L'hebdomadaire Marianne consacre un dossier au programme de numérisation ReLire, mis en oeuvre par la BnF, destiné à remettre en circulation, sans l'aval des auteurs, des ouvrages officiellement "épuisés" chez l'éditeur, publiés au XXème siècle et toujours sous droit.
Le romancier Didier Daeninckx, pourtant ami du désastre de toute éternité, s'en offusque et adresse une lettre au président de la BnF reproduite dans Marianne (et reproduite ci-dessous).
On retrouve bien là la courtoisie et le respect des auteurs dont savent faire preuve nos institutions culturelles sous la houlette de Madame Filippetti, et d'ailleurs de l'ensemble de ses prédécesseurs.
Renaud Camus ferait bien de consulter le fameux registre ReLire pour vérifier si certaines de ses oeuvres comme le Journal romain ou Buena Vista Park n'y figureraient pas, afin d'empêcher leur éventuelle exploitation, à son insu, aux bons soins de l'Etat.
Je suis certain qu'il est friand de toute correspondance avec les services culturels de l'Etat et impatient d'avoir maille à partir avec eux, pour goûter aux mille vexations qui en résultent.
Si même Didier Daeninckx ne les supporte pas...
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www.marianne.net]
Bonsoir,
La BNF prend l'initiative de numériser, sans mon accord, des textes qu'elle juge fautivement indisponibles alors qu'ils sont en exploitation sous contrat d'éditeur.
Cette prise de possession n'a pas été précédée du moindre contact.
Pourtant, il y a quelques années, la BNF avait su trouver mon numéro de téléphone, mon adresse pour me demander de lui faire donation de l'ensemble de mes manuscrits. Ce que j'avais accepté aussitôt.
Pour faire stopper cette spoliation de mes droits et refuser d'être diffusé par un éditeur que je n'ai pas choisi, je dois déclarer sur l'honneur être l'auteur de mes propres textes.
Et prouver mon identité en envoyant la copie de ma carte d'identité.
Maintenant, suite à mon refus d'être traité de cette manière, on m'avertit que je vais être mis en instruction pendant trois mois !
Ces procédés sont à l'exact opposé des relations entre un auteur et un éditeur, ils instituent un rapport non de confiance mais de sujétion.
Je les trouve inutilement blessants, et cela ne m'incite pourtant pas à exiger de M. Racine qu'il me prouve par attestation appuyée sur la copie de son passeport qu'il occupe vraiment la direction de la BNF.
Avec mes salutations,
Didier Daeninckx