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Émeute comme mode de vie (Le Monde)

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 août 2011, 10:47   Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Un grand classique de l'intellectuel organique pour avoir l'air intelligent (ou se croire l'air intelligent), dire que "A est B", ainsi on ne dit plus rien de A et on se concentre sur B.
A, par exemple les émeutiers qui pillent et brûlent les magasins des pauvres.
B, par exemple les banquiers qui ont fait n'importe quoi, mais sans sortir des règles, les règles étant aberrantes.
A = B, donc les vrais émeutiers sont les traders.
C'est sûr que ça demande un peu de sophistication intellectuelle, mais ça dispense de regarder ce qu'on a sous les yeux. Il faut avoir fait de longues études pour être capable de s'aveugler ainsi.
Ça demande la (mauvaise) foi chevillée au corps.
Cet article du Monde fait preuve d'une indigence intellectuelle assez remarquable. L'auteur y mélange tout et n'importe quoi ("Les figures de l'émeutier sont diverses, c'est le trader, c'est l'homme qui se joint à un rassemblement de beuverie, c'est le hooligan, mais c'est aussi le tueur de Norvège" ; "Les révoltes arabes, les mouvements sociaux à Jérusalem, à Hanoï et en Chine "), entrecoupe cela de quelques généralités creuses, de formules à l'emporte-pièce et d'idées à la mode, sans jamais fournir la moindre réflexion un tant soit peu originale, ni analyser les tenants et aboutissants des solutions qu'il jette en vrac en guise de remède. On sent bien qu'il n'a rien à dire, et tire à la ligne avec désinvolture.
Un gloubi-boulga idéologique qui ne manque bien-sûr pas de se revendiquer des clichés progressistes les plus simplistes et éculés ("En retour, il ne suscite qu'un discours de répression, d'ordre, de l'interdit, du conservatisme. Les esprits se ferment comme les frontières, la nation devient le sanctuaire de la race ; l'or est le vrai, la monnaie de nos ancêtres le paradis perdu, la réaction accompagne l'état d'émeute. "). Telle semble être la condition pour être publié aujourd'hui dans Le Monde : écrire n'importe quoi, tant que ça reste dans le sens du vent...
De temps en temps, je relis de vieux numéros du Monde à la bibliothèque (numéros des années 60/70).

C'était bien écrit, politiquement orienté mais avec une nette séparation des faits et des opinions.
Edouard Sablier, Maurice Duverger, Robert Escarpit, Henri Fesquet...

Aujourd'hui les cancres sont entrés par la grande porte.
Viansson-Ponté, Lacouture malgré ses idées, Courtine malgré son passé...
François Fejtö, Robert Guillain ou même Marcel Niedergang, et aussi Etiemble, Baroncelli (fils).
Je crois cependant que ces analogies traders/émeutiers se trouvent dans le Telegraph, journal conservateur. Il est quand même un rien difficile de ne pas faire de comparaison entre pillage impuni (et pas à proprement métaphorique) et pillage visible et sans impunité (plus littéral, certes, mais beaucoup moins massif en termes d'effets sur l'économie d'un pays). Suis-je passé à l'ennemi ? Cela me paraît d'assez bon sens, pourtant. Encore une fois, dans les deux cas, il faut invoquer la common decency d'Orwell. Et dans les deux cas, il est évident qu'elle a été bafouée.
Vous n'êtes pas passé à l'ennemi, cher Bruno mais je ne vous suivrai pas sur ce terrain. Il est urgent d'encadrer les rapaces qui mettent à mal l'économie mais mettre leurs agissements en équivalence avec la violence des sauvages qui s'en prennent aux biens et aux personnes me semble, d'autres le diront mieux que moi, mais peut-être un sophisme.
Bruno,

Je pense que ces comportements obéissent à des logiques différentes. Après tout, le trader est nocif quand il fait perdre de l'argent, je ne crois pas qu'on lui reproche grand chose quand il en fait gagner.

