Le site du parti de l'In-nocence

M'bala emballé

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
12 janvier 2014, 23:03   M'bala emballé
Il semble qu'on s'émeuve, à la droite de la droite et à la gauche de la gauche, du sort fait au Mur de qui vous savez.

Le liberticide M. Valls aurait commis un grave, que dis-je un irrémédiable attentat contre la liberté d'expression.

Or, ce qui a été interdit (interdiction confirmée par le Juge des référés du Conseil d'Etat -- la droite de la droite fait observer avec son air de Sainte-Nitouche que le Conseiller Stirn est parent du Capitaine Dreyfus) ce ne sont point les mbalesques pantalonnades de façon générale et absolue, mais le seul spectacle "Le Mur".

Cette prestation est évidemment antisémite, de même qu'est antisémite la chanson Shoananas, dont voici, pour votre identification, une version.

Que M. M'bala nous dise qu'il va chanter "La Madelon", qu'il le fasse. S'il nous dit qu'il va chanter Shoananas, que la police ferme l'accès à son théâtre.



Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 00:20   Re : M'bala emballé
« Le liberticide M. Valls aurait commis un grave, que dis-je un irrémédiable attentat contre la liberté d'expression. »

Terrible, n'est-ce pas ? Ce petit air si rafraîchissant va me manquer. Heureusement, grâce à Internet, je pourrai toujours le regarder en boucle, des après-midi entières si j'en ai envie.
13 janvier 2014, 04:11   Re : M'bala emballé
"Comme si l’antisémitisme était arrivé au terme de son évolution, il se nourrit désormais de la lutte exercée contre lui."

Christophe Servan

Je vous invite à prendre connaissance de sa tribune sur Boulevard Voltaire.
13 janvier 2014, 09:14   Re : M'bala emballé
Tout cela est bien compliqué, et je trouve que, sur Boulevard Voltaire, beaucoup rusent et finassent. Il faut aussi constater que bien des intervenants sont mordillé par un antisémitisme au moins sous-jacent.
Ne serait-il pas opérationnel de dire que quand un spectacle s'avère antisémite ses représentations futures doivent être interdites, et de passer à autre chose sans chercher le pourquoi du comment ?
13 janvier 2014, 09:39   Re : M'bala emballé
Seuls les propos constatés, documentés ou pris en flagrant délits peuvent justifier pareille interdiction sans préavis avec évacuation du lieu (la salle, le théâtre).

Les Etats-Unis, dans une lointaine époque, eurent à traiter avec un vague équivalent de Dieudonné : Lenny Bruce, dont un film "biopics" a été fait il y a une trentaine d'années (Dustin Hoffmann dans le rôle du héros, me semble-t-il).

Des policiers, des agents, se mêlaient à son public, dans la salle, et la censure, la sanction, l'interruption du spectacle pouvait avoir lieu en flagrant délit seulement. Les policiers notaient les paroles prononcées sur des calepins dans un coin sombre de la salle.

Ce point me paraît très important, celui du flagrant délit, de l'intervention qui ne se justifie qu'à chaud. Il me semble, enfin, il faudrait s'en assurer auprès de juristes, que tout constat d'infraction qui donne lieu à contrainte de la part de la force publique (saisie du véhicule, par exemple) ne pas avoir lieu passé un délai d'une heure, ou d'une demi-heure.

En d'autres termes, la police a le droit de saisir votre véhicule sur-le-champ, si vous venez de vous rendre coupable d'une infraction routière constatée qui faisait courir un risque pour les vies humaines, si vous conduisiez ivre mort, et la police a le droit et le devoir d'agir de la sorte par contrainte pendant que vous êtes ivre. Mais il est hors de question qu'elle frappe à votre porte un beau matin pour vous demander les clés de votre Ferrari ou de votre Juva 4 parce que des citoyens se sont plaints que, depuis des mois, voire des années, vous conduisiez comme un dingue. Ca, c'est un acte hors-la-loi, digne d'un régime orwellien ou despotique oriental.
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 10:17   Re : M'bala emballé
Citation
Francis Marche
Seuls les propos constatés, documentés ou pris en flagrant délits peuvent justifier pareille interdiction sans préavis avec évacuation du lieu (la salle, le théâtre).

C'est la logique du droit pénal pénal que vous décrivez, pas celle du droit administratif. La nécessité de protéger la sécurité publique et de préserver l'ordre public a fait que l'on a doté l'autorité administrative de pouvoirs de police (police générale ou spéciale) lui permettant d'agir a priori (en matière de permis de construire notamment : on ne va pas attendre que la maison soit construite, le flagrant délit, pour empêcher sa construction dès lors qu'il est clair que cette construction violerait une ou plusieurs règles de l'urbanisme).

C'est un mauvais procès qui est fait à la juridiction administrative ces derniers jours et je m'inquiète de ce que des juristes, ou autoproclamés tels, y participent.
13 janvier 2014, 10:34   Re : M'bala emballé
C'est vous qui me semblez faire fausse route mon ami, avec votre exemple du "permis de construire" : il est de règle que ce permis soit soumis à la censure administrative préalable, or il n'est pas de règle équivalente pour les spectacles vivants. Le permis de constuire est délivré lorsque les plans de la construction ont été visés et agréés, telle est la procédure administrative. Que je sache, il n'existe pas en France, ou du moins plus depuis Vichy, de commission de censure à laquelle un droit administratif prévoit de soumettre tout projet de spectacle vivant, laquelle devrait en viser la synopsis avant d'en délivrer une autorisation préalable. Ou bien si ?

La loi sous le coup de laquelle tombent les propos de M. Dieudonné est-elle une loi administrative ou une loi pénale ?
13 janvier 2014, 10:41   Céline du pauvre
Dieudonné où le pogrom à la portée des caniches :
[ripostelaique.com]
13 janvier 2014, 11:15   Re : Céline du pauvre
Excellent ! Ce Gandilhon a du punch...
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 11:44   Re : M'bala emballé
Citation
Francis Marche
C'est vous qui me semblez faire fausse route mon ami, avec votre exemple du "permis de construire" : il est de règle que ce permis soit soumis à la censure administrative préalable, or il n'est pas de règle équivalente pour les spectacles vivants. Le permis de constuire est délivré lorsque les plans de la construction ont été visés et agréés, telle est la procédure administrative. Que je sache, il n'existe pas en France, ou du moins plus depuis Vichy, de commission de censure à laquelle un droit administratif prévoit de soumettre tout projet de spectacle vivant, laquelle devrait en viser la synopsis avant d'en délivrer une autorisation préalable. Ou bien si ?

La loi sous le coup de laquelle tombent les propos de M. Dieudonné est-elle une loi administrative ou une loi pénale ?

Cher ami, je continue de penser que ma route est bonne et que c'est la vôtre qui est mauvaise.

Il n'est pas question de commission de censure mais des strictes pouvoirs de police reconnus à toutes autorités administratives.

Pour reprendre l'exemple du permis de construire, plans de construction = spectacle de Dieudonné qui a déjà eu lieu. L'autorité administrative (maire ou préfet) a pu apprécier que les éléments en sa possession lui permettaient d'interdire la tenue du spectacle.

La censure était une interdiction totale ou partielle d'un film, d'un spectacle, d'un film, d'un livre nouveau.

Ici, le spectacle a été montré sans censure et les atteintes à l'ordre public ont eu lieu. Il ne s'agit donc pas de censure comme vous le dites (et comme le répètent d'autres) car, une nouvelle fois, vous estimez que l'interdiction se fait a priori, à partir d'une page blanche, alors que ce n'est pas le cas, en tout cas pas complétement.

On n'interdit pas le spectacle Le Mur parce que l'on présuppose que des propos antisémites seront tenus mais parce que l'on est certain (sauf le retournement de dernière minute de Dieudonné) qu'ils seront tenus.

Il n'était pas pensable que l'autorité administrative laissât des propos antisémites être tenus.

Pour reprendre l'exemple du film Minority Report avancé par les opposants à l'interdiction, il fallait donc faire ce que fait le policier du film et que vous préconisez plus haut : mettre des flics dans la salle (en nombre, étant donné le désordre attendu), en attente, chargés d'intervenir au moment où les fameux propos seraient prononcés ? Et recommencer cette mascarade dans toutes les salles de France, tout au long de la tournée de ce triste sir ?
13 janvier 2014, 11:51   Re : M'bala emballé
Citation
Jean-Marc du Masnau
Tout cela est bien compliqué, et je trouve que, sur Boulevard Voltaire, beaucoup rusent et finassent. Il faut aussi constater que bien des intervenants sont mordillé par un antisémitisme au moins sous-jacent.
Ne serait-il pas opérationnel de dire que quand un spectacle s'avère antisémite ses représentations futures doivent être interdites, et de passer à autre chose sans chercher le pourquoi du comment ?

Oui, et toutes ces intellectuoseries me semblent assez laborieuses et fatigantes, dois-je dire, et témoignent surtout une remarquable incapacité à voir ce qu'on a sous les yeux.
Comme si des hardes de caniches se prenant pour des roquets ne pouvaient vous mettre en pièces bien plus sûrement que la noble bête, qui n'a d'ailleurs jamais perpétré quelque pogrom que ce soit...

Le "bouffon" Dieudo comptabilise sur Fessemachin ou autre des centaines de milliers de suiveurs, c'est même plus que les très sérieux In-nocence et Riposte Laïque réunis, je crois...
13 janvier 2014, 12:59   Re : M'bala emballé
Mais quels "éléments en sa possession" bon sang ! Quel procés-verbal ?!!!!
13 janvier 2014, 13:03   Re : M'bala emballé
Enfin c'est incroyable, la police sur ordre du Ministère de l'Intérieur, investit un théâtre ou en interdit l'accès, et des esprits du calibre d'Alain Eytan nous reprochent nos "tracasseries", pinailleries, et "autres intellectuoseries laborieuses et fatiguantes". Mais c'est avec l'état-major de Franco en 1939 que l'on est en train de débattre ou quoi ?
13 janvier 2014, 13:22   Re : M'bala emballé
En soutien aux arguments de Francis Marche, je me permets de recopier ici une réponse que j'ai faite sur le forum privé à M. Davoudi :

Dieudonné fait du café-théâtre, ses "bons mots" peuvent changer, en fonction du public et de l'actualité. Mais ce n'est pas tant qu'on ne sait pas ce qu'il dira ce soir-là qui compte, c'est que l'on ne peut pas, en droit, anticiper... ce dont les services de Valls se sont rendu compte un peu tard, ce qui les a conduits à avoir recours au concept d'atteinte à l'ordre public... et puisqu'il n'y avait pas d'atteinte à l'ordre public, à appeler le peuple à manifester, pour qu'il y ait trouble ou risque de trouble, et donc pour que les préfets aient la possibilité d'interdire le spectacle a priori. A la place de ce bricolage scandaleux et dangereux pour nous, dangereux pour tous les Français, contraire au droit et à la simple décence, pourquoi diable Valls n'a-t-il pas dépêché un agent chaque soir dans la salle de spectacle, avec un Iphone ? Filmer, enregistrer, consigner, poursuivre, condamner, faire payer l'amende, et ce jusqu'à la faillite, la prison ou l'arrêt des propos abjects sur Cohen et les juifs ? C'est si difficile que ça, si inconcevable ? Pardon, mais entre une barbouzerie qui va nous frapper en pleine figure, comme un boomerang, lorsque de l'antisémitisme Valls passera à l'islamophobie, et l'application stricte, implacable, irréprochable de la loi, mon choix est vite fait, et, si je comprends bien les raisons de Valls (la deuxième solution est moins spectaculaire, plus longue, moins apte à faire diversion et surtout, moins utile pour le nettoyage idéologique en cours), j'ai vraiment du mal à comprendre que vous, vous hésitiez.
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 14:35   Re : M'bala emballé
Citation
Francis Marche
Mais quels "éléments en sa possession" bon sang ! Quel procés-verbal ?!!!!

Quatre points d'exclamation ? Je ne sais plus qui mais on m'a fait remarquer très récemment qu'il fallait, ici, garder un ton conciliant, courtois et sans plusieurs points d'exclamations si possible. Traiter son interlocuteur de franquiste n'est pas très courtois.

Et s'il vous plait, ne mélangez pas tout pour soutenir votre argumentaire, ne me parlez pas du théâtre investit et de la rue de ce théâtre bloquée, car, là, je vous rejoins, c'est inacceptable et inutile.

La police aux ordres du ministère de l'Intérieur ? Oui, heureusement, un peu quand même...

Revenons-en à notre premier et unique débat : l'interdiction du spectacle Le Mur. Quels éléments, demandez-vous. Lisons donc l'ordonnance du Conseil d’État du 9 janvier (spectacle à Nantes) : "En effet, il a relevé que la réalité et la gravité des risques de troubles à l’ordre public mentionnés par l’arrêté du préfet étaient établis tant par les pièces du dossier que par les échanges lors de l’audience publique."

Je n'ai pas lu le dossier, tous ceux qui critiquent la décision non plus. Je ne connais pas la teneur des échanges, ils ont dû être salés.

Les éléments du dossier ? Le spectacle avait été filmé, les passages en question dévoilés au monde entier via l'internet. Certes, ce ne sont pas des procès-verbaux mais tout de même ! ne feignez-pas d'ignorer que tout le monde connaissait les propos antisémites de ce spectacle (faut-il continuer à l'appeler ainsi d'ailleurs ?). Ces propos n'ont d'ailleurs jamais été contestés par Dieudonné lui-même ! (vlà que je m'exclame, moi aussi) puisqu'il a promis de jouer son spectacle en supprimant ce passage.

Ce à quoi le Conseil d’État, dans cette même ordonnance, a répliqué en estimant que "les allégations selon lesquelles les propos pénalement répréhensibles et de nature à mettre en cause la cohésion nationale relevés lors des séances du spectacle « Le Mur » tenues à Paris ne seraient pas repris à Nantes ne suffisaient pas pour écarter le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition
républicaine."

Je crois que j'ai tout dit, me concernant. Si je n'arrive pas à vous convaincre, vous n'arriverez pas à me faire changer d'avis sur cette question : la liberté d'expression n'a en rien été bafouée par cette décision. Si Dieudonné redevient un comique, tant mieux, je suis en tout cas heureux que la justice (administrative) de mon pays ait stoppé ce spectacle. Des plaintes pénales seront déposées ou non, Dieudonné sera condamné ou non, cela ne change rien à cette affaire, selon moi.
13 janvier 2014, 15:14   Re : M'bala emballé
La jurisprudence administrative sur les risques de troubles à l’ordre public est constante. On m’enseignait à la fac de droit, il y a trente ans de cela, que si je voulais empêcher que se tienne une réunion d’un adversaire politique, il suffisait que je fasse suffisamment de foin — et un pavé dans une vitrine de ci, et un attroupement de là. Le maire ou le préfet interdisait la réunion parce que son travail est de faire régner le calme, tout simplement.
Le même pouvoir de l’autorité administrative l’oblige à empêcher que des infractions pénales soient commises. Les propos antisémites sont des infractions pénales, donc le maire ou le préfet empêche le métingue.

Je copie-colle in extenso le sixième considérant de l’ordonnance du Conseil d’État du 9 janvier.

6. Considérant que la réalité et la gravité des risques de troubles à l’ordre public mentionnés par l’arrêté litigieux sont établis tant par les pièces du dossier que par les échanges tenus au cours de l’audience publique ; qu’au regard du spectacle prévu, tel qu’il a été annoncé et programmé, les allégations selon lesquelles les propos pénalement répréhensibles et de nature à mettre en cause la cohésion nationale relevés lors des séances tenues à Paris ne seraient pas repris à Nantes ne suffisent pas pour écarter le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine ; qu’il appartient en outre à l’autorité administrative de prendre les mesures de nature à éviter que des infractions pénales soient commises ; qu’ainsi, en se fondant sur les risques que le spectacle projeté représentait pour l’ordre public et sur la méconnaissance des principes au respect desquels il incombe aux autorités de l’Etat de veiller, le préfet de la Loire- Atlantique n’a pas commis, dans l’exercice de ses pouvoirs de police administrative, d’illégalité grave et manifeste ;
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 17:12   Re : M'bala emballé
Le Figaro, aujourd'hui :

"D'après ses avocats, Dieudonné M'Bala M'Bala jouera son nouveau spectacle "Asu Zoa" ce soir. La préfecture de police de Paris a autorisé la représentation ce soir du nouveau spectacle.

"Ils ont indiqué que le spectacle d'origine, Le Mur, était interdit et prennent acte qu'il s'agit d'un nouveau spectacle", a précisé Me Verdier.

