Le FN vient de remporter l'élection cantonale seul contre une alliance électorale couvrant tout le spectre politique institué (de l'extrême-gauche au Parti pour la France de Carl Lang). Ses partisans s'en réjouissent. Ils entendent élargir cette formule de victoire, selon les propos récemment tenus par Marine Le Pen, aux autres grandes consultations électorales, y compris, dit-elle, la présidentielle.
Si leur projet abouti, la France sera gouvernée par un parti politique unique, ne supportant ni alliance ni, semble-t-il dissensions (comme pour le Parti communiste français d'autrefois, toute dissension au sein du FN se dénoue par l'exclusion ou le départ volontaire du dissident). Le gouvernement d'un pays par un parti allergique aux alliances politiques n'est pas de bonne augure, pareil cas de figure donne le moule du totalitarisme, et ce sans préjuger du caractère totalitariste ou non du programme de ce parti. Le pouvoir politique entre les rênes d'un parti unique est toujours dangereux. Il faut souhaiter que le FN, grisé par sa victoire de Brignoles, envisage le double risque que comporte une généralisation de la recette de Brignoles qui a vu la défaite du "Front républicain" dressé contre lui. Le premier de ces risques est que la recette ne soit pas applicable à une majorité de circonsriptions et de municipalités, et que cette tactique échoue à produire une victoire électorale qui fasse pencher la balance en sa faveur; c'est là un risque pour le FN. Le deuxième risque est que cette recette réussisse et que les destinées du pays se voie mises entre les mains d'un parti unique aux coudées franches; c'est là un risque pour la France.