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Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:19   Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
En 1970, Paul Morand s'entretient durant deux heures avec un journaliste de l'ORTF dans sa demeure de Rambouillet :

Première partie.

Quelques extraits :

« Pas mal de demi-mondaines bien entretenues. »
« Oh oui, j'ai fait du ch'val pendant soixante-cinq ans. »
« Pourquoi est-ce que j'vous parlais de Loubet ? »
« Je vivais dans la littérature des autres, et ça me suffisait. Ce vice impuni, la lecture (sourire malin)... »
« Petit Marcel, Gentil Proust. »

Seconde partie.

« Un rez-de-chaussée répété cent-cinquante fois, avec un manque d'imagination total. »
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:28   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Il arrive à Morand (1888-1976) de dire un espèce.
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:38   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Paul Morand s'inquiète du fait que la population de la planète au siècle prochain (c'est-à-dire maintenant !) va atteindre les trois milliards d'individus. Cette inquiétude toute in-nocente mésestimait la capacité de l'espèce à multiplier.
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:39   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Il parle de diminution de la race blanche, de sa disparition.
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:40   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
- Pourquoi la disparition de la race blanche vous afflige-t-elle particulièrement ?
- Parce que c'est ma race.
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:42   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Voilà une question et une réponse que l'on devrait verser au corpus de base de l'In-nocence...
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:42   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Notons que Morand parle de diminution et que le journaliste (déjà !) glisse vers disparition.
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 00:47   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Et dans la Postface de l'entretien : On ne fait pas parler assez les vieux à la télévision.
Merveilleuse, cette interview. Merci !
Utilisateur anonyme
29 mai 2012, 19:51   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
Repris sur fdesouche.
Je suis frappé, cher Jean-Michel Leroy, par le fait que les écrivains ou penseurs les plus hostiles au Grand Remplacement soient aussi en général d'ardents xénophiles ou cosmopolites et finalement moins français (au sens hexagonal voire parfois étriqué du terme) que d'autres. Et quand je dis : hostiles, j'emploie un terme neutre, intellectuel, par décence. C'est : "ravagés par le chagrin" qu'il faudrait dire, comme le fait Renaud Camus dans une belle page du dernier tome paru du Journal.

Récapitulons dans le désordre :

- Paul Morand introduisit le cosmopolitisme dans la littérature française des années 20, avec Cendrars et quelques autres. C'était un grand voyageur. D'après Céline (l'écrivain, pas la camérière du Maître) il fut le premier à faire jazzer la langue française.

- Richard Millet a vécu une grande partie de son adolescence au Liban, au contact direct de l'Islam.

- Cioran était apatride et se considérait comme un métèque.

- Renaud Camus est un ardent xénophile (Angleterre, Portugal, etc), publie un livre avec pour co-auteur Farid Tali, a encore en 1981 dans son Journal d'un Voyage en France une pensée apitoyée pour ces pauvres Nord-Africains qui sillonnent les rues des villes de France comme des âmes en peine, le dimanche (je cite de mémoire).

- Alain Finkielkraut est fils d'immigré, appartient à une minorité "non visible" mais sérieusement opprimée.

Tandis qu'on fera avaler le Grand Remplacement très facilement, que dis-je avec leur plus grand empressement, à des écrivains sans attirance ni liens connus avec les autres peuples, civilisations ou religions, et bien installés dans une "francitude" à toute épreuve.

Quelle conclusion en tirer ? Je ne sais pas. A moins que comme le Maître ici même, hier (dans un autre contexte), on ne doive à nouveau combiner dialectiquement proximité maximale et sévérité maximale...
Utilisateur anonyme
30 mai 2012, 12:47   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
La Grand Remplacement efface l'ailleurs, l'exotisme, le dépaysement, l'autre, le différent. Pas étonnant que des écrivains et penseurs qui trouvent dans ces choses-là une source infinie de richesses soient "hostiles" au Grand Remplacement.
Utilisateur anonyme
30 mai 2012, 12:54   Re : Entretien avec Paul Morand sur l'ORTF
On peut ajouter à la liste Jean Raspail qui, comme il l'explique, s'est beaucoup intéressé aux civilisations (races et cultures) en voie de disparition, de marginalisation, d'extinction, d'une part, et à la France, la francité (un terme inventé par Léopold Sédar Senghor !) d'autre part ─ ou en même temps.

Je pense qu'en vérité, l'un mène à l'autre. On se passionne pour l'étranger et les étrangers car on est solidement ancré (je serais tenté de dire quelque part), mettons dans la culture nationale (par la connaissance des classiques). De plus, l'intérêt plus particulier pour les types d'étrangers, les individus étrangers (qui sont étrangers comme ils pourraient être autre chose, j'entends : qui ne sont pas d'abord étrangers) est un intérêt littéraire, le même qu'on peut ressentir à l'égard de n'importe quel personnage. Et l'intérêt est peut-être d'autant plus grand que le personnage est autre. En cela, l'étranger est très autre. Donc, très intéressant.

Vient certainement un moment où ce rapport se retourne et, ayant vu beaucoup de choses différentes, on considère son pays avec la distance que l'on pouvait mettre entre soi et un pays étranger. On en relativise les mérites, la grandeur. On est plus étranger à son pays, donc plus libre vis-à-vis de lui.

Dans la situation actuelle, je crois que de nombreux penseurs, notre Maître le premier, en viennent à voir la France comme une civilisation (on peut mettre ici différents mots) en voie de disparition, de marginalisation, d'extinction, ce qui implique, politiquement notamment, de se concentrer sur elle (ce que les fâcheux et les imbéciles appellent du nationalisme à quoi ils ajoutent aussitôt la haine de l'Autre ─ ce qui est contradiction manifeste avec l'œuvre des gens dont nous parlons).
Le mépris abyssal et tenace en lequel de Gaulle tenait Morand... Le Général l'a terriblement débarqué, comme homme aux prises (ou en totale déprise, et méprise) avec les événements de son temps (pardon, j'ai copié de Wikipédia) :

« On ne voulait pas de lui à Vichy et on lui a tenu rigueur de son abandon de poste. Il était victime des richesses de sa femme. Pour les récupérer, il s'est fait nommer ministre de Vichy à Bucarest. Puis, quand les troupes russes se sont approchées, il a chargé un train entier de tableaux et d'objets d'art et l'a envoyé en Suisse. Il s'est fait ensuite nommer à Berne, pour s'occuper du déchargement. »
C'est presque du Chateaubriand.
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