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Manosque, la vallée de la Durance, l'autoroute

Envoyé par Henri Rebeyrol 
C'est Richard Millet, si ma mémoire ne me trompe pas, qui, il y a deux ou trois ans, constatait que Manosque, ville où il avait été invité à prononcer une conférence ou à participer à une séance de dédicace, avait perdu son aspect (ou sa nature ou son essence) de gros bourg de Provence ou de Haute Provence pour ressembler, sans l'avoir voulu évidemment ou sans que les Provençaux qui y habitent encore l'aient désiré, à Beni Souef ou à quelque autre bourg populeux d'Algérie et que Giono ne reconnaîtrait pas sa ville natale, si, après avoir ressuscité, il y revenait en 2009 ou en 2010.

Le constat que faisait Millet peut être étendu à toutes les petites villes de la vallée de la Durance entre Sisteron et le Nord-est d'Aix en Provence (Meyrargues par exemple) et élargi à tout l'aspect visuel et physique de cette vallée (et pas seulement au changement de population), naguère (à la fin des années 1960) si belle et presque enchanteresse. Il suffit d'emprunter la route nationale (RN 85) pour s'en convaincre. De part et d'autre de la route, où que le regard porte, ce ne sont que mêmes lotissements, zones commerciales identiques, pareils hangars agricoles ou commerciaux, semblables maisons aveugles ou vides ou fermées aux façades noircies au centre des bourgs, panneaux commerciaux agressifs, affichage sauvage, publicité colorée... Dans la traversée des villes, à La Brillanne ou à Volx et, bien entendu, à Manosque, on voit ce qui heurtait Millet : femmes voilées enceintes ou marchant derrière des poussettes pleines d'enfants, spectacle homologue d'un certain point de vue (celui de l'agression culturelle) au paysage vandalisé des bords de cette route nationale.

Le paradoxe est qu'il suffit d'emprunter l'autoroute pour ne plus voir ça et pour que se déploie devant le voyageur l'admirable paysage de la haute Provence, l'autoroute étant tracée ou bien dans le vaste lit de la Durance, à quelques kilomètres des villes qui ne se voient plus (sauf, de loin Les Mées et la vieille ville de Sisteron), parfois même le long d'un lac (le lac de retenue de Sisteron), ou bien en hauteur sur les plateaux de la rive gauche ou de la rive droite. L'autoroute dérobe au regard les horreurs de la route et dévoile l'essence de la haute Provence que les transformations du paysage urbain et les changements de population n'ont pas encore dégradée ou changée.
Chaque fois que je revois la Durance, le miroitement de ses eaux au filet désormais chroniquement maigre et méandreux dans son lit trop grand, j'éprouve un pincement de coeur pour me souvenir de la manière dont mon grand-père en vantait la beauté, la fougue et la puissance du temps où les barrages et les retenues ne l'avaient pas encore anéantie, il y a près d'un demi-siècle, époque où Apt produisait des berlingots multicolores qui émerveillaient les enfants et où une randonnée à Forcalquier en auto ressemblait au raid Citroën au Thibet, quand, rendu dans ces contrées, pour demander sa route aux passants, il fallait s'y prendre en provençal, avoir soin de n'effaroucher personne et, soi-même, veiller à ne point paraître effarouché.
Cher Henri, j'ai grandi à Manosque. La dernière fois que j'y suis retourné, j'ai presque défailli pour les raisons que vous évoquez. Manosque a subi un double malheur: l'arabisation et sa transformation en une petite ville américaine. Dans la région, d'épargnée, d'encore valable, je ne vois plus que Sisteron, derrière laquelle s'étend le paradisiaque Laragnais et commencent les Hautes-Alpes.
Si l'on en croit le courageux Zanaz, il faudrait créer un grand mouvement du NON ! en Algérie :
[www.bvoltaire.fr]
Pour rendre l’Algérie aux kabyles ?
Oui, et aux pieds-noirs.
L'assimilation des femmes voilées enceintes à des hangars défigurant le paysage est subtile.
Citation
Renaud Camus
Pour rendre l’Algérie aux kabyles ?

La restitution de l'Algérie aux Kabyles, de l'Egypte aux Coptes ou encore du Soudan aux Soudanais du Sud, il faut le reconnaître, c'est pas pour demain. Je rêve d'une machine à restaurer les temps préislamiques. Je suis certain que ce rêve est largement partagé, de la Somalie au Nigéria du Nord, du Mali du Nord à la Centrafrique, de Paris à Londres, de Marseille à Stockholm — and the list goes on and on and on....
Oui, doux rêve, et beau thème uchroniste pour littérature de demain. En attendant, c'est l'Oumma qui fait les rêves les plus réalistes, celui d'investir la coque européenne vide de désir pour s'y loger et y prospérer, en bernard l'hermite. Et la coque européenne vide de désir d'Europe chez les peuples du continent dont elle piétine les volontés de s'apprêter à se vendre au bernard-l'hermite à famille nombreuse pour un euro symbolique, comme on le fait des vieilles usines désaffectées aux repreneurs voyous. Aujourd'hui, quelqu'un dans la presse subventionnée annonce qu'il a calculé ce que vaut Paris : quelques milliards d'euros à peine, dès fois que les Quataris seraient intéressés. L'article ne dit pas si "les petites femmes de Paris" seraient livrées avec les murs. On suppose que oui. Les Quataris aiment bien acheter meublé. Pour elles, faudra compter en chameaux.
Maintenant, Manosque, c'est l'imam sur le toit (de la mosquée).
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