Vous avez dit : "Ecole sanctuaire"?

Tiens donc! Quelle belle surprise! Qui l'eût cru un seul instant? Lequel, même dans ses rêves les plus fous, aurait pu un seul instant imaginer pareille chose?
Après n'avoir eu de cesse de fustiger et brocarder, avec grande virulence, tous ceux qui militaient en faveur d'une école sanctuarisée, c'est à dire une école qui soit à l'abri de toutes les turpitudes et autres joyeusetés de la vie quotidienne, ne voilà-t-il pas, mesdames et messieurs, que toute la baronnie de Gauche s'adonne, avec une ferveur toute nouvelle que je salue, à un surprenant retour en grâce de celle-ci.
Alors qu'il y a peu, et même très peu, les partisans d'une sanctuarisation de l'Ecole n'étaient, à leurs yeux, qu'un ramassis d'archaïques républicains, quand ce n'était pas d'infâmes islamophobes.
Comme aurait dit le regretté Pierre Desproges : "Etonnant, non?"
Mais en fait pas tant que ça finalement ; pour s'en convaincre tout à fait songeons à ce qu'a été la mutation spectaculaire de tous ces ex bouffeurs de curés farouchement laïcards, en individus toujours prompts à se déculotter devant la première fille voilée venue.
On affiche de belles convictions inébranlables chez ces gens-là!
Que tout cela est réjouissant!

Oui, vous avez raison. Voir les vieux gauchistes de Libération tenants de la théorie de l'école comme "appareil idéologique d'Etat" (Althusser) ou instrument de la reproduction des classes (Bourdieu), et partisans de sa disparition (Illich), pleurnicher la main sur le coeur en demandant au gouvernement de "sanctuariser" l'école est du plus haut comique. C'est encore plus drôle quand on sait que la petite Dibrani séchait allègrement les cours. Non. Décidement il faut faire revenir cette petite famille en France et la décorer pour services rendus à la patrie.

Encore un effort, camarades ! A quand le souhait d'une nation sanctuarisée ?

Personne n'est assez dupe, tout au moins peut-on l'espérer, au point de ne pas avoir reconnu qu'on est en présence, ici, d'une énième version du proverbe : "Vouloir le beurre et l'argent du beurre". D'aucuns y ajouteraient, de surcroît, le cul de la crémière.
Car on a affaire à de vrais croupiers, désirant toujours rafler la mise!
Quand il s'agit de participer à plus d'immigration irrégulière, et ainsi donner des gages de "vertu citoyenne" sans tache aux Vigilants et autres narines délicates, fût-ce par le biais d'une école sanctuarisée pourtant tant décriée et honnie, on est disponible à se muer immédiatement en impitoyable défenseur des valeurs de la République et de son école.
Que cette dernière se trouve ainsi assujettie à représenter un rouage essentiel de l'immigration irrégulière ne leur pose aucun problème, bien au contraire.
Mais dès lors qu'il s'agirait de mettre l'école à l'abri de la violence des quartiers et de l'immixtion des bandes, des familles, de la religion en son sein, il y a lieu, alors, de ne pas avoir de mots assez durs pour dénoncer "l'école-sanctuaire", une tour d'ivoire fermée sur le monde et sur la cité.
Seule la violence légitime de la police, c'est à dire celle de l'Etat républicain et de sa Loi, est à condamner très vertement, en n'oubliant pas, au passage, de mentionner à quel point ces agissements nous renvoient aux heures les plus sombres de notre Histoire.
Ce comportement de croupier vorace, voulant le beurre et l'argent du beurre, est une constante chez la Gauche. Un autre exemple parmi d'autres : la Sécurité.
Les gros bataillons de la Gauche se désespérant d'une politique dite "sécuritaire", c'est à dire une politique ayant l'ambition coupable et scandaleuse de tout faire pour que délinquants et criminels puissent être arrêtés et punis (Quel pays fasciste!) alors que, dans le même élan, ils appellent le gros de leurs troupes à défiler bruyamment afin de sauver leurs acquis sociaux et, en premier chef, la sécurité sociale! En ce cas, la sécurité, parce qu'il s'agit de la leur, n'est plus un concept tabou ni fascisant.

L'école est parfaitement “sanctuarisée” à mon avis.
La violence, l'ignorance, la laideur, la vulgarité, l'avachissement, l'illégalité, la logique mafieuse, l'impunité totale, la haine du savoir, l'impossibilité de prodiguer comme de recevoir un quelconque enseignement : toutes ces choses-là sont à présent ancrées au dernier degré.
Essayez d'y faire quelque chose, pour voir, et vous verrez la main du Système s'abattre sur vous.

Oui bien sûr! C'est le "sanctuaire-tombeau" à l'intérieur duquel trouvent asile tous les ingrédients signant la mort de tout enseignement digne de ce nom.

Edwy Plenel : « Pour nous, au contraire, il ne s’agit pas de réformer l’école, de l’améliorer, de la démocratiser, car, tout simplement, c’est un objectif utopique, irréalisable : l’école est par essence, par nature, par origine un appareil de sélection sociale, de diffusion de l’idéologie bourgeoise. Cette école-là, elle n’est pas amendable, il faudra la détruire », Rouge, hebdomadaire, 29 mars 1974.