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Rapports des "grandes" institutions culturelles avec les auteurs

Envoyé par Thierry Noroit 
L'hebdomadaire Marianne consacre un dossier au programme de numérisation ReLire, mis en oeuvre par la BnF, destiné à remettre en circulation, sans l'aval des auteurs, des ouvrages officiellement "épuisés" chez l'éditeur, publiés au XXème siècle et toujours sous droit.

Le romancier Didier Daeninckx, pourtant ami du désastre de toute éternité, s'en offusque et adresse une lettre au président de la BnF reproduite dans Marianne (et reproduite ci-dessous).

On retrouve bien là la courtoisie et le respect des auteurs dont savent faire preuve nos institutions culturelles sous la houlette de Madame Filippetti, et d'ailleurs de l'ensemble de ses prédécesseurs.

Renaud Camus ferait bien de consulter le fameux registre ReLire pour vérifier si certaines de ses oeuvres comme le Journal romain ou Buena Vista Park n'y figureraient pas, afin d'empêcher leur éventuelle exploitation, à son insu, aux bons soins de l'Etat.

Je suis certain qu'il est friand de toute correspondance avec les services culturels de l'Etat et impatient d'avoir maille à partir avec eux, pour goûter aux mille vexations qui en résultent.

Si même Didier Daeninckx ne les supporte pas...




[www.marianne.net]


Bonsoir,

La BNF prend l'initiative de numériser, sans mon accord, des textes qu'elle juge fautivement indisponibles alors qu'ils sont en exploitation sous contrat d'éditeur.

Cette prise de possession n'a pas été précédée du moindre contact.

Pourtant, il y a quelques années, la BNF avait su trouver mon numéro de téléphone, mon adresse pour me demander de lui faire donation de l'ensemble de mes manuscrits. Ce que j'avais accepté aussitôt.

Pour faire stopper cette spoliation de mes droits et refuser d'être diffusé par un éditeur que je n'ai pas choisi, je dois déclarer sur l'honneur être l'auteur de mes propres textes.

Et prouver mon identité en envoyant la copie de ma carte d'identité.

Maintenant, suite à mon refus d'être traité de cette manière, on m'avertit que je vais être mis en instruction pendant trois mois !

Ces procédés sont à l'exact opposé des relations entre un auteur et un éditeur, ils instituent un rapport non de confiance mais de sujétion.

Je les trouve inutilement blessants, et cela ne m'incite pourtant pas à exiger de M. Racine qu'il me prouve par attestation appuyée sur la copie de son passeport qu'il occupe vraiment la direction de la BNF.

Avec mes salutations,

Didier Daeninckx

Tout cela est très bizarre. La même mésaventure m’est advenue mais sans aucune conséquence fâcheuse. J’ai en effet commis naguère quelques opuscules sous un nom autre que Henri Chatterton. Un ami qui se tient au courant m’indique que la BN veut en scanner un et le mettre sur la Toile gratuitement. J’ai envoyé un simple mail, pour indiquer que cet ouvrage-là est encore disponible chez l’éditeur (c’est bien le seul !) et on m’a répondu tout aussi poliment pour me dire qu’en effet on s’était trompé, et l’affaire en est restée là.

On sait le romancier Didier Daeninckx extrêmement quérulent et procédurier...
L'erreur, s'il s'avère qu'il s'agit bien d'une erreur, a sans doute un caractère exceptionnel ; mais comme on l'a vu avec le projet de numérisation massive de Google, la plus grande prudence est de mise avec ces entreprises numériques, qui sont le plus souvent menées dans la confusion et la précipitation, pour ne pas dire dans le mépris plus ou moins ouvert des intérêts des auteurs.
C'est une affaire complexe... Il me semble que la Société des gens de lettres était plutôt favorable à ce projet...
Généralement, tout le monde est favorable à ce type de projet. Les auteurs sont souvent les premiers à chanter les "formidables possibilités" qui nous seront offertes par "le Numérique". Le fait est, cependant, que les chantiers technico-juridiques de numérisation ne poursuivent pas les mêmes finalités que le monde éditorial traditionnel. La numérisation n'est pas une édition sur un autre support, elle est une immense opération de stockage systématique des oeuvres imprimées, dénuée de toute ambition qualitative. Les choix de ReLire sont effectués à la louche, par croisement de données informatiques ; aussi n'est-il pas très étonnant qu'il y ait un peu de casse à l'arrivée...
La lettre de Didier Daeninckx reproduite ci-dessus ne me paraît pas vraiment digne d'un écrivain, je la trouve plutôt mal ficelée.
Certes, Marcel Meyer, la lettre (peut-être un simple e-mail) a bien des défauts. Didier Daeninckx semble éprouver de grosses difficultés (il n'est pas le seul) avec la négation : Cette prise de possession n'a pas été précédée du moindre contact est incorrect, inélégant et défie la logique. Pour faire stopper cette spoliation est lourd, redondant, cacophonique. De mon côté, je fermerai exceptionnellement les yeux sur tout cela (qui n'a rien d'inattendu, D. D. est un fort mauvais écrivain) en raison des deux lignes de conclusion, que je trouve "bien envoyées", si l'on me pardonne ici cette familiarité.
Citation
Marcel Meyer
La lettre de Didier Daeninckx reproduite ci-dessus ne me paraît pas vraiment digne d'un écrivain, je la trouve plutôt mal ficelée.

Je vais être un peu hors-sujet mais, en parlant de lettre d'écrivain mal ficelée, que dire de celle-ci, rédigée par Jean Rolin en guise de soutien à deux malheureux journalistes toujours détenus en Syrie? J'ai même cru à une mauvaise blague. (Cette histoire de phoque!)
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