Après la vague d'interdictions validées par le Conseil d'Etat pour anitsémitisme qui a frappé son spectacle "Le Mur" la semaine dernière, l'humoriste avait annoncé renoncer définitivement à son spectacle."
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 17:30   Re : M'bala emballé
Citation
Jérôme Reybaud
En soutien aux arguments de Francis Marche, je me permets de recopier ici une réponse que j'ai faite sur le forum privé à M. Davoudi :

Dieudonné fait du café-théâtre, ses "bons mots" peuvent changer, en fonction du public et de l'actualité. Mais ce n'est pas tant qu'on ne sait pas ce qu'il dira ce soir-là qui compte, c'est que l'on ne peut pas, en droit, anticiper... ce dont les services de Valls se sont rendu compte un peu tard, ce qui les a conduits à avoir recours au concept d'atteinte à l'ordre public... et puisqu'il n'y avait pas d'atteinte à l'ordre public, à appeler le peuple à manifester, pour qu'il y ait trouble ou risque de trouble, et donc pour que les préfets aient la possibilité d'interdire le spectacle a priori. A la place de ce bricolage scandaleux et dangereux pour nous, dangereux pour tous les Français, contraire au droit et à la simple décence, pourquoi diable Valls n'a-t-il pas dépêché un agent chaque soir dans la salle de spectacle, avec un Iphone ? Filmer, enregistrer, consigner, poursuivre, condamner, faire payer l'amende, et ce jusqu'à la faillite, la prison ou l'arrêt des propos abjects sur Cohen et les juifs ? C'est si difficile que ça, si inconcevable ? Pardon, mais entre une barbouzerie qui va nous frapper en pleine figure, comme un boomerang, lorsque de l'antisémitisme Valls passera à l'islamophobie, et l'application stricte, implacable, irréprochable de la loi, mon choix est vite fait, et, si je comprends bien les raisons de Valls (la deuxième solution est moins spectaculaire, plus longue, moins apte à faire diversion et surtout, moins utile pour le nettoyage idéologique en cours), j'ai vraiment du mal à comprendre que vous, vous hésitiez.

Ce à quoi j'avais répondu :

Il y a longtemps que Dieudonné n'est plus un artiste de café-théâtre, mais un organisateur de meetings antisémites.

D'autre part, je ne vois pas comment une action contre Dieudonné, même “discrète”, aurait pu ne pas être lourdement médiatisée, puisque de toute façon l'intéressé en aurait fait des tonnes sur YouTube ou ailleurs en jouant les victimes, et que les journalistes sont friands de cela.
(...)
Je ne souhaite pas que Dieudonné, qui a naturellement droit à la liberté d'expression, devienne en aucun cas un symbole de ladite liberté, laquelle mérite beaucoup mieux que ça.
13 janvier 2014, 22:19   Re : M'bala emballé
Cher Davoudi,


J'ai lu intégralement nombre de fils, sur "Boulevard Voltaire" et autres, cela fait des centaines de messages. Je suis stupéfait de voir que, parmi tous ces gens qui traquent les mensonges des médias, qui parlent de faussel ou de ses équivalents, si peu soient capables de voir la réalité, c'est à dire de voir ce que vous énoncez, que M. M'bala est un organisateur de meetings antisémites.

Il suffit de regarder la petite video que j'ai mise en ligne pour être convaincu que ce Monsieur est conduit uniquement par la haine. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait. Cette chanson, cette pièce, contiennent des éléments manifestement illégaux. Je me demande s'il n'existe pas, dans la réacosphère, une sorte de novlangue, l'ergotel, qui permet de condamner sans condamner tout en n'en pensant pas moins.

Quant au spectacle des jeunes gens d'extrême-droite brandissant des drapeaux français en l'honneur de M. M'bala, en se tenant au coude à coude avec les ennemis d'Israël, je le trouve simplement écoeurant. Ces jeunes ont la haine du Juif, c'est évident, et pour eux tout antijuif est un frère. Il faut au plus vite que les Nationaux se distinguent de cette lie de la terre (le terme racaille est déjà pris), faute de quoi les Français raisonnables ne voteront pas pour eux, soyez-en sûr. Je me permets donc de suggérer aux Nationaux de dire que ce que fait M. Dieudonné est une honte, que si dans son nouveau spectacle il commet les mêmes embardées ce spectacle doit être interdit, et que le drapeau français n'a rien à faire là dedans. Et le tout, comme aurait dit Siéyès, sans phrase expliquant qu'on condamne mais qu'il y a pire, et patati, et patata.

Finalement, en cette affaire, M. Valls a bien fait son travail, la France peut être fière de lui.
Utilisateur anonyme
13 janvier 2014, 23:45   Re : M'bala emballé
Je ne saurais mieux dire, Cher Du Masnau.
14 janvier 2014, 00:46   Re : M'bala emballé
Moi non plus. On regarde absolument dans toutes les directions, envisage toutes les possibilités et déploie des trésors d'herméneutique pour noyer M'bala dans le milieu labile de quantiques analyses politico-contextuelles, en omettant soigneusement de porter le regard directement sur l'objet du débat, sur ce qu'il dit, ce qu'il représente et ce que cela signifie.
Ah là, cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ?...
14 janvier 2014, 01:08   Re : M'bala emballé
"Quant au fait de lier le respect de la dignité humaine (précepte certes éminemment louable en soi) à celui de l’ordre public, c’est effectuer là un amalgame conceptuel pouvant conduire à une tout aussi inacceptable dérive totalitaire sur le plan politico-idéologique."

Puisque Boulevard Voltaire semble suspect d’un antisémitisme "au moins sous-jacent", je propose alors aux intervenants de ce fil d’aller faire un tour du côté de Marianne :
Quand la liberté de parole se voit niée au nom des droits de l'homme.
L’auteur, Daniel Salvatore Schiffer, n’a jamais, dixit, fait mystère de ses origines juives.
14 janvier 2014, 02:29   Re : M'bala emballé
Est-ce faire de l'intellectuosisme que de vouloir distinguer la condamnation d'un acte extrajudiciaire -- l'interdiction d'un spectacle imposée par ordonnance ministérielle -- et celle de propos délictueux et politiquement condamnables ?

Si troubler l'ordre public afin de faire taire un adversaire politique peut sembler à certains satisfaisant au plan juridique (cf. Chatterton se souvenant de ses cours de droit), que faut-il penser de cette méthode, proposée par le ministre Valls, sur un plan politique ?
14 janvier 2014, 09:33   Re : M'bala emballé
Ah pardon, le trouble à l’ordre public était bien constitué. Des milices juives avaient siphonné le fichier des adhérents de Dieudonné, retrouvé des auteurs de « quenelles » et mené des expéditions punitives, les envoyant à l’hôpital. Le contexte de l’affaire Dieudonné, c’est ça. S’il n’y a pas trouble à l’ordre public, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
14 janvier 2014, 10:22   Re : M'bala emballé
Citation
Henri Chatterton
Des milices juives avaient siphonné le fichier des adhérents de Dieudonné, retrouvé des auteurs de « quenelles » et mené des expéditions punitives, les envoyant à l’hôpital.

Il fallait donc interdire les milices juives.
14 janvier 2014, 10:31   Re : M'bala emballé
Puis-je vous rappeler, M. Chatterton, que ce sont précisément des menaces du même ordre - des "antifas" en l'occurrence - qui ont permis au préfet de police de Paris de faire interdire la plupart des dernières manifestations auxquelles nous devions participer. Sous prétexte, là aussi, de risques de troubles à l'ordre public, que ces menaces étaient censées engendrer.

Que vous n'appréciez pas Dieudonné, cela s'entend, mais soyez un peu rigoureux dans votre raisonnement.
14 janvier 2014, 10:42   Re : M'bala emballé
D'accord avec Miné sur ce point. En l'occurrence, il est ridicule de faire porter la responsabilité d'un trouble à l'ordre public à l'organisateur d'une manifestation que des "milices" se proposent de perturber.
Mais bon, allez, tout est bien qui finit bien : Elisabeth a bien ri : [www.causeur.fr]
14 janvier 2014, 11:49   Re : M'bala emballé
M. Miné, ce n’est pas moi qui raisonne comme un sabot. Quand on commence à rentrer à six dans des restaurants pour casser la gueule à des gens qui y travaillent, dont on a récupéré les coordonnées par fraude, c’est qu’il y a des troubles à l’ordre public, puisque, de représailles en représailles, on va finir dans des bagarres générales, qui feront inévitablement des morts. Alors oui, les pouvoirs publics interviennent. Dans ces cas-là, on interdit des réunions, on dissout les groupes de trublions (on a bien dissous la Tribu Ka, composée de nègres antisémites). On ne se demande pas qui est à l’origine des troubles.

