Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1334 : Sur les prénoms des journalistes et les effets de la “diversité” dans les médias

Communiqué n° 1334, jeudi 19 janvier 2012
Sur les prénoms des journalistes et les effets de la “diversité” dans les médias

Le parti de l'In-nocence observe les très rapides progrès de la dite “diversité” dans les médias audiovisuels, à commencer par ceux du service public, radiophonique en particulier, et remarque qu'ils se traduisent par la présence et l'intervention sans cesse croissantes de journalistes dont le prénom aussi bien que le nom est radicalement étranger à l'onomastique française. Il ne conteste certes pas le droit de ces journalistes, citoyens français, à exercer leur métier, mais il souhaite attirer l'attention sur le droit symétrique du peuple français, comme de n'importe quel autre, à disposer sur son propre territoire de moyens officiels d'information qui, aussi bien par ceux qui s'y expriment que par la substance de leurs discours, reflètent son identité, ses traditions, son histoire.

Le parti de l'In-nocence est comme toujours frappé par le total défaut de symétrie dont témoigne la situation présente et il imagine mal, par exemple, que les Algériens en Algérie ou les Marocains au Maroc accepteraient bien longtemps que nouvelles du monde et reportages leur soient quotidiennement présentés par une inépuisable théorie de Jean-François Lacroix ou de Marie-Josèphe Le Tellier. Face à l'afflux constant sur les ondes de journalistes que leurs parents n'ont pas cru devoir doter de prénoms français, et qui eux-mêmes n'ont pas envisagé, semble-t-il, d'en adopter, marquant par là leur légitime attachement à leurs racines, les populations indigènes, qui ne sont pas moins attachées aux leurs, ressentent chaque jour plus cruellement les conséquences de la contre-colonisation en cours et l'amertume du remplacement accéléré qui leur est promis.
On se trouverait donc rassurés avec Pascal Blanchard, Laurent Mucchielli, Raphaël Liogier, ou des milliers d'autres journalistes aux patronymes chrétiens, ce serait donc plus in-nocent que si nos chaînes embauchaient disons Malika Sorel, Gaston Kelman, feu Mouloudji ou Amin Maalouf...
Ce qui m'effraie dans les médias, c'est plutôt le manque de diversité dans les points de vue exprimés. Ce jour, j'écoute France Info ; le massacre des quatre soldats français par un Taliban ; un seul point de vue (il faut quitter dare-dare l'Afghanistan), aucune voix discordante. Cette harmonie de plus en plus systématique sur de nombreux sujets, c'est là les véritables limites de la diversité.
Ma fille s'appelle Rivkah (prénom biblique s'il en est) : ça compte comme prénom républicain ?
Rebecca dans la forme francisée, l'usage change au profit de la prononciation d'origine.
"Ce qui m'effraie dans les médias, c'est plutôt le manque de diversité dans les points de vue exprimés."
Justement : plus vous aurez de journalistes issus de la diversité moins vous aurez , paradoxalement, de diversités d'opinion puisque l'idéologie médiatique est entièrement au service des "minorités" ethno-culturelles, à savoir d'origine africaine. Celles-ci ne vont pas scier la branche sur laquelle on les a assises ! Ce sera de plus en plus au nom de la "France d'Après" , la seule qui compte à leurs yeux et aux yeux de leurs collaborateurs, qu'ils péroreront, même si la France d'Avant est encore largement majoritaire. De plus les compétences à peu près nulles, en dehors du baratin et du culot, que l'on demande aujourd'hui à un journaliste correspondent très bien aux "qualités" des "divers", sans compter le conformisme qu'ils adoptent avec d'autant plus de naturel, de facilité et de bonne conscience qu'il correspond à ljun aspect fondamental de eur culture.
Citation
Ma fille s'appelle Rivkah (prénom biblique s'il en est) : ça compte comme prénom républicain ?

Certainement pas mais vous vivez aux USA où ce genre de choses est sans grande importance depuis une trentaine d'années, isn't it ?
Bruno,

Seuls les prénoms français associés à des noms français permettent au présnetateur de bénéficier d'une présomptaion de compétence et de neutralité.

Prenez par exemple Innocent Bougredane : avec un nom pareil, aucune crainte.
Votre exemple n'est pas formidable, BCJM — Bougredane, ça sonne un peu maghrébin, non ?
Du reste, il n'y a pas que les journalistes, il y a aussi les garagistes:

Le courrier publicitaire d'un constructeur d'automobiles me propose d'effectuer le contrôle technique de mon véhicule dans l'un de ses trois proches garages, respectivement dirigés par MM. Kamel Belhassen, Grégoire Pollereau et Paulo Gonçalves. Nomenclature exemplaire du multiculturalisme et de la francité (de la France comme sens ou comme corps signifiant) ; non pas qu'aucun de ces patronymes soit déshonorant; mais cette cohabitation ethnique dans laquelle les noms ne se mêlent pas ne saurait composer une nation. Etrange impossibilité du métissage onomastique, là où l'on prêche quotidiennement le mélange social.

Richard Millet, Fatigue du sens. 2011
Ouais... Il n'empêche que ce que dit ce communiqué n'est certainement pas ce vers quoi vous voudriez désespérément le pousser. (Je réponds à Jean-Marc, précisons-le, car je vois qu'un message du docteur Marche s'est intercalé entre nous.)
Ce qui m'effraie dans les médias, c'est plutôt le manque de diversité dans les points de vue exprimés.

