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A propos du baccalauréat

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
Cette année, l'épreuve inaugurale de philosophie aura été l'étonnant prétexte à la diffusion, à l'envi, sur les chaînes de télé et à travers le ouèbe, des désormais fameuses perles du bac. On ne revient plus sur les dissertations et commentaires les plus remarquables de l'édition 2012. Non, on se repaît des atrocités commises par les semi-débiles que produit à grands frais l'éducation nationale. Le coût est économique mais aussi, bien entendu, culturel, puisque la langue et un certain patrimoine se voient massacrés, et ce sous les vivats de la foule. Quelques semaines après la publication d'un Petit Robert tout content d'accueillir dans ses colonnes "chelou", "bombasse" et "plan cul", on éprouve comme un haut-le-cœur...

Peut-être avez-vous entendu il y a quelques jours le dénommé Francis Métivier, l'auteur de ça, confier sur l'antenne d'iTélé que les correcteurs ont pour instruction de ne pas sanctionner l'orthographe des lycéens candidats. Eh oui, certaines de leurs copies de philosophie ou d'histoire, mal écrites mais bonnes sur le fond, seraient "injustement" sous-notées si l'on attachait trop d'importance à la forme!
Sujet de français du bac pro, ce matin (Paris) :

Corpus : un texte de Laurent Gaudé qui évoque le sublime melting pot américain du point de vue d'Italiens qui se mettent à trouver leur terre d'origine "laide" (si ma mémoire est bonne), et une chanson de Jean-Jacques Goldman. L'année dernière, c'était une chanson de Jean Ferrat. Dans trois ans, à ce rythme, ce sera "La danse des canards".

Rédaction (appelée "Compétences d'écriture") : est-il nécessaire de se déplacer, d'aller au contact d'autres peuples, cultures etc., d'émigrer, pour construire son identité (à peu près, je n'ai pas le sujet sous la main) ?
Citation
Jérôme Reybaud
Sujet de français du bac pro, ce matin (Paris) :

Corpus : un texte de Laurent Gaudé qui évoque le sublime melting pot américain du point de vue d'Italiens qui se mettent à trouver leur terre d'origine "laide" (si ma mémoire est bonne), et une chanson de Jean-Jacques Goldman. L'année dernière, c'était une chanson de Jean Ferrat. Dans trois ans, à ce rythme, ce sera "La danse des canards".

Rédaction (appelée "Compétences d'écriture") : est-il nécessaire de se déplacer, d'aller au contact d'autres peuples, cultures etc., d'émigrer, pour construire son identité (à peu près, je n'ai pas le sujet sous la main) ?

Un sacré millésime en perspective.
Utilisateur anonyme
17 juin 2013, 14:31   Re : A propos du baccalauréat
Décidément, je hais cette période de l'année. Comme si le festival de Cannes, Roland-Garros, la Fête de la “musique”, le Tour de France et le réensauvagement général propre à la période estivale n'étaient pas suffisants, il faut en plus que le Désastre éducatif choisisse ce moment précis de l'année pour se rappeler à notre bon souvenir.
Certaines des plus belles scènes de Rohmer se passent l'été qui, jadis, pouvait être une saison étrangement paisible, propice à la flânerie (dans le Paris fantomatique d'août) et à un non-être mystérieusement revigorant. Autant dire que les diverses industries décérébrantes et mercantiles se sont chargé de remplacer ce "vide"par un trop-plein de distractions toutes plus accablantes les unes que les autres.
Citation
Jérôme Reybaud
Sujet de français du bac pro, ce matin (Paris) :

Corpus : un texte de Laurent Gaudé qui évoque le sublime melting pot américain du point de vue d'Italiens qui se mettent à trouver leur terre d'origine "laide" (si ma mémoire est bonne), et une chanson de Jean-Jacques Goldman. L'année dernière, c'était une chanson de Jean Ferrat. Dans trois ans, à ce rythme, ce sera "La danse des canards".