(En passant : M. Marche me fait dire que je trouve « satisfaisant au plan juridique » qu’on trouble l’ordre public pour faire interdire un adversaire. Je n’ai jamais rien écrit de tel.)
14 janvier 2014, 11:50   Re : M'bala emballé
Vous savez sans doute déjà, tout le monde ne le sait pas mais vous sans doute oui, MM Davoudi, Chatterton, Rivoallan, et bien entendu vous-même cher Alain, que les moments amoureux les plus purs sont les plus imprévus, ceux desquels on ne sait quand il vont commercer ni quand ils finiront. Ce sont des moments sans conventions, sans temps "t" conventionnel. Ce sont des durées incertaines, de la pure intensité non bordée par la temporalité.

Eh bien veuillez noter que pour ce qui est de l'autre versant de cette passion, la haine, c'est pareil. On se prend à vous haïr, ou soi-même à haïr, sans constat d'infraction, comme un tout sans borne : votre gueule ne revient pas. On en a marre de vous, on peut plus vous piffer, on ne sait pas depuis quand et du reste on s'en fout. Parce que c'est comme ça, parce que vous êtes vous et vous entêtez mornement à ne jamais cesser de l'être. C'est une passion auto-nourrie, irrationnelle ou trop lourde de raisons et de causes, qui n'a pas de début ni de fin dicible. Ainsi par exemple, de la passion haineuse à l'encontre des juifs, celle que leur voue probablement Dieudonné : elle est sans point de départ historique véritable, elle est sans moment, sans durée, sans engendrement véritable.

Le droit existe contre le moment passionnel. Il est tout procédure et tout datation : il s'articule sur des constats, des procès-verbaux, des dépositions de rapporteurs de commissions rogatoires, des temps "t" de l'infraction, du délit, des temps "t" de signature du procès-verbal, etc.. Il circonstancie les actes, en produit la séquence, les enchaînements, se montre pointilleux jusqu'à l'absurde; il est l'ami du papier millimétré, du papier timbré, du chronomètre, du pied à coulisse, du fractionnement de poil en quatre, du contrat signé, de la convention datée.

C'est ainsi que la force publique, quand elle se réclame du Droit, ne peut pas vous interdire, vous embastiller, vous frapper de censure, vous contraindre, vous inquiéter pour l'ensemble de votre oeuvre, ou parce qu'on en a assez de vous à la fin, de vos manières, de vos insinuations, de votre rire pénible, de vos déclarations limites et que sais-je.

Or c'est cela même à quoi l'on vient d'assister : la constitution d'un cercle passionnel. Dieudonné hait les juifs mais est haï de Valls. Dieudonné enquennelle les juifs mais est enquenellé par Valls. L'enquenellage en rond, comme dans la chaîne sadienne. Voilà ce que les Français retiendront de cet épisode humiliant pour le pays : l'ensauvagement, la diablerie passionnelle entre enquenelleurs et avec l'aide du Conseil d'Etat et des gendarmes.

Qu'attend-on pour rendre publics les "éléments dont disposent les tribunaux" (administratifs ou pénaux), les éléments précis, détaillés, textuels et datés pour justifier l'action de censure, pour justifier que nous ne sommes pas les spectateurs forcés d'un cirque sado-masochiste entre le Pouvoir et son Pitre Utile, cirque à rentabilité politique pour celui-là, commerciale pour celui-ci ?
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 11:58   Re : M'bala emballé
« Vous savez sans doute déjà, tout le monde ne le sait pas mais vous sans doute oui, MM Davoudi, Chatterton, Rivoallan, et bien entendu vous-même cher Alain »

Ah, cette manière subtile de dresser des listes...
14 janvier 2014, 12:08   Re : M'bala emballé
Ah, cette manière subtile de dresser des listes...

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14 janvier 2014, 12:20   Re : M'bala emballé
Citation
Henri Chatterton
Dans ces cas-là, on interdit des réunions, on dissout les groupes de trublions (on a bien dissous la Tribu Ka, composée de nègres antisémites). On ne se demande pas qui est à l’origine des troubles.

Mais enfin, M. Chatterton, je ne vous accuse pas de raisonner "comme un sabot", mais vous devriez tout de même vous rendre compte qu'en disant cela vous justifiez a posteriori les interdictions qui nous ont frappés.

Quant au but de la manœuvre, il m'apparaît clair que cette "morale compassionnelle" qui nous sert désormais de droit est d'essence totalitaire, qu'elle servira demain à nous interdire tout propos reliant l'immigration à l'invasion car pouvant troubler ce fameux "ordre public" devenu un fourre-tout commode.

Le système remplaciste est suffisamment retors, ne soyons pas dupes de ses coups tordus.
14 janvier 2014, 12:38   Re : M'bala emballé
Jack Lang d'accord avec Miné et Marche :
[www.lemonde.fr]
14 janvier 2014, 12:43   Re : M'bala emballé
Mais enfin, M. Chatterton, je ne vous accuse pas de raisonner "comme un sabot", mais vous devriez tout de même vous rendre compte qu'en disant cela vous justifiez a posteriori les interdictions qui nous ont frappés.

C’est, cher M. Miné, que vous raisonnez comme si nous étions nous-mêmes sulfureux. Or nous ne sommes nullement sulfureux. Nous sommes de bons bourgeois, et si on nous interdit de manifestation sur la voie publique sous prétexte de je ne sais quelles menaces de je ne sais quels antifas, on est clairement dans l’abus de droit.

Quant au but de la manœuvre, il m'apparaît clair que cette "morale compassionnelle" qui nous sert désormais de droit est d'essence totalitaire, qu'elle servira demain à nous interdire tout propos reliant l'immigration à l'invasion car pouvant troubler ce fameux "ordre public" devenu un fourre-tout commode.

Là-dessus, tout à fait d’accord.

En somme, notre divergence porte spécifiquement sur l’interdiction de Dieudonné. La question à mon sens n’est pas du tout celle de la brutalité de sa répression, mais celle de l’incroyable immunité dont il jouit depuis des années, ne payant pas ses amendes, ne payant pas ses impôts, organisant son insolvabilité. Si le régime est aujourd’hui contraint de sévir contre l’un de ses protégés (Francis Marche parlerait de purge maoïste), vous ne m’en voudrez pas si j’ai du mal à m’en affliger.
14 janvier 2014, 13:09   Re : M'bala emballé
Ah commencez pas à dresser des listes vous aussi Le Floch ! C'est que je vais plus me sentir en sécurité moi !
14 janvier 2014, 13:11   Re : M'bala emballé
La question à mon sens n’est pas du tout celle de la brutalité de sa répression, mais celle de l’incroyable immunité dont il jouit depuis des années, ne payant pas ses amendes, ne payant pas ses impôts, organisant son insolvabilité. Si le régime est aujourd’hui contraint de sévir contre l’un de ses protégés (Francis Marche parlerait de purge maoïste), vous ne m’en voudrez pas si j’ai du mal à m’en affliger.

CQFD.
14 janvier 2014, 13:12   Re : M'bala emballé
Marche, vous n'allez pas faire votre Isabelle Rabineau !
[www.renaud-camus.net]
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 13:22   Re : M'bala emballé
Débat que je trouve intéressant sur France Culture "Que penser du débat autour du cas Dieudonné ?" avec Edwy Plenel, Raphaël Enthoven, Jean-Noël Jeanneney.

Tant que je suis encore et toujours en désaccord avec Edwy Plenel, je me dis que je vais droit, que je vais bien (attention, ceci est une boutade).
14 janvier 2014, 13:32   Re : M'bala emballé
Nous sommes de bons bourgeois, et si on nous interdit de manifestation sur la voie publique sous prétexte de je ne sais quelles menaces de je ne sais quels antifas, on est clairement dans l’abus de droit.

C'est bien là ce qui m'importe, cher M. Chatterton. L'association d'Eric Zemmour à Soral et Dieudonné par le Nouvel Obs devrait nous amener à réfléchir. L'antisémitisme à là bon dos, vous en conviendrez. Bons bourgeois ou pas, Renaud Camus fera partie de la prochaine charrette, j'en suis convaincu. Non pas que son action politique "directe" dérange, mais son influence est grandissante, il n'est que de voir la "vulgarisation" (il n'aimera pas le mot) de son concept du "Grand remplacement" dans les interventions des uns et des autres. Cela, je vous gage que les tenants du système ne le supporteront pas longtemps. Fdesouche a publié aujourd'hui un excellent article sur le sujet.

