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à propos de Sylvain Gouguenheim par JGL ,

Envoyé par Gérard Rogemi 
Enfin, Malherbe vint
par Jean-Gérard Lapacherie

A propos de Sylvain Gouguenheim,
Aristote au Mont Saint-Michel,
Les racines grecques de l'Europe chrétienne,

Au cours du XXe siècle, des dizaines d’historiens, entre autres MM. Duby, Le Goff, Mme Pernoud, etc. ont établi que le Moyen Age n’avait rien de l’époque sombre, barbare, cruelle, dont on disait qu’elle était jadis pour des raisons de commodité idéologique, la présentant comme l’antithèse, les Dark Ages, des temps modernes qui commencent à la Renaissance. Ce vaste savoir, cette connaissance patiemment constituée, tous les livres publiés, ces lumières n’ont servi à rien. Depuis quelques décennies, le Moyen Age européen et chrétien est retombé dans les ténèbres : ce n’est plus qu’une ère sombre d’ignorance crasse et de stupidité bestiale, qui est opposé, toujours dans des buts de basse police idéologique, non plus aux temps modernes d’Occident, mais à l’Islam des Lumières ou à la lumière de l’Islam, source d’une civilisation qui serait raffinée, spirituelle, fondée sur la raison et soucieuse de développer les arts, les savoirs, les sciences, la connaissance. L’ignorance rance est sortie des placards pour être recyclée en arguments massue sur les racines musulmanes de l’Europe ou sur la dette infinie que l’Europe n’aurait toujours pas remboursée à l’Islam et aux peuples musulmans. En bref, le Nord de la Méditerranée serait plongé dans les brumes du Mal ; le Sud se chaufferait au soleil du Bien.

Le titre Aristote au Mont Saint-Michel est éloquent. Aristote n’a pas séjourné, on l’a compris, au Mont Saint-Michel ; ce sont ses œuvres qui, au XIIe siècle, y ont été traduites en latin et diffusées dans toute l’Europe, bien avant que ne soient connues ses œuvres traduites à partir d’adaptations en arabe. La thèse du livre est condensée dans le titre : l’Europe a accédé seule à l’héritage grec. Elle n’est pas eu besoin des secours de l’Islam pour cela. Il est établi – et les faits sur ce point sont formels - que Byzance a continué à penser l’héritage de la Grèce antique et que l’Occident médiéval a été mû par la quête du savoir, aidé en cela par les chrétiens syriaques ou égyptiens, dont beaucoup ont trouvé refuge, au moment de la conquête et de la colonisation de leur pays par les Arabes islamisés, en Sicile, à Rome, dans toute l’Europe. Si les Arabes sont à la source de l’Europe, c’est involontairement – un peu comme les Turcs qui, en exterminant les Arméniens, ont forcé quelques survivants à se réfugier en Europe, où ils ont fait revivre la culture arménienne.

La suite i c i
Le livre de Sylvain Gouguenheim a le mérite d'offrir une synthèse pratique de savoirs dispersés et peu accessibles. Pourquoi lui en faire reproche ? J'ai cité récemment le texte de Robert de Thorigny, abbé du Mont St Michel à la fin du XIIème siècle; texte reproduit dans l'Histoire Littéraire de la France. Il est bon que les historiens partagent leur savoir et y reviennent régulièrement car les sources qu'ils consultent ne sont pas accessibles au grand public.
Autre chose:
Stendhal, j'admire pour la Chartreuse de Parme, me déçoit quand il écrit dans De l'amour que ce sont les Arabes qui nous ont appris l'amour. Je suis convaincu que la haine qu'il vouait à son précepteur lui a dicté cette affirmation provocante.
Autre cas partisan: René Nelli. Dans son Erotique des troubadours, il développe l'idée que l'art des troubadours vient des Arabes; l'amour courtois, la fin'amor. Deux points faibles chez Nelli: l'oubli qu'une société polygame parle un autre langage et l'impasse qu'il fait sur la distinction, le paratge, dans la société aristocratique où nait l'amour courtois.
En tout cas tout ça est à discuter et les affirmations de ces deux auteurs sont trop souvent prises pour argent comptant.
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