Je répondrai dans le même sens que Cassandre. On tue les chrétiens en islam, les journalistes ne l’admettent que du bout des lèvres et moyennant toutes sortes de périphrase, parce qu’ils sont peureux et que les groupes de pression ont réussi à installer l’idée que dire au sujet de l’islam quelque chose de désagréable, c’était « raciste ». Mettez à présent des journalistes provenus de l’aire musulmane. Non seulement ils ne peuvent pas dire qu’on tue les chrétiens en terre d’islam (parce qu’on leur a appris que l’islam est parfait, qu’il ne pouvait pas mal faire), mais dans leur pensée à eux, ce seraient plutôt les chrétiens qui seraient en tort. Ils ont forcément fait quelque chose de mal, des boulettes avec le Coran, ou ils ont mal parlé aux musulmans leurs maîtres.
Bref, si je comprends votre message cher Chatteron, ne déniez vous pas aux individus la faculté de s'extraire de leur culture d'origine ?
Il me semble que le politiquement correct et son cortège de réflexes idéologiques est un produit du sol, et en ce sens cela n'offre aucune garantie que les prénoms et noms des journalistes soient "gaulois".
A la limite, on pourrait même faire davantage confiance à quelqu'un ayant subi sa culture d'origine et souhaitant éventuellement s'en détacher, qu'à un idéologue trotskiste.
PS. Si les individus ne sont que le reflet de leur terreau, à quoi bon lutter? Le sens même de la lutte de la civilisation occidentale présuppose la liberté personnelle, ou sa possibilité. Nier cette liberté, c'est déjà enlever le soutainement philosophique de notre civilisation...
Mes parents m'ont prénommé Kiran ; heureusement que je ne suis pas journaliste !
5. Les médias contribuent de façon déterminante à ce que les questions liées aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile soient présentées de manière équitable et objective. Il est par conséquent de leur devoir de rendre également compte de l'apport positif de ces personnes pour la société et de les protéger contre les stéréotypes négatifs. Il est aussi important que des professionnels des médias issus de la communauté des migrants et des demandeurs d'asile représentent les leurs au sein de ce secteur, et que les positions des migrants et des demandeurs d'asile, et les questions qui les intéressent ou les concernent figurent dans les médias.

Ceci est un article provenant d'une recommandation officielle (n° 1768) de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, datant déjà de quelques années (je vous invite à en lire le détail, qui vaut son pesant de cacahuètes (l'article 8.3. intéressera probablement notre chère Cassandre ; l'article 8.5.6. est une pièce de collection)).

Pour ceux qui n'en auraient pas le temps, ce petit extrait supplémentaire :

8.6.1. à encourager le recrutement de migrants et de réfugiés dans les médias, notamment par le biais de programmes de formation spécialisés pour les membres de ces groupes;

8.6.2. à faciliter, à financer et à encourager la formation et la sensibilisation des professionnels des médias aux questions liées au multiculturalisme, au pluralisme et à l'importance de la tolérance, de l'intégration et de l'égalité pour tous;

8.6.3. à apporter aide et soutien, y compris un soutien financier, aux concours et prix nationaux et européens destinés aux professionnels des médias qui contribuent à la lutte contre le racisme et l'intolérance, et qui encouragent, dans les médias, une présentation équitable et objective des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés;

8.6.4. à promouvoir et à subventionner la production et la diffusion de programmes réalisés pour et par les migrants et les réfugiés, y compris dans leurs langues, et à favoriser la visibilité des migrants et des réfugiés dans la société par leur inclusion dans les programmes de télévision destinés au grand public et diffusés aux heures de grande écoute;

8.6.5. à renforcer le rôle des médias locaux en tant que moyen de promouvoir l'intégration et l'accueil des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile dans les communautés où ils vivent;




[assembly.coe.int]
Bref, si je comprends votre message cher Chatteron, ne déniez vous pas aux individus la faculté de s'extraire de leur culture d'origine ?

Loik, j’ai parlé de « journalistes provenus de l’aire musulmane ». Si vous me dégottez un journaliste provenu de l’aire musulmane qui s’est « extrait de sa culture d’origine », je suis preneur.

J’ai beaucoup documenté l’affaire dite des caricatures du prophète, c’est beaucoup plus important à mes yeux que par exemple le onze septembre, parce que cela a réellement mobilisé l'oumma toute entière. Je n’ai pas trouvé une voix arabo-musulmane qui condamne les violences sans restriction, sans ambiguïté. Vous croyez que ces gens condamnent les terroristes, ils disent en réalité : “Les terroristes ne font pas partie de l’islam.” Vous, occidental pouvez naturellement comprendre cela comme : “Nous les bannissons de l’islam, nous, on ne leur cause plus”, mais cela signifie en réalité beaucoup plus prosaïquement : “Vous occidentaux n’avez pas à accuser l’islam, mettre en cause l’islam est malveillant.” Et de même, la position des modérés consiste en un renvoi dos à dos : c’est la thèse des deux terrorismes, le terrorisme des dessinateurs, qui provoquent par leurs horribles dessins, et le terrorisme des... terroristes (qui ne font pas partie de l’islam). Bref, il y a un pattern parfaitement repérable de rejet de la culpabilité sur la victime. Comme je le disais plus haut, les chrétiens qu’on attaque ont forcément fait quelque chose de mal, par exemple des boulettes avec le Coran.
Chatterton, vous nous demandez :

Si vous me dégottez un journaliste provenu de l’aire musulmane qui s’est « extrait de sa culture d’origine », je suis preneur.