Rédaction (appelée "Compétences d'écriture") : est-il nécessaire de se déplacer, d'aller au contact d'autres peuples, cultures etc., d'émigrer, pour construire son identité (à peu près, je n'ai pas le sujet sous la main) ?

Hélas ! Pourquoi avoir créé ce bac pro qui est un bac bidon ? Nul n'est dupe de la nullité de celles et ceux qui l'obtiennent. Il s'agit d'un hochet sauf pour certaines spécialités où, pour le coup, le recrutement est exigeant.
C'est l'appelation, purement démagogique, qui ne va pas. Il aura mieux convenu, à mon avis, de nommer ces diplômes, "certificats d'aptitude à faire ceci ou cela". Je doute, au demeurant, que ces diplômes privés de substance vaillent quelque-chose sur le marché du travail. Une fois encore, il ne faut pas incluer les bacs qui ont une finalité réelle et concrète.

Pour ce qui est du baratin "rencontre des autres cultures", dans la mesure où ces filières sont très fréquentées par les divers, "on" y pond un sujet qui ne risque pas de les dépayser ! (sic)

Soit dit en passant, le fameux bac techno qui permet de gonfler le pourcentage de réussite au "bac" (comme si cette simple dénomination continuait à sanctionner une même réalité par quelque effet quasi magique) est, lui aussi, un bac au rabais.
Oh vous savez, chère Véra Giorda, le bac série générale est lui-même devenu un bac au rabais, alors je ne jetterais pas la pierre aux séries techno et pro, qui me semblent dans la moyenne nationale du rabais, ni plus, ni moins. Cela dit, vous avez sans doute raison : pourquoi ce besoin d'apposer la marque "bac" sur toutes sortes de diplômes qui pourraient très bien s'en passer ?

Je rappelle que le gouvernement Sarkozy, pour des raisons financières évidentes, a réduit d'une année le cursus BEP / Bac pro (quatre ans avant, trois aujourd'hui), ce qui n'est pas pour élever le niveau de ce bac. D'ailleurs, dans le même mouvement, les programmes de français (ainsi que l'épreuve elle-même) ont été complètement transformés : ils sont encore moins exigeants qu'avant et idéologisés au dernier degré, l'un des trois "objets d'étude" de l'année s'intitulant "Identité et diversité". Par parenthèse, les bonnes âmes qui ont inventé ce chapitre de pure propagande seraient sans doute très surprises d'entendre ce qu'une classe de terminale de bac pro peut avoir à dire d'un tel sujet lorsqu'un professeur la laisse parler librement...

En passant : un article du Figaro nous apprend aujourd'hui que l'académie d'Orléans demande aux examinateurs de l'épreuve orale de français de noter les élèves sur 24 afin de faire remonter la moyenne des résultats de l'académie, qui avait été jugée trop basse en 2012. Et comme le fait remarquer un inspecteur : 1% de bacheliers en moins dans l'académie, c'est 2000 redoublements de plus à financer...
Utilisateur anonyme
19 juin 2013, 16:16   Re : A propos du baccalauréat
« En passant : un article du Figaro nous apprend aujourd'hui que l'académie d'Orléans demande aux examinateurs de l'épreuve orale de français de noter les élèves sur 24 afin de faire remonter la moyenne des résultats de l'académie, qui avait été jugée trop basse en 2012. Et comme le fait remarquer un inspecteur : 1% de bacheliers en moins dans l'académie, c'est 2000 redoublements de plus à financer... »

