Le site du parti de l'In-nocence

Encore un instant d'ivresse, Monsieur le docteur...

Envoyé par Louis Piron 
Voici un extrait d'un texte de Robert Redeker publié dernièrement sur son blog et consacré à la mascarade de l'antiraciste :

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L'antiracisme simule et parodie les luttes sociales, il simule et parodie la gauche. Mais, si l'on sait ce que remplace l'antiracisme, il faut demander auparavant : que remplace ce à quoi dans l'imaginaire dominant l'antiracisme s'oppose, le racisme ? D'abord il se substitue à une réalité métaphysique dont notre temps, à tout le moins en Europe de l'ouest, se refuse à prononcer le nom : le mal. Plus justement : le mal moral. Les sociétés consuméristes et hédonistes, celles dont Herbert Marcuse et Gilles Lipovetsky ont dessiné les traits les plus remarquables, apparues dans le monde occidental à partir des années 60, refoulent l'usage explicite du concept de mal. « Racisme » est le mot qu'elles ont mis en circulation pour dire ce que jadis on appelait le mal moral. Une grande partie des fautes naguère rangées sous la catégorie de mal sont devenues soit anodines soit des qualités. Voici l'envie vantée par la publicité comme une vertu ! La chanson de geste de la luxure inonde les écrans et les gazettes. La trahison, l'infidélité, la perfidie sont, d'écran publicitaire en spot de réclame, de téléfilm en jeu d'avant prime-time, valorisées. La cupidité – gagnez, gagnez... – est élevée au rang de l'exemplarité morale. L'école elle-même enseigne aux élèves des lycées sous couvert de réussir à savoir ce vendre ; autrement dit impose aux jeunes générations un impératif prostitutionnel. Plus : elle laisse entendre que le bien dans la vie collective se résume à une sorte de prostitution généralisée, où tout le monde se vend. Réussir, voilà la seule misérable ambition qu'elle propose aux nouvelles générations ! La dégradation des mœurs – qu'il faut entendre, insistons sur ce point, dans toute sa force inédite : cette dégradation n'est pas le résultat de vices privés, cachés, recouverts par la honte, qui prendraient le dessus en assumant la réprobation qu'elle s'attirerait, non, cette dégradation est voulue, organisée, dirigée parce qu'elle est le moteur de la société de consommation - a vidé le mot mal de toute sa substance. C'est le souvenir de cette substance, de ce contenu, qui explique qu'un puissant tabou, plus sociétal que social, plane sur le concept de mal, paralysant son réemploi. Jusqu'ici n'existaient dans les sociétés qu'un seul temps durant lequel des conduites tenues pour vicieuses étaient louées comme vertueuses : le temps de la guerre (transformation du crime en vertu à l'origine de la désillusion de Freud devant l'homme). Tuer, violer, torturer, piller, mentir – ces crimes, en époque de suspension de la paix, deviennent dignes de louange. La société de la modernité tardive a inventé de l'inédit : ce n'est plus seulement de loin en loin que le vice devient officiellement vertu, c'est, sous les formes que nous venons d'exposer, en permanence. Sous l'aspect de la morale, la société de consommation est la guerre en temps de paix, elle entretient chez les hommes un état d'esprit de mercenaire sans foi ni loi en période de paix.
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Lien vers l'intégralité de l'entrée correspondante du journal Quand Redeker eut les cinquante-neuf ans : Dix août, dix heures
Un texte intéressant, quoique exagéré par endroits. Tuer, violer, torturer, piller, mentir ne sont pas devenus des actes dignes de louanges, me semble-t-il. Sinon il n'y aurait pas eu d'affaire Cahuzac, ni d'affaire Strauss-Kahn, ni d'affaire Mohamed Merah, pour ne prendre que ces trois exemples.

En naviguant sur internet, je suis tombé sur cette citation de Jacques Vergès :

"On reviendra sur ce sujet. Parlons pour l'instant de l'impact de votre jeunesse à la Réunion, où cohabitent de multiples races. Vous êtes vous-même le produit de plusieurs influences. Vous devriez être favorable au métissage culturel, que prône Jack Lang, et qui est à la mode aujourd’hui…

- Je suis méfiant. D'abord je suis très respectueux des cultures et des nations. Je considère que la culture est quelque chose de très profond, les nations également. Je pense que les frontières ne sont pas seulement des frontières matérielles. Ce sont des frontières spirituelles et des frontières historiques, avec tout ce que l'histoire a de poids. Je pense que l'humanité est riche de toutes ces différences-là. Respectueux de ces différences, je considère aussi qu'il peut y avoir des influences réciproques, mais que ces influences ne sont jamais l'objet d'une décision bureaucratique, ni d'un défilé d'État organisé par Jean-Paul Goude. Ces influences se font à travers l'histoire, à travers les événements et il n'y a pas de greffes tout à fait gratuites. On ne peut pas mélanger les cultures comme on mélange des liquides. C'est un signe d'irrespect envers ces cultures. Elles peuvent s'influencer mais par leur propre mouvement, par le lent mouvement de l'histoire, non par les décisions d'une bande de Pieds-Nickelés comme ceux qui gouvernent la France aujourd'hui. Je suis un métis, cela m'a posé des problèmes, mais je sais aussi que toute société humaine est endogamique. Toute société tend à se défendre, à éviter le mélange. Je suis très heureux que mon père et ma mère aient passés outre cette attitude. Donc je ne suis pas contre le métissage. Je suis contre le métissage sur ordre. Je n'aime pas être commandé."

[aumilieudesruines.blogspot.fr]
Certes cela peut paraître "exagéré par endroits". Mais passée la condamnation publique, en première instance, de ces trois protagonistes*-là, n'essaye-t-on pas ensuite de nous les rendre moins mauvais qu'ils ne sont ? Les aveux "avec une émotion sincère" d'un Cahuzac, le "piège tendu" à un Strauss-Kahn, et "le visage d'ange" d'un Merah -- l'ensemble orchestré comme il se doit par le complexe médiatique --, ne sont-ils pas autant de tentatives de justification de cette "dégradation des mœurs" ?

(*) d'ailleurs cette dénomination sous le vocable de "protagonistes", souvent utilisée, ne donne-t-elle pas insidieusement un aspect positif aux rôles ?

*

D'autre part, quoique Vergès soit ici dans le juste, comme souvent dans sa carrière, il est bien regrettable qu'il ne se soit pas manifesté contre le Grand Remplacement, l'un des plus violents phénomènes agissant contre "le lent mouvement de l'histoire".
Jacques Vergès, né d'un père réunionais et d'une mère vietnamienne, est objectivement un enfant de la colonisation. Cet homme toute sa vie combatit (aux côté du FLN algérien, des Khmers Rouges, des communistes, etc.) tout son être, l'être de la colonisation française.

C'est très remarquable et en même temps très banal: le syndrome du métis rebelle est une version moderne, très articulée, verticalement intégrée (jusqu'aux plus hautes strates de la pensée) du ressentiment d'exister. Pareille rebellion creuse et élargit la faille fondamentale d'où sortit le sujet rebelle; elle est insondable et son action protéiforme ne peut s'arrêter nulle part : il n'est point de mur où le sujet métis peut stopper son reproche d'exister aux auteurs disjoints de ses jours, et à fortiori lorsque cette disjonction fut sanctionnée par un Bien historique qui lui tend les bras.
Notons aussi que le docteur Raymond Vergès, père de Jacques Vergès, fut le fondateur du Parti communiste réunionnais. L'autre député communiste s'appelait Léon de Lépervanche, et ils appartenaient tous deux à la bourgeoisie blanche. Vergès père et Lépervanche eurent tous deux des positions plutôt modérées.

Jacques Vergés enfourcha le cheval de l'anti-France, avec talent d'ailleurs. Cela confirme l'idée de Francis, Vergès fils, métis, se devait d'être encore plus à gauche que son père, blanc.
On ne lit guère l'Histoire romaine de Jules Michelet et on a tort. Voici ce qu'on peut y lire :

Citation

Au moment où tous les rois de la terre venaient rendre hommage au peuple romain, représenté par le sénat, ce peuple s’éteignait rapidement. Consumé par la double action d’une guerre éternelle et d’un système de législation dévorante, il disparaissait de l’Italie. Le Romain, passant sa vie dans les camps, au-delà des mers, ne revenait guères visiter son petit champ. La plupart n’avait plus même ni terre, ni abri, plus d’autres dieux domestiques que les aigles des légions. Un échange s’établissait entre l’Italie et les provinces. L’Italie envoyait ses enfants mourir dans les pays lointains, et recevait en compensation des millions d’esclaves. De ceux-ci, les uns attachés aux terres, les cultivaient et les engraissaient bientôt de leurs cendres ; les autres, entassés dans la ville, dévoués aux vices d’un maître, étaient souvent affranchis par lui, et devenaient citoyens. Peu à peu les fils des affranchis furent seuls en possession de la cité, composèrent le peuple romain, et sous ce nom donnèrent des lois au monde. Dès le temps des Gracques, ils remplissaient presque seuls le forum. Un jour qu’ils interrompaient par leurs clameurs Scipion Émilien, il ne put endurer leur insolence, et il osa leur dire : silence, faux fils de l’Italie ! Et encore : vous avez beau faire ; ceux que j’ai amenés garrottés à Rome, ne me feront jamais peur, tout déliés qu’ils sont maintenant. Le silence dont fut suivi ce mot terrible, prouve assez qu’il était mérité. Les affranchis craignirent qu’en descendant de la tribune, le vainqueur de Carthage et de Numance, ne reconnût ses captifs africains ou espagnols, et ne découvrît sous la toge les marques du fouet.
Ainsi un nouveau peuple succède au peuple romain absent ou détruit. Les esclaves prennent la place des maîtres, occupent fièrement le forum, et dans ces bizarres saturnales, gouvernent par leurs décrets les latins, les italiens qui remplissent les légions. Bientôt il ne faudra plus demander où sont les plébéiens de Rome. Ils auront laissé leurs os sur tous les rivages. Des camps, des urnes, des voies éternelles, voilà tout ce qui doit rester d’eux.