Pour être franc, je me soucie fort peu de la personne de Dieudonné. Et je suis entièrement d'accord avec vous, cher M. Chatterton, qu'il est le pur produit de cette gauche bobo qui nous prône à tout bout de champ la "diversité". Je juge néanmoins intéressant de voir jusqu'où cette amorce de rébellion de ses petits protégés ira. J'avais posté sur un fil précédent ("Le Grand remplacement se retournera-t-il contre ses promoteurs", je crois) la vidéo d'un groupe de "jeunes" à Montargis. L'avez-vous vue ?

Enfin, sur le point des amendes non payées, des peines non exécutées et de l'organisation d'insolvabilité, c'est il me semble pratique courante avec la justice actuelle, vous ne croyez pas ?

Au-delà du cas qui nous occupe, il serait permis d'ailleurs de se poser la question plus générale de l'organisation d'insolvabilité et même du non-consentement à l'impôt dans un système qui n'apparaît plus légitime. Mais c'est un autre débat.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 13:51   Re : M'bala emballé
(Je plaisantais, Cher Marche...)
14 janvier 2014, 15:27   Re : M'bala emballé
Voici un excellent article d'Elizabeth Levy, qui est allé voir ce qu'il en est, dans le monde réel, du spectacle (expurgé) et du public de Dieudonné :

[www.causeur.fr]

(modification : je vois, un peu tard, que ce lien a déjà été donné ici-même. Je maintiens quand-même ma réaction, mon point de vue n'étant pas, je crois, complètement dénué d'intérêt, pour une fois : je dois être en effet une des rares personnes qui ait lu presque tout Camus, beaucoup Finkielkraut, et... vu presque tous les spectacles de Dieudonné)

Ayant été moi-même deux fois spectateur (physiquement), un spectateur farouchement non-antisémite, résolument in-nocent, je peux vous assurer que c'est le texte le plus raisonnable et le plus proche de la réalité que j'aie pu lire ces dernières semaines, et même ces dernières années.

Oui, si la "transgression" et la grossièreté de Dieudonné ne rebutent pas (et je sais qu'elles rebutent fort, ici), c'est souvent drôle.
Oui, Dieudonné est un bouffon engagé, très engagé, fort probablement antisémite.
Oui, Dieudonné a souvent tort, et ses groupies les moins cultivées risquent fort d'avoir tort avec lui. Ne pourrions-nous en discuter avec eux car
non, le public de Dieudonné n'est pas uniquement composé d'attardés mentaux, de racailles et de salauds, et certains savent très bien quoi prendre et quoi laisser quand ils regardent une vidéo ou assistent à un spectacle.

J'ai beaucoup aimé l'image de Nabe, sur la soif de vérité qui conduit les assoifés à des oasis empoisonnés : Dieudonné ne fait pas que délirer, il y a bien évidemment un peu de vérité dans ce qu'il raconte, sur le "Shoah business" pour commencer par ce qui fâche, mais aussi sur le "mariage pour tous", sur la Françafrique, sur les médias, et même, vous seriez surpris, sur le mépris de ce français prétendûment "éternel collabo, éternel délateur".

Je ne le défends pas. Je comprends l'inquiétude, la peur des juifs. Je maudis tous les nazis et tous les Merah de la terre. Le conspirationnisme imbécile de Dieudonné et Soral me ferait rire si je ne voyais pas leurs fans si prompts à le gober. Leur fascination pour l'Islam fait de moi leur ennemi radical. Mais tout ce cirque ? Tous ces mensonges (la quenelle salut nazi ??) ? Non, sans moi. Bravo à Elizabeth Lévy.
14 janvier 2014, 15:57   Re : M'bala emballé
[doublon] (il faut cracher très fort dans les tuyaux ici, au Cambodge, pour être sûr que le message partira dans les tuyaux du pneumatique avec l'impulsion nécessaire. Parfois, on s'époumone trop)
14 janvier 2014, 15:57   Re : M'bala emballé
re-doublon (gros problème de souffle dans la sarbacane qui ne porte plus jusqu'en Europe autrement qu'en crachotant)
14 janvier 2014, 16:03   Re : M'bala emballé
Ecoutez Michel Le Floch puisque nous sommes ici entre nous et que personne ne nous lit, si je devais vous livrer le fond de ma pensée sur Dieudonné, la voici: Dieudonné est un pauvre métis, un homme en mal d'appartenance autant que de rupture. Il est trop libre car de par cette condition exceptionnelle, exceptionnellement forte et faible tout à la fois il n'est tenu à aucune loyauté envers rien ni personne. C'est une position enviable et damnée tout à la fois. Cet excès de liberté et de désappartenance du métis l'amène à queneller/quereller l'univers. C'est ce à quoi il s'occupe. Il n'est pas mauvais bougre, il n'est pas bon bougre non plus: il est humain. Etre "humain" en pareille situation comporte ses servitudes, et comme tout lecteur de Girard vous n'ignorez pas qu'une des premières, primordiales et originaires servitudes de l'humain laissé seul avec lui-même est l'envie et le mimétisme. Qui envier, qui aimer/haïr alors, quand on est cela ? La réponse est simple et navrante : celui qui vous ressemble et vous concurrence dans ce rôle et cette position dans nos sociétés occidentales : le juif.

Le métis des interstices, toxique au possible, envie la toxicité supposée, prêtée à l'exclu de service depuis des siècles, le juif. Et voilà l'obsession de notre pauvre et brave homme toute réduite à cela : l'envie, le désir d'appartenance tout entier exprimé dans la haine du frère en damnation.

Voilà Dieudonné expliqué aux Nuls.
14 janvier 2014, 16:07   Re : M'bala emballé
Depuis le début de l'affaire personne n'a désigné nomément, les principaux "fans" de Dieudonné, à savoir des personnes d'origine arabo-musulmane ou noire, pour me semble-t-il deux raisons. La première est de donner à croire que le danger antisémite viendrait exclusivement de l'extême droite "de souche" ou prétendue telle. Ce n'est pas sur l'origine métissée, négro-française de souche de Dieudonné que l'on insiste, mais sur le fait qu'il soit l'ami de Jean-Marie Le Pen. La deuxième est que nommer l'origine de ceux qui véhiculent majoritarement cet antisémitisme risquerait de tomber sous le coup de l'incitation à la haine raciale, surtout maintenant, depuis la façon expéditive dont a été réglée l'affaire Dieudonné. C'est là que nous touchons du doigt la perversité de ces interdictions : comment lutter contre cet antimémitisme, autrement plus virulent et répandu, faut-il le rappeler, que celui qui animait quelques Français des années 30, si la loi nous oblige à taire qui sont réellement ceux qui le propagent et l'entretiennent et quelles sont leurs motivations? Autrement dit cette loi qui veut protéer les juifs contre l'antisémitisme finira par se retourner contre eux. Elle ne fera, à terme, que les y exposer davantage.
14 janvier 2014, 16:11   Re : M'bala emballé
Point de vue intéressant cher Francis. Plus sartrien que girardien d'ailleurs.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 16:15   Re : M'bala emballé
Les propos de Francis Marche, brillants à défaut d'être d'une originalité foudroyante, sont un véritable petit monument d'excusologie... On croirait entendre un bon avocat américain (je dis cela en toute amitié).
14 janvier 2014, 16:26   Re : M'bala emballé
Citation
Cassandre
Depuis le début de l'affaire personne n'a désigné nomément, les principaux "fans" de Dieudonné, à savoir des personnes d'origine arabo-musulmane ou noire, pour me semble-t-il deux raisons. La première est de donner à croire que le danger antisémite viendrait exclusivement de l'extême droite "de souche" ou prétendue telle. Ce n'est pas sur l'origine métissée, négro-française de souche de Dieudonné que l'on insiste, mais sur le fait qu'il soit l'ami de Jean-Marie Le Pen. La deuxième est que nommer l'origine de ceux qui véhiculent majoritarement cet antisémitisme risquerait de tomber sous le coup de l'incitation à la haine raciale, surtout maintenant, depuis la façon expéditive dont a été réglée l'affaire Dieudonné. C'est là que nous touchons du doigt la perversité de ces interdictions : comment lutter contre cet antimémitisme, autrement plus virulent et répandu, faut-il le rappeler, que celui qui animait quelques Français des années 30, si la loi nous oblige à taire qui sont réellement ceux qui le propagent et l'entretiennent et quelles sont leurs motivations? Autrement dit cette loi qui veut protéer les juifs contre l'antisémitisme finira par se retourner contre eux. Elle ne fera, à terme, que les y exposer davantage.