Marronnier. Rien de neuf ici, simplement l'illustration parfaite du processus inventé par ce système éducatif monstrueux : l'éviction par le haut.
L'échec de l'élève n'est en rien le problème de l'Institution, qui se contente de délivrer une formation et un diplôme en toc à de pauvres hères qui pourront toujours, si ça les chante, travailler ensuite dans un McDonald's ou ouvrir un magasin Franprix.
Si seulement ils ne faisaient que travailler chez Mac Donald ou ouvrir un Franprix. Le problème c'est que le diplôme en question leur donne accès à l'Université.
Utilisateur anonyme
19 juin 2013, 16:30   Re : A propos du baccalauréat
Entre l'enseignement secondaire et la licence, il n'y a pas de solution de continuité, c'est le même principe qui prévaut. (On perçoit vaguement, en cinquième année, l'apparition d'un timide processus de sélection.)
Oui. C'est l'échec qui fait office de sélection lors des deux premières années. L'analogie avec l'immigration illégale saute aux yeux.
Citation
Afchine Davoudi
Entre l'enseignement secondaire et la licence, il n'y a pas de solution de continuité, c'est le même principe qui prévaut. (On perçoit vaguement, en cinquième année, l'apparition d'un timide processus de sélection.)

Sélection ?!!? Vade retro, Satana!
Baccalauréat professionnel : le comble du grotesque

Je crois qu'il faut en rire ! Hélas, ce sujet suinte tellement l'endoctrinement immigrationolâtre qu'on en perd son entrain pour en faire une bonne satire.
Entre l'enseignement secondaire et la licence, il n'y a pas de solution de continuité, c'est le même principe qui prévaut. (On perçoit vaguement, en cinquième année, l'apparition d'un timide processus de sélection.)


De mon point de vue, M. Davoudi a parfaitement raison.

Dans ma pratique actuelle, je reçois de jeunes doctorants, et je vois aussi des "post-doc". A les voir, je comprends bien que la licence est sans valeur et que le master (donc le bac + 5 évoqué par M. Davoudi) est le premier acte un peu sélectif.

La sélection réelle se fait au niveau doctorat.

Je note à ce propos le caractère très variable de ce qu'un doctorat recouvrait dans le système d'autrefois :

- quelque chose d'obligatoire, une thèse qu'on rédigeait en peu de temps, l'essentiel de l'effort étant fait dans les études antérieures (cas de la médecine et de l'internat) ;

- quelque chose de décoratif si on ne se destinait pas à l'enseignement (doctorat en droit) ;

- la somme d'une vie, ou l'étape obligatoire pour être professeur (lettres) ;

- une chose inouïe, tant elle était difficile, et le cursus principal n'étant pas universitaire (doctorat ès sciences, on se contentait d'être ingénieur ou docteur d'université).

Il me semble que le doctorat actuel ressemble à l'ancien doctorat d'université, et l'ancien doctorat d'Etat à l'actuelle HDR, qui reste d'une difficulté exceptionnelle.
Utilisateur anonyme
24 juin 2013, 09:58   Re : A propos du baccalauréat
Un bon dessin est un dessin qui dit tout en quelques coups de crayon.

Je trouve ce Xavier Gorce très iconoclaste (voir ses dessins sur les roms par exemple) et sa collaboration au Monde est assez inexplicable. Il est très bon en somme, et on se demande pourquoi le père Plantu n'a pas encore fait valoir ses droits à la retraite.


Saisissantes scènes d'hystérie ado qui se donnent à voir en ce jour de résultats. Les lauréates ressemblent à s'y tromper à des groupies de Justin Bieber. Je me souviens: j'étais fier d'avoir réussi et de l'apprendre aux miens, pas soulagé au point de plus pouvoir me tenir en public.
Plus le nombre des recalés se réduit, plus il importe de ne pas être de leur infâme nombre. Ce qui était une distinction il y a quarante ans -- être bachelier -- est devenu l'épreuve qui doit sanctionner que l'on n'appartient pas au groupe des attardés mentaux, des losers congénitaux, d'où le remplacement de la modeste fierté d'hier chez qui apprend qu'il est bachelier par des crises d'hystérie de qui se fait annoncer qu'il n'a ni le sida, ni la mucoviscidose, ni une tumeur au cerveau inopérable.