[www.mediterranee-antique.info]


Alors, si l'hypothèse du Grand Remplacement est juste, elle n'a rien de nouveau. L'histoire est un cimetière de peuples disparus. Aussi je ne comprends pas très bien comment on peut lutter contre ce type de phénomène. On peut en atténuer les effets, certes, mais on ne peut faire plus. Peut-on annuler les effets du vieillissement ? Non. Contre ce type de maladie, il n'y a que des palliatifs et pas de remède.
C'est peut-être en tenant rigoureusement compte des modalités de la réalisation du GR — décrites, faut-il le préciser, par Renaud Camus et tout à fait originales (l'histoire, qui est un phénomène de spéciation, se répète toujours mais sous les formes les plus diverses) —, que des moyens efficaces seront trouvés pour inverser cette tendance ruineuse. Le GR tel qu'il survient n'est pas une fatalité.
L' analogie que suggère M. Brémond avec le cas romain évoqué par Michelet est abusive bien entendu. Elle ne peut se justifier que par un désir d'installer la confusion dans les esprits. L'Union européenne, sevrée d'allégeance chez les peuples européens sur lesquels elle s'est greffée est en train d'inventer un peuple nouveau en spéculant sur sa loyaté politique; cette invention s'opère par le relais actif des gouvernements nationaux qu'elle chapeaute, et les modalités principales du processus sont celles d'une pénétration migratoire couplée à l'octroi d'avantages idéologiquement travestis en droits et convertis en nocences. Les Français ne sont pas absents de France parce que retenus dans des armées en campagne outremer mais s'en absentent en effet, par éviction, parce que repoussés par le processus remplaciste.

Il n'y a chez les peuples s'installant sur les territoires des nations europénnes qu'une vague reconnaissance du ventre à l'égard de leur patron européen, qu'un clientélisme intéressé, suffisant toutefois pour récompenser par leur vote les relais nationaux actifs du Grand remplacement (cas du président Hollande et de ses équipes), mais pour autant étranger à tout comportement citoyen respectueux des lois, traditions du Droit et moeurs européennes. Ces néo-citoyens militent pour plus d'eux-mêmes, plus de leur mono-diversité et plus de facilité d'installations, de droits, de "respect" pour eux-mêmes, et de piétinement de l'existant et de l'histoire et la culture qui les ont précédés.

Monsieur Brémond, s'il fait mine de penser ou de méditer la question par le détour de Michelet, pense faux, médite faux.
Comme je ne retrouve plus la discussion sur l'existence ou non de civilisations supérieures à d'autres, je la poursuis brièvement sur ce fil qui n'y est pas d'ailleurs , à certains égards, totalement étranger.

Pour revenir une dernière fois sur le sophisme d’Alain Aytan :
Les civilisations sont comme les individus, il peut leur arriver d’avoir des baisses de forme imprévues, passagères, dues à la maladie, à des accidents ou autres catastrophes. Or, depuis peu, très peu de temps à l’échelle historique, l’occidentale connaît une baisse de forme due à une humeur dépressive, dépréciative de soi, voire suicidaire qui la rend particulièrement vulnérable. Si l’islam, dominé, intellectuellement, économiquement, techniquement, depuis tant de siècles par l’occident, profite de cette « maladie », quasi anecdotique comparé, encore une fois, à notre longue histoire, pour imposer sa civilisation, c’est qu’il n’est fort que de cette faiblesse conjoncturelle. Alors les musulmans pourront toujours se convaincre de leur supériorité au prétexte qu’ils ont atteint leur but : détruire ce que nous sommes, pour l’observateur étranger, neutre, cette destruction ne saurait nullement être la preuve objective de cette supériorité , mais de la pure et simple vantardise.
Mamma mia, c'est donc ça, Michelet ? Je comprends pourquoi il est dans Lagarde et Michard, anthologie de littérature.
J'eus la même réaction spontanée que Henri Bès à la lecture de ce comics par Michelet. On a un peu l'impression que s'il vivait aujourd'hui, Michelet serait sans doute scénariste de jeux vidéos.
Vous pouvez ironiser, il n'empêche que Michelet est un excellent écrivain. Et sa présence dans le Lagarde et Michard est tout à fait justifiée. Du reste, on trouve également dans cette anthologie Augustin Thierry, Fustel de Coulanges et Tocqueville. Des historiens dont la réputation n'est plus à faire.

A défaut de répondre sur le fond, certains préfèrent se livrer à des attaques ad hominem. Le coup classique. Méfiez-vous tout de même, M. Marche, quand vous dénoncez l'influence de l'Union Européenne dans le phénomène du GR. Vous n'êtes pas exactement dans la ligne du parti, qui revendique son europhilie.
Mais quelle attaque ad hominem bon sang ! Un désaccord avec votre analogie vaut attaque contre votre personne ?
Lisez-nous du Gibbons, du Jerphagnon si vous voulez nous proposer une réflexion intéressante sur la fin de Rome, qui pourrait comporter le cas échéant quelque analogie avec ce que nous vivons aujourd'hui en Europe, mais pas cette daube, nappée de votre susceptibilité toute chaude -- attaque ad hominen! est puis quoi encore ! vous vous appelez Michelet ? --, qui plus est !
Personne ne doute des qualités littéraires de Michelet, et j'ai fait mes classes (de littérature) avec les tomes de Lagarde et Michard. Il y a toute sa place, ainsi que dans les études de Philippe Muray sur la mythologie du XIX°s. Historiquement, malgré tout, cette page n'a aucun sens. La première fois qu'une famille issue des provinces a pris le pouvoir à Rome, avec Trajan, on s'est bien assuré qu'il descendait de colons italiens établis en Espagne. Si vous voulez chercher des précédents historiques réels au phénomène de changement de peuple, vous pouvez étudier la politique assyrienne ou babylonienne de la déportation, par exemple, les installations forcées de foederati dans l'empire romain, ou les "importations" brutales d'Arméniens par Chah Abbas au XVII°, ou le plan stalinien de reconfiguration de l'Europe centrale, etc ... Je ne vous attaquais pas personnellement, ni Michelet. Les méthodes de la recherche historique demandent un peu de probité, et les historiographes romantiques n'en donnent pas toujours l'exemple.
La peinture de l'Italie au IIe siècle avant J.-C. faite par Michelet est inspirée par les historiens antiques (Plutarque, Appien, Valère Maxime). Il n'a rien inventé. Vous pouvez mettre en doute la tradition, si vous voulez. Oserez-vous affirmer que la page qui suit n'a aucun sens ?

Citation

Les Romains avaient coutume de vendre une partie des terres qu'ils avaient conquises sur les peuples voisins, d'annexer les autres au domaine, et de les donner à ferme aux citoyens qui ne possédaient aucun fonds, à la charge d'une légère redevance au trésor public. Les riches ayant porté ces rentes à un plus haut prix, avaient évincé les pauvres de leurs possessions : on fit donc une loi qui défendait à tout citoyen d'avoir en fonds plus de cinq cents plèthres de terre. Cette loi contint quelque temps la cupidité des riches, et vint au secours des pauvres, qui, par ce moyen, demeurèrent sur les terres qu'on leur avait affermées, et conservèrent chacun la portion qui lui était échue dès l'origine des partages. Dans la suite, les voisins riches se firent adjuger ces fermes sous des noms empruntés; et enfin ils les tinrent ouvertement en leur propre nom. Alors les pauvres, dépouillés de leurs possessions, ne montrèrent plus d'empressement pour faire le service militaire, et ne désirèrent plus d'élever des enfants. Ainsi l'Italie allait être bientôt dépeuplée d'habitants libres, et remplie d'esclaves barbares, que les riches employaient à la culture des terres, pour remplacer les citoyens qu'ils en avaient chassés.

Plutarque, Tiberius Gracchus, chapitre VIII.

On trouve le même passage en Appien (Guerres civiles I, 7-8).

Avant de mettre en doute la probité de Michelet, il faut de solides arguments. Quand je parlais d'attaques ad hominem, c'est à lui que je faisais allusion et non à ma propre personne. Il était nécessaire de le préciser. Je sais que Michelet n'a pas toujours bonne réputation, son objectivité est mise en cause. En l'occurrence, il parle d'événements éloignés dans le temps, son jugement n'est pas trop faussé par ses idées personnelles.
Quel rapport ce problème de tenure foncière et ses conséquences pour l'Empire romain peuvent-ils bien entretenir avec la situation qui nous occupe aujourd'hui en Europe ? Citer les classiques pour les citer n'a effectivement aucun sens, et cette absence de sens, ou défaut de pertinence, ajouté à l'amateurisme historiographique dont témoigne le premier extrait de Michelet donné en amont, a quelque chose de dilatoire face aux problématiques qui nous occupent. Sauf phénomènes très marginaux (des Chinois achetant des terres pour y pratiquer la culture maraîchère dans le Gard, par exemple), le recul de la paysannerie en France comme composante et force sociales est sans lien avec le Grand remplacement. Ce dernier est un bourrage de territoire, comme on dit "bourrage d'urnes"; il est essentiellement démographique, nuisible à l'économie, perturbateur du tissu social, générateur de chaos et force première du chaos.

Il est facteur de recomposition globale de la société, de l'histoire (enseignement de l'oubli, fabrication permanente d'une vérité historique rétroactive, agression idéologique et morale des populations par l'arme araciste et son bras judiciaire) et de la civilisation; il procède par une éviction sans finesse, non médiatisée (sans la médiation d'un mécanisme ténurial tel celui que décrit Michelet dans ce dernier essai), brutalement meursale, éthique et religieuse, politiquement volontaire et explicite (préférence étrangère); il doit être le moyen et la consécration de l'avènement d'un peuple nouveau acquis à ses maîtres européens, eux-mêmes inféodés à l'agenda islamiste mondial que leur distillent leurs financiers des Emirats.

Pour le reste, oui, nous sommes européistes, ne serait-ce, et pour commencer par la fin, que parce que ce mal est européen.


Le maître parle : [www.lefigaro.fr]

Deux jours plus tard, le serviteur s'exécute : [www.lefigaro.fr]
Pas mal, cher Francis, vos maître et serviteur.