Voici ce que je venais de lire tout juste avant de lire votre intervention :

Citation

Moi qui déplore depuis des années que l'antiracisme institué ait pour effet secondaire, marginal, mais néanmoins fâcheux, d'occulter des pans croissants de la réalité, je vois mes "analyses", si j'ose dire, confirmées à plein par ce tour récent des évènements, ce tour ultime, et cruellement ironique, de la spirale du sens : car ce que l'antiracisme en arrive à occulter à présent, par une cohérence exagérée, par négligence de son inévitable reste, par aveuglement sur son point aveugle, c'est du racisme, c'est à dire précisément ce qu'il a pour mission, pour essence et pour raison d'être, de dénoncer au premier chef.

Le propos était alors l'incendie volontaire ou la tentative d'incendie d'une dizaine de synagogues par des "jeunes", dans le Journal 2000 de qui-vous savez.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 16:39   Re : M'bala emballé
Oui, si la "transgression" et la grossièreté de Dieudonné ne rebutent pas (et je sais qu'elles rebutent fort, ici), c'est souvent drôle.

Je me demande bien comment Elisabeth Lévy (et d'ailleurs n'importe quelle personne un tant soit peu exigeante avec soi-même et la vie) peut avoir envie de donner de son temps et de son argent pour assister au spectacle d'un amuseur, celui-ci ou un autre, d'ailleurs. Dieudonné, quand il ne donne pas dans le négationnisme, est comme tous les amuseurs officiels : atrocement ennuyeux ; et l'écouter est vite une humiliation.

Oui, Dieudonné est un bouffon engagé, très engagé, fort probablement antisémite.

On admire au passage le “fort probablement”. Encore un effort, camarade.

Oui, Dieudonné a souvent tort, et ses groupies les moins cultivées risquent fort d'avoir tort avec lui. Ne pourrions-nous en discuter avec eux car
non, le public de Dieudonné n'est pas uniquement composé d'attardés mentaux, de racailles et de salauds, et certains savent très bien quoi prendre et quoi laisser quand ils regardent une vidéo ou assistent à un spectacle.


Je crains que ce soit impossible, hélas. Au-delà des propos incriminés, il y a, à un autre niveau, une impossibilité totale (pour moi, en tout cas) de discuter avec les personnes — y compris l'élite de ses spectateurs — qui éprouvent un plaisir sincère aux spectacles de Dieudonné ou d'autres amuseurs. Cette disqualification est du même ordre que celle qui frappe, implacablement, les fans de bande dessinée et ceux qui m'expliquent (en pure perte, bien entendu) que Serge Gainsbourg était un immense compositeur ou que les “symphonies” (sic) de Muse sont des chefs-d'œuvre.
Soudainement le lien entre nous ne se fait plus, on ne peut pas se comprendre, car nous vivons sur des planètes trop éloignées et trop différentes. C'est plus fort que moi, mais je me dis que quelqu'un qui en est encore à aimer sincèrement les spectacles de comiques, les mangas ou le rock, quelqu'un qui consacre vraiment du temps à ces choses-là ne peut rien avoir à m'expliquer, car toute tentative de dialogue entre nous est d'ores et déjà minée dès le départ. Ces dialogues-là souffrent des mêmes impossibilités que celles qu'on perçoit dans les débats qui opposent, à la télévision, un homme politique de premier plan et Doc Gyneco (mettons). Cela ne peut pas donner quoi que ce soit, car le covenant culturel de base n'y est pas.
Et c'est ainsi que la non-affaire Dieudonné est aussi un drame de la Grande Déculturation.
14 janvier 2014, 17:03   Re : M'bala emballé
Sartrien, oui possiblement cher Michel: Quenelle de Brest, par Genet, (Standing) Comédien et Martyr interposé.
14 janvier 2014, 17:04   Re : M'bala emballé
Citation

Soudainement le lien entre nous ne se fait plus, on ne peut pas se comprendre, car nous vivons sur des planètes trop éloignées et trop différentes.

Je comprends et m'attendais, cher Afchine Davoudi, à une réaction de ce genre sur le forum du PI. J'imagine que le fondateur de ce parti et nombre de ses intervenants réguliers feraient une réponse à peu près identique à la votre.

Mais je tenais à exprimer mon point de vue, en connaissance de cause, sur l'affaire, irrité que j'ai été par les insultes (pas le mépris : les insultes) faites à tous les spectateurs de Dieudonné. Elles ressemblent trop à celles que l'on entend à propos des souchiens en général et des électeurs frontistes en particulier (salauds, imbéciles, débiles, malades, racistes) pour être honnêtes.

Votre sarcasme sur mon "très probablement" n'est pas très fair play, en revanche. Je trouve ce "très probablement" assez reposant après ces quelques jours de folie pure. C'est d'ailleurs avec la même volonté de s'écarter de la meute, je crois, qu'Elizabeth Lévy a écrit son article.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 17:09   Re : M'bala emballé
Il me gêne de voir qu'on puisse mettre sur le même plan le soutien à Dieudonné et le soutien à la lutte contre le Grand Remplacement. Comme si ces deux causes se valaient. Comme si il y avait autant de morale de chaque côté. C'est vraiment tomber dans le relativisme, et je n'en reviens pas du nombre de patriotes qui se sont laissés si facilement avoir.
14 janvier 2014, 17:22   Re : M'bala emballé
Poursuivant un fil d'échanges méta-virtuels avec Michel, s'il le veut bien (méta-virtuels parce qu'internes à la discussion virtuelle qui s'expose ici) : le comédien et martyr dans nos sociétés et l'idée du juif, ou la fonction que l'on assigne à ce dernier, généralement sans lui demander son avis, entretiennent depuis des temps non répertoriés une fascination douloureuse et féconde. Dieudonné, qui est le roi Ubu des Paumés, le solipsiste produit de la dérive, une sorte de métis méta-juif frère jumeau imaginaire, en exclusion générique/génétique et en opposition et concurrence frontale et ontologique avec ses frères de condition dans un réel qui n'a jamais envisagé ni prévu sa venue, ressemble assez au Lenny Bruce américain, comme lui obsédé par la race, la judéité.

Le malheureux métis, le monstre Dieudonné est sans peuple (il n'est pas, il ne sera jamais, nulle part, de "peuple métis"), sans Mur des Lamentations, et c'est bien là que se tient toute l'affreuse injustice, le manque qui le rend haineux et amoureux de ses frères injustement, inéquitablement dotés de cet enviable Mur.

Plus je pense à cela plus je me sens sioniste : il faut que les juifs existent hors de cette infernale fantasmagorie des rejets du monde, qu'ils existent dans un pays et par un Etat salubre et ordinaire, loin de la passionnelle langueur qu'expriment dangereusement tous ceux qui souffrent de ne pas être aussi maudits et néanmoins appartenants qu'eux le sont.
14 janvier 2014, 17:34   Re : M'bala emballé
Citation

Il me gêne de voir qu'on puisse mettre sur le même plan le soutien à Dieudonné et le soutien à la lutte contre le Grand Remplacement. Comme si ces deux causes se valaient. Comme si il y avait autant de morale de chaque côté. C'est vraiment tomber dans le relativisme, et je n'en reviens pas du nombre de patriotes qui se sont laissés si facilement avoir.

Je ne dis pas ça, pas du tout.

Je dis que les mensonges que j'ai entendus et les insultes qui ont été proférées sont d'éhontés mensonges et d'insupportables insultes. Que ces mensonges et ces insultes je les ai déjà entendus à propos d'autres sujets, dans d'autres affaires (je suis peut-être le gogo que vous dîtes, mais j'essaie de ne pas être celui que BFM et France Culture veulent que je sois). Je ne relativise rien, je ne compare que les mensonges et les insultes, les "méthodes" médiatiques, pour résumer, qui m'insupportent presque autant quand un "ennemi" en fait les frais que quand c'est un allié.