L'égalité pour tous, le bac pour tous, dans cette poignante logique en deviennent une oeuvre de salubrité publique anti-discrimination, et l'octroi de ce diplôme de passage à la vie adulte à tous les citoyens devrait, en effet, constituer un acte de charité humaine moralement justifié et louable. Le bac, qui s'obtient au moment des premières expériences sexuelles qui font enfin toucher la vie adulte par toutes les terminaisons nerveuses de la chair, doit être donné à tous, comme le sont les parties génitales. L'on assiste aujourd'hui aux joies et aux émois du dépucelage; et ceux et celles qui se voient refuser cette joie le vivent normalement comme l'annonce d'une pathologie lourde, complexe, au long cours, socialement stigmatisante.

Donc, oui, que l'on donne à tous nos boutonneux et nos pisseuses ce qui doit les faire se sentir bien : le bac à tous, y'a pas de raison. Et basta!
Et pourtant, l'inflation sémantique demeure: alors même que, depuis longtemps, le bac a cessé d'être un fait social, on persiste à le qualifier de rite de passage. Van Gennep doit faire des saltos arrières dans sa tombe...
Précisément : l'amenuisement du nombre des recalés renforce sa nature de rite de passage.
Citation
Francis Marche
Précisément : l'amenuisement du nombre des recalés renforce sa nature de rite de passage.

Bien vu! Le fantôme de Van Gennep, averti des horreurs du temps présent, se recouchera après avoir apprécié votre mot.

Parmi les jeunes interviewées, mon cœur en a pincé pour la recalée de service. Une lolita au sourire triste que son échec, par définition, sortait du lot. Il lui conférait même un charme désolé, celui, distinctif, qu'ont certains marginaux. (Puissance coercitive de la norme: je lui souhaite toutefois de l'avoir au rattrapage, le bachot).
Où l'on retrouve la logique intensive des socialistes : à le donner à la plupart, l'on commet une injustice objective à le refuser à certains. Au nom de leur motto qui est de mettre fin à toute hypocrisie, c'est tout l'euthanasie de l'existant que s'en trouve justifié. Pour rester dans le monde de l'enseignement : l'institution de cours en anglais est sous-tendue par le même motif : il est injustement pénalisant pour l'institution de ne pas l'autoriser à s'y mettre, elle aussi, car de toute façon, cela se fait déjà, et la ministre l'a bien dit, il s'agit de mettre fin à une hypocrisie.

La justice : la justice est aux ordres du pouvoir exécutif, il ne faut pas se voiler la face, ergo, mettons fin à une hypocrisie et instaurons la régence directe de l'Elysée sur les magistrats.

Le financement des partis politiques : les argentiers de partis politiques commettent des malversations pour se financer car les cotisations des militants jamais n'y suffisent. Mettons fin à cette hypocrisie, et finançons-les directement par des contributions du Trésor, donc du contribuable.

Tout le corps médiatico-politique est gangrené par la corruption et le trafic d'influence : mettons fin à l'hypocrisie et accordons l'impunité totale à la corruption et au trafic d'influence

Les prisons : les prisons sont invivables, ingérables, la violence y est impossible à contenir ou à canaliser, si bien que les peines planchers doivent disparaître, pour alléger la pression et réduire la population carcérale. Mettons fin à l'hypocrisie : supprimons toute peine carcérale et limitons-nous à des "rappels de la loi", car il est objectivement injuste que des criminels soient libres de leurs mouvements hors l'anneau électronique à la cheville pendant que d'autres doivent moisir en prison. Cessons de nous comporter comme des hypocrites et rendons la liberté à tous.

La fin de toute hypocrisie et l'instauration de l'anarchie où nous serons tous égaux face à l'institution toute impuissante et tous inégaux face à la toute puissance de notre vis-a-vis mimétique (le plus costaud, le plus endurci dans le crime, dans la corruption, dans l'exercice du caprice du pouvoir, etc.) approchent à grands pas.