Cela étant, je vous rejoins pour m'étonner de la mansuétude dont on fait preuve à l'encontre de la délinquance financière.
Cher Bruno,
Je n'ai rien contre la comparaison entre l'émeutier et le trader, tous les deux parasites. Mais l'un menace l'ordre public, l'autre détruit l'économie ; l'un brûle, l'autre achète, dépèce et revend en morceaux ; l'un n'aura gagné qu'un peu de matériel électronique et des vêtements, au risque d'aller en prison, l'autre est devenu riche et souvent envié et admiré. Le trader est une figure indéfendable moralement et économiquement, mais il n'enfreint souvent aucune loi - malheureusement. L'émeutier vole, pille, agresse, tabasse, brûle : il porte atteinte aux biens, aux personnes, à l'ordre public, etc. Il enfreint de nombreuses lois.
Si notre sociologue avait autre chose qu'un esprit de sophisme, voilà le genre d'éléments de comparaison qu'il aurait pu produire. Quant à comparer et à assimiler les divers désordres sociaux et politiques de la planète, bon courage ! Il y en a de nouveaux tous les jours. Ce qui frappe, c'est qu'il ne mentionne que ceux qui intéressent les média. Toutes les crises sociales qui ont lieu en Afrique - hors Maghreb - il n'en dit mot, il n'en a pas entendu parlé puisqu'il s'informe surtout dans le Monde. Pourtant des crises sociales et politiques, il y en a de nouvelles tous les mois en Afrique tant tout y est instable.
J'ignore, cher Virgil, s'il n'enfreint aucune loi. Apparemment, si le trader bénéficie d'impunité, c'est bien que des infractions ont été commises. J'ignore lesquelles. On parle, aux US, de white collar crime. Moins visible, plus sournois, non moins délétère pour une société... Peut-être préférerais-je être la proie d'un Madoff que d'un jeune émeutier, c'est possible... Je ne puis répondre...
Ne tombons pas dans le piège qui consiste à reprendre, quitte à la renverser, la hiérarchie établie par la bien-pensance entre le crime acceptable parce qu'excusable ou compréhensible, et le crime impardonnable parce que commis par des nantis. Un voleur est un voleur, qu'il soit pauvre ou riche n'a rien à voir à l'affaire.
Oui, Marcel, vous avez parfaitement raison. N'oublions pas aussi, avant de jeter la pierre aux traders et aux spéculateurs, deux choses :

- l'escroquerie et le détournement sont des délits qui supposent une certaine complicité de la victime. Tout policier vous expliquera cela. On ne peut pas escroquer (je ne parle pas de l'abus de faiblesse) quelqu'un qui n'a pas l'appât du gain. Les malhonnêtes détournent de l'argent parce qu'on ferme les yeux, car ils en ont gagné et qu'on espère que ça va continuer ;

- une part de spéculation est nécessaire, ne serait-ce que pour trouver une contre-partie. Prenez le cas d'un grand producteur de blé. Il a besoin de s'assurer de voir sa production vendue à terme, en partie, à un prix connu, pour pouvoir lui-même faire ses achats. Dès lors, il lui faut un acheteur à terme.
C'est une chose qui me trouble, cher Jean-Marc, que j'ai tardé à admettre mais dont je suis aujourd'hui convaincu : dans le couple corrupteur-corrompu, contre l'évidence première, la responsabilité du corrompu est décisive dans le fonctionnement de ce couple infernal comme dans celui de bien d'autres.
En fait, ils sont pour moi associés dans le crime. Il y a une autre forme de criminalité dont on ne parle jamais : c'est le recel.

Prenez les vols de portables. Les malfaisants que nous connaissons agressent et blessent des personnes. Ils les dépouillent, comme on dit. Ensuite que font-ils de ces portables ? ils ne les posent pas sur l'étagère à bibelots de la tante machin, mais les revendent. Qui poursuit les acheteurs de portables ? personne.