Je vous indique l'existence de Mohamed Sifaoui.


[ripostelaique.com]
M.S. continue de se revendiquer musulman et est de ceux qui, comme Caroline Fourest, considère que l'islamisme n'a rien à voir avec l'islam. C'est au point qu'il y a environ un peu plus d'un an, il s'en est pris violemment à ... Riposte laïque qu'il a accusée d'islamophobie pour avoir publié une virulente critique du ramadan. Apparemment ce n'est pas suffisant pour désarmer ses ennemis . C'est pourquoi je pense qu'il finira, comme tant d'autres, par rentrer dans le rang ou jouer le double jeu ... s'il ne le fait déjà. C'est toujours ainsi que l'islam a triomphé.
Ah oui, Sifaoui. Je le qualifierais plutôt d’écrivain, réalisateur, etc. que de journaliste (je ne crois pas qu’il travaille pour un journal précis). Sifaoui finit son excellent livre sur L’Affaire des caricatures (Éditions Privé, 2006), par ces mots : « S’il est clair qu’on va tenter d’accuser les journalistes et les caricaturistes de Charlie Hebdo de racisme et d’“islamophobie”, de quoi pourrait-on alors accuser les musulmans qui ont déjà apporté leur soutien à la publication [des caricatures danoises] et qui ne cesseront de le faire? »

Un monsieur de culture musulmane qui ne glapit pas avec ses coreligionnaires se fait traiter de tous les noms, et il souffre de ce que Stanley Milgram appelait l’impression corrosive de déloyauté.
Le lien entre l'islam et l'islamisme est aussi fragile que le lien entre le folklore celte ou allemand et le nazisme.
Le nazisme, cher Bruno Chaouat, a duré dix ans, l'islamisme dure depuis la naissance de l'islam.

Je ne jette pas la pierre à M.S. Il a certainement cru, naïvement, au début, qu'il pourrait prendre parti sans trop de risques contre les fanatiques intégristes parce qu'il devait croire que la République française laïque et championne de la liberté leur enverrait des signaux suffisamment clairs pour les intimider et les faire rentrer dans le rang. Il n'a pas deviné, comme ne l'avaient pas fait les harkis, que la République française abandonnerait plus ou moins les gens qui lui faisaient confiance. Il l'a compris trop tard et se retrouve maintenant pris entre deux feux , d'où une attitude souvent ambigüe de sa part.
"Le lien entre l'islam et l'islamisme est aussi fragile que le lien entre le folklore celte ou allemand et le nazisme."

Peut-être, cher Bruno, voulez-vous parler de Wagner ? Vision particulière très discutable de la civilisation celte.
Je crois simplement que l'islamisme ressortit à une forme de ré-identification pathologique. Je suis d'accord sur ce point avec Fethi Benslama (qui sera l'invité d'AF samedi prochain, avec Meddeb, je crois bien). L'islamisme est une perversion de l'islam liée à la mondialisation et à la déterritorialisation, qui s'accompagnent d'une angoisse identitaire massive. Je sais que ce discours n'est pas recevable sur ce forum, et je suis très loin de croire que l'islam est "une religion de paix". Reste que l'islamisme représente une rupture dans la continuité, si l'on peut dire.
L'islamisme est une perversion de l'islam liée à la mondialisation et à la déterritorialisation, qui s'accompagnent d'une angoisse identitaire massive

Comment ça, mais alors, l'Islam, qui conquit en son temps une bonne moitié des territoires connus et accessibles n'avait donc rien à voir avec la déterritorialisation ? Nous aurait-on menti ?
Je poursuis mon idée, aussi saugrenue puisse-t-elle paraître : l'islamisme serait-il une forme de romantisme oriental ?
(la question s'est posée dans l'histoire de la critique du Tristan)
Je pense qu'il est difficile de séparer l'islamisme (tel qu'il se développe depuis la révolution iranienne) et la modernisation (téléphones portables, internet, etc.) De même que le nazisme est impensable sans le modernisme, bien qu'il recycle des motifs romantiques et folkloriques... C'est la synthèse de l'archaïque et du modernisme qui caractérise ces idéologies.
Le goût de l'histoire, la connaissance des origines ne donnent pas les mêmes résultats chez Walter Scott ou Victor Hugo.
Cher Chatterton, la question me semble de droit et non de fait. Que dans les faits, vous ne recensiez guère de journalistes ou d'intellectuels issus de l'aire musulmane qui rejettent le discours victimaire, soit ; cela ne vaut pas qu'en droit, chaque individu est libre et souverain, au-delà de son "appartenance". Que cette liberté soit plus difficile à prendre pour les uns c'est possible ; mais cette liberté inaliénable me semble le fondement de la culture occidentale : "l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu", c'est la liberté humaine affirmée.
Si au contraire on affirme que les individus sont assignés à leur culture, origine, prénom, il me semble que l'on sape les fondements de la culture que l'on souhaite, pourtant, défendre ou préserver...
Une personne au moins sur ce forum, cher Bruno Chaouat, partage votre analyse : moi.
L'islamisme est bien aussi, comme le nazisme, une pathologie moderne. Les islamistes refusent la modernité tout en en étant les produits.
Je suis d'ailleurs toujours gêné de la constante tendance, sur ce forum, à essentialiser l'islam. Et donc à renvoyer de cette religion exactement la même image (mais en s'y opposant) que celle que veulent nous imposer les islamistes.
Mes sympathies pour l'islam (en tant que religion comme en tant que culture) sont fort tièdes. Mais je pense qu'il faut laisser aux musulmans (et surtout aux musulmans de France et d'Europe) la possibilté d'évoluer, de changer l'islam, de le séculariser.
Ou alors, autant commencer la guerre aujourd'hui.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je ne suis ni un Ami ni un Ennemi de la Modernitude. J'en chéris certains aspects ; j'en exècre d'autres.
Il me semble quand même qu'entre l'angélisme, l'aveuglement, le crétinisme militant d'une part et l'essentialisation d'autre part, dans le regard sur l'islam, il y a une certaine marge.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Quel brio, cher Didier. J'en reste baba.
Je conçois que n'étant ni arabisant, ni spécialiste des religions, à l'inverse des principaux contributeurs de ce forum, mon avis est de peu de poids et qu'en effet je suis, ne puis être qu'amusant.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Kiran, si, comme vous l'affirmez en tête de votre billet, l'islamisme est comme le nazisme, comment voyez-vous la possibilité que l'islam évolue (dernière partie de votre proposition) dès lorsqu'il ne condamne point ni à plus forte raison ne combat l'islamisme. Comment ont évolué, à propos, ceux qui avaient espéré un apaisement, un assagissement des doctrinaires hitlériens, sinon très lentement, en cohortes lasses, par convois ferroviaires vers les fours ?

Les événéments de 2011 qui ont secoué le monde arabo-musulman vous ont-ils donc donné l'impression que les islamistes et l'islam en général évoluaient désormais vers un assagissement, une modération séculariste, une conciliation avec tout ce qui n'est pas lui ?
"celle que veulent nous imposer les islamistes. "

L'islamisme est contenu dans l'islam comme le poussin dans l'oeuf, ou plutôt comme le sida dans le séropositif . Je ne comprends d'ailleurs pas ce reproche d' "essentialisme" . Il y forcément une essence des cultures qui les différencient profondément les unes des autres. Si l'on dit que l'autocritique caractérise la civilisation occidentale , est-ce essentialiser à tort ?
D'autre part, si l'islam et l'islamisme sont différents, alors Mahomet qui s'est comporté toute sa vie en islamiste, ne peut être le prophète de l'islam . Et si Mahomet est le prophète de l'islam c'est que l'islam et l'islamisme ne font qu'un. CQFD. Or tout musulman se doit d'imiter le "Beau modèle" et force est d'admettre que ce sont les islamistes qui l'imitent le mieux.
Kiran,

Personne n’essentialise sur ce forum, où tout le monde est pragmatique pur jus (facts, facts, facts). Les seuls à ma connaissance qui « essentialisent » l’islam sont les gens qui posent en principe que l’islam est forcément quelque chose de bien, et que ceux qui osent le critiquer sont par conséquent malveillants.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Etrange procès contre les "Modernes", cher Didier. Alors que ce qu'on reproche sur forum à l'islam est d'être insoluble dans la modernité...
Mon cher Bruno, comme souvent, vous êtes lumineux.
Faudrait-il refuser la modernité absolument ? Etrange procès en effet. Et plus étrange encore si on reproche sans cesse à l'islam son archaïsme.
Ou bien on donne raison à M. Brunetto et conclut (si j'ai bien compris certains de ses messages) que le destin du PI est de prôner le retour à la Tradition (mais laquelle ?) contre cette modernité.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je regrette, cher Didier, que vous soyez parfois si elliptique. Cela ne fait que suggérer une sorte de condescendance, voire de mépris pour les intervenants du Forum, et ne fait pas progresser la discussion.
J'admire, cher Didier, la pertinence de vos arguments. Comme souvent (voir vos épiques joutes avec Jean-Marc).
Ou l'on admire absolument la Modernité, et l'on est en effet un Ami du Désastre.
Ou on la récuse absolument - mais alors que reprocher aux Talibans (je ne sais jamais s'il faut mettre un "s" final puisque le mot est déjà en arabe le pluriel de taleb, je crois) ?
Ou on on se permet d'aimer voire de chérir certains de ses aspects et d'en déplorer voire d'en exécrer d'autres.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Pourquoi faut-il se déchirer ? N'y a-t-il pas un vrai débat, un paradoxe à résoudre : l'islam est perçu, à bien des égards à juste titre, comme non soluble dans la modernité, mais, d'autre part, le PI témoigne d'un tropisme antimoderne. Du moins Millet est-il cohérent, qui reconnaît ses propres contradictions, puisqu'il dit partager avec les islamistes la haine de la modernité, mais qu'il déteste l'islam encore davantage... ou quelque chose comme cela. Mais cela ne fait pas une politique : simplement un paradoxe de dandy...
Qui a jamais dit sur ce forum que l'islam était insoluble dans la modernité ?
"Qui a jamais dit sur ce forum que l'islam était insoluble dans la modernité ?"

Certainement pas moi ! Je le crois au contraire singulièrement soluble dans la modernité, prêt à fusionner avec elle. La question n'est pas, aux yeux des Musulmans en quête de pouvoir, de moderniser l'islam, mais bien d'islamiser la modernité, ce qui est loin d'être une mission impossible.
J'ai posé cette question rhétorique parce que MM Chaouat et Wilson paraissent se plaire à débattre contre des positions fantômatiques que personne n'a jamais défendues ici, personne de proche de l'In-nocence ou en son cercle. Bien sûr que l'Islam est en symbiose avec la modernité. La casse, le parasitage, le mépris de l'objet façonné, de l'objet d'art, la brutalité générale de ses manières sont en parfaite congruence avec ce que l'on sait de la modernité. Son mépris de tout objet de toute projection dans la construction d'un futur qui se fonde sur le présent et avec lui, celui de la vie même sont de l'essence moderne. A propos d'essence quelqu'un avait un jour observé avec justesse que l'incendie des voitures de particulier, le feu de joie qu'on en fait, la razzia et la dégradation volontaire des biens publics s'accordent à merveille avec le consumérisme (version "société de consumation"). Ajoutons le caractère déshistoricisé, d'absolu, de présent permanents et d'universalité (l'Oumma) de cette religion et en effet, il n'est que d'ouvrir les yeux pour la voir en fiançailles déclarées avec la modernité.
J'ai aussi toujours pensé que l'islam, religion consumèriste par excellence, où les nations doivent se dissoudre dans l'umma et le dar el islam et la modernité version Amis du Désastre ne pouvaient faire que bon ménage.
C'est une conception sophisitique de la modernité, voilà tout. Modernité ne signifie pas modernisme ou modernisation, mais émancipation, Aufklarung, volonté de parler en sujet libre.
Quelle est la définition de "modernité" ?
La modernité forme-t-elle un système cohérent, que l'on devrait adopter ou rejeter, ou bien s'agit-il de la confluence de différents éléments, dont certains sont in-nocents et d'autres nocents?
Précisément, c'est tout le problème, cher Loik. Ce que Cassandre ou Francis Marche appellent "modernité" ne correspond pas à ce que j'entends par ce concept. Il y a donc malentendu. Le fameux texte de Kant sur les Lumières me paraît, à cet égard, mettre les choses au point. Ce qu'on appelle "modernité", en général, se confond trop souvent avec l'ultra-libéralisme, l'hyper-individualisme, le festif, etc. etc. Mais ce n'est pas du tout ce que Kant entendait par émancipation. La modernité ne peut se réduire à une fuite en avant dans toujours plus de technologie, toujours plus de jouissance immédiate, etc.
Reste à savoir si nous devons conserver, deux cents ans plus tard, la même définition du terme. On pourrait s'en tenir à la pratique des historiens pour qui "Les Temps Modernes" désigne une période précise (XVIe-XVIIIe), mais ce n'est pas l'usage courant, celui que Muray adopte losqu'il parle par exemple de "Moderne contre Moderne".

En ce qui concerne l'islam, précisément : il est incompatible avec la modernité philosophique kantienne mais parfaitement compatible avec la modernité contemporaine.
D'autre part, si l'islam et l'islamisme sont différents, alors Mahomet qui s'est comporté toute sa vie en islamiste, ne peut être le prophète de l'islam . Et si Mahomet est le prophète de l'islam c'est que l'islam et l'islamisme ne font qu'un. CQFD. Or tout musulman se doit d'imiter le "Beau modèle" et force est d'admettre que ce sont les islamistes qui l'imitent le mieux.

Ah oui, très bien, cela — Voilà bien un argument simple, efficace et difficilement parable. A conserver !
Permettez-vous de voir dans ce commentaire une échappatoire elle-même sophistique, un jeu sur les mots, une pirouette académique.

(adressé à B. Chaouat en réponse à son commentaire de 16:02)
Pardon de me citer, mais sur trois pieds (aïe !) on est mieux...

« Si je vous comprends bien, la montée de ce que l'on nomme l' "islam radical" n'est rien d'autre que le choix de certains musulmans d'utiliser enfin la force contre les infidèles, dès lors que le rapport de force s'est modifié à leur avantage ?
Vous allez franchement à l'encontre de certaines théories qui voient dans l'émergence de ce radicalisme un phénomène intra-arabe d'abord, une réaction à ce qu'Emmanuel Sivan a qualifié de westintoxication des dirigeants arabes modernes et d'une laïcisation des sociétés.
Cette modernisation étant perçue comme le plus grave danger qu'ait eu à affronter l'islam, transformant le Dar-el-Islam en une terre dans un état de jahiliyya pire encore qu'à l'époque précédant l'arrivée du Prophète en Arabie.

Autrement dit, dans cette perspective, qui a tout de même l'appui de certains chercheurs compétents, la montée du radicalisme est une conséquence de l'expansionnisme civilisationnel occidental, qui est un signe de force et non de faiblesse.
Si l'intégrisme est d'abord une réaction à une occidentalisation subie chez soi (je crois que sur ce point Sivan a raison dans son analyse), alors la caractérisation de cet intégrisme comme résultant uniquement d'un changement de tactique dans des circonstances géo-politiques et économiques plus favorables — alors que c'est en fait le contraire : incapacité de résister à l'infidèle, culturellement et économiquement — pèche au moins par forte omission, sinon par fausseté. »
Je crois que nous ne parviendrons pas à une quelconque entente sur cette question épineuse. Je suis plus ou moins la réponse d'Alain Eytan, et je demeure un rien sceptique quant à la mise en cause de l'Occident dans la montée de l'islam radical. C'est aussi, un peu, la thèse de Margalit et Buruma dans "Occidentalism". D'une façon générale, je préfère ne pas attribuer tant de pouvoir à ce qu'on appelle l'Occident (l'argument me fait un peu penser à la mise en cause de l'Amérique dans les attentats du 11 septembre : "l'Amérique est si puissante qu'elle a fabriqué elle-même les terroristes, les Talibans, etc.)
(Nous sommes tous des "modernes", soit dit en passant : nous prétendons ( et quelle prétention !) penser par nous-mêmes. Ce n'est pas tout à fait par hasard que la modernité philosophique débute "officiellement" avec Descartes : reconstruction du système de la connaissance à partir du seul point d'appui trouvé pour sortir du flottement stagnant de la révocation en doute : l'assise subjective du cogito.)
Citation
Alain Eytan
l'assise subjective du cogito