Ah puis j'allais oublier : la fin de vie elle-même se voit touchée par la grâce du "mettre fin à l'hypocrisie" : la piqure qui débarrasse le services des patients les plus lourds et désespérants les veilles de départ en vacances existe déjà. Mettons-fin à cette hypocrisie et légalisons l'euthanasie.
Intéressant article dans La Dépêche, qui nous démontre :

- que le Bac ne vaut plus rien, on le savait ;

- qu'il y a des jeunes gens travailleurs et méritants.

[www.ladepeche.fr]
07 juillet 2013, 11:08   Re : A propos du baccalauréat
Il y a longtemps que me travaille le concept actuel de "modernité" sans que j'arrive à me le définir de façon satisfaisante. Hé bien, Francis m'a mise sur la voie :
il est injuste que certains souffrent dans leur corps et d'autres non, alors euthanasions les premiers. Il est injuste que la société souffre de la charge coûteuse de personnes trop âgées, alors euthanasions celles-ci (dixit Attali). Il est injuste que les femmes se retrouvent enceintes contre leur gré, alors euthanasions les foetus, même en gestation avancée. Il est injuste que certains aient accès à la culture savante et d'autres non, alors tuons la culture savante ! Il est injuste que certains aient le bac et d'autres non, alors tuons le bac, en le donnant à tous, ce qui revient au même ! Il est injuste que les Français souffrent de ne plus se sentir chez eux en France alors euthanasions les Français de souche en organisant leur disparition par le grand Remplacement ! Il est injuste que les étrangers souffrent de ne pas être français alors donnons la nationalité française à tout le monde ce qui revient, comme pour le bac, à la tuer à force de la dévaloriser. Mieux : tuons la nation française, son histoire et sa culture afin que le monde entier se sente chez lui en France. Il est préoccupant que le réel souffre de la comparaison avec la vision qu'en a l'empire du Bien, alors tuons le réel. Etc, etc. Chacun peut allonger la liste à sa guise. " L'euthansie pour tout" telle pourrait être la devise de la modernité, ce néo-gribouillisme assassin.

(message corrigé)
L'Euthanasie pour Tout est solidement ancré dans un certain objectivisme intensif et vertical : il est objectivement inéquitable que l'existant soit pénalisant pour qui balaie celui-ci d'un regard horizontal et synchronique. Ce balayage intersubjectif croisant la verticalité descendante de l'objectivisme intensif, la Mort surgit comme solution aux maux et à la souffrance subjective que cause l'écueil de l'inéquité objective dans le champ de l'existant.

Il importe de considérer que l'opération, la solution létale, n'est envisageable que dans un système dimensionnel amputé du temps, de l'histoire des origines de l'inéquité, de son parcours fonctionnel.

Dans cette perspective l'hypocrisie à laquelle il convient de mettre fin n'est autre que le fantôme du temps absent, déjà mort, déjà occis, dont il convient de se débarasser comme d'une dépouille empuantissante ("nauséabonde", "rance", etc.), le temps présent étant en son règne éternellement mûr pour faire taire le temps mort en deux mouvements conjoints : révéler sa présence à l'odeur lancinante; prononcer le besoin de son évacuation. L'Euthanasie pour Tout est le nom de cette double opération de dévoilement et de catharsis contre la dimension temporelle du réel.
Voyez comme les Amis du Désastre, assez souvent, effleurent la vérité. L'on doit le fragment qui suit à un professeur de philosophie en Sorbonne. Il compte quatre paragraphes. Les deux premiers tranchent dans le réel et y ouvrent une brèche qui est la nôtre dans cette discussion. Il y est dit ce que nous disons, en plus dilué mais aussi en plus limpide. Puis le troisième décolle timidement comme un petit avion de tourisme, il quitte le terrain herbeux essentiel de la vérité. Et le quatrième n'est plus qu'un vrombissant délire doxique ordinaire :

C’est à partir de telles prémisses que l’on peut voir s’élaborer un autre rapport au temps. Non plus celui du projet, dont Julien Freund rappelait qu’il était celui du politique, mais bien le temps de « l’à-présent ». Dès lors, ce qui est en jeu n’est plus la recherche de la « Cité de Dieu » augustinienne, ce n’est plus la tension vers la société parfaite marxienne, mais bien une accentuation sur le présent vécu.