J'ai bien peur néanmoins que, Qatar ou pas, la réponse de l'UE eût été la même. Le Qatar n'est ici que l'illustration - certes, ô combien symbolique - d'un système qui accapare les richesses des civilisations - supérieures ? - pour mieux pouvoir en distribuer uniformément, démocratiquement, l'odeur aux autres. Du "gagnant-gagnant" comme on dit aujourd'hui.
Citation
Sébastien Brémond
Oserez-vous affirmer que la page qui suit n'a aucun sens ?
(...)
En l'occurrence, il parle d'événements éloignés dans le temps, son jugement n'est pas trop faussé par ses idées personnelles.

Si j'étais historien et chercheur de profession, j'oserais, évidemment, mettre en doute les historiens classiques, en les passant aux crible de l'archéologie, de la sociologie (en particulier, celle du public pour lequel ils écrivaient), de l'histoire des idées, et de la rhétorique (qui, jusqu'au XX°s, a été un des marqueurs essentiels du discours historique). L'histoire, si elle prétend acquérir une certaine rigueur scientifique, est une discipline qui exige que l'on ose.

L'éloignement du sujet dans le temps n'est en aucune façon une assurance d'objectivité. Cet été, une revue populaire d'égyptologie a publié un dossier sur le cheikh Anta Diop (1923-1986) qui consacra sa vie à sa thèse d'une civilisation égyptienne antique noire africaine (sans savoir le moindre hiéroglyphe, disait Jean Yoyotte), et il est mort récemment l'universitaire américain (dont le nom m'échappe) qui a milité sa vie durant en faveur des origines africaines de la civilisation grecque (Black Athena est le titre de son livre majeur, je crois).
Citation
Francis Marche
Sauf phénomènes très marginaux (...), le recul de la paysannerie en France comme composante et force sociales est sans lien avec le Grand remplacement.

Je crois précisément l'inverse. La quasi disparition de la paysannerie en France (6,2 millions de personnes en 1955, soit 31 % de l'emploi total ; en 2000, cette part est tombée à 4,8 % avec 1,3 million de personnes) a précédé le phénomène du GR. Peut-être faut-il y voir un lien de cause à effet, un paysan enraciné est moins facilement remplaçable qu'un citadin connecté à internet. Renaud Camus ne dit rien à ce sujet dans son livre, cette omission est curieuse. Et pourtant le fait majeur du XXe siècle, c'est la "fin des paysans" (Henri Mendras), bien avant l'immigration sauvage et incontrôlée. Une paysannerie enracinée et prospère est un obstacle majeur à l'étalement urbain, à la banlocalisation et au changement de peuple. C'est une telle banalité de le dire que je m'étonne d'être quasi le seul à le remarquer, au moins sur ce forum.

C'est pourquoi l'analogie avec ce qui s'est passé dans l'Antiquité est tellement frappante (toutes proportions gardées). L'histoire réserve peu de situations inédites. L'inconvénient de l'expression "Grand Remplacement" est qu'elle fait croire à quelque chose d'intégralement nouveau, jamais vu par le passé.

Je crois, Henri Bès, que vous tombez dans le piège de l'hypercritique. Vous mettez en doute les historiens antiques sans véritable argument.
Supposons que vous ayiez entièrement raison, M. Brémond, et moi entièrement tort, supposons que, comme vous l'affirmez, il n'y ait rien de nouveau sous le soleil et que Rome même devait périr par des voies que notre propre fin, perdition, arraisonnement à l'histoire, ne font que répéter à la lettre ; que les civilisations n'ont pas mille manières de mourir mais peut-être trois ou quatre, ou une ou deux, comme la plupart des hommes n'ont pas à leur disposition mille manières de s'accoupler pour perpétuer la vie. Que faut-il en conclure ? Que ce qui nous arrive était écrit ? qu'il faut tendre le cou au couperet de l'histoire, qu'il faut prôner la reddition douce, comme à une époque l'empire inca se convainquit de se soumettre à la fatalité des astres, de laquelle la fatalité de l'histoire ne serait que la petite soeur à peine plus perverse ? Qu'il faut accepter de se faire violer de manière commune et ordinaire, parfaitement romaine ?

Nous ne voulons pas mourir, du moins pas aussi bêtement ni périr sans un souffle de rébellion; et du reste, les véritables savants historiens, ce que je ne suis pas (si Henri Bès vous dit qu'il n'est pas historien, alors vous pensez moi !) vous exposeront, de milles façons démontrables, que l'histoire des hommes n'est point aussi sotte et bornée que les hommes qui la subissent ou les amateurs qui se mettent en devoir de l'interpréter : elle ne se répète jamais, la seule conscience nue qu'en ont les hommes le lui interdit. Donc, elle invente, et nous sommes condamnés d'inventer notre sort avec elle. Ce n'est certes pas facile mais de ce fait jamais morne ni répétitif.
Vous qui connaissez l'histoire mieux que nous M. Brémond, vous avez sans doute entendu parler du "Mouvement des enclosures" qui a frappé la paysannerie anglaise dès le premier quart du 16ème siècle (ci-dessous un résumé de la question, en anglais) d'une manière assez comparable, au fond, au processus que vous mettez en cause dans la chute de l'empire romain, or, ce mouvement d'éviction de la paysannerie a accompagné, a été simultané à, a permis l'essor d'un empire thassalocratique, mercantile et industriel, lui-même véhicule d'une superpuissance culturelle (Shakespeare fut contemporain à ce "mouvement des enclosure") qui, à ce jour, demeure le plus vaste et le plus puissant que l'humanité ait connu, porteur d'une civilisation qui devait essaimer en Amérique du Nord, en Afrique et en Australasie laquelle par son avatar américain notamment, tient encore la dragée haute à toutes les puissances montantes dont la Chine.

So much for the "depossession de la paysannerie prélude ou prolégomène à la fin des empires" !

Référence ici

Plusieurs liens de pages en français


Abridged from Dr Gilbert Slater's chapter "A Historical Outline of Land Ownership in England," in "The Land: The Report of the Land Enquiry Committee," published by Hodder & Stoughton in 1913. Cross-heads have been added. (Dr Slater is well known as the author of "The English Peasantry and the Enclosure of Common Fields.")
[IN the 16th century] the price of grain was relatively low compared with that of wool, so that a great commercial advantage could be secured by turning the arable land into sheep farms. The results were portentous. In many places, as described in the famous passage in Utopia, or by numerous other contemporary authors, or in the preambles of many Acts of Parliament, evictions took place on a wholesale scale, and where there had been thriving villages and a sturdy population of hard working peasantry, nothing was left but waste and ruined cottages, and rough grass nibbled by flocks, running we are told, in some cases to as many as 24,000 sheep, tended by a few shepherds and their dogs. The dispossessed peasantry having disposed of their small possessions by forced sale, wandered aimlessly away with scant chance of finding employment either in town or country. The stream of broken men and unhappy women and children could not be stayed by all the vagrancy laws the Government could devise, though such laws rose at times to a horrible pitch of cruelty. This was the great Enclosure movement of the 16th century. Enclosure meant then, not the turning of waste lands into cultivated fields, but the conversion of the "fair fields full of folk," of Langland's phrase, into desolate sheep walks.

The Monasteries

Just when this movement was at its height there occurred the dissolution of the monasteries. Much as King Henry VIII would have liked to keep their vast estates in his own hands, he was unable to do so. To the powerful and unscrupulous there was offered such an opportunity of getting rich quickly as had never been offered since the Conqueror parcelled out the manors of England among his Norman followers, if then. A mighty scramble took place. Nearly all the monastic lands fell into the hands of private owners, men of the type least likely to allow humanitarian scruples to hinder them in the pursuit of wealth.

Whatever the Tudor agrarian code did for the rural labourer and the peasant it did not alter the main result of the agrarian revolution. That revolution enormously increased the wealth of the landed aristocracy. It altered the distribution of the wealth won from the soil in such a way that the cultivator received a relatively much smaller share, and the rent-receiver a much larger share; while the personal services rendered by the latter to the State disappeared, and the taxation paid by him became relatively trifling.

The Growth of Landlord Power

During the Civil War the nobler Puritans and Cavaliers largely fell in battle or were exiled or suffered confiscation of their estates; while meaner men saved their skins and enlarged their possessions.

With the restoration in 1660 a new and most important chapter in the history of the English Land System was opened. From that time forwards, and even more decisively after the "Glorious Revolution" of 1688, the power which, in the Middle Ages, had been divided between King, Barons and Church, was monopolised by the large landowners. As Peers, they sat in the House of Lords; the defects of the representative system gave them complete control of the House of Commons; through the power of patronage they controlled the Church; as Justices of the Peace they held in their hands the administration of justice, and responsibility for local government; literature and scholarship, the Universities and the printing press, were their handmaids.

Immediately after the Restoration the effect of the passing of political power into the hands of the landowners was shown in legislation. Certain incidents of feudal tenures, such as "wardship" and "marriage," which had been appropriate when military service by the feudal lord was a reality, had become merely burdensome to the landowner and of little profit to the Crown.

Various attempts had been made before the Restoration to substitute a definite charge on land held under military tenure for these old rights of the Crown. The Restoration Parliament hit upon another device.

It decreed that the compensation to the Crown for the extinction of feudal incidents should take the form, not of a tax on land, but of an excise duty on the drinks, like beer and cyder, consumed by the poorest classes of the population.

Game laws were enacted; the savage provision was added to the Poor Law Code that a labouring man who took up residence in a new parish could be driven back to the place from which he came, on the mere ground that he might possibly at some future time become chargeable to the poor rates.

Fourteen Million Acres Enclosed

Early in the 18th century there begins the great series of private acts of enclosure, of which 4,000 in all, covering some 7,000,000 acres were passed before the General Enclosure Act of 1845. During the same period it is probable that about the same area was enclosed without application to Parliament.

Right through the period we have now under consideration, viz., from 1660 to 1845, a three-fold policy with regard to land was being steadily pressed forward by the landowning class. One aspect of this policy was the improvement of estates and the advancement of agriculture.

High Rents and Dependent Workers

Closely connected with this part of the triple policy pursued was the movement of enclosure, and this again was equally closely connected with the war of extermination waged against the owner of small portions of land or common rights and even against the small tenant. A typical progressive landlord of the day desired to make his estate a model of good farming. He wanted his lands to be let to enterprising tenants, each occupying a compact farm surrounding its own farm-house, and each free, without any shackling by ancient village customs to develop the most profitable agricultural methods.

