mieux de rester en dehors des programmes scolaires élémentaires.
L'intérêt qu'il y a à connaître certaines idées des grands linguistes — il en est ici comme dans tous les domaines, il existe de grands esprits suivis d’épigones et de fonctionnaires — ne m'apparaît guère "douteux". Et la théorie du langage d'un Saussure, par exemple, ne peut pas être le fait d'un écrivain, qui a, cela me paraît évident, d'autres chats à fouetter.
N'est-ce pas, Afchine, que la linguistique est, par nature, descriptive (je feuillette en ce moment le dictionnaire Longman, 3ème édition) ?
Utilisateur anonyme
01 mai 2013, 00:41   Re : La littérature, ce truc de boloss
Je dirais qu'elle est plutôt analytique. (Et je trouve cela très étrange d'être ainsi harponné par mon simple prénom, comme un élève de cours préparatoire.)
Il y avait une thèse philosophique passionnante selon laquelle la structure d'une langue déterminait les philosophies possibles ; je songe surtout Benjamin Lee Whorf et à ses études sur la langue hopie. Mais en dehors de cette idée forte, quelle idée philosophique porte la linguistique ?
Bien sûr, on peut s'en ébaubir, mais si elle ne contient rien en termes d'idées générales, cela revient à une forme de technique, qui peut être justifiée ou non, intéressante ou de peu d'intérêt... La linguistique porte-t-elle plus de sens que l'informatique (qui a aussi des prétentions à formaliser son univers) ?
(Bon je vais me faire assassiner...).
A l'attention d'Afchine Davoudi.

Cher ami,

Je prends bonne note de votre remarque et je ne vous désignrai plus par votre prénom. Pour ma défense, considérez que dans un fil où les messages se croisent il est nécessaire de désigner les personnes, ce qui n'est pas le cas dans une conversation. Que vous nommer par votre prénom vous rappelle le collège, je le conçois, que me nommer par mon nom me rappelle mon adjudant, vous pouvez l'imaginer, et qu'appeler quelqu'un "Monsieur Truc" nous rappelle nos bouchers respectifs, c'est certain.

Le plus simple est donc de vous nommer comme vous l'entendez, dites-moi comment faire et je le ferai de bonne grâce.
Votre liste des desiderata de chacun sur ce chapitre va finir par être longuette, BCJM. Vous allez vous y retrouver ?
Oui, ne vous inquiétez pas. En fait, c'est très simple : nommer une personne comme elle souhaite être nommée.
» Mais en dehors de cette idée forte, quelle idée philosophique porte la linguistique ?

Cher Loïk, je crains de ne pouvoir vous suivre là : considérez pratiquement n'importe quelle idée maîtresse du Cour de linguistique générale, n'est-elle pas "philosophiquement" captivante ?
La Naissance du Signe émergeant de l'informité première de la pensée sans langue, magma indifférencié de chair phonique à idées, découpant sa part de sens et n'acquérant de valeur sémantique réelle que dans un rapport quasi spatial avec les autres unités sémiotiques du système de la langue, ça ne vous parle pas, à vous, si excité par les Boudon and Whorf ?
02 mai 2013, 11:11   Dissection
A propos de ce qu'il nomme la "métaphysique du langage", qui correspond sans doute à la linguistique, Joseph de Maistre écrit :

"Cette sorte d'analyse étant à l'éloquence ce que l'anatomie est au corps disséqué, l'une et l'autre supposent la mort du sujet analysé, et pour comble d'exactitude dans la comparaison, l'une et l'autre s'amusent à tuer pour le plaisir de disséquer." (Eglise gallicane
(...) l'une et l'autre s'amusent à tuer pour le plaisir de disséquer."

Cela pourrait s'appliquer à tant de choses (la sociologie qui tue le corps social pour l'expliquer, la théologie qui disloque la croyance pour mieux l'analyser, etc) que cela perd toute pertinence. Comme souvent, Joseph de Maistre est brillant, aigu et paradoxal mais peu, comment dire, utilisable, peut-être ?
C'est surtout exagéré.

J'ignorais que l'anatomie s'amusait à tuer pour le plaisir de disséquer.
En fait je ne songeais pas aux Pères fondateurs de la linguistique, mais aux techniciens actuels. Les Pères fondateurs ont toujours des idées - ceux de l'informatique aussi, suppose-t-on, puisqu'ils dérivent de Türing.
Etant ignorant du sujet, ma question n'est pas uniquement polémique ; je demandait ce que produit la linguistique contemporaine, en termes d'idées générales. Sa boursoufflure technicienne la rend pour le moins suspecte. Un peu comme la logique formelle qui n'aide guère à démêler un discours naturel.
La linguistique ne serait-elle pas une de ces escroqueries intellectuelles qui fait florès, et participe en amont de la dé-culturation, qui voit les Lettres remplacées par "la communication", la littérature supplantée par des pseudo-sciences du signe et ainsi de suite ?
C'est fort possible Loïk, mais comme dans toute discipline, les médiocres et les perroquets sont par la force des choses bien plus nombreux que les êtres véritablement pensants, ou même seulement honnêtement compétents. Il suffit d'esquiver le "schéma actantiel" et d'envoyer balader.
A l'attention de M. Davoudi.


Vous avez écrit :

Je dirais qu'elle (la linguistique) est plutôt analytique.

Quelle différence voyez-vous, dans ce cadre, entre descriptive et analytique ? est-ce la même qu'entre les deux épidémiologies, différence classique ?

Je ne cherche aucune polémique, votre avis m'intéresse, tout simplement.
03 mai 2013, 00:03   Nécrophilies
L'analyste consomme l'acte alors que le "décrivant" n'est qu'un mateur.
Utilisateur anonyme
03 mai 2013, 09:19   Re : Nécrophilies
Je voulais dire par là, simplement, que la linguistique (en particulier sa branche “énonciative”, ou “énonciativiste”, la seule que j'aie réellement pratiquée...) va au-delà d'une simple description, et cherche à comprendre les causes profondes des phénomènes linguistiques observés. Pour ce faire elle peut avoir recours à toutes sortes de règles et théorèmes, souvent obtenus de manière empirique (en travaillant à partir d'un corpus de textes ou d'énoncés), ainsi qu'à l'étymologie, bien sûr. Je n'ai absolument rien à reprocher à cette discipline savante et passionnante entre toutes. Ce seraient plutôt certains linguistes qui auraient tendance à m'exaspérer...
Utilisateur anonyme
07 mai 2013, 17:14   Re : La littérature, ce truc de boloss
Si l'on croit Jean-Marc Ayrault, la langue française sera "au cœur de la politique de modernisation de l’État" (circulaire du Premier ministre).

Cette circulaire évoque par ailleurs "la dimension linguistique de l'action publique".
Il serait divertissant d'analyser dans les trois pages de cette circulaire tous les tics langagiers propres aux discours administratifs ou politiques (par exemple, l'adjectif "républicain" à toutes les sauces au mépris des réalités historiques, abus des noms dérivés de verbes , ce qui est contraire à la "nature" du français, mais courant en anglais), mais ce qui est décourageant (et instructif pour ce qui est de l'affaissement de la pensée), c'est la propension d'un Premier Ministre à enfoncer des portes ouvertes ou à rappeler des évidences, comme s'il s'adressait non pas à des ministres d'un gouvernement français, mais à des potaches oublieux des consignes répétées par leurs "profs".
Utilisateur anonyme
11 septembre 2013, 13:57   Re : La littérature, ce truc de boloss
Idée cadeau :



Dans l'interview que donnent les deux auteurs, ceux-ci précisent que "une dizaine de professeurs nous ont écrit pour nous dire qu’ils utilisaient nos résumés. Pour traiter de la littérature classique aux collège et lycée, il n’existe qu’un seul discours d’habitude, très normé. Nos textes leur permettent une petite entrée différente, au second degré. Pour les élèves, c’est comme un exutoire qui les fait souffler un peu."

Personnellement je les trouve drôle mais ce genre de procédés peut-il réussir à faire aimer la littérature ? Comme l'on dit, si au moins un élève se met à lire Flaubert grâce à ce stratagème, cela n'aura pas été vain...
Utilisateur anonyme
11 septembre 2013, 18:59   Re : La littérature, ce truc de boloss
Claude Hagège a certainement écrit de bons livres.
Mais pas toujours, je peux l'attester : le seul que j'ai lu de lui est Le souffle de la langue : voies et destins des parlers d'Europe (Odile Jacob, 1992), dont j'avais lu une longue critique élogieuse dans Le Point ou dans L'Express.
Il témoignait d'une ignorance exceptionnelle de l'histoire de l'Europe, laquelle était largement son sujet. Je me rappelle encore par coeur sa phrase la plus erronée : Enfin le chef franc qui allait devenir Charlemagne se convertit au christianisme et rétablit à son profit l'Empire romain. Eh oui, Clovis et Charlemagne réunis en une seul personne...

Le livre est écrit d'un ton neutre. Claude Hagège y consacrait autant de pages au judéo-espagnol qu'aux parlers d'Espagne, puis s'y montrait venimeusement anti-allemand, d'une façon délirante (il s'agissait des rapports de l'allemand et des langues slaves et baltes). J'ai alors compris qu'il était juif, et qu'il pratiquait peu le pardon des offenses.
Il s'est peut-être amélioré en la matière, du moins je l'espère pour lui.

[quelqu'un faisait remarquer hier qu'il avait des difficultés d'accès au site ; c'est aussi mon cas, de façon fortement croissante]
Utilisateur anonyme
11 septembre 2013, 19:22   Re : La littérature, ce truc de boloss
Loïk Anton : Il y avait une thèse philosophique passionnante selon laquelle la structure d'une langue déterminait les philosophies possibles ; je songe surtout Benjamin Lee Whorf et à ses études sur la langue hopie.

Cette idée est, effectivement, fascinante. Malheureusement elle est fausse.
Elle est très largement tombée, comme est largement tombée l'idée que l'art d'une époque exprime quelque chose comme sa philosophie profonde, et que, si l'art change, c'est que l'époque a changé.
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