Vous avez autre chose à suggérer?
Ca deviendrait terriblement intéressant.
Penser est-il un endroit de vérité? Où trouver quelle vérité? Après, je ne sais pas... Ne pas savoir est un endroit inconfortable où la vérité peut-être vient s'inviter comme un passant qu'on ne remarque pas mais qui est là. Depuis toujours? Quelles questions sont les bonnes et à partir d'où les former?
Vous me faites rêver. Peur de rêver. Peur du
Citation
Alain Eytan
flottement stagnant de la révocation en doute

La non nuisance, me plaisait tout de même bien comme pensée.
Ou ce que j'avais appelé il y a un temps "des gnomes en forme de paramètres"
Mais est-ce un laboratoire dans ce sens ce forum?
Pour vous répondre sur la modernité, Bruno Chaouat, il est possible de considérer qu'il existe un fil allant de Kant et son émancipation de l'individu jusqu'à la fièvre technologique... Dans ce cas, la Modernité est bel et bien ce système de représentations qui forme un continuum du plus abstrait au plus concret, de la Raison à la raison instrumentale.
Sans nul doute, cher Loik, il faudrait introduire Adorno... Quant à Lyotard, il avait une vision encore plus farfelue de la modernité, synonyme pour lui de grand récit d'émancipation. Il la datait à ... saint Paul et à l'émancipation de la loi par la foi...
M'accuser d'"insincérité" m'étonne, cher Didier. Au moins ai-je le courage (comme vous) d'apparaître sur ce forum sous mon véritable nom, et point en me cachant derrière un pseudonyme littéraire, musical ou mythologique.
Quant à être une "sainte-nitouche", j'avoue ne pas comprendre.
Je rejoins Bruno : il faudrait s'entendre sur ce que nous appelons "modernité". La mienne ne semble pas être celle de beaucoup de participants à ce forum. Elle ne se réduit pas à l'hyper-démocratie, à la consommation de masse, à l'égalitarisme vindicatif.
Je n'ai jamais dit que l'islam était insoluble dans la modernité ; je pense même le contraire. La modernité finira par transformer l'islam même si cela prendra beaucoup de temps.
L'islamisme dénonce la modernité tout en en étant un produit, comme je l'ai écrit plus haut. C'est une perversion, un dévoiement de celle-ci. C'est bien pour ça qu'il est si stupide.
Ma journée de travail commence, je m'arrêterai donc là pour le moment.
Il n'y a aussi aucune diversité dans ces représentants de la diversité, je ne vois pas beaucoup d'asiatiques dans les médias français. L'Islam est un véhicule de revanche ethnique et sociale. Observez bien le regard d'un "croyant" chrétien ou musulman quand vous critiquez leurs religions respectives, même chez le plus "occidentalisé" des musulmans passera l'ombre de la vengeance, chez le chrétien plutôt le désespoir. Mais peut-être que je me trompe.
Citation
Observez bien le regard d'un "croyant" chrétien ou musulman quand vous critiquez leurs religions respectives, même chez le plus "occidentalisé" des musulmans passera l'ombre de la vengeance, chez le chrétien plutôt le désespoir. Mais peut-être que je me trompe

Non vous ne vous trompez pas sauf qu'il n'y a pratiquement plus de chrétiens en France et en Europe du moins de gens pratiquant avec assiduité leur religion. Mais pour les musulmans nous restons quand même des roumis, des chrétiens.

Cependant tout change quand un musulman se convertit au christianisme. D'un seul coup tout ressentiment disparait. Etonnant.
"Observez bien le regard d'un "croyant" chrétien ou musulman quand vous critiquez leurs religions respectives, même chez le plus "occidentalisé" des musulmans passera l'ombre de la vengeance, chez le chrétien plutôt le désespoir. Mais peut-être que je me trompe."

Non, vous ne vous trompez pas. Je dirais seulement , pour les chrétiens, plutôt que le désespoir, la résignation.


"Si l'intégrisme est d'abord une réaction à une occidentalisation subie chez soi (je crois que sur ce point Sivan a raison dans son analyse), alors la caractérisation de cet intégrisme comme résultant uniquement d'un changement de tactique dans des circonstances géo-politiques et économiques plus favorables — alors que c'est en fait le contraire : incapacité de résister à l'infidèle, culturellement et économiquement — pèche au moins par forte omission, sinon par fausseté. "

Mais les deux explications se complètent, me semble-t-il.

Depuis toujours, en effet, l'islam attend les périodes qui lui sont favorables pour s'imposer aux infidèles ( "Baise la main que tu ne peux couper" , proverbe musulman ; "Ne faites pas la paix quand vous êtes les plus forts", verset coranique ). Que le sentiment d'être incapable de résister à la civilisation des dits infidèles exacerbe l'envie d'en découdre, est certain. Or, il se trouve que les conditions crées par la "modernité" version " Amis du Désastre" sont favorables à l'islam et à son combat et qu'il entend bien les mettre à profit.
Cher Rogemi, nos messages se sont croisés.

