Le site du parti de l'In-nocence

De l'exil et de l'enfer...

Envoyé par Pierre-Marie Dangle 
"Le véritable exil n'est pas d'être arraché de son pays ; c'est d'y vivre et de n'y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer."
(Edgar Quinet, Fondation de la République des Provinces-Unies : Marnix de Sainte-Aldegonde)

"L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place."
(Italo Calvino, Les villes invisibles)
"Le véritable exil n'est pas d'être arraché de son pays ; c'est d'y vivre et de n'y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer."


Inscription au-dessus de ma porte.
Je digresse, mais pas tant que ça... Voilà une information intéressante qui a trait au thème de l'amour (ou pas en l'occurrence) de la patrie. Elle relate le cas d'un footballeur français d'origine africaine, très doué mais si indiscipliné qu'il a été exclu des sélections nationales de jeunes pour une très longue période. Au lieu d'attendre l'expiration de la sanction, au lieu de mettre ce temps à profit pour méditer ses erreurs, au lieu de se racheter une conduite afin de redevenir éligible en équipe de France, où il reviendrait en toute humilité, ce jeune binational opte pour la nationalité sénégalaise, ce qui lui ouvre immédiatement les portes de cette sélection africaine. N'en avoir strictement rien à faire du pays dans lequel on a grandi, n'être à ce point redevable de rien à son égard alors qu'il a fait de vous ce que vous êtes (un joueur professionnel probablement millionnaire à même pas 20 ans), voilà qui est formidablement dégoûtant. (On peut d'ailleurs interpréter son choix comme étant une vengeance en forme de doigt d'honneur adressé à ses juges de la Fédération).

La perplexité de cet internaute réagissant à l'affaire m'a touché: " Quand tu joues à l'AC Milan à son âge, tu as toute ta carrière devant toi et tout pour espérer jouer un jour en équipe de France. L'équipe du pays qui t'a formé, qui t'a tout donné. Mais non. il préfère choisir de jouer pour un pays où il n'a pas probablement quasiment jamais mis les pieds. Un état d'esprit qui m'échappe, une morale au point mort, un sens du devoir et du service rendu proche du néant... Ma génération... Heureusement tous ne sont pas comme çà..."
On ne peut s'empêcher de penser qu'entre l'"enfer d'être ensemble" et le "pays", il y a plus qu'une ressemblance, dont l'exil serait une échappatoire.

« Celui qui erre, à la mi-nuit, sur les galeries de pierre, pour estimer les titres d'une belle comète »

Saint-John Perse, Exil
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter