Oui, c'est souhaitable. En sus d'être utile, les robots sont amusants, à la différence des animaux de trait, par exemple, qui deviennent tristes sous le harnais, ou des employés humains, trop hautains et dominateurs, même quand ils baissent la tête, surtout lorsqu'ils baissent la tête.
Le robot est riche d'enseignement sur l'imago humain hypothétique. Il se pourrait même qu'il soit une source inépuisable d'enseignement sur son créateur. A ce titre, il est doublement utile.
L'avenir du robot est celui d'un animal accompli qui ne défèque point. Parvenu à ce stade et par ce trait distinctif, il sera supérieur à toute créature naturelle; la gloire de l'homme, auteur dépassé par son pinocchio, cela alors immense.
Ajoutons à ces exaltantes perspectives que le robot est un ange: nul robot ne saura jamais
mentir. Le mensonge consacre une forme supérieure d'autonomie et d'émancipation qu'il n'atteindra jamais. La vérité robotique demeurera le cordon ombilical de la créature mécanique attachée au service de son créateur, lequel conservera ainsi le privilège sublime de pouvoir mentir et se mentir à l'infini.
Emprisonné dans des actes fidèles à ses programmes, incapable de s'en émanciper, de concevoir la fugue et d'accéder à la folle improvisation du fugueur, le robot devriendra la preuve quasi-vivante que la vérité peut être enchaînée et subsumée au mensonge créatif. A ce stade de la démonstration par le robot, celui-ci sera devenu indestructible, vocation du devenir de toute chose sans déchet privée d'auto-évolution, de système excréteur comme de tout pouvoir d'auto-élimination.