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Le Monde décliniste ?

Envoyé par Michel Le Floch 
28 juin 2013, 14:28   Le Monde décliniste ?
Le Monde du 27 juin fait sa une sur la baisse du niveau des collégiens en histoire-géographie. L'article est plutôt alarmiste, Maryline Baumard, la journaliste, parle même de "drame national" :
[www.lemonde.fr]

La réalité de la baisse du niveau n'étant plus niable, l'organe central du Désastre, à l'instar de ce qu'il a fait pour l'immigration (il y a cinq ans encore, il fallait croire qu'il n'y avait pas plus d'immigrés en France que dans les années trente, et puis brutalement, en l'espace de quelques semaines, toujours selon les mêmes, la France devait assumer sa diversité et son caractère multiculturel sous peine de guerre civile), passe à l'offensive en expliquant que l'encyclopédisme (sic) est responsable du phénomène, de même que la distance culturelle entre les programmes et les "nouveaux" (les guillemets sont du Monde) collégiens des "établissements à recrutement populaire". On devine ce que sera la suite...
Une anomalie toutefois : un historien de l'éducation, Claude Lelièvre, sur la base d'une étude sur des copies du certificat d'études de 1920, nous explique qu'en France, de toute façon, les élèves ont toujours été mauvais... Beaucoup confondaient par exemple Sully et Richelieu, nous explique l'expert.
Mais alors Le Monde pourquoi parler de drame national ?
Utilisateur anonyme
28 juin 2013, 15:53   Re : Le Monde décliniste ?
Aucune chance en effet que les élèves d'aujourd'hui confondent Sully et Richelieu, pour la simple et bonne raison qu'ils ne savent pas du tout, dans un cas comme dans l'autre, de qui il s'agit.
Voyons...

Ce Sully n'est-il pas le bourreau de Béthune ou bien l'inspirateur des Femen ?
Non, Jean-Marc, c'est Sully le roi du heavy metal :
[fr.wikipedia.org]

08 juillet 2013, 05:10   Re : Le Monde décliniste ?
De la même manière que l'histoire a été re-écrite, au XIX e siècle, pour justifier l'idéologie environnante, de la même manière, les choses sont en préparation pour le nouveau programme.

C'est que, voyez vous, "nos ancêtres les gaulois" est une version parfaitement tronquée, partielle, totalement désinformante, et tragi-comique, de l'histoire de france, mais ce n'est tout de même pas faux ! Tandis qu'il va bien falloir trouver autre chose que des histoires de Celtes pour intéresser des Africains ....

Et le Monde n'est évidemment pas décliniste ... Il suggère cette évidence : si cela n’intéresse personne, c'est que cela est intrinsèquement inintéressant pour le public. Mais je suis sûr que l'on a sa petite idée derrière la tête, au Monde ....

Car "Suzanne Citron, de son vrai nom Suzanne Grumbach (née en 1922) est une historienne et écrivain française" qui a son idée pour rendre les choses plus "interessantes". .

Citations (wiki, bien sûr, il y a tout ce qu'il faut chez wiki ...)

L'histoire de France traditionnelle nous a masqué le caractère "multinational" du royaume de France. Le mythe des ancêtres Gaulois revenait à dire que tous les Français avaient la même origine par le biais d'un ancien peuple, parlant une même langue, ayant les mêmes coutumes. On gommait ainsi plus de mille ans de brassages ethnique, culturel et politique !
L'Histoire de France autrement, Suzanne Citron, éd. Editions de l'Atelier, 1992, p. 63
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J'interviens dans mes citations : il faut vraiment une malade mentale pour parler de mille ans de brassages ethniques, culturels et politiques, et surtout, pour imaginer que "nos ancètres les gaulois" avait été inventé dans ce but là : c'était plus simple que ça. Il s'agissait d'occulter la fondation de la france par les francs, et non pas de préfigurer une résistance identitaire. Personne n'imaginait que le peuple de France serait remplacé un siècle plus tard !
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Il faut réinventer l’identité française par référence à : une nation non plus gauloise, homogène et passéiste, mais plurielle, métissée et ouverte sur l’avenir; une République plus fraternelle, capable de reconnaître et de valoriser l’unité sociale et la dignité de tous les travaux et métiers propres et sales, manuels et intellectuels, nécessaires, indispensables à l’Être-ensemble de notre société.
« Histoire de France : crise de l’identité nationale », Suzanne Citron, Dialogues Politiques, nº 2, Janvier 2003, p. 15

