Il te demande combien de temps tu as l’intention de t’installer chez lui et tu souris, joignant le geste à la parole, un geste large qui décrit, tu dis : « Autant de jours qu’il y a de livres chez toi ! » C’est une entrée en matière qui t’est venue à l’improviste, une manière de bon mot, mais lui, il se met à compter, il te souhaite la bienvenue, il prend de tes nouvelles, mais en même temps il s’est mis à compter. Autant de jours qu’il y a de livres. Simplement à main droite du fauteuil qu’il t’a présenté, simplement ces piles contre un mur, une petite année. Dans cet angle, six bons mois doivent être là, à vue d’œil, tu ne vas évidemment pas t’installer chez lui autant de jours qu’il y a de livres ! Mais il additionne à présent des chiffres sur un bout de papier, arrête, je plaisantais, un large sourire s’affiche sur tes lèvres, il passe dans une autre pièce, promène un index sur chaque volume, il compte, reporte sur son carnet, il compte tous les livres qui sont chez lui, tu ne peux plus rien y faire, tu ne peux plus l’empêcher, tu vas rester chez lui autant de jours qu’il y a de livres, au pied de la lettre.