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Alias Caracalla

Envoyé par Henri Rebeyrol 
28 mai 2013, 15:09   Alias Caracalla
On pouvait craindre le pire à écouter un journaliste de France Infos annoncer samedi matin la projection de ce film de télévision sur France 3 en prononçant "alia" le mot latin alias, comme si Alia était le prénom d'un dénommé Caracalla.

A ceux qui ont lu cet admirable récit de Daniel Bouyjou, devenu, après avoir adopté, à la mort de son père, le patronyme de son beau-père, Daniel Cordier, récit dans lequel l'existence en Angleterre des engagés de la France Libre se résume en d'interminables séries d'exercices militaires et d'apprentissage du maniement des armes ou des méthodes d'espionnage ou de survie dans la clandestinité (pour ceux qui ont choisi le BCRA) et la vie dans la zone libre, puis occupée, à Lyon, en une succession de travaux de décodage ou d'encodage, de recherche de "planques", d'appartements, de boîtes aux lettres, de réunions, de prises de contact, etc., le film a pu sembler honnête, montrant quelques-unes des activités de Daniel Cordier et de ses compagnons à Londres et à Lyon, et cela bien que le réalisateur se soit cru obligé de se plier aux injonctions idéologiques du temps en insistant lourdement sur les engagements "nauséabonds" de Daniel Cordier (et de ses compagnons) avant juin 1940 et sur ses croyances qui ont été ou auraient été retournées à la suite de "discussions", à dire vrai, très brèves (en fait, Aron faisait des "causeries") avec le jeune Aron (rencontré une ou deux fois), sans que, dans le film, soient analysées ou exposées les véritables thèses d'Aron sur l'impérialisme et sur les nations, seuls remparts contre le Reich, ou ses critiques latentes contre De Gaulle, trop "militaire" à son goût et soupçonné sans raison de césarisme, ou à la suite des discussions que Daniel Cordier a eues avec son chef Rex (Jean Moulin, dont il ignorait l'identité), un nouveau père qui l'a initié à "l'art moderne". Le résultat de cela est que le film accorde une trop grande place à l'idéologie actuelle, et non au champ idéologique de 1940, aux "droits de l'homme", à la "tolérance", au "respect" des diversités humaines, etc. (si Cordier avait pensé en 1940 ce qui lui est prêté aujourd'hui, il ne serait pas engagé dans la France libre pour "tuer des Boches" et libérer sa patrie, mais il aurait servi, comme un bon humaniste, attaché à la paix et au respect de la vie humaine, à Vichy) et que le film ne montre pas suffisamment ce que Daniel Cordier analyse dans son récit, à savoir l'irresponsabilité des (petits) chefs de réseau (les "politiques"), trop bavards, très négligents, avides de pouvoir, qui n'avaient aucune idée de ce qu'était la guerre, qui ne prenaient aucune précaution véritable pour mener une véritable existence clandestine et dont la légèreté a fait tomber de nombreuses "petites mains" - jeunes hommes et jeunes femmes - secrétaires, agents de liaison, radios.

Renaud Camus a rencontré en novembre 2012 un des organisateurs de la célébration interdite, le 11 novembre 1940, de la Fête de la Victoire (celle de 1914) à l'Arc de Triomphe, qui lui a raconté dans quels termes deux ou trois ans auparavant un homme politique avait rendu hommage à ces étudiants de la "corpo de droit", les félicitant d'avoir défendu ou voulu défendre les droits de l'homme, alors qu'ils manifestaient pour la patrie, pour la guerre et pour la défaite de l'Allemagne...

En dépit de ces quelques réserves et de la chiche reconstitution du Londres des années 1940-42 ou du Lyon des années 1942-43, ce film fait honneur au "service public" ou aux débris qui en tiennent lieu. Le tragique de l'affaire est le faible niveau de l'audience : beaucoup moins de 10% de "parts de marché", à peine 1,5 million de téléspectateurs (dimanche, la pochade pour abrutis "Rien à déclarer" a été suivie par dix fois plus de gens), pour regarder une des plus belles et des plus glorieuses pages de notre histoire et éventuellement s'en instruire, comme si le "peuple" - au sens politique de ce terme -, depuis trente ans, avait fini par se diluer et disparaître.
28 mai 2013, 15:54   Re : Alias Caracalla
Merci cher ami. Votre compte rendu sur l'anachronisme "idéologique" de ce film me paraît très juste. D'ailleurs, en zappant samedi dernier, je suis tombé dessus par hasard et notamment sur une scène édifiante où l'on voyait le héros à table avec une famille française proche semble-t-il de l'Action française et censée, pour le réalisateur, incarner le nauséabondisme de l'époque. Eh bien cela ne m'a pas aidé à trouver les arguments pour dissuader mon fils de regarder la finale de la Ligue des champions. Et puis, il faut dire que Ribéry contribue tellement au rayonnement international de la France : je viens d'apprendre en effet que le Bayern de Munich va faire construire spécialement pour lui une mosquée à côté des vestiaires de l'Arena stadium. On dirait qu'avec le temps les boches sont devenus plus tolérants. Quoique. Avec les musulmans ça a toujours été du sérieux.
Lequel Ribéry, farceur invétéré et homme marié qui s'offrit les services d'une prostituée mineure, en a drôlement voulu à ses coéquipiers du Bayern de l'avoir aspergé de bière - haram! - lors des célébrations virilo-festives du titre de champion d'Allemagne.
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