Présentéisme qui semble être, plus ou moins inconscient, l’une des marques essentielles de cette postmodernité naissante : le carpe diem, décliné sous ses diverses modulations, est une sorte d’« instant éternel ». L’éternité est comme rapatriée dans un moment donné sur cette terre.

Tout cela ne peut plus se comprendre au travers de la simple rationalisation généralisée de l’existence.

En effet, cela ne peut s’expliquer dans les catégories politiques ou rationalistes héritées du XVIIIe ou du XIXe siècle. Les rodéos, incendies et autres émeutes ne sont pas des « mouvements sociaux » revendicatifs. Certains tentent bien de les récupérer en ce sens, mais leur caractéristique est, justement, d’être « instantanéistes » : ils s’épuisent dans le moment même. Laissant peut-être le goût amer des gueules de bois, mais aussi suscitant, tels les cailloux lancés en ricochet, de petites ondes de choc. Peut-être cela va-t-il dessiller les yeux des observateurs sociaux qui, ainsi, découvriront qu’il s’agit non pas de mouvements de désespoirs, mais de l’expression d’une intense circulation de la parole. La recherche, maladroite peut-être, mais non moins réelle, de nouvelles formes de solidarité, d’un désir de « proxémie » : le plaisir de l’entre-soi. Ce qui révèle ainsi la double face de la violence : destructrice et fondatrice


Lire l'intégralité de cette petite oeuvre, joliment représentative de la pensée sociologique universitaire aujourd'hui activement employée dans le "décryptage" du réel et la diffusion idéologique de la doxa politique, I C I

L'on doit ce développement à un certain Michel Maffesoli, qui est professeur à la Sorbonne et dirige le Centre d’étude sur l’actuel et le quotidien (CeaQ) et le CRI (Centre de recherche sur l’imaginaire)
Citation
Francis Marche
L'Euthanasie pour Tout est solidement ancré dans un certain objectivisme intensif et vertical : il est objectivement inéquitable que l'existant soit pénalisant pour qui balaie celui-ci d'un regard horizontal et synchronique.

Ou encore : il est intolérable qu'il y ait une Réalité face à notre Liberté, et carrément cruel qu'il y ait une Réalité au delà de notre Liberté - ce moteur qui ne serait pas lui-même touché par ce qu'il meut, comme dirait Aristote ...

Par "chance", si l'on peut dire, une telle vision des choses portée solennellement au niveau collectif entraîne ce qu'elle promet, à savoir l'anéantissement pur et simple, dans un très court délai, de la civilisation qui la fait sienne !

Honore ton père et ta mère afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l'Éternel, ton Dieu, te donne.

L'Eternel reste poli, mais moi, je ne suis pas tenu de tourner les messages de manière positive, et je pourrais dire : si tu ne veux pas de l'Etre, qu'à cela ne tienne, tu auras du Néant.

Devant le suicide de l'Europe, à commencer par celui de la France, il y a une bonne chose et une mauvaise - faisons comme dans les séries américaines - : la mauvaise chose est que ça en sera fini de nous, la bonne chose est que le reste de l'humanité est assez peu touché par ce délire là - au moins ...

L'Europe, c'est le "camp des malsains" .... Et la seule chose un peu réjouissante - mais, certes, la toute dernière, la mesquine, celle qu'on avance dans un dernier moment de révolte, un dernier accès de dégoût - est que les gens qui nous remplacent ne savent pas encore qu'ils viennent eux aussi y mourir ... Car après ce déluge de "prestations sociales", il n'y aura plus rien qui pousse par ici, faute de gens pour les faire pousser ...

[retromigration.wordpress.com]
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