De même pour la drogue. C'est très vilain d'en vendre, j'en conviens. Mais si elle est vendue, c'est aussi parce qu'elle est achetée. Il y a donc deux coupables, le vendeur et l'acheteur.

Les seules situations claires sont hélas celles des "victimes nettes", c'est à dire les commerçants pillés et les gens agressés.
Voilà, c'est ce que je disais, l'ami.
Il y a des gens qui travaillent et d'autres qui jouent. Le trader est quelqu'un qui joue avec le travail des autres.
Florentin,

Nous sommes souvent d'accord, mais divergeons un peu sur ce point. Le trader joue avec le travail des autres, mais les autres l'acceptent. Sinon, on n'achète pas d'actions.
Sans remettre en cause les mouvements de capitaux on peut moraliser le système, c'est ce que je voulais dire.
Nous sommes d'accord, mais il faut savoir que ces règles diminueront l'espoir de gains.
C'est pas plus mal. Les écarts exponentiels qui se creusent entre les revenus sont dangereux pour ne pas dire suicidaires. De Gaulle pensait la même chose. Son idée de participation traduisait les mêmes soucis. Bien sûr, on ne peut agir que globalement, au niveau mondial.
Nous sommes d'accord. Il faut mettre des limites, sinon c'est l'explosion.
La victime du trader n'est pas seulement le boursicoteur. La crise de 2008 (notamment subprimes) a montré que l'indécence des financiers a eu des effets tragiques sur l'homme de la rue : chômage massif, etc. Se retrouver sans rien (surtout dans un pays comme les US, sans "safety net"), cela peut être tragique. Je crois donc toujours que le rapprochement "trader"/émeutier n'est pas totalement idéologique. Il faut "moraliser" la finance, de gré ou de force, et il aurait fallu punir les grandes banques. Certes, les émeutiers ne cassent pas tout par conscience politique. Plutôt par une sorte d'emballement mimétique et invidia... mais cela n'aurait peut-être pas lieu si plus de décence régnait parmi les élites financières et politiques, sans parler des élites "culturelles" et médiatiques.
Utilisateur anonyme
22 août 2011, 07:36   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je suis absolument d'accord avec Didier, à une nuance près. Les traders, je l'ai dit, n'enfreignent en général aucune loi - si donc les lois les laissent faire, ce sont ceux qui font les lois qui portent la plus lourde responsabilité, en l'espèce l'administration Clinton qui fut en charge de la déréglementation au moment de l'accélération inédite des échanges grâce à internet.
Il n'en reste pas moins que la manière d'un grand nombre d'entre eux de spéculer sur la pauvreté, la faillite d'Etats est moralement condamnable.
Je distingue donc la morale et le politico-juridique. Je sais qu'ils ne coïncideront jamais et nous n'avons probablement pas intérêt à ce qu'ils coïncidassent, même si une légère convergence nous ferait du bien.
Mais comment formuler une politique et une technique applicables, c'est à dire déclinées en mesures cohérentes dans la situation présente permettant de réaliser des objectifs désirables.
Cher Bruno Chaouat, ne le prenez pas mal, mais moi aussi je suis d'accord. D'autre part nos émeutiers, en véritable lumpen prolétariat que condamnait si sévèrement Marx, s'en prennent généralement dans leurs quartiers non aux riches mais à aussi pauvres et parfois même à plus pauvres et plus faibles qu'eux ( à supposer qu'ils soient aussi pauvres qu'on le dit) pourvu que leurs cibles soient "de souche" ou ...chinoise. Combien d'argent ont perdu les malheureux qui avaient mis les économies de toute une vie de labeur honnête dans l'achat d'un appartement où ils pensaient finir paisiblement leurs jours et qui, obligés de quitter leur cité, se sont retrouvés avec un logement invendable sauf pour une bouchée de pain, certains se résignant alors à rester sur place bien que n'osant même plus sortir de chez eux ?
Le mécénat en faveur de la recherche, de la création, de l'humanitaire s'est considérablement développé ces dernières années. Récemment des gens comme Bill Gates proposaient de partager leur fortune. D'autres veulent payer plus d'impôts. C'est bien le signe qu'il faut revoir les règles du jeu.
Cher Didier Bourjon, vous avez raison de me brocarder. Je poussais un peu le bouchon ! Je me sens plus proche de Millet que du NPA... c'est vous dire. Toujours est-il que la grande dérégulation n'a pas été opérée par les démocrates mais par le Congrès républicain sous Clinton. Par ailleurs, peut-être m'accorderez-vous que les élites politiques et financières se sont mises dans une position à tout le moins difficile pour donner des leçons. Et en effet Cassandre, ce sont les plus démunis qui font les frais des violences du lumpen.
Si le pillage consiste à envisager une situation de désordres graves sous l'angle de l'intérêt matériel qu'on peut en tirer, précisément parce que la panique s'est installée, alors bon nombre de "traders" se comportent bel et bien comme des pillards, "métier" ou pas.