Pour ce qui est de la Diversité, là aussi on joue sur les mots car la seule " diversité" qui vaille est celle des idées, des opinions et des individus. Or sous le poids du politiquement correct et de l'idéologie médiatique, la diversité des idées et des opinions est en voie de disparition totale. Il en va de même pour les individus qui se ressemblent tous de plus dans leurs façons d'être imposée par la pub et ,là aussi, les médias. Et je ne parle pas de la communauté musulmane où l'individu n'existe même pas en tant que tel. Je suis frappée quand je revois les films français anciens de la variété de personnages originaux, pittoresques et hauts en couleur que l'on y trouvait, pour le meilleur et pour le pire, surtout dans les seconds rôles, et pour lesquels il y avait une brochette d'acteurs cantonnés dans ces divers types de personnages . Aujourd'hui, il me semble que ceux du cinéma se ressemblent tous, et selon moi, c'est très représentatif de la perte de diversité réelle dans la société "métissée" d'aujourd'hui.
Citation
Marcel Meyer
Reste à savoir si nous devons conserver, deux cents ans plus tard, la même définition du terme. On pourrait s'en tenir à la pratique des historiens pour qui "Les Temps Modernes" désigne une période précise (XVIe-XVIIIe), mais ce n'est pas l'usage courant, celui que Muray adopte losqu'il parle par exemple de "Moderne contre Moderne".

En ce qui concerne l'islam, précisément : il est incompatible avec la modernité philosophique kantienne mais parfaitement compatible avec la modernité contemporaine.

Il serait donc bon (ce n'est pas une injonction) que le PI précisât sa relation à la modernité : non celle du festif, de l'industrie culturelle ou de l'hyper-démocratie, mais bien la modernité kantienne, l'Aufklarung en effet. J'ai cru déceler à plusieurs reprises sur ce forum des positions qui semblent remettre en cause l'acquis des Lumières, rêver d'un retour amont évidemment illusoire. Pour contrer l'emprise croissante - mais peut-être pas inéluctable - de l'islam en Europe, faudrait-il être aussi archaïque que lui ?

Encore une fois ce n'est pas de la "modernitude" que je parle ici.
Citation
Rogemi
Citation

Non vous ne vous trompez pas sauf qu'il n'y a pratiquement plus de chrétiens en France et en Europe du moins de gens pratiquant avec assiduité leur religion. Mais pour les musulmans nous restons quand même des roumis, des chrétiens.

Cependant tout change quand un musulman se convertit au christianisme. D'un seul coup tout ressentiment disparait. Etonnant.[/quote


Ces conversions doivent être fort rares, en connaissez-vous personnellement ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Nous sommes tous des "modernes", soit dit en passant : nous prétendons (et quelle prétention !) penser par nous-mêmes. Ce n'est pas tout à fait par hasard que la modernité philosophique débute "officiellement" avec Descartes : reconstruction du système de la connaissance à partir du seul point d'appui trouvé pour sortir du flottement stagnant de la révocation en doute : l'assise subjective du cogito.

Mouais... Répétons tous en cœur : Nous sommes tous des enfants de René !

Plus sérieusement, Alain, je crois avec vous que tout cela est terriblement prétentieux et que la modernité carthésienne n'est que billevesée philosophique... Comment croire qu'il y eut un jour où les hommes se sont soudainement mis à penser par eux-mêmes, après avoir été sottement et médiocrement serviles ? De tout temps, et cela durera toujours, il y eut une majorité d'hommes crédules et une minorité d'incrédules. Ce qu'on a appelé « naissance de la modernité » correspond plus vraisemblablement à ce que d'autres ont appelé « mort de Dieu ». C'est l'athéisme, d'avantage que l'incrédulité, qui marque l'avènement des dits temps modernes. La bêtise ne régresse pas avec le progrès.

« ...il n'en n'est pas une seule [les religions] qui ne porte l'emblème de l'imposture et de la stupidité ; je vois dans toutes des mystères qui font frémir la raison, des dogmes outrageant la nature et des cérémonies grotesques qui n'inspirent que la dérision. » Sade, Les infortunes de la vertu, 1791

La voilà, je crois, la conscience moderne — c'est la conscience du caractère grotesque du spectacle cérémoniel, du rite religieux, du culte ; c'est la victoire de l'ironie et de la dérision sur l'esprit de sérieux ; c'est l'allergie à la solennité, à tout ce qui recèle quelque gravité ; c'est le dégoût du tragique, du mystère, de l'au-delà. C'est cette formidable victoire (avec toute l'amphibologie qu'introduit l'adjectif formidable).
25 janvier 2012, 12:10   Proposition
La modernité moderne et modernante est née à Paris le 2 octobre 1925 au Théâtre des Champs-Elysée, lors de la première du spectacle de Joséphine Baker. Tout bien pesé, au regard de ce qui avait précédé et de tout ce qui allait suivre, cette date est pour ainsi dire certaine.
25 janvier 2012, 12:21   Re : Proposition
Oui, après tout, cette date en vaut une autre, tant il est de "débuts" de la modernité.

