L'avant-dernier en date des anglicismes journalistiques : l'abus du mot "réfuter". Jadis on réfutait une démonstration. Maintenant on fait mieux : on réfute une accusation (= on la nie), et on réfute un propos (= on le conteste). Je crois qu'il n'y a plus un journal duquel on puisse compter qu'il emploiera le verbe correctement.
Et le dernier : des combats féroces ; des combats féroces ont opposé les rebelles aux forces gouvernementales.
Ils veulent dire : acharnés.
Les anglicismes journalistiques ne sont pas si vieux que ça, me semble-t-il. Le premier d'entre eux me semble avoir été "vétéran" (pour "ancien combattant"), vers 1968. Manifestation de vétérans du Vietnam.
Des hommes de vingt-deux ans qui avaient fait six mois de séjour au Vietnam étaient des vétérans.
Je réfute avoir interrogé sur la Côte d'Azur un vétéran ayant participé à des combats féroces l'année dernière à Damas.
Comment supporter aussi les titres de films étrangers en anglais ? Récemment : "Generation War" : une (excellente) trilogie télévisée allemande dont les protagonistes sont de jeunes Allemands dans la Seconde Guerre mondiale (le titre de la version allemande est en allemand).
Avec ce principe, si "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" sortait en film en Allemagne, il aurait pour titre "With a Budding Grove", et on pourrait voir "The Magic Mountain" (film allemand, d'après Thomas Mann).
Cela dit, celui qui commence à laisser ce genre de choses l'énerver est mal parti, continuera plus mal et finira plus mal encore... Mieux vaut assister à ça avec l'équanimité d'un qui jadis voyait tomber l'Empire romain en composant des acrostiches indifférents ou indolents.
A propos, je viens de découvrir avec excitation que l'adjectif damascène est tout ce qu'il y a de plus usuel quand on écrit sur la Syrie, et je me rends compte qu'il n'a pratiquement qu'une seule rime riche en français : obscène. Quelqu'un pour nous faire rimer quelques vers malins ?