A l'heure où nous écrivons, combien d'entre eux se frottent les mains et réalisent de bonnes affaires en repérant les "maillons faibles" du système boursier afin d'y porter une attaque en bonne et due forme, sans la moindre espèce de scrupules ni la moindre espèce de considération pour les conséquences de leurs actes ? Les pillards urbains ont leurs recéleurs, les "traders" leurs actionnaires et, dans ce cadre borné, aucun des deux ne songent un instant à un horizon plus large que leur intérêt immédiat.

La scène du quidam estourbi dans la rue, prétendument secouru par un passant tandis qu'un autre lui fait le sac dans son dos, illustre à merveille les moeurs qui prévalent dans le monde des "traders" où règnent si bien brutalité et violence que la plupart d'entre eux sont jeunes, ont une appétence marquée pour les drogues et les biens matériels les plus tape-à-l'oeil, ce qui leur fait encore des points communs avec les pillards urbains. Le quidam estourbi, c'est un pays, une région, une industrie et que leur importe, tout comme je me moque bien d'encourir le reproche de faire mon militant NPA, ce qui me parait aussi avéré que l'accusation de "fascisme" rampant qu'il m'est arrivé d'essuyer.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 10:35   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
A sophiste, sophiste et demi, cher Didier. Vous écrivez :

"La panique des émeutes s'installe du fait des émeutiers, qui la créent afin de procéder à leurs agressions et vols en toute violence, en toute illégalité, et dans un espoir ou une idée d'impunité. Celle des marchés provient de la mise en évidence de ce que l'on a pas voulu voir ou gérer et qui en vient à devoir être ébranlé, qu'il est même très souhaitable d'ébranler afin de contraindre à de nécessaires et indispensables rééquilibrages."

Qui n'a pas "voulu voir ou gérer", sinon les acteurs du système boursier eux-mêmes et qui vous dit qu'à l'instar des émeutiers, ils n'ont pas créé la panique "afin de procéder à leurs agressions et vols en toute violence, en toute illégalité, et dans un espoir ou une idée d'impunité" ?

Vous poursuivez : "Il est stupide de se focaliser sur des opérations à court-terme, sur quelques manœuvres périphériques, et sur le profit rapide et scandaleux de tel ou tel (en oubliant ses pertes du lendemain et sa prise de risque, considérable). Les sanctions tombent de tous les côtés, dans ce genre de choses..."

Je ne comprends pas. Cette fameuse crise dont on nous rebat les oreilles n'est-elle pas née d'une formidable accumulation de "manoeuvres périphériques" ? C'est exactement ce que prétendent les gauchistes quand ils accusent leurs adversaires de remettre en cause tout le système social en se "focalisant sur quelques fraudes périphériques" aux diverses allocations.

