Cher Monsieur Meyer,
Ce que vous décrivez est, je crois, systématique et concerne non seulement les journaux mais aussi les blogs et autres sites en ligne.
Le schéma est le suivant.
Un évènement se produit, un fait est connu.
Aussitôt, sans réfléchir plus avant, sans creuser, on plaque ces faits sur le patron déjà établi et on les taille pour qu'ils conviennent à l'idée générale qu'on a (ici, les gros sont méchants, les banques qui en sont une émanation sont très méchantes, elles saignent le peuple). On met en tête un titre bien gras (je parle des caractères), bien accrocheur. Peu importent d'ailleurs les faits, l'important est qu'on montre que les gros sont méchants, les banques qui en sont une émanation sont très méchantes, elles saignent le peuple... au prochain problème concernant les banques, l'attirail sera ressorti.
La strate suivante est formée des lecteurs qui prennent le train en marche et qui rajoutent une couche (on a quitté le tailleur pour rejoindre le cuisinier), sur le thème "mais c'est encore pire... je vous l'avais bien dit..." (en hommage à Harry, Jump on the bandwagon). Cette strate est importante. Par les propos outrés de ses intervenants, elle donne chair et crédibilité (la vox populi, ou bien, dans le système communiste, le prolétaire au parler vrai).
Il y a, parfois, des intervenants qui tentent d'expliquer le détail des choses. On leur saute alors dessus, comme la vérole sur le bas-clergé au XIXème, leur disant qu'ils ne voient rien et qu'ils sont de mauvaise foi car, c'est connu, les gros sont méchants, les banques qui en sont une émanation sont très méchantes, elles saignent le peuple...
Le sommet est atteint quand ce type de raisonnement (ici, les agissement des banksters) devient absolument central. Tout article qui détournera l'attention de ces agissements en parlant d'autre chose (par exemple la canicule) sera accusé de tous les maux.