France Culture, station islamiste, fête ses 50 ans

La chronique de Mme Delphine Veaudor (un nom pareil, ce n’est pas possible, ils le font exprès !) ce vendredi midi sur France Culture, à la Grande Table de Caroline Broué, portait sur la prestation télévisée de M. Reza Aslan, sur Fox News, fin juillet, à l’occasion de la publication de son ouvrage consacré à Jésus de Nazareth, Zealot : The Life and Times of Jesus of Nazareth.

Madame Veaudor a donc expliqué avec force détails :

1. que M. Aslan était pourvu de tous les grades universitaires requis pour traiter d’histoire des religions,

2. qu’il avait une vision de Jésus de Nazareth — en gros : un chef de guerre messianique comme il y en eut beaucoup à son époque — qui, pour n’être certes pas partagée par la communauté scientifique, n’en était pas moins légitime,

3. que la journaliste de Fox News qui interviewait Reza Aslan en juillet avait été parfaitement odieuse parce qu’elle ne cessait de répéter à M. Aslan qu’il était musulman ce qui, nous expliquait madame Veaudor, était totalement hors sujet — l’intéressé ne s'en cachait nullement du reste —, et raciste de surcroît : depuis quand un musulman ne pourrait-il pas écrire sur Jésus, les savants chrétiens écrivent bien sur Mahomet, eux ; qu’au surplus la journaliste de Fox News avait l’air de flairer, sous l’ouvrage de M. Aslan, on ne savait quel complot anti-chrétien,

4. qu’en sa qualité de musulman, Reza Aslan échappait aux a priori des chrétiens, qui, eux, voient la figure de Jésus au travers de leur foi, et que par conséquent son livre était nécessairement un bon livre.

Vifs applaudissements décernés à Mme Veaudor par les auditeurs présents au Palais de Tokyo, où France Culture fêtait ses 50 ans. Hein, qu’est-ce qu’on leur a mis, à ces sales islamophobes.

À quoi on répondra, un peu gêné quand même :

1. que les grades scientifiques de M. Aslan sont douteux, vu qu’il enseigne l’écriture créative à l’université de Californie ! Il n’est absolument pas professeur d’histoire des religions, comme il le prétend dans l’interview ; il n’appartient nullement à un département d’études religieuses en dépit de ce qu’il soutient,

2. qu’il est rigoureusement impossible de discuter de la validité des thèses de M. Aslan parce que l’ouvrage de M. Aslan est écrit à peu près comme un western de Louis Lamour, ce qui empêche par définition toute évaluation selon des critères scientifiques,

3. que les savants chrétiens qui écrivent sur la figure de Mahomet sont obligés de publier sous pseudonyme, de peur d'être assassinés,

4. que l’opposition que fait Mme Veaudor entre les vrais historiens qui n’ont pas d’a priori (par exemple parce qu’ils sont musulmans) et les chrétiens qui, eux, se placent automatiquement sur le terrain de la foi, défie le bon sens, attendu qu’une branche entière du savoir concerne ce qu’on appelle en fac de théologie le Jésus de l’histoire. Mais Mme Veaudor ignore tout des facs de théologie et du Jésus de l’histoire.

5. que le Jésus façon western que nous peint M. Aslan ressemble à s’y méprendre à Mahomet. Qu’en conséquence soupçonner que l’ouvrage de M. Aslan est écrit à des fins de propagande ne peut pas être exclu a priori. — Ceci dit, il a pu être écrit aussi pour des raisons personnelles : l’irano-américain Reza Aslan a apostasié l’islam puis a apostasié le christianisme pour se reconvertir à l’islam, et il est possible qu’il cherche à résoudre ses propres contradictions par une tentative de syncrétisme.

J’ajoute que Reza Aslan n’a rien d’un petit saint. Il appartient au National Iranian American Council, universellement décrit comme un lobby pro-Téhéran. Ses adversaires le décrivent comme un islamiste hypocrite et retors, un peu comme un Tariq Ramadan chez nous. (Je me garderai bien de prendre position là-dessus.)

Bref, il est paru une vie de Jésus écrite par un mythomane (qui hallucine ses grades et sa position académiques), qui a apostasié le christianisme pour se réislamiser (ce qui est, aux yeux d’une journaliste de France Culture, un gage d’objectivité !), et qui est payé par la république islamique d’Iran. Mais l'important n’est pas là. L’important, c’est que la journaliste qui l’interviewait sur Fox News répétait avec une régularité métronomique : mais vous êtes musulman. Et ça, il n’y a pas à tortiller, c’est islamophobe.

Les auditeurs de la station culturelle :
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Sympa est le quatrième mot que l'on entend (après « j'trouve ça vraiment...»)