He also wanted an increase of rent. His favourite author, Arthur Young, told him it was his duty to demand high rents, as low rents were only an encouragement to slovenly farming. Moreover, the current political theory held that the prosperity of the State was best judged by the rental of land, because this represented the net profit over and above that required for the subsistence of the cultivators, and this net profit was the ultimate taxable fund on which armies and navies could be maintained. Lastly, the typical landlord desired authority. He wanted no small independent freeholders with bits of land in the midst of his estate, or in possession of cottages or cultivated patches won out of the waste, entitled to keep cows on the open commons, and to go here and there to exercise their right of taking fuel, with a chance, perhaps, of taking a hare or a pheasant as well.

Usurpation by Lords of the Manor

In the 18th century the lord of the manor, or the principal owner of land, was almost invariably the mover for enclosure, and the person who chiefly profited by it. In a proportion of cases which was probably large, but how large it is impossible to say, the principal landowner effected enclosure by first of all making himself the sole proprietor. The well-known agricultural writer, William Marshall, records an instance in which this was done, in his opinion, by an equitable bargain, but he describes this as a notable exception to the general rule that enclosure was effected by oppression or underhand dealing. A device frequently used was that of inducing copyholders to allow their copyholds to be converted into leaseholds. When the leases ran out, the lord of the manor could deal with the land as he chose.

Enrichment and Bankruptcy

Where the minor owners were too numerous, or too stubborn, or too firmly established, to be got rid of by purchase, resort was made to private acts of enclosure. This had the effect of getting rid of a certain number of the small owners and of disentangling the properties of the remainder from those of the lord of the manor.

The effect of enclosure varied from village to village and from district to district. But we can make a general statment as to the way in which the fortunes of different classes of people were affected. The chief landowners, as I have said above, were the biggest gainers, but even with them the gain was uncertain, In some cases seven-fold rents were obtained. The Board of Agriculture's reporter for Somerset tells us that the enclosers of Sedgmoor made a net profit of £365,373 15s 4d. There were cases where the increase of rental scarcely sufficed for a considerable period afterwards, to pay interest on the money expended in satisfying the rapacious parliamentary agents, paying the Commissioners, and erecting the new hedges. Enclosure was a gamble, but a most satisfactory gamble, offering brilliant prizes to landlords. The tithe owners generally gained in a similar proportion to the large landlord.

There was a general tendency for lands which had previously been arable to be turned into pasture on enclosure, because, up to nearly the end of the century, pasture was more profitable. On the other hand, land which had previously been common pasture had to be ploughed for some years in succession, in order to effect such an improvement in it as would enable it to yield a higher rental. The farmer in either case had to revolutionise his methods. He might fail either through inadequate capital or inadequate knowledge. If he went bankrupt there were plenty more tenants dispossessed by the process of enclosure in neighbouring villages eager to take his place. The majority of the small tenant farmers had to choose between migrating elsewhere, or becoming landless labourers.

How the Cottagers Fared

But the mere fact that enclosure was carried out by an Act was an indication that there was a body of freeholders or copyholders possessed of land or cottages, or rights of common. How did these fare? On this point we have adequate and authoritative evidence from contemporary advocates of enclosure. Arthur Young, for example, who spent a great part of his life in advocating enclosure and in endeavouring to get general Enclosure Acts of as effective and comprehensive a type as possible passed, declared "That by nineteen Enclosure Acts out of twenty the poor are injured."

In the first place, many of the poor cottagers who kept a cow or a few geese on the common, and who obtained their whole supply of fuel from it, were only tenants of the cottages which entitled them to these privileges. When enclosure took place the owner of such cottages obtained an allotment of land in compensation for the extinction of those common rights. The tenant got nothing. Nor does it appear that the rent of the cottages was reduced in consequence. On the other hand, it was admitted on all sides that the loss, particularly of the provision of fuel, caused very great hardship, and there were even some cases in which provision was made in Enclosure Acts for a few acres of moor to be reserved to poor cottagers to supply them with fuel.

But supposing the cottager was the owner of his cottage, he then had to produce documentary evidence that he was legally entitled to the exercise of rights of common. The Board of Agriculture, in its general report on enclosures, has handed down the name of one Commissioner who was accustomed to give compensation where cottagers proved that they had been in the actual possession of common rights, without requiring documentary evidence of their title. But the report clearly gives it to be understood that he was an exception - perhaps the only exception - to the general rule. Except in very rare instances, without documentary evidence the small common-right owner lost his rights without compensation. Such cases must have been very numerous.

"Give us Back our Commons"

Yet again we must notice the change that had taken place in consequence of enclosure in the whole social structure in the village. With all its disadvantages, the distribution of holdings in scattered strips in the open fields had this one merit: it gave a certain elasticity to the size of the holding. It was easy for a labourer to rent two or three acre or half-acre strips, and gradually increase the size of his holding as his family grew in numbers. The labourer who was entirely landless was comparatively a rarity, and between him and the farmer there was a gradation of men who divided their time in varying proportions between work for hire and work for themselves. But after enclosure, with the whole of the land divided out into large compact and defined farms, there was nothing left for the small holder. He had to become a labourer pure and simple; and henceforward there was a gulf between the labourer and the farmer, very difficult for the former to cross, and very painful for the latter.

Out of the 4,000 Enclosure Acts, almost exactly two-thirds were Acts of the character just described. The remaining third were Acts for the enclosure of commons situated in districts where the cultivated land had been previously enclosed. With respect to the effect of enclosure upon the fortunes of the cottagers who had utilised such commons the above statement applies without modification. The whole process of enclosure was deeply resented by the poor rural population. In the 19th century, when the labourers were reproached with pauperisation, their reply was: "Give us back our commons and you can keep your poor relief."

What was not Neccessary

It is often asserted that enclosure was an economic necessity. It is perfectly true that there was an economic necessity that the traditional methods of common field cultivation should be altered, and that the easiest, and, so far as the foremost agriculturalists of the day could see, the most effective method of improving agriculture was by superseding collective ownership by individual ownership, and replacing methods of cultivation which demanded co-operation by individual enterprise. But it was in no sense an economic necessity that this change should be carried through in such a way as to impoverish the poor while enriching the wealthy, or to convert the peasant into a despairing, crushed, and dependent labourer.

Progressive Impoverishment

Simultaneously with the rapid increase of enclosure by Act of Parliament during the second half of the 18th century, there came a progressive impoverishment of the rural labourer, of which enclosure was not the only cause. Soon after 1760 the celebrated series of inventions in spinning revolutionised the domestic economy of the labourer's cottage. Before the inventions of Crompton, Hargeaves and Arkwright made spinning a machine industry, it was an important subsidiary occupation carried on in innumerable cottage homes by the wives and children of the rural labourers.

Even as late as 1793 the Rutlandshire magistrates passed a resolution directing that no outdoor relief should be given to a labourer with a family, unless his children attained certain standards of competence in spinning in accordance with their ages. The revolution in spinning deprived agricultural labourers of this part of their subsistence at the very time when enclosure was making them more dependent on wages and diminishing the demand for agricultural labour. Bad harvests also were more numerous in the latter half of the 18th century, while finally the great war with the French Republic and Napoleon covered the whole period from 1796 to 1815 driving food prices to famine levels.

Mr and Mrs Hammond* have vividly portrayed the situation of the rural labourer and the choice of policies which faced the English Government at the outbreak of the war. In those few spots where they had sufficient spirit left to make their wants known the labourers demanded that wages should rise in proportion to the rise in the cost of the bare necessities of life. There was not the remotest chance of this demand being conceded.
* Hammond, J.L. and B. The Village Labourer, 1760-1832, The Town Labourer, 1760-1832, The Skilled Labourer, 1760-1832

The Speenhamland Policy

Efforts were made to induce the labourer to subsist upon some cheaper fare than the wheaten bread and occasional glass of small beer or thin cyder to which he had become accustomed, and to a considerable extent potatoes began to take the place of bread, particularly in the dietary of children. But in the end reliance was placed upon the Speenhamland policy, the policy of laying down the minimum of subsistence for the agricultural labourer, determined by the price of bread and the numbers of his family, and bringing up his wage to its minimum level by grants from the poor rates. Some way had to be found of avoiding at once widespread famine and bloody revolution. From these perils the Speenhamland policy saved the country, but at a terrible cost.

Wages Subsidised from Local Taxation

The Speenhamland policy was a direct temptation to farmers to reduce wages arbitrarily, in order to throw the cost of working their farms in part upon the ratepayers, including the surviving small holders, who did not employ hired labour. It took away the incentive to exertion and undermined industrial discipline, since the labourer was as well off when he was unemployed as when he was working.

In combination with the bastardy laws, it stimulated illegitimate births to such an extent that, according to reports of the Poor Law Commission, great numbers of young women of the agricultural labour class could only hope to become wives by first becoming mothers.

It must, however, be remembered that what made the Speenhamland policy of giving a bare subsistence to the unemployed labourer and his dependents so disastrous, was the fact that the land policy pursued by the governing class during the preceding century, and the other causes explained above, had reduced the wages of the man in work to even less than a bare subsistence for a family.

The reform of the Poor Law in 1834, which destroyed the autonomy of the parishes in the matter of poor relief, grouped them together in unions, and brought every Board of Guardians and every Poor Law official under the control of a Board of three Commissioners, had for its main object the reversal of the Speenhamland policy. The Commissioners and the theorists endeavoured to cure pauperism by penalising the applicant for poor relief.

Making Docile Labourers

It was afterwards claimied that this policy of repression was a brilliant success; that labourers ceased to riot and became docile, eager to get and to keep their jobs, and that pauperism steadily diminished from decade to decade. But the immediate effect was to aggravate the under-feeding of the working population, and had it not been for a series of remarkable industrial developments, the 1834 policy could scarcely have been persisted in. It would have had to be abandoned amid general execration.