D'autre part, on pourrait dire aussi bien de l'émeutier que son profit et rapide et scandaleux, en oubliant ses pertes du lendemain et sa prise de risque et que les sanctions tombent detous les côtés, dans ce genre de choses. A quoi peut-être me répondrez-vous que non pas ! Que les sanctions ne tombent pas pour les émeutiers et je vous dirai qu'elles tombent tout de même, ou, plutôt, qu'elles tombent avec la même rigueur que celles qui frappent les "traders" quand ils se font pincer, c'est-à-dire qu'elles tombent, les sanctions, avec le même laxisme général, maquillé par ceux qui trinquent "pour faire un exemple". D'ailleurs, quand ils se font pincer, émeutiers et "traders" plaident l'excuse en variations sur le thème "J'ai été entraîné, j'ai perdu la tête, j'étais pris dans un système" etc.

Vous écrivez ensuite que, ce que l'on pas voulu voir ou gérer "en vient à devoir être ébranlé, qu'il est même très souhaitable d'ébranler afin de contraindre à de nécessaires et indispensables rééquilibrages." En somme, des délinquants comme Kerviel, Madof et tous ceux qui continuent à piocher dans les décombres des économies privées ou nationales, sont à vos yeux des sortes de maux nécessaires, des révélateurs, des sortes de révolutionnaires qui permettront, à la longue, de remettre en lumière l'exigence de maîtrise de l'économie réélle. C'est exactement la même logique employée par les gauchistes à l'égard des émeutiers en sorte de les transformer eux aussi en "symptômes" d'un grave malaise dans l'organisation de nos sociétés. Il y en a d'ailleurs - et pas du tout "de gauche" - qui, tout en déplorant ces émeutes, s'en félicitent comme de la révélation pratique et visible des dangers du "multiculturalisme". Remercions donc et les "traders" et les émeutiers de nous faire prendre conscience de la situation.

Quant à mes parallèles, ils ne me semblent en rien abusifs. Par delà les divagations de l'article cité en début de ce fil, il était question de comparer la mentalité et les actes des "traders" et des émeutiers, c'est-à-dire de les comparer en tant qu'individus animés d'une certaine tournure d'esprit et se demander s'ils appartenaient à la même, disons, "famille" de comportement. Eh bien je trouve que c'est le cas et que cela se traduit, en effet, par des similitudes de goûts, d'habitudes de rêves et d'ambition - à commencer par le goût et l'habitude de rechercher des "cibles" commodes, des "proies" faciles - lesquels goûts et habitudes peuvent très légitimement faire se ressembler des gens qui les partagent, sinon quoi d'autre ?

Personnellement, j'aurais aussi peu de goût à partager une soirée (sauf par curiosité "sociologique") avec un "trader" qui m'expliquerait comment, lui et ses complices, ont réalisé un "coup" sur le marché des céréales qu'avec un émeutier, étalant un stock de montres ou de portables raflés pendant l'émeute.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 12:03   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Faites excuses, ne retenez que Kerviel, et dites-moi si cet homme n'a pas quelque ressemblance avec un émeutier (encore que sans la panique créée par un Madof, un Kerviel peut-il exister ? Je n'en sais rien.)

"J'y reviens dès que possible."

Cher Didier, prenez tout votre temps. Nous n'avons pas les mêmes disponibilités, aujourd'hui.
Qui n'a pas "voulu voir ou gérer", sinon les acteurs du système boursier eux-mêmes [...]

Non. Peut-être tenons-nous là un point précis de notre divergence, cher Orimont. Ce sont les responsables politiques qui ont fait ou laissé faire cette Europe-là, cette mondialisation et la financiarisation qui va avec. Ce sont eux, ces politiques démissionnaires et à courte vue qui ont en quelque sorte suscité l'activité de traders.
Mais enfin, cher Eric, diriez-vous que les responsables politiques n'ont eu (ni n'ont) aucune espèce de lien avec le système boursier, qu'ils furent (et sont) totalement absent de cette sphère, qu'ils n'ont pas le moindre "portefeuille" à gérer ?
Je penche du côté d'Orimont. Il semble qu'il existe une relation dialectique entre la brutalité de la nouvelle finance et les nouvelles formes de sauvagerie urbaine et péri-urbaine. Par ailleurs, l'immigration de masse n'est pas sans rapport avec l'effondrement des frontières et la mondialisation marchande. Il faut, il me semble, s'interroger sur les deux problèmes simultanément. Cela me semble valoir mieux intellectuellement que de chercher à tout prix une explication monocausale et forcément idéologique aux troubles moraux et sociaux, i.e., la seule immigration, l'Islam, etc., pour les uns, et le capitalisme pour les autres.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 13:17   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 13:18   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"Mais là encore : qui a décidé, mis en œuvre, vu au plus court ??? Les politiques... et leurs "opinions", "élites", et tutti quanti."

Mais enfin, cher Didier, diriez-vous que les responsables politiques n'ont eu (ni n'ont) aucune espèce de lien avec le système boursier, qu'ils furent (et sont) totalement absents de cette sphère, qu'ils n'ont pas le moindre "portefeuille" à gérer et n'ont eu (ni n'ont) aucun intérêt personnel et matériel à voir "au plus court" ? Privilégier le politique, c'est aussi, me semble-t-il, s'intéresser aux hommes politiques et à leurs défaillances humaines.

"Je ne comprends pas. Cette fameuse crise dont on nous rebat les oreilles n'est-elle pas née d'une formidable accumulation de "manoeuvres périphériques" ? " Non, rien à voir. Cf. supra.
Soit. Je retiens l'argumentaire des "manoeuvres périphériques".

""tous ceux qui continuent à piocher dans les décombres des économies privées ou nationales, "
Où avez-vous vu cela ???""
A Beaulieu-sur-mer, en été. Les affaires très juteuses ont-elles cessé ? Je gage que vous allez me dire que cela n'a absolument rien à voir avec la bourse, mais alors rien du tout, encore moins avec les "traders", peut-être même que les "traders" luttent de bonne foi, comme ils peuvent, contre le système qui permet les-dites affaires juteuses de prospérer, en pleine crise mondiale, et que je mélange tout.


"Êtes-vous jamais allé dans une société de courtage, voir les gens travailler, discuter avec eux, avez-vous dans ce milieu des connaissances ? J'en doute. Il y a parmi les in-nocents, un... trader !"
Dans ce cas, où est le problème, en effet ? Les "traders" travaillent dur dans l'intérêt général, ils "utilisent les outils qu'on (leur) donne et les règles du jeu qu'on (leur) fixe. Elles peuvent être critiquées pour une part, mais ce n'est pas le fond du problème, et les ("traders") agissent conformément à elles, légalement." Comment affirmer que les règles d'un jeu ne sont pas le fond du problème quant au jeu ?
Vous posez la question de la connaissance d'un milieu. Avez-vous une connaissance intime, personnelle, à base de conversations, de celui des émeutiers qui vous permette de saisir leur tournure d'esprit. J'en doute. Non, vous n'en avez pas besoin, vous faites comme moi avec les "traders", vous écoutez les nouvelles.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 14:29   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Peut-être les règles du jeux sont-elles la science économique elle-même ? Celle-ci étant "fausse", voire "intentionnellement faussée", nos énarques, qui partagent la même fausseté des vues, agissent faussement (concept de polémergisme = "la guerre au travail).

N'en est-il pas de même dans le domaine social ? Les "classes exploitées" sont légitimes à lutter contre les "exploiteurs" (concept de polémoclaturisme = guerre des classes). Le marxisme fait des ravages chez les pauvres et sert de prétexte commode pour s'adonner impunément aux larcins. Mais peut-être en Angleterre s'agit-il du symptôme "Robin des bois" ? Les "pauvres" peuvent donc se servir, d'autant plus qu'ils y trouvent un intérêt...

PS : Mr Bourjon, veuillez noter que la nécessité pour l'Etat de s'endetter envers des acteurs privés ne date que de 1973. Avant cette date, et depuis 1945, l'Etat ne s'endettait qu'envers lui-même, il ne devait donc rien à personne... Certes, ce fonctionnement faisait peser le risque de l'inflation des prix, et dans ce cas, le gouvernement qui s'en rendait coupable était désavoué. Mais le fonctionnement actuel provoqua une inflation des dettes, ce qui fut sans douleur, resta invisible et ôta donc toute responsabilité aux gouvernements. Ce n'est pas la génération actuelle qui payera, mais celles qui suivront...

Mais ne déduisez pas de ma remarque, la pensée que les politiques doivent (et pouvaient) baisser les dépenses de l'Etat. La continuité des politiques publiques, conjuguée à la précarité de l'exécutif qui peut donc faiblement influer sur le cours des choses, implique la reconduite tacite des dépenses d'un exercice sur l'autre, d'où ce recourt systématique à l'endettement, d'autant que le poste budgétaire des frais financiers augmenta en proportion des intérêts dus (aujourd'hui, 50 milliards d'Euros).

J'en reviens donc à cette fausseté dans la science économique. Il me semble que c'est de Keynes que vient cette idée qu'il serait "globalement équivalent" pour les Etats de couvrir leurs déficits par des emprunts aux acteurs privés, plutôt que de créer eux-même la monnaie en fonction de leurs besoins. Tant la gauche que la droite oscillent constamment entre la "relance Keynésienne" et l'austérité budgétaire.

Mais la relance Keynésienne endette et l'endettement oblige à l'austérité. Et comme de plus l'austérité provoque stagnation et que la stagnation "oblige" à relance Keynésienne... cela tourne vicieusement en rond.

Notez, comme je l'ai déjà écrit, que je considère l'infrastructure comme les connaissances morales et scientifiques et que je fait découler d'elles les superstructures économiques (les équipements, l'industrie). C'est la pensée inverse du marxisme qui considère l'infrastructure comme étant les outils de productions et fait découler d'elles les superstructures morales et scientifiques. De fait, c'est cette croyance en la validité du keynésianisme sise en l'infrastructure morale et scientifique de notre pays, qui a aboutit à mettre en place les conditions de la destruction future de notre économie.

Tout peuple, qui, dans l'histoire, insista à vouloir appliquer une théorie fausse, mais crue vraie, alla à la tragédie. Connaissez-vous le mythe de Dionysos ? Le mensonge à soi-même est parfois si plaisant, qu'il faut un drame terrible pour oser voir la vérité en face.

Ce que je pense donc est qu'il eut mieux valu garder le système antérieur à 1973, quitte à avoir une inflation des prix supérieures, mais de manière à ne pas avoir cette inflation considérable des dettes. Autrement dit, ne pas utiliser la manière Keynésienne de relancer l'économie, mais la manière des trentes glorieuses : que l'Etat crée la monnaie dont il a besoin pour investir dans des superstructures économiques répondant aux besoins du pays. Le pays a besoin de gens tels Sully ou Colbert.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 16:02   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"En voilà un qui porte bien son prénom : [fr.wikipedia.org]
Vous n'en avez pas un, typically british, tout droit sorti de la City ?"

"Avec l'éclatement de l'Union soviétique et la libéralisation massive de l'économie, Abramovitch s’intéresse aux affaires boursières et devient trader. Il figure parmi les premiers à s'intéresser à la vente de pétrole sans s'occuper de l'étape de production, achetant le pétrole à des producteurs locaux au prix du marché domestique, puis le revendant à l'étranger grâce à une licence d'exportation."

Est-ce un trader qui a échoué ou réussi ? N'est-ce pas un modèle pour la plupart des "traders" - toute exception humaine considérée, comme il en existe dans tous les milieux, y compris, chez les émeutiers. On pourrait détailler la biographie des autres "milliardaires no-limit", dont ce Pakistanais installé à Londres et voir si le "trading" n'a joué aucun rôle dans son ascension, comme dans celle d'autres et leur cour, tels que décrit dans l'article de Nice-Matin et tels que j'en aperçois, dans les rues de ma région, très fugacement, par grosses cylindrés aux vitres noires interposées ou en flânant le long de chacun des ports de plaisance de la Côte d'Azur, ces magnifiques "Marina" respectueuses de l'environnement. L'ennui de ce genre de discours, je ne l'ignore pas. Il prête évidemment le flanc à l'accusation de "ressentiment". La "réussite" financière et ses fastes brilleront toujours d'un certain éclat que n'aura jamais le voyou qui profite de l'aubaine d'une émeute pour vider les rayons d'un supermarché. Cependant, enfermez dans une maison pendant quinze jours un trader "lambda", un émeutier ordinaire et un artisan sans histoires et voyez à la sortie qui s'est bien entendu, qui s'est trouvé des affinités, qui s'est compris.
Utilisateur anonyme
23 août 2011, 16:23   Re : Émeute comme mode de vie (Le Monde)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je me permets, de nouveau, d'enchâsser cette discussion par un autre article paru dans Le Monde de ce 25 août, L'ère des émeutes ou l'apogée de l'égotisme économique en Occident par Isabelle Beyneix, chercheur en droit et qui me paraît bien plus consistant que celui mis en ligne par Didier. Partant, lui aussi, des émeutes, il dresse un état des lieu de l'Occident qui me paraît juste dans ses grandes lignes. Malheureusement, j'y sens comme une complaisance morbide et il y manque peut-être les moyens de résister à ce déclin ou le cap à suivre pour redresser la barre.
L'article est meilleur et a même d'excellentes remarques. Mais son expression est déplorable.
"Pourquoi ? Sans doute car la famille est source d'embarras plus que de plaisirs, que le travail ne rapporte plus car la méritocratie n'existe plus." Ne pas connaître la différence entre "car" et "parce que" est embêtant.

Pour les bonnes remarques :
"Du point de vue de l'éducation, le succès des émissions de téléréalité et le développement de la presse people montre que les politiques culturelles et éducatives de masse ont échoué. L'ère du vide intellectuel rassure désormais l'être humain occidental plus qu'il ne l'inquiète. Il n'y a plus de honte à ne pas savoir. Les héros médiatiques ressemblent à l'archétype de l'être humain occidental. La culture n'est plus assimilée à de l'intelligence. Vivre consiste dorénavant à oublier les horreurs dénoncées par les médias (la mort et la souffrance sont désormais des scandales) et à savourer la vie dans sa plus simple acceptation, avec facilité. Il n'est plus question de créer un autre monde mais de conserver celui-là. L'être humain occidental se contente de profiter de son existence. Cette dernière consiste économiquement à travailler "au noir" ou à gagner énormément d'argent et à trouver le moyen de payer le moins d'impôts possible. Sa seule religion est le football. Sa famille se disloque et s'agrandit au gré de ses rencontres."

Quelques incohérences : elle montre que le modèle est le travail au noir, puis elle dénonce le bouclier fiscal comme une mesure soulignant la faveur des riches et le fait que ce soit juste. Mais ce bouclier ne concernait que ceux qui payaient des impôts. Les travailleurs au noir, les dealers, etc. n'ont pas bénéficié de ce bouclier - et je m'étonne qu'ils n'aient pas pétitionner au fait.
Ne pas connaître la différence entre "car" et "parce que" est embêtant. Je suis embêté, cher Virgil car je n'y avais jamais prêté attention. Grâce à vous je me soigne. Merci surtout pour vos pertinentes remarques.


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