Mercredi ou jeudi, sur France Culture, vers une heure (émission de Mlle Broué : La Table mise ?), un spécialiste de sciences politiques expose les "clivages" (ou ce qu'il croit être des clivages) de la pensée du XXe siècle et "classe" Raymond Aron, parce qu'il est ou serait, tare suprême, "libéral", parmi les penseurs de droite et le rejette (Mlle Broué encore plus que lui) loin du camp (sacré) de la gauche. Si l'on replace la pensée de Raymond Aron dans la "situation" sociale et politique des années 1930 à 1970, "replacement" nécessaire, puisque c'est dans ce cadre-là que cette pensée se déploie et prend son sens, on peut affirmer que lutter, jusqu'à prendre les armes, contre le nazisme ou le socialisme national, le troisième Reich, la racisme, l'extermination de peuples entiers, contre le communisme, le Goulag, l'empire soviétique, c'est être de droite; et qu'applaudir à la collaboration ou s'en accommoder ("une si douce occupation"), approuver le Goulag et tenir la réduction à l'esclavage de la moitié de l'humanité pour un immense progrès, c'est être de gauche. Cette émission est la nef des fous (ou des salauds, pour employer un terme cher à Sartre).
Samedi matin, Alain Finkielkraut a longuement parlé ou fait parler, et avec beaucoup de complaisance, de Pierre Victor, l'homme de la GP, le maoïste enragé, le secrétaire de Sartre, le militant d'on a toujours raison de se révolter, dont toutes les thèses ne valent pas mieux que celles de Goebbels ou de Staline ou de Lénine ou de Pol Pot. Pierre Victor était ou serait de "gauche". S'il avait été classé à droite0, il n'aurait eu droit ni à une biographie, ni à une émission de radio.
Alain Finkielkraut caractérise de "nef des fous" le gouvernement actuel, ses soutiens, le complexe médiatico-politique. Il est dommage qu'il n'ait pas placé Pierre Victor au gouvernail de cette nef.