The position of the agricultural labourer in the 20th century remains that of a man possessed of varied and most valuable forms of skill, who yet is ranked among the unskilled labourers, and receives a remuneration even lower than that of the generality of them. Of all workers he has least chance of a satisfactory career in his own country and his own craft, He is the man most essential to the well-being of the community, yet he shares in the most niggardly fashion in that well-being; he is the man to whom a manly independence of thought, speech and action is made by society most difficult and most dangerous.

When the Landowners were Counted

The great enquiry of 1874-5 (the "New Doomsday") into land-ownership shows that the land of England and Wales, exclusive of London, of roads, Crown woods, wastes, commons, etc., and house and garden properties of less than 1 acre, amounted to 32,862,343 acres, and was owned by 269,547 persons. * ref If properties of less than 10 acres are omitted, there remain 32,383,664 acres, owned by only 147,564 persons. Slightly more than 2,000 persons owned half the agricultural land of the country.

Since then the agricultural labourer has been enfranchised. His economic emancipation must, sooner or later, follow his political emancipation. But, as yet, little has been done to efface the deep impress made alike upon the land system and the workers on the land by two hundred years of rule by the British landed aristocracy.

THE LAND REGAINED

The perusal of the story of England Lost gives rise to thoughts of how it shall become England Regained. It is of course impossible to reverse the enclosures and restore conditions as they were centuries ago; and even if it were possible it would not be desirable. There is a better way. What the enclosures have brought about is a privilege given to landholders to appropriate to themselves the rent or value of land, by which also they are enabled to withhold valuable land from use in the expectation of still higher rents and prices. The key to the removal of this privilege and monopoly is provided in the taxation of land values and the abolition of the taxation that is now levied on production and trade, and the fruits of labour.
Je ne sais pas si votre exemple est bien choisi. Concrètement, le mouvement des enclosures, qui a commencé au XVIe siècle, a signifié la fin des espaces communs utilisables par la communauté, la fermeture des champs par des haies (pour y faire paître le bétail) et la réduction des paysans libres à l'état de métayers au service d'un grand propriétaire terrien. Ce phénomène s'est étalé sur deux siècles jusqu'au vote de l'Enclosure Act par la chambre des communes au XVIIIe siècle qui met fin aux Communaux. Pour beaucoup de paysans, cela a signifié un appauvrissement brutal, qui les a contraints à fuir les campagnes pour la ville, ce qui explique que l'Angleterre a longtemps été plus urbanisée que la France. L'exode rural a commencé plus tôt.

Ce n'est pas le mouvement des enclosures qui explique la richesse de l'Angleterre à partir du XVIIIe siècle, le moment où le pays décolle et se développe à un rythme soutenu. Ce sont de nouvelles techniques agricoles, qui permettent d'augmenter le rendement des terres (assolement quadriennal, développement du cheptel, utilisation du fumier, suppression des jachères, etc) et de dégager une plus-value. Disons que le mouvement des enclosures a été le préalable à cette révolution agricole dans la mesure où une élite de propriétaires terriens a été le moteur de ce changement. Or, on sait que la petite paysannerie est plutôt conservatrice, surtout quand il s'agit des techniques agricoles.

Je ne vois pas trop le rapport de Shakespeare avec cela. Il arrive bien trop tôt (au XVIe siècle, l'avance de l'Angleterre par rapport à ses voisins n'est pas flagrante), en outre de grands écrivains peuvent naître dans des pays pas très en avance, voire franchement en retard. Je n'en dirai pas plus, ceci nous éloigne du sujet.

Par conséquent, la révolution de l'agriculture a permis à l'Angleterre de s'enrichir mais elle s'est faite au prix de la disparition de la petite paysannerie. Aujourd'hui, le pays a subi un certain déclassement (peut-être pas autant que le nôtre), surtout depuis 1945. Et il n'échappe pas aux conséquences de cette disparition : l'installation de cultures étrangères sur son sol. C'est le cas aussi des Etats-Unis, dont la puissance est déclinante, quoi qu'on dise. Ils sont encore en tête des nations mais plus pour très longtemps. En outre, leur modèle productiviste et consumériste, très énergivore, n'est plus tout à fait adapté aux nouvelles contraintes écologiques. Ce qu'on appelle en économie les effets externes (ou externalités).
Vous avez écrit "un paysan enraciné est moins facilement remplaçable qu'un citadin connecté à internet." Toute l'histoire des enclosures montre que cela est faux, d'une part. D'autre part, cette histoire montre que le déracinement de la paysannerie (qui, devenant métayère, donc mobile, perd sa nature de paysannerie définie en référence et en attachement à ses différents pays) non seulement ne crée aucune condition objective corrélable à une baisse de puissance d'un empire, ou à son effacement, ou à un syndrome d'étiolement qui préluderait à sa fin mais, dans le cas particulier de ce que l'on a appelé "mouvement des enclosures", soit une évolution lente mais constante et soutenue consacrant la dépossession et la dispersion de la paysannerie, sa fin pure et simple, cette évolution signalerait au contraire la mise en place de conditions favorables à un immense essor de puissance industrielle et technique ; car ce qui permit le décollage économique de l'Angleterre, c'est bien la filature mécanique de la laine de mouton, les élevages intensifs d'ovins justifiant les enclosures (clôtures des pacages en français), celle-là ne pouvant se sustenter sans celles-ci, et non "les nouvelles techniques agricoles qui permettent d'augmenter les rendements"; par la suite l'éviction foncière de la paysannerie qui avait permis indirectement le décollage industriel du pays en dégageant des espaces pour l'élevage industriel d'ovins et des bras pour les filatures mécaniques, permit le décollage militaire, les fils des paysans sans terre s'engageant dans les campagnes militaires de la future colonisation.

Le filage et le tissage de la laine produisirent l'essor industriel comme plus tard l'industrie du coton soutint l'expansion coloniale. Pendant ce temps, comme vous le soulignez, la France demeurée paysanne stagnait.

Shakespeare : le mouvement des enclosures et le bouleversement du monde rural, les premiers exodes ruraux, lui sont antérieurs. La très grande hétérogénéité de la langue de ses pièces l'atteste en partie. Certains historiens font remonter le départ du mouvement des enclosures à l'époque de la Guerre de Cent ans.

J'ai dans un premier temps évoqué la figure de Shakespeare pour signifier qu'un essor de la langue, de la culture et de la littérature en particulier (mais John Donne aurait pu illustrer ce fait aussi bien que Shakespeare), donc de la civilisation, n'est aucunement gêné par "le déracinement de la paysannerie", voire, semble-t-il, bien au contraire.

Comme vous ne l'ignorez pas, le mouvement des enclosure servit "d'étude de cas" à Marx dans l'élaboration de son Capital. Vos interventions dans ce fil me font songer que, pour son grand malheur, la droite traditionnaliste française (la terre, elle, ne ment pas, etc.), en 2013, n'a pas encore lu cet économiste, jugé par Alain Minc comme "le plus grand du XIXe siècle". Pourtant, il en serait temps, cette lecture lui épargnerait, sinon des égarements, bien des impasses de la pensée, d'où elle ne saurait s'extraire par de grandes analogies historiques qui, pour mobiliser les "classiques", n'ont sont pas moins parfaitement fantaisistes.

Le Grand remplacement ressortit à des décisions, des choix politiques et mord à un existant, prend ce qu'il trouve sur le terrain de l'existant, et s'impose avec violence, sans truchement séculaire ni médiatisé tel celui de la "dépossession de la paysannerie" qui prit trois à quatre siècles pour se parfaire en Angleterre et aboutir à un monde nouveau. Le GR est artificiel, il est conçu pour aider au remaniement d'un continent, lui-même, ce remaniement politique, pensé pour tel (la fin des nations européennes est programmée); il est un argument d'ingénierie sociale, politique et civilisationnelle, rien de particulier qui serait extérieur à lui (et à sa source décisionnelle) ne le fait advenir. Son artificialité est sa source; il fut conçu avant que d'être observable. Nous n'en sommes point les concepteurs ni les théoriciens, ceux-ci siègent en notre amont. Nous n'en sommes que les critiques déjà tardifs.

[message modifié; pataquès du premier paragraphe corrigé; dernier paragraphe prolongé]
» les véritables savants historiens, ce que je ne suis pas (si Henri Bès vous dit qu'il n'est pas historien, alors vous pensez moi !) vous exposeront, de milles façons démontrables, que l'histoire des hommes n'est point aussi sotte et bornée que les hommes qui la subissent ou les amateurs qui se mettent en devoir de l'interpréter

Ça, Francis, cela reste à voir... D'aucuns vous représenteront qu'elle est encore beaucoup plus sotte et bornée en fait, l'histoire, et que l'imagination créatrice des homme fait montre de remarquables excès d'inventivité et de sophistication pour tenter d'interpréter un cogneur attardé.
Si le réel est bête et l'esprit trop intelligent pour se figurer une telle absence de pronfondeur, l'incompréhension est sauve.
Citation
Sébastien Brémond
En naviguant sur internet, je suis tombé sur cette citation de Jacques Vergès [...]

J'ai usé pour mon blog, cher Monsieur Brémond, de cette citation qu'avec bonheur vous aviez dénichée.
Si j'en ai cité la source, je n'ai pas voulu rappeler votre intervention sur ce forum sans votre agrément. Mais c'est bien sûr réparable.
Citation
Francis Marche
Le Grand remplacement ressortit à des décisions, des choix politiques et mord à un existant, prend ce qu'il trouve sur le terrain de l'existant, et s'impose avec violence, sans truchement séculaire ni médiatisé tel celui de la "dépossession de la paysannerie" qui prit trois à quatre siècles pour se parfaire en Angleterre et aboutir à un monde nouveau. Le GR est artificiel, il est conçu pour aider au remaniement d'un continent, lui-même, ce remaniement politique, pensé pour tel (la fin des nations européennes est programmée); il est un argument d'ingénierie sociale, politique et civilisationnelle, rien de particulier qui serait extérieur à lui (et à sa source décisionnelle) ne le fait advenir. Son artificialité est sa source; il fut conçu avant que d'être observable. Nous n'en sommes point les concepteurs ni les théoriciens, ceux-ci siègent en notre amont. Nous n'en sommes que les critiques déjà tardifs.

Dans un précédent message, où je signalais à votre interlocuteur des exemples de remplacements de peuples ou de groupes (le plus vaste, en 1945, fut le déplacement de la Pologne vers l'ouest et l'abolition de la Prusse), je me faisais la même réflexion que vous : ces phénomènes sont d'ordre politique, répondent à une volonté consciente et cohérente, et ne semblent pas s'inscrire dans la longue durée des évolutions sociales "naturelles". J'ignore si l'histoire se répète ou non : la question manque un peu d'intérêt, comme le slogan augustéen du paysan enraciné. Ce que je sais, c'est qu'un auteur audacieux, un jour, scandalisa les communistes en recréant la catégorie du "despotisme oriental", dans laquelle il rangea les rois assyriens, les Achéménides, les Ottomans ... et Staline. Il avait tenté de rendre compte d'une certaine ressemblance des pratiques à travers le temps, non d'une répétition.
N'en faites rien, M. Miné, c'est très bien ainsi. A présent que Francis Marche évoque une sorte de complot ("il fut conçu avant que d'être observable") pour imposer aux peuples européens leur remplacement par d'autres, ma présence n'est plus requise pour un certain temps. Je crois à une évolution étalée sur plusieurs siècles, je ne crois pas à un complot humain à propos du GR. "Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre", comme disait un historien célèbre.
« "Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre", comme disait un historien célèbre. »

Dans je ne sais plus lequel de ses nombreux ouvrages Paul Veyne écrit exactement le contraire : l'Empire romain n'est pas mort tout seul, on l'a tué, y affirme-t-il en substance.
Restez avec nous, Monsieur Brémond. Ces débats sont parfois vifs, les désaccords manifestes, mais les contradictions mêmes qui s'y expriment sont enrichissantes. Et personne, je crois, ne peut s'enorgueillir de détenir le fin mot de l'histoire.
Citation
Marcel Meyer
« "Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre", comme disait un historien célèbre. »

Dans je ne sais plus lequel de ses nombreux ouvrages Paul Veyne écrit exactement le contraire : l'Empire romain n'est pas mort tout seul, on l'a tué, y affirme-t-il en substance.

Dans son Empire gréco-romain, à la fin du chapitre 12 consacré à la prise de Rome par Alaric, Paul Veyne signale que la chute de l'Empire d'Occident eut lieu par accident, et que de ce faux grand événement il n'y a aucune grande leçon à tirer. Du reste, il ne s'agit pas de la mort d'une civilisation, mais d'un coup porté à un état, qui prit fin en 476. La mort des civilisations est une belle formule du beau poème en prose de Valéry ("Nous autres ...") mais quand on y regarde de plus près, on peut se demander ce que cela veut dire !
Citation
Marcel Meyer
« "Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre", comme disait un historien célèbre. »

Dans je ne sais plus lequel de ses nombreux ouvrages Paul Veyne écrit exactement le contraire : l'Empire romain n'est pas mort tout seul, on l'a tué, y affirme-t-il en substance.

Il y a aussi Piganiol qui écrit, dans L'Empire chrétien (1947), que la civilisation romaine n'est pas "morte de sa belle mort mais qu'elle a été assassinée".
Citation
Sébastien Brémond
N'en faites rien, M. Miné, c'est très bien ainsi. A présent que Francis Marche évoque une sorte de complot ("il fut conçu avant que d'être observable") pour imposer aux peuples européens leur remplacement par d'autres, ma présence n'est plus requise pour un certain temps. Je crois à une évolution étalée sur plusieurs siècles, je ne crois pas à un complot humain à propos du GR. "Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre", comme disait un historien célèbre.

Et que pensez-vous de ceci :

"
Par l'immigration, le capital désagrège et mutile ainsi les champs de perception qui pourraient permettre la remise en cause de la trame du pouvoir de son pouvoir. Le but du regroupement familial intervenu en même temps que la législation de l'avortement et la généralisation de la contraception a donc été clairement, de procéder à une tans-formation monumentale du territoire démographique de l'espace de la sur-vie capitaliste. En faisant venir massivement dans les banlieues européennes, des hommes et des femmes issus d'un monde où la conscience immuable et soumise est la règle d'un espace-temps statique sans culture critique et sans passé de vérité subversive, on s'est très clairement essayé à briser la conscience de classe de la vielle ancestralité ouvrière des dynamiques européennes du révolutionnable in-cessant.

Ce n'est toutefois pas l'immigration extra-européenne qui détruit à la racine la culture subversive des luttes de classe européennes ; c'est, à coup sûr, la dictature démocratique du marché de l'insignifiant et du substituable qui produisant l'arrivée massive de population foncièrement éloignées des racines subversives de la culture européenne des luttes de classe, ne peut parachever qu'en éliminant la culture de lutte subversive elle-même. La grande idée de la tyrannie du spectaculaire démocratique est celle d'un après évacuant tout notre héritage insurgé de l'avant et où le goût indomptable du vieux regard mutin de la récalcitrante agitation prolétaire d'Europe disparaîtrait ultimement des territoires de l'accumulation capitaliste.

Aujourd'hui, les faunes urbaines de l'économie souterraine qui brûlent rituellement des voitures ne sont pas des enfants d'ouvriers en révolte qui se battent par haine de la marchandise, mais des paumés incultes adorateurs du fric, de ses modes insanes et de toutes ses grossières insipidités. Bien loin d'êtres des persécutés en rupture, ce sont les enfants chéris du système de la discrimination positive de l'anti-subvertif, les talismans médiatiques de l'ordre capitaliste à révérer, bref ce que Marx désignait sous le terme de lumpenprolétariat : cette « masse strictement différenciée du prolétariat industriel recrutée dans les bas fonds, voleurs et criminels de toutes sortes, vivant en marge de la société, des gens sans travail défini, sans foi ni loi » et qui sont bien sûr toujours les meilleurs alliés de l'État lorsqu'il s'agit de livrer combat à la véritable désobéissance prolétarienne.

De la sorte, si souvent l'immigré italien ou espagnol des années trente du siècle précédent, parlait bien d'une autre dimension historique et avait capacité à entrevoir la possibilité d'une révolution sociale qui éliminerait le totalitarisme de l'argent, l'immigré extra-européen des temps présents ne peut savoir qu'il est possible d'entrevoir un monde débarrassé de l'économie politique des mensonges du pouvoir... Il peut éventuellement travailler clandestinement en espérant sa régularisation. Il peut aussi peut-être trafiquer dans quelque quartier reculé ou bien besogner honnêtement comme obéissant ouvrier du bâtiment en espérant que sa fille soit demain une cadre reconnue grâce à la charte de la diversité. Il peut même envisager quelquefois de faire grève pour améliorer sa survie salariale. Mais, en premier lieu, il provient d'un continent historique où l'on n'a jamais pu combattre d'aliénation que sous des formes aliénées. C'est la raison pour laquelle il est historiquement certain que le prolétaire d'Outre-Europe se trouve très majoritairement en incapacité de percevoir ce que peut effectivement signifier l'expérience sociale de la radicalité de combat qui fit la spécificité factieuse des barricades anti-démocratiques de juin 1848... Et c'est bien pour cela d'ailleurs que les ordonnateurs des entreprises du CAC 40 qui dénigrent le vieux prolo archaïque sont en revanche adeptes forcenés et fanatiques de ce grand brassage imposé qui a pour premier objet d'évacuer la vieille contestation ouvrière propre à la mémoire insurrectionnelle de la souche communiste de la conscience européenne.
"

(Francis Cousin, in « L'Être contre l'avoir »)


[citation corrigée]
Lisez bien le texte et vous verrez qu'il n'y a aucun complot dans cette histoire.

"On s'est très clairement essayé à briser la conscience de classe...", "c'est, à coup sûr, la dictature démocratique du marché de l'insignifiant et du substituable...", "les ordonnateurs des entreprises du CAC 40...".

Ce sont des processus sans sujet, des mécanismes qui fonctionnent sans maître, ce que Günther Anders appelait l'Etat technico-totalitaire, autrement dit la réduction du monde à l'état de machine. Je vous conseille la lecture de son livre Nous, fils d'Eichmann, en particulier le chapitre intitulé Le rêve des machines. C'est une bonne introduction à sa pensée.

S'il y a bien une certitude à avoir, c'est le fait que ceux qui nous dirigent ne contrôlent rien, ils ne sont que des appendices de la machine. Ils sont tous issus des mêmes moules, usent du même vocabulaire préformaté et sont aisément remplaçables. Qu'est-ce qui différencie Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso, Catherine Ashton, Martin Schulz, Michel Barnier, Viviane Reding, etc. ? A part le sexe, je ne vois pas trop.

L'histoire aussi bégaie, elle recycle, elle réemploie (comme on parle d'une pierre de réemploi, s'agissant d'une pierre déjà taillée utilisée pour une nouvelle construction). C'est le grand remaniement. Inutile d'y voir des forces obscures à l'oeuvre.
Curieusement, la venue du millénaire a coïncidé avec l'avènement de la noosphère "à contenu". C'était donc il y a quinze ans à peine que s'imposa l'idée, chez les concepteurs, de faire un "web marchand". Jusque alors, jusqu'à ce revirement de l'an 2000 qui vit s'effondrer les "valeurs purement technologiques", lesquelles n'avaient été jusqu'à cette date que des valeurs dites "pick and shovel" (le pic et la pelle, soit l'image de la Ruée vers l'or du milieu du XIXe siècle) gagner de l'argent par Internet n'avait été possible que par le commerce des pics et des pelles, soit les machines et les tuyaux de l'internet, les routeurs, les fibres, la quincaillerie et les outils de réseaux, cependant que Amazon.com n'était encore à peine plus qu'une utopie, et faisait perdre des sommes folles à son fondateur Jeff Bezoff qui n'en perdait pas pour autant sa bonne humeur.

En l'an deux mille se posa une question fondamentale, inédite : l'homme venait de perfectionner une invention technologique, la noosphère, sans équivalent dans l'histoire par son ampleur et ses potentialités, et ces inventeurs venaient de faire cela sans connaître ni mesurer encore utilité ou la valeur d'usage de leur invention! L'internet, le World Wide Web pouvaient servir, en théorie, à tout, et ne servaient à rien ou à pas grand chose (à se passer des messages, à faire un peu d'échange de fichiers peer-to-peer, et à draguer en ligne des inconnu(e)s sur un autre continent que le sien). Hormis cela, rien de financièrement juteux.

On vit alors les concepteurs, les développeurs, les hommes de médias (Warner Bros rencontrant AOL, ce qui marqua un jalon, symbolisa un tournant historique), s'interroger en privé sur la question du contenu par lequel remplir cette merveilleuse coque vide qui venait d'être créée. A la différence de toutes les créations technologiques du passé, destinées à répondre à un besoin nettement défini, la noosphère avait été créée parce que l'idée en était séduisante (et utile aux chercheurs du domaine), nullement pour répondre à un impératif industriel et marchand qui eût forcé la porte de l'histoire et dicté aux créateurs les paramètres de leur créature.

Pour la première fois dans l'histoire, l'outil avait précédé son objet ; le contenant s'était formé sans être préalablement assujetti à la finalité d'un contenu; ce dernier devait se couler en lui, répondre à son besoin, à sa forme, à ses possibilités.

La passage du millénaire porte le signe de cette inversion séquentielle entre l'outil et sa finalité.

Il faut se représenter que la création de l'Union européenne contemporaine à ce moment de l'histoire (moment dans lequel le lancement de l'euro en 2001 marque un jalon décisif) s'opéra suivant une structure paradigmatique du même ordre que celle de la noosphère -- celui de l'incarnation d'une volonté politique pure : cette création était possible et souhaitable (souhaitable aussi parce que possible car entre le possible et le souhaitable, en matière de politique européenne, la frontière est floue), donc elle fût.

Restait ensuite à lui trouver un contenu neuf, un contenu d'avenir qui la justifierait à postériori et lui donnerait la chair nouvelle qui manquait à cette peau neuve.

Dans le cas de la noosphère, ce sont les people (comme on les appelle en France) qui consentirent les premiers à faire utiliser leurs paillettes et leurs sourires retouchés pour contenu permanent, contenu par défaut de la chose créée sans but ou presque : tous les grands portails du net présentent ainsi encore l'infotainment, la vie des stars, comme marronier fixe, ouvrant depuis une dizaine d'années sur des pages de commerce en ligne. Les pages people d'abord, puis le commerce en ligne sont ainsi venus alimenter en contenu le contenant des créateurs, des concepteurs de la noosphère, la justifiant après coup, la pérennisant dans une économie nouvelle (la netéconomie).

Il y eut donc complot, élaboration stratégique privée d'un phénomène public. Il y eut, par exemple, complot entre Warner Bros et AOL; entre Microsoft et Akamai, etc..., entre les fabricants et marchands de pioches et de pelles de l'Internet d'une part, et d'autre part les marchands de soupe, de sexe en ligne, et les vendeurs de jouets en peluche à l'encan (eBay).

Comment, dans ce contexte historique et dans ce paradigme ne pas considérer que les concepteurs de l'Union européenne, cercle plus restreint et plus fermé que celui des concepteurs de la noosphère, n'aient point eux aussi, à leur manière, comploté dans le privé (celui de leurs clubs et cercles où se concoctent l'avenir de la chose publique) de fournir un contenu à leur contenant, quand il manquait précisément à ce dernier tout neuf, l'Union européenne, un contenu charnel et "porteur d'avenir" ?

C'est ainsi, structurellement et paradigmatiquement, et non anecdoniquement, qu'il fut conçu de fournir à l'UE des people, qui, ceux-là, ne sont que rarement vêtus de paillettes, dans l'espoir de fixer, de pérenniser et d'incarner le disposif nouvellement créé, puis, si Allah le veut, que ceux-ci soient les fourriers d'une économie nouvelle. Le Grand remplacement doit se couler dans l'UE en apport neuf à un contenant né d'une volonté politique fantasmatique et fantasmée, celle d'ingénieurs technocrates, comme la noosphère devait être nourrie de contenu après avoir été création mise au point par des ingénieurs électroniciens et informaticiens.

Il n'y a pas de différence structurelle, dans cette recherche d'un contenu médiateur d'un avenir stable et prospère, entre les entrevues des responsables de Warner Bros et Aol il y a une quinzaine d'années et les visites que font aujourd'hui au Qatar des responsables de l'UE en quête d'alliances stratégiques.

Voilà ma théorie du complot, dans laquelle s'insère et s'éclaire le schème du Grand remplacement expliqué aux naïfs : le GR vient nourrir un existant institutionnel (il le mord et il le nourrit) qui, à son contact, découvre sa vocation historique de contenant (de continent) d'accueil.

Monde analogique et monde numérique sont décidément parallèles : le schème de l'un éclaire celui de l'autre; tous deux ressortissent à un même paradigme d'inversion de séquence entre l'outil et sa finalité; et l'on devrait considérer cette inversion comme attendue et normale: le technicien, le technocrate ont désormais acquis un temps d'avance sur le marchand et le politique (ce dernier passif et interchangeable comme l'écrit Stephane Brémond) qui ne font que s'engouffrer dans les corridors de l'histoire que leur ouvrent les premiers.

Il reste cependant remarquable que notre place dans le numérique (celle de la dite réacosphère ou des sites de réinformation ou du présent forum) connaîtra un devenir semblable de précession de l'action dans le réel; notre combat, pris dans le même paradigme que son objet (le GR) et notre adversaire (les profiteurs et promoteurs du GR), devrait ainsi passer par une séquence inversée comparable à celles que nous combattons.

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Dans ces années-là, nous avons vu intervenir dans l'enseignement une nouvelle espèce de théoriciens pédagogues, dont le discours consistait en l'éloge du média au détriment de son contenu, qui ne faisait plus l'objet de la moindre référence, ou était même dévalorisé (on se mit à considérer comme allant de soi qu'il fallait travailler en interdisciplinarité, autrement dit sans référence aucune au moindre contenu). C'était l'analyse savante de la boîte aux lettres vide.

Complot ne s'applique pas, ou seulement par métaphore, à ce qui, en politique, s'appelle volonté, plan, décision. Ce que vous nommez ingéniérie sociale, politique et civilisationnelle, se vérifie dans tous les actes politiques et juridiques des gouvernements européens, et n'a aucun rapport avec une conjuration masquée. Le XX°s a été justement le siècle où le volontarisme en tous domaines a régné dans les grands empires et en d'autres nations : François Furet, dans Le passé d'une illusion, en fait une belle analyse, sans parler des ouvrages récents de Michéa.
Bien entendu, complot dans mon billet précédent le vôtre, cher Henri Bès, fait ironiquement réponse à l'accusation de "théoricien du complot" émise supra à mon encontre.

Si le XIXe siècle peut être considéré comme une "histoire sans sujet" selon la vision académique qu'en développe M. Brémond, le XXe, plus précisément le deuxième XXe, qui fait suite à la Seconde Guerre mondiale, ne le peut. Au passage du millénaire et à l'avènement de la noosphère une dissociation s'opère: la branche "sans sujet", se limite désormais à la technologie qui crée seule des contenants immenses et neufs, et c'est, dans le réel (l'analogique) la technocratie qui a créé un "continent" en Europe; ensuite les hommes décideurs se consultent : marchands cupides et politiciens fallots, "formatés" et corrompus, s'entendent sur un contenu pour le continent technologique de la noosphère et le continent de "la vie réelle". Les deux processus sont analogues et se font miroir : la création d'un squelette, d'une charpente technique nue s'opère sans consultation effective des intéressés (les peuples); lui fait suite une concertation effective des décideurs qui s'entre-consultent en tenant les peuples à l'écart des décisions dont ils font l'objet et fournissent la matière.
Sauf que les décideurs n'ont même pas besoin de se consulter car ils disposent d'un seul cerveau, d'une seule vision monochromique du monde, comme le montre à l'envi C. Lasch.
Il n'y a ni complot, ni consultation sur le projet : celui-ci, dans leur esprit, "va de soi". D'où la non discussion de fond entre eux ni avec les peuples. C'est le règne de l'évidence : aucun autre monde n'est possible, selon leur viatique.
Des choix s'opèrent : le Qatar et les valises de billets qu'on y va chercher, l'islam politique et son influence, l'emprisonnement d'Esteban Morillo coupable d'un geste de légitime défense effectué spontanément et à mains nues, rien ne va de soi. Le caprice idéologique qui a fait dire à Martine Aubry, comme une Marie-Antoinette moderne, que l'on s'ennuie en France avec les Français et que pour tuer l'ennui il faut promouvoir une présence étrangère, ne va pas de soi non plus.

Le caprice politique a toute latitude de s'appliquer au contenu dès lors que l'effort de création du cadre contenant est entièrement confié à la technique et à ses contraintes, à son tunnel sans sujet.

La prise en charge de l'infrastructure du pouvoir (l'aménagement institutionnel, l'aménagement du territoire, etc.) par la technique libère le caprice, l'imagination, le sadisme politique, l'esprit Louis XV chez les gouvernants; leurs spéculations politiques en deviennent débridées et l'on se convoque pour projeter la France de 2025 en séminaire, l'on se provoque à inventer l'avenir du monde en un week-end entre copains. N'est-ce pas grisant, cette liberté d'inventer n'importe quoi pour le plaisir !

Le Grand remplacement est un caprice politiquement motivé (le double bind, la double punition que mérite le peuple historique ayant boudé le train de l'histoire au XXe siècle en est un, d'importance majeure, dans l'esprit des hommes et des femmes anciens gauchistes qui exercent à présent le pouvoir; envoyer Dupont Lajoie au bagne intérieur où ses garde-chiourmes musulmans -- ceux qui gardent les entrées d'immeubles -- se chargeront de son châtiment et de sa rédemption par le vivre-ensemble obligatoire, quelle revanche prise sur un peuple honni, coupable de s'être montré en dessous de l'attente et de l'espérance que l'on avait investies en lui ! enfin tout ça n'est-il pas fun en diable !).

Les couloirs des parlements, de Paris, de Strasbourg, le Club Le Siècle, etc, sont des instances de concertation et d'élaboration du caprice politique et des promesses nouvelles de pouvoir et d'enrichissement perpétuels dont il est porteur.