Inventée pour et transmise par l’école de la IIIe République, notre histoire multiculturelle et poly-ethnique doit être réécrite dans la France d’aujourd’hui, une France post-vichyste, post-coloniale, amarrée au char de l’Europe, insérée dans la complexité du monde du XXIe siècle.
« Dénationaliser l’histoire de France », Suzanne Citron, Libération, jeudi 30 décembre 2004, p. 10

L’école gratuite, obligatoire et laïque a fait croire aux Français qu’ils descendent des Gaulois. Le Petit Lavisse, le manuel phare de la 3e République, commençait ainsi: "Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule et ses habitants, les Gaulois." [...] Cette lecture du passé français à travers la grille d’une Gaule qui préfigurerait la "nation" est obsolète et non sans effets pervers. D’une part elle conditionne spatialement le passé autour du seul Hexagone, excluant de ce passé tout ce qui géographiquement lui est extérieur, comme les Antilles ou même la Corse. Elle confère à la durée de la présence sur le sol hexagonal présumé "gaulois" une vertu quasi-magique au nom d’une antériorité généalogique qui serait synonyme de supériorité. [...] D’autre part, et c’est le plus grave, l’idée d’une souche gauloise ethnicise fantasmatiquement la "véritable" nation et nie la diversité raciale et culturelle qui a constamment accompagné la création historique de la France. [...] L’histoire de la France "Gaule" et d’un peuple français d’origine "gauloise" fabriquée au XIXe siècle correspond à la vision des fondateurs de la République et garantit à leurs yeux l’unité et l’indivisibilité nationale. [...] Mais cette histoire de la France "Gaule" est aujourd’hui obsolète pour décrypter une identité française aux multiples racines post-coloniales et mondiales.
Suzanne Citron, 23 juin 2008, dans Nos ancêtres les Gaulois": ils sont fous ces historiens!, paru Rue89.

Charles Martel devrait prioritairement faire l'objet d'une mise au point, pour les raisons déjà invoquées de son importance symbolique et de son rôle dans l'inconscient des pulsions racistes anti-arabes et dans l'illusion d'une supériorité de la "civilisation catholique et blanche". Le contexte géo-politique de l'événement de "Poitiers" est indispensable à comprendre si l'on veut dissiper l'illusion qu'aux VIIe et VIIIe siècles "notre pays" existait déjà et que "Charles Martel a sauvé la France" !
Le mythe national, Suzanne Citron, éd. Editions ouvrières, 198, p. 185


Vous remarquerez - désolé de devoir le faire ... - que ce n'est pas moi qui ait écrit, en tête des citations même de Wiki "suzanne citron, de son vrai nom, etc. ". C'est qu'il doit y avoir des "nauséabonds" parmi les contributeurs de Wiki ...

Mais ce que j'aime bien, dans les citations choisies de l'oeuvre cosmique de Suzanne Citron, c'est cette phrase comique : " [la lecture du passé français] conditionne spatialement le passé autour du seul Hexagone, excluant de ce passé tout ce qui géographiquement lui est extérieur, comme les Antilles ou même la Corse". Et moi j'ajouterais bien, "ou encore, comme Suzanne Citron" ....

Mais sur le fond, Suzanne Citron a raison ! A nouvelle nation, nouvelle histoire !

Allez Suzanne : "fais péter" un article dans le Monde, on t'y attend comme le Messie ...

Kennst du das Land, wo die Suzanne Citron blühen ?
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