« Je rejoins Bruno : il faudrait s'entendre sur ce que nous appelons "modernité". La mienne ne semble pas être celle de beaucoup de participants à ce forum. Elle ne se réduit pas à l'hyper-démocratie, à la consommation de masse, à l'égalitarisme vindicatif. » — dites-vous, cher Kiran Wilson ; mais le problème est que la vôtre, la mienne, la leur, tout cela n'a pas beaucoup d'importance en fin de compte, au regard de la seule "modernité" qui compte, qui pèse, qui appuie, même, sur nos existences quotidiennes et qui n'est faite que de ce que vous ne voulez pas qu'elle endosse.
Citation
Ces conversions doivent être fort rares, en connaissez-vous personnellement ?

Pas si rares que cà surtout quand on sait quelles sont les conséquences familiales et sociales d'une apostasie. Oui j'en connais un personnellement et d'autres de vue.
La modernité moderne et modernante est née à Paris le 2 octobre 1925 au Théâtre des Champs-Elysée, lors de la première du spectacle de Joséphine Baker. Tout bien pesé, au regard de ce qui avait précédé et de tout ce qui allait suivre, cette date est pour ainsi dire certaine.

La gifle portée au passé, aux conventions, la première tabula rasa annonçant la modernité modernante, infantile, irrévérencieuse, mais génialement libre, je la daterais de février 1916, soit neuf ans avant votre proposition, Francis, lorsque, à Zürich, dans la grande taverne de la Spiegelgasse 1 du quartier du Niederdorf, naît le mouvement Dada.

C'est cette posture, célébrant l'absurdité des conventions artistiques et culturelles, faisant de l'insolence l'unique règle de l'art, qui précède et prépare l'autre célébration dont vous parlez, plus charnelle, plus corporelle, plus festive, mais moins décisive.
Citation
Isaac
C'est cette formidable victoire (avec toute l'amphibologie qu'introduit l'adjectif formidable).

C'est de cette horreur que part l'ignorance. Elle pilonne toute velléité d'apprentissage, tout désir de vérité, et il faut faire avec!
Un exemple simple: une enfant de neuf ans qui prend des cours particuliers, très intelligente, dans un cadre familial stable, structuré, mais elle ne travaille pas, simplement parce qu'il ne lui paraît pas important de penser à prendre ses affaires, de songer à une quelconque continuité dans le fil de ses leçons, à faire des liens de discipline élémentaires (et pourtant elle n'a pas accès à internet ou à des jeux vidéo que très rarement). C'est tout.
Cet enfer est doublé de psychologues qui viennent dire qu'elle est "précoce" et que donc, ce n'est pas grave si elle n'a pas envie de faire ses devoirs. Cette enfant peu à peu, se croit obligée de tourner en dérision sa propre intelligence. A telle point que si vous insistez un peu trop pour qu'elle pense simplement à son matériel, elle tombe malade!
Je n'invente rien, nous vivons dans ce monde.
Qu'il soit nommé modernité ou pas, je crois plutôt que ça n'a pas de nom, que ça ne ressemble plus à rien, et que c'est ce qui torture: l'absence totale, l'absence au sens strict et abusif du terme.
Je vous jure, j'en ai mal au ventre quand j'y pense. Et ce n'est pas à moi que je pense, c'est à ces enfants abusés par la bêtise et à qui on demande de supporter avec le sourire ce monde qui les trahit et trahit leur avenir.
Je suis gênée même, très gênée d'oser en parler.
Citation
Isaac
C'est cette posture, célébrant l'absurdité des conventions artistiques et culturelles, faisant de l'insolence l'unique règle de l'art
Par contre, là, je ne suis pas d'accord, DADA, ce n'est absolument pas ce que vous décrivez, là non. Jamais Dada n'a fait de l'insolence l'unique règle de l'art. Dada était un mouvement qui a vécu son heure, certes, mais des personnes qui célébraient la forme tout autrement, qui la convertissaient et montraient qu'un âne peut penser très bien grâce à des conventions, ne sont pas des individus qui "célébraient" comme vous écrivez l'absurdité des conventions. Là vous allez grossir le schéma dans un sens bien dérobé. D'ailleurs vous leur donnez une importance qu'eux-même n'auraient jamais oser revendiquer!
Dada ne fut pas embrassé par Paris, par l'élite, il ne conquit personne. L'adorable Joséphine Baker, si.

Et puis dans son genre, avec son tutu de bananes, J. Baker était elle aussi, un peu, une artiste Dada.
Rien de plus conventionnel que Dada, le cheval de bataille de la cancritude.
Une enfant de neuf ans qui "songerait à une quelconque continuité dans le fil de ses leçons", et qui aurait véritablement cet âge-là, serait probablement un monstre.
"Oui, enfin, on ne va pas jeter bébé avec l'eau du bain..."

Surtout s'il est issu d'une P.M.A. au bénéfice d'un couple de sexagénaires.
Citation

Une enfant de neuf ans qui "songerait à une quelconque continuité dans le fil de ses leçons", et qui aurait véritablement cet âge-là, serait probablement un monstre.

Bien sûr! Dès la sortie de l'école tout est à refaire à zéro, sinon c'est qu'on a à faire à un monstre. Intéressant!
Et surtout il est essentiel d'oublier ses affaires, de les semer si possible, de se vider au maximum la tête, de n'y avoir jamais rien mis, de ne pas réfléchir, surtout jamais à rien.
Je n'avais pas vraiment compris ce message dans le programme du parti de l'in-nocence.
Je vais relire attentivement.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter