A sophiste, sophiste et demi, cher Didier. Vous écrivez :
"La panique des émeutes s'installe du fait des émeutiers, qui la créent afin de procéder à leurs agressions et vols en toute violence, en toute illégalité, et dans un espoir ou une idée d'impunité. Celle des marchés provient de la mise en évidence de ce que l'on a pas voulu voir ou gérer et qui en vient à devoir être ébranlé, qu'il est même très souhaitable d'ébranler afin de contraindre à de nécessaires et indispensables rééquilibrages."
Qui n'a pas "voulu voir ou gérer", sinon les
acteurs du système boursier eux-mêmes et qui vous dit qu'à l'instar des émeutiers, ils n'ont pas créé la panique "afin de procéder à leurs agressions et vols en toute violence, en toute illégalité, et dans un espoir ou une idée d'impunité" ?
Vous poursuivez : "Il est stupide de se focaliser sur des opérations à court-terme, sur quelques manœuvres périphériques, et sur le profit rapide et scandaleux de tel ou tel (en oubliant ses pertes du lendemain et sa prise de risque, considérable). Les sanctions tombent de tous les côtés, dans ce genre de choses..."
Je ne comprends pas. Cette fameuse crise dont on nous rebat les oreilles n'est-elle pas née d'une formidable accumulation de "manoeuvres périphériques" ? C'est exactement ce que prétendent les gauchistes quand ils accusent leurs adversaires de remettre en cause tout le système social en se "focalisant sur quelques fraudes périphériques" aux diverses allocations.
D'autre part, on pourrait dire aussi bien de l'émeutier que son profit et rapide et scandaleux, en oubliant ses pertes du lendemain et sa prise de risque et que les sanctions tombent detous les côtés, dans ce genre de choses. A quoi peut-être me répondrez-vous que non pas ! Que les sanctions ne tombent pas pour les émeutiers et je vous dirai qu'elles tombent tout de même, ou, plutôt, qu'elles tombent avec la même rigueur que celles qui frappent les "traders" quand ils se font pincer, c'est-à-dire qu'elles tombent, les sanctions, avec le même laxisme général, maquillé par ceux qui trinquent "pour faire un exemple". D'ailleurs, quand ils se font pincer, émeutiers et "traders" plaident l'excuse en variations sur le thème "J'ai été entraîné, j'ai perdu la tête, j'étais pris dans un système" etc.
Vous écrivez ensuite que, ce que l'on pas voulu voir ou gérer "en vient à devoir être ébranlé, qu'il est même très souhaitable d'ébranler afin de contraindre à de nécessaires et indispensables rééquilibrages." En somme, des délinquants comme Kerviel, Madof et tous ceux qui continuent à piocher dans les décombres des économies privées ou nationales, sont à vos yeux des sortes de maux nécessaires, des révélateurs, des sortes de révolutionnaires qui permettront, à la longue, de remettre en lumière l'exigence de maîtrise de l'économie
réélle. C'est exactement la même logique employée par les gauchistes à l'égard des émeutiers en sorte de les transformer eux aussi en "symptômes" d'un grave malaise dans l'organisation de nos sociétés. Il y en a d'ailleurs - et pas du tout "de gauche" - qui, tout en déplorant ces émeutes, s'en félicitent comme de la révélation pratique et visible des dangers du "multiculturalisme". Remercions donc et les "traders" et les émeutiers de nous faire prendre conscience de la situation.
Quant à mes parallèles, ils ne me semblent en rien abusifs. Par delà les divagations de l'article cité en début de ce fil, il était question de comparer la mentalité et les actes des "traders" et des émeutiers, c'est-à-dire de les comparer en tant qu'individus animés d'une certaine tournure d'esprit et se demander s'ils appartenaient à la même, disons, "famille" de comportement. Eh bien je trouve que c'est le cas et que cela se traduit, en effet, par des similitudes de goûts, d'habitudes de rêves et d'ambition - à commencer par le goût et l'habitude de rechercher des "cibles" commodes, des "proies" faciles - lesquels goûts et habitudes peuvent très légitimement faire se ressembler des gens qui les partagent, sinon quoi d'autre ?
Personnellement, j'aurais aussi peu de goût à partager une soirée (sauf par curiosité "sociologique") avec un "trader" qui m'expliquerait comment, lui et ses complices, ont réalisé un "coup" sur le marché des céréales qu'avec un émeutier, étalant un stock de montres ou de portables raflés pendant l'émeute.