L'ouverture des frontières et l'incitation à l'installation de peuples qui n'aspirent qu'à devenir un jour majoritaires et à faire la loi sur la terre qui les accueille, selon vous, cela va de soi M. Anton ?

J'ai mentionné l'académisme de M. Brémond, qui se défend derrière Günther Anders, mais vous-même Loïk Anton semblez décidé à vous en tenir à la même méthode, en jetant le nom de C. Lasch en invitant votre interlocuteur à vous en tenir là. L'idée sous-jacente à cette démarche ou méthode académique qui veut que ce que nous vivons et observons n'appelle aucune analyse nouvelle parce qu'il suffit d'ouvrir un livre de Anders ou de Lasch pour tout en savoir me rebute. L'histoire fonce et ses processus s'affinent et se différencient sous nos yeux et telle analyse qui a pu avoir été juste et suffisante il y a quinze ans est presque sans objet aujourd'hui, non seulement parce que l'histoire avance à toute allure mais aussi parce que ce qu'elle nous dévoile de sens au jour le jour éclaire les événements anciens et rend caducs ou très insuffisants les analyses et les verdicts définitifs des maîtres que vous citez. L'académisme est une forme perverse de paresse intellectuelle, d'endormissement, et finalement d'hébétude complice.
L'exécutif de l'Union est choisi par deux instances élues au suffrage universel, l'une directement au niveau national puisqu'elle est composée de politiques des Etats membres, l'autre lors des élections européennes : les dirigeants de l'UE sont la voix du peuple, c'est du moins la seule façon qu'il a, en l’occurrence, de se manifester.
Si cela ne vous plaît pas, comme dirait l'autre, changez de peuple.
Ceci permet de poser à nouveau la question de savoir si les représentants sont représentatifs de leurs électeurs. Il m'a toujours semblé qu'en élisant quelqu'un, ou du moins en votant pour lui, j'exprimais moins mes choix politiques, que je ne me déchargeais sur lui de la responsabilité et de la fatigue d'en faire (ce que Renaud Camus, dans un tome de son journal, celui du Brésil je crois, appelle en substance l'intendance d'exister). Cela opère en raison inverse de la distance : je sais mieux pourquoi je vote pour ce candidat aux municipales, que pour celui-ci qui siègera au Parlement européen. Mais c'est une très vieille question.
Citation
Alain Eytan
les dirigeants de l'UE sont la voix du peuple

Elle est bien bonne celle-là. Pourquoi certains parlent-ils à propos des institutions européennes de post-démocratie ? Si ce n'est parce que le déficit démocratique y est flagrant. La Commission n'est pas plus la voix du peuple que le Politburo ne l'était du temps de l'URSS. Idem pour le Parlement européen qui ressemble plus au Soviet suprême qu'à un véritable parlement. Il n'a pas l'initiative des lois. La Commission détient pratiquement seule le monopole de l'initiative des lois. Elle négocie et établit ses directives à huis clos, sans que les députés en aient connaissance. Quelques lobbyistes très actifs ont plus d'influence dans la rédaction d'une directive que tous les députés réunis.

Il n'a pas le droit de voter le budget sans l'accord du Conseil européen. La règle classique de la séparation des pouvoirs n'est pas observée. Or il n'y a pas de démocratie sans séparation des pouvoirs. En outre, plus un pouvoir est séparé des électeurs (éloignement géographique, nomination des représentants et non élection, pas de mandat impératif), plus il tend au despotisme.

Lisez Le Doux monstre de Bruxelles de Hans Magnus Enzensberger et vous saurez à quoi vous en tenir sur la bureaucratie bruxelloise.
Il n'en reste pas moins que les institutions et le personnel politique, que ce soit à l'échelle européenne, nationale, régionale ou municipale, pourraient être balayées en un tournemain si la majorité des électeurs le souhaitaient fermement. On sent certes que quelque chose se passe actuellement mais cela relève, pour le moment en tout cas, davantage de la désaffection que du refus.
On sent certes que quelque chose se passe actuellement mais cela relève, pour le moment en tout cas, davantage de la désaffection que du refus.

Il est à craindre que ce que vous dites soit tout à fait vrai. Les gens se croient plus forts, libres et indépendants en ignorant superbement les dynasties politiques qui se succèdent au pouvoir depuis des décennies. Ce qui les prive, en vérité, de la possibilité de choisir d'autres hommes, ceux qui proposent des voies diamétralement opposées à celles qui nous envoient toujours plus violemment dans le mur. Hier, après les propos de Valls sur le regroupement familial, l'un de ces hommes aurait dit, comme le pensent des millions de Français: Mais évidemment qu'il faut revenir sur ce dispositif catastrophique, le ministre de l'Intérieur à cent fois raisons! Au lieu de cela, on a eu droit aux consternations pavloviennes et surjouées de rigueur.
Le mandat impératif est nul.

C'est ce que dit notre Constitution.

Les électeurs désignent, par exemple, des parlementaires. Ceux-ci deviennent dès lors nos représentants, et ils ne sont pas tenus par un mandat (cela permet notamment d'éviter l'application de la fameuse théorie des mandats contradictoires).

On peut ne pas être pour la démocratie représentative, mais il faut alors dire par quoi on veut la remplacer.
Je pensais à la critique de la démocratie représentative par Rousseau. "A l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre ; il n'est plus." (Contrat social, livre III, chapitre 15)

Il ne peut y avoir de démocratie qu'à l'échelle locale, comme c'était le cas à Athènes dans l'Antiquité. Alors les élus du peuple le représentaient réellement. Ils étaient élus pour une courte période et ne pouvaient cumuler plusieurs mandats. Le pouvoir n'était pas éloigné de la source de la souveraineté (le peuple), élus et citoyens se côtoyaient sur l'agora. Les affaires de la cité étaient le souci de tous. Nul n'aurait manqué à son devoir de citoyen, sous peine d'être mis à l'écart de la communauté.

Rien à voir avec la démocratie moderne, qui n'a de démocratie que le nom. Le peuple se croit libre mais il ne l'est que le jour des élections. Le reste du temps, il n'a pas voix au chapitre. Ses représentants sont libres de voter les lois qu'ils veulent, sans avoir de comptes à lui rendre. Le vote de la loi Taubira en est le parfait exemple. La majorité de la population était hostile à cette loi mais les représentants du peuple n'en ont pas tenu compte. Le peuple est sous la tutelle d'une petite minorité qui mène sa barque comme elle l'entend.

La démocratie moderne est plus une religion qu'un régime politique. Si on n'est pas de cette religion-là, on est aussitôt mis au ban de la société. Mieux vaut ne pas faire état de ses doutes publiquement. L'inquisition veille.
J'étais contre le Mariage pour tous, mais je crois mon opinion minoritaire.
» La Commission n'est pas plus la voix du peuple que le Politburo ne l'était du temps de l'URSS. Idem pour le Parlement européen qui ressemble plus au Soviet suprême qu'à un véritable parlement. Il n'a pas l'initiative des lois. La Commission détient pratiquement seule le monopole de l'initiative des lois. Elle négocie et établit ses directives à huis clos, sans que les députés en aient connaissance. Quelques lobbyistes très actifs ont plus d'influence dans la rédaction d'une directive que tous les députés réunis.
Il n'a pas le droit de voter le budget sans l'accord du Conseil européen



Voici un aperçu clair de la façon dont sont proposées et votées les lois au sein de l'UE.

« La grande majorité des lois européennes sont prises selon la procédure législative ordinaire (art. 294 TFUE) qui confère le même poids au Parlement européen et au Conseil. Avant le traité de Lisbonne, on parlait de procédure de co-décision.

La procédure législative ordinaire prévoit que :

– la Commission a le monopole de l’initiative. Elle seule peut présenter des propositions d’actes ;

– le Conseil vote les projets de textes à la majorité qualifiée. Dans une Union à 27 États membres, l’unanimité devient en effet plus difficile à atteindre et les risques de blocage sont plus importants. Aussi, dans un objectif d’amélioration du processus de prise de décision dans l’UE, le traité de Lisbonne a étendu le vote à la majorité qualifiée à un grand nombre de domaines politiques ;

– le Parlement participe à la procédure législative en tant que co-législateur.

Cette procédure s’applique désormais à presque toutes les politiques européennes communautaires (à l’exception de certaines mesures de la PAC et de la politique commerciale).

Les domaines échappant à la procédure législative ordinaire sont régis par des procédures législatives spéciales.

Dans certains cas, le Conseil légifère seul. Le rôle du Parlement est alors limité :

– à la consultation : il donne un avis non contraignant (par exemple, en matière fiscale) ;

– ou à l’approbation : il approuve ou désapprouve le texte qui lui est soumis sans pouvoir le modifier par des amendements (par exemple, pour la conclusion d’accords internationaux).

À l’inverse, le Parlement légifère seul (après avis ou approbation de la Commission et approbation du Conseil) dans plusieurs domaines liés au statut des députés européens ou du médiateur européen. »


C'est donc la Commission (dont les membres sont proposés par les Etats membres et la nomination comme commissaires ratifiée par le Conseil et le Parlement) qui propose les textes de lois, et le Conseil et le Parlement qui les votent ; même dans ces cas d’exception où le Conseil légifère seul, il convient tout de même de ne pas perdre de vue que ce Conseil n'est pas une officine de technocrates conjurés autoproclamés et autocrates voués corps et âme à la perte des nations et à la réalisation de l'idéal uniciste européen : qu'est-ce que le Conseil ?
« Le Conseil ou Conseil des ministres, ou – depuis le traité de Maastricht – Conseil de l’Union européenne, partage le pouvoir législatif et budgétaire avec le Parlement européen et conclut les accords internationaux au nom de l’UE.
Il réunit les représentants de niveau ministériel de chaque État membre, qui siègent en 10 formations compétentes par domaine d’activité (Agriculture et pêche, Affaires économiques et financières, Justice et affaires intérieures…). »

Ce sont donc des ministres des Etats membres qui composent ce terrible Conseil, lesquels se sont emparés du pouvoir dans leurs pays respectifs et l'ont confisqué une fois pour toutes. Le Politburo et le totalitarisme stalinien n'ont qu'à bien se tenir.


(J’ai oublié de préciser que les citations sont extraites du site Vie-publique.)
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