Voici le texte original de cet article, qui a été très légèrement modifié par “Le Monde”, de manière à laisser penser que j’aurais pu “proposer” un article au journal — il a bien sûr été demandé.
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Vous voulez bien me demander les raisons de mon vote en faveur de Mme Marine Le Pen et même de l’appel du parti de l’In-nocence, que je préside, à soutenir cette candidate. Je vous réponds bien volontiers. Mais je dois d’abord préciser que le vote du 22 avril est déjà, pour nous, une sorte de deuxième tour en une élection qui en compterait trois, le premier s’étant clos le 16 mars dernier quand il nous a fallu constater que ma propre candidature à l’élection présidentielle ne pouvait être menée à terme, faute des fameuses cinq cents signatures. Nous devons tirer les conséquences de cet échec qui est d’abord le mien, celui de mes propres capacités politiques, sans doute, mais qui est dû aussi au manque d’ouverture des élus, sévèrement contrôlés par les grands partis, et à mes mauvaises relations de toujours avec les médias, qui ont fait silence ou à peu près sur mon initiative et celle de l’In-nocence. Il s’agit donc pour nous, d’emblée, de désigner pour un report des voix éventuelles, comme pour un second tour, un candidat ou une candidate de substitution, qui ne sera pas notre candidat naturel et, fatalement, ne saurait correspondre point par point à notre propre ligne politique.
Le parti de l’In-nocence, c'est-à-dire de la non-nocence, de l’absence de nuisance, est fondé sur des principes de civisme, de civilité, de civilisation, d’urbanité, de respect de la parole et de non-agression, que ce soit à l’égard des personnes, des biens, de la nature ou du patrimoine. Il est attaché à la culture et à la civilisation françaises, qu’il estime compter parmi les plus précieuses qu’ait élaborées l’humanité dans son long effort pour mettre sur pied un pacte de vie commune ménageant à la fois la liberté, la dignité, l’élévation spirituelle et le bonheur du plus grand nombre. Il observe qu’avec l'immigration de masse et le changement de peuple s’ensuivant, qui s’opère à vue d’œil, la France est confrontée à la secousse la plus profonde, la plus radicale en ses conséquences, qu’elle ait connue depuis quinze ou seize siècles. Il remarque que de cette transformation formidable il n’est pour ainsi dire pas question dans le débat politique, alors que même la crise économique ou la dette sont secondaires par rapport à elle. Christopher Caldwell demande si l’Europe peut être la même avec une autre population : il est évident que la réponse est non. Le parti socialiste publie un livre-programme intitulé Pour changer de civilisation. Nous sommes de ceux qui, au contraire, refusons de changer de civilisation.
Un des désastres de l’histoire française contemporaine c’est qu’au parti et à l’homme qui ont manifesté le plus de clairvoyance face à ce qui survenait — à savoir le changement de peuple —, il était, des décennies durant, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, impossible d’apporter son suffrage. Même quand ils étaient d’accord avec Jean-Marie Le Pen et avec le Front national sur la question capitale de l’immigration, beaucoup de Français, dont je suis, ne pouvaient pas voter pour lui, à cause du “détail” et de quelques autres particularités mal savoureuses. Je considère, c’est un pari, qu’avec Marine Le Pen cette impossibilité funeste est levée. Elle a eu sur l’Occupation, sur le sort des juifs, sur l’horreur des camps de la mort, des mots que je crois parfaitement sincères et qui, en ce qui me concerne, lèvent un interdit. Il ne s’agit en rien d’adhérer au Front national, de se laisser aller à de vieilles tentations qui pour ma part n’ont jamais existé ou de « tomber le masque », comme l’a écrit un de vos chroniqueurs, alors que je ne crois pas être très porté sur les masques et la dissimulation. Il s’agit de faire barrage au changement de peuple, de refuser fermement la poursuite de l’immigration et d’esquisser si possible son renversement, pour ceux des immigrés dont l’attitude impliquerait, pour notre pays, un changement de civilisation.
Nous sommes bien loin d’être d’accord avec tout le programme de Marine Le Pen et, a fortiori, avec celui du Front national. Nous ne partageons pas leurs vues économiques, nous sommes beaucoup plus attachés qu’eux à l’Europe, nous ne venons pas, c'est le moins qu'on puisse dire, du même milieu culturel et idéologique. J'ai demandé à Marine Le Pen, avant de lui apporter mon soutien, son accord sur quatre points pour nous capitaux : fin de l’immigration, droit pour les parents, les professeurs et les élèves volontaires à une éducation “réformée”, lutte contre la “banlocalisation” du territoire, défense de la langue. Elle y a souscrit. Je crois en sa parole et en son honnêteté, je suis sensible à son amour de la patrie, j’admire son courage, son équanimité, son humour maintenus face à la hargne constante des médias. Je ne vois dans son programme rien de contraire à l’honneur ou à la morale. Je pense qu’elle est la mieux à même de sauver ce qui peut l’être encore. Voilà pourquoi je lui apporte mon suffrage et invite à faire de même les quelques personnes qui m’écoutent.