Comme je connais bien, pour une fois, cet "ennemi", que j'arrive à peu près à voir ce qui relève du mensonge le concernant, lui et son public, et qu'en cela je pensais que mon témoignage pouvait être un tant soit peu pertinent, je vous en ai fait part à tous dans mon message initial, voilà tout.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 17:58   Re : M'bala emballé
Je n'ai pas parlé de gogo, mais de niveaux de sens (et de niveaux culturels).
14 janvier 2014, 18:24   Re : M'bala emballé
Citation
Afchine Davoudi
Je n'ai pas parlé de gogo, mais de niveaux de sens (et de niveaux culturels).

Pardon, mais il me semble que "se laisse facilement avoir" est une définition plus que recevable pour l'entrée gogo !

Mais je ne cherche pas querelle, et je pense avoir fini par dire ce que j'avais à dire (oh, pas que ce soit bien transcendant, surtout que j'ai été traîtreusement pris en sandwich entre Marche et Marche).
14 janvier 2014, 18:29   Re : M'bala emballé
Quand j'ai découvert par hasard, pour la première fois, bien avant que n'éclate l'"affaire", la fameuse "quenelle", je n'y ai d'abord pas prêté attention. Puis comme elle apparaissait de plus en plus souvent ici ou là, je n'y ai vu qu'un bras d'honneur au carré. Jamais il ne me serait venu l'idée qu'en France, en l'an de grâce 2014, ce bon vieux geste rabelaisien, presque vénérable à force d'être l'emblême depuis des lustres de la gauloiserie méditerrennéenne pourrait -être sérieusement associé à un salut nazi ... inversé. Et quand je dis "sérieusement" j'entends sans que cela prêtât à une immense tranche de rigolade du genre que ponctue généralement le bras en question. Hélas, trois fois hélas, pas l'ombre d'un commencement de début de rigolade quand un obsur imbécile a vendu soi disant la mèche. Que dis-je ? Pas même l'esquisse d'un petit sourire coincé dans les commentaires de la presse et des politiques. En revanche, on a vu du jour en lendemain surgir une armada d'experts en "quenelle" lesquels avec ce sérieux de médecins de Molière ou de sociologues qu'on leur connaît se sont aussitôt penchés au chevet de la "chose". On en a fait l'historique, on a glosé sur les différentes exécutions : la main à l'épaule, la main au coude, la quenelle par le plat de la main, le dos ou la tranche, les différentes versions : miltaires, politiques, sexiste, homophobes et pour finir ...nazies ! De savants traités sur la quenelle, tombés, eût-on dit de la plume d'austères vieilles barbes ont ainsi vu le jour, mais encore une fois, de rigolade, macache ! Craignait-on que rire de la querelle sur la quenelle n'entraînât aussi l'interdiction du rire ? Car enfin, comment distinguer un rire normal d'un rire nazi ? Dans le doute, n'est-ce pas ? mieux vaut s'abstenir. Le bras d'honneur, ce fleuron du patrimoine gaulois, risque donc aussi de disparaître. Rendons sans tarder son honneur au bras d'honneur aujourd'hui gravement diffamé : non, il n'est pas et n'a jamais été nazi ! Une association pour sa défense s'impose de toute urgence !
14 janvier 2014, 18:56   Re : M'bala emballé
Vous parlez d'or Cassandre, comme toujours.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2014, 19:07   Re : M'bala emballé
« Le bras d'honneur, ce fleuron du patrimoine gaulois, risque donc aussi de disparaître. »

Contrairement à vous, Chère Cassandre, je ne le crois pas spécialement en danger. J'ai plutôt l'impression que son sinistre règne, bien au contraire, n'a jamais été si absolu.
15 janvier 2014, 05:41   Re : M'bala emballé
Chère Cassandre, je trouve qu'en l'occurrence vous faites comme si de rien, ou presque, n'était, et nombre d'experts à noyer le poisson avec vous : on n'ose même plus se formaliser un peu de la teneur de cette très douteuse affaire, crainte que tout cela ne soit que le produit de l’imagination des frileux paranoïaques que nous sommes, qui se raidissent au moindre bras d'honneur un peu stylisé...
Mais qu'avons-nous là finalement ? un antisémite pratiquement déclaré (que ce soit par envie mimétique ou non, peu me chaut), fraternisant avec Faurisson et l'invitant à parader dans ses shows, co-fondant un parti politique dont l'unique "programme" est de charger le mouvement sioniste et Israël, "Etat juif", de presque tous les maux de la terre, et popularisant un geste qui est exactement ceci :



sorte de "j't'encule" bon enfant mimant à l'envers, par pernicieuse dérision de camouflage, le signe de ralliement des pires ennemis que les Juifs aient jamais connu, et invitant ses aficionados, de plus en plus nombreux, à le reproduire en toute circonstance, de préférence sur des lieux mémoriels de la Shoah(nanas), ou ayant quelque valeur symbolique liée à l'histoire du peuple juif.

Faut-il vraiment que je gobe que tout cela n'est pas sérieux, ne prête pas réellement à conséquence et ne renvoie à rien d'autre qu'aux piètres et lamentables inepties d'un bouffon négligeable qui ne sait ce qu'il dit ?? Qu'on étende les limites de la sacro-sainte liberté d'expression aussi loin qu'on voudra, jusqu'à la faire craquer, je veux bien, mais de grâce, qu'on ne nous prenne pas pour des idiots ou des aveugles.

Il est une autre dimension de l'affaire, que les "commentateurs" semblent avoir totalement négligée, qui est que le rire et la dérision, en la circonstance, ne dédouanent en rien la véhémence et la force du propos, mais bien au contraire portent le coup de grâce, si l'on peut dire, et achèvent la besogne en frappant doublement : l'horreur est dans tous les cas pétrifiante et tragique quand elle est nue et se déroule indiciblement hors la portée des mains sales de la vulgarité dont est capable le regard humain ; mais inversez-en le signe en la badigeonnant du sinistre sceau du grotesque et de la farce de l'"amuseur", et vous tuez les morts en leur ôtant même la dignité de leur épreuve. Bien que pour ma part je m’en garderai et passerai mon tour, j’estime qu’il est néanmoins permis de s’en émouvoir, et de broncher, ne serait-ce que par réflexe de défense.
Je ne laisse pas au reste d'être étonné que tant de gens si bien intentionnés, et d'habitude si avertis, se laissent prendre à l'oripeau du comique qui entoure l'affaire comme à une circonstance atténuante ; quelle erreur, à mon avis !
15 janvier 2014, 07:05   Re : M'bala emballé
Chargée de dérision cette gestuelle se prend elle-même en dérision, d'où la difficulté de la sanctionner. Si l'on choisit de passer outre cette double articulation ou involution de la dérision, il faudrait interdire le film de Chaplin "le Dictateur" où ce geste est reprodruit ad nauseam pour rire.

Je recommande la lecture de l'article de Jack Lang paru dans le Monde et mis en lien par Michel sur la question de la sanction pénale, très épineuse. Cet entretien de Lang contient une remarquable critique de la procédure administrative/juridique engagée par le Pouvoir contre Dieudonné, et qui coïncide avec mon point de vue personnel sur la question; cela alors qu'il y a peu d'hommes dans le paysage politique français qui se situent plus exactement que Jack Lang au nadir de mes positions politiques.

De manière plus profonde ou plus "structurelle" : le discours de Dieudonné et de ses suiveurs ou inspirateurs peut se résumer brutalement par un "Y'en a marre des juifs" qui dit la totalité du procès antisémite atemporel (*), soit un procès qui ne s'instruit pas, qui est sans motif. Or ce que vient de faire le Pouvoir sur Dieudonné reproduit ce mode de procès. Le Pouvoir dit que désormais "Y'en a marre de Dieudonné" et en condamnant ainsi l'homme en bloc et "pour l'ensemble de son oeuvre", produit une image miroir du procès antisémite, miroir dont, bien évidemment, l'intéressé s'empresse de s'emparer pour se faire passer pour victime d'un "procès anti-nègre".

La non-instruction, l'a-temporalité, l'absence d'un temps de départ, d'un constat d'infraction et d'une introduction d'instance dans la procédure visant Dieudonné soudent le couple circulaire Dieudonné-Valls comme deux crocodiles disposés en cercle, en cirque, se mordant la queue dans l'absolu transcendance de la passion. Ce qui laisse l'antisémitisme, la haine pure et leur vice circulaire, en l'état.

--------------------
(*) Il est significatif que dans les deux vidéos de Dieudonné que j'ai regardées sur YouTube, leur auteur entame son propos en rappelant que "Internet est intemporel" (aucun "bonjour" ni "bonsoir" n'y sont possibles), a-temporel comme l'est la passion non instruite qui est sans début ni fin.
15 janvier 2014, 11:26   Re : M'bala emballé
D'accord avec Alain Eytan (mais pas le temps de développer).
15 janvier 2014, 12:18   Re : M'bala emballé
" mais inversez-en le signe en la badigeonnant du sinistre sceau du grotesque et de la farce de l'"amuseur", et vous tuez les morts en leur ôtant même la dignité de leur épreuve"
Justement ! l'antisémitisme est chose trop sérieuse pour attaquer Dieudonné sous l'angle de cette ridicule histoire de "quenelle" . Les possibilité de l'atteindre ne manquaient pourtant pas. On aurait voulu mettre les rieurs avec lui qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Au reste que ce geste soit un salu nazi inversé, n'était venu, en dehors de quelques "initiés", à l'idée de personne. Alors quitte à convoquer les mânes du nazisme en guise deprovocation, pourquoi le faire de cette façon cryptée compréhensible aux seuls "initiés"et qui édulcore la "provoc" jusqu'à la faire disparaître? Qui décidera désormais si un vulgaire bras d'honneur est nazi ou pas ? Tout cela ne fait que trop penser à ces personnes brutalisées et davantage pour avoir manquer de respect au Coran : le manque de respect pouvant prendre des formes aussi innocentes qu' un exemplaire retrouvé à côté d'une tranche de jambon, ou qu'un autre à bout de course jeté à la poubelle ou encore retrouvé sur une étagère à côté d'un ouvrage plus ou moins porno ou simplement que quelques vieux feuillets décousus retrouvés dans le caniveau. ETc.
Toutefois je ne voudrais pas passer pour vous faire le procès d'intention consistant à penser que vous en faites un, vous -même, cher Eytan, à certains de ceux qui défendent ici becs et ongles le principe de la liberté d'expression tout en ayant autant que vous l'aversion la plus totale pour le nazisme ...

(message modifié et corrigé)
15 janvier 2014, 14:40   Re : M'bala emballé
Citation
Cassandre
Au reste que ce geste soit un salut nazi inversé, n'était venu, en dehors de quelques "initiés", à l'idée de personne.

Ni même à l'idée de son créateur.

Que ce geste soit à vos yeux à tous bêtement transgressif, grossier, répugnant, je le comprends, ô combien.
Que Dieudonné "ait "co-fondé" un parti politique dont l'unique "programme" est de charger le mouvement sioniste et Israël, "Etat juif", de presque tous les maux de la terre" : oui, trois fois oui, Alain Eytan.

Mais qu'en quelques semaines on ait décidé que ce geste est un salut nazi, comme par décret, est ridicule et mensonger. La première fois qu'il est apparu, c'est dans un sketch dans lequel un dauphin "quenellise" la bêtise des hommes, nom de nom ! Un mensonge, donc. Un mensonge des associations antiracistes, des médias, des politiques. Cette fois ça tombe sur un ennemi, on peut s'en réjouir, mais quand ça nous tombera sur le paletot nous nous réjouirons moins (puisque du point de vue des associations antiracistes nous flirtons avec le racisme, l'islamophobie et la xénophobie ici, n'est-ce pas ? Le nazisme n'est pas loin).

Encore une fois je ne relativise rien et la seule chose que je compare c'est le mensonge, ici et là, et bien évidemment, je giflerais avec plaisir les petits salauds qui se sont pris en photo devant Auschwitz ou devant l'école juive de Toulouse en faisant une quenelle, comme je giflerais les mêmes s'ils s'étaient pris en photo aux mêmes endroits en brandissant un doigt d'honneur ou en faisant un pied de nez.
Utilisateur anonyme
15 janvier 2014, 16:07   Re : M'bala emballé
C'est vrai, quoi, entre la haine obsessionnelle du juif et le nazisme, il n'y avait vraiment pas de quoi émettre ne serait-ce que la possibilité d'un lien. Les gens i'z'ont des drôles d'idées, parfois...
15 janvier 2014, 17:54   Re : M'bala emballé
Exemple d'un spectacle vivant sans quenelle, donc sain, et donc autorisé par le ministre Valls. On y appelle par six fois à "égorger les juifs" mais ce doit être de l'humour. Nous sommes sur les Champs-Elysées le 15 septembre 2012, soit SIX MOIS EXACTEMENT après les atrocités commises par Mohammed Merah à Toulouse :

video: [www.youtube.com]
15 janvier 2014, 18:40   Re : M'bala emballé
Khaybar Khaybar ya Yahud, jaysh Muhammad sawfa ya‘ud (Khaybar, Khaybar ô Juifs, l'armée de Mahomet reviendra.)

L’équivalent mahométan du Deutschland erwache, Juda verrecke (Allemagne réveille-toi, Judas crève) des Nazis.
15 janvier 2014, 19:11   Re : M'bala emballé
Encore une fois, je pose la question : si l'on interdit le spectacle de Dieudonné pour antisémitisme comment justifier la vente libre du Coran qui est bien plus virulent contre les juifs et que des centaines de milliers de musulmans lisent et souvent récitent par coeur ? Comment, à plus forte raison, justifier l'interdiction de toute critique à son encontre, comme pourtant cela nous pend au nez ?
Utilisateur anonyme
15 janvier 2014, 20:31   Re : M'bala emballé
Desproges serait-il interdit aujourd'hui ?

On peut aussi penser, s'il était encore parmi nous, qu'il se censurerait lui-même, conscient qu'ils veillent, qu'ils guettent le dérapage.



15 janvier 2014, 21:27   Re : M'bala emballé
C'est très curieux... on s'étonne, sur ce forum, de ce que des citoyens ne voient pas des réalités qui sautent aux yeux des intervenants... moi, ce qui me saute aux yeux, c'est que M. Dieudonné est un sacré antisémite, et qu'il y a bon nombre de gens à la droite de la droite qui s'en accommodent fort bien... et même que ces gens-là trouvent, que, finalement, en pesant bien les choses, il y a quelques éléments qui...

C'est très curieux... la fameuse quenelle est évidemment un bras d'honneur antisémite, un bras d'honneur sans honneur, sournois, qu'on glisse et qu'on enfile...

Savez-vous que dans les dieudonnesques spectacles on chante sur l'air des partisans composé par Anna Marly à la place des paroles écrites par Joseph Kessel "François la sens-tu, quand on glisse dans ton cul, la quenelle ?" ?

Ceux qui vont dans ces spectacles pour chanter ça, pour se délecter du jeu avec les juifs et les limites (ils et elles, donc), ceux-là mériteraient qu'on leur mette une sacrée danse, croyez-moi.
16 janvier 2014, 04:39   Re : M'bala emballé
» Chargée de dérision cette gestuelle se prend elle-même en dérision, d'où la difficulté de la sanctionner. Si l'on choisit de passer outre cette double articulation ou involution de la dérision, il faudrait interdire le film de Chaplin "le Dictateur" où ce geste est reprodruit ad nauseam pour rire.

Francis, comme vous l'avez vous-même si bien dit, on ne peut juger et sanctionner le crime en pensée, la mauvaise pensée, l’état d'esprit, le for intérieur et le climat affectif d'une conscience, aussi délétères soient-ils : je n'ai absolument aucun moyen de savoir si le perpétrateur de la "quenelle" se prend en dérision en accomplissant son geste dérisoire, mais vous dirai-je la vérité, je m'en fous ! Reste le geste manifeste, et les actes et les paroles, témoignages actualisés, qui eux peuvent être constatés, enregistrés, appréciés au regard de ce permet ou non la loi. Je ne suis certes pas expert en la matière, bien moins que Lang, à n'en pas douter, mais d'après certains avis autorisés, il y aurait là matière à sévir, si on le souhaite vraiment.
Et je ne suis en l'occurrence pas partisan de l'analyse contextuelle (ou "structurelle") des faits (mais si on fait cela, alors quid d'autres cas similaires, et d'autres encore, jusqu'au Coran qui appelle bien au meurtre des infidèles, et jusqu'à la Bible, après tout, qui commande bien l’annihilation d'Amalek, non ??) ; on n'en finira jamais ; mais en bon pointilliste que je suis, propose une approche limitée, précise, fignolée, orientée vers ce dont on parle, enfin, ce dont on parle, au cas par cas et d'espèce, et rechignerait à démonter puis remonter l'univers tout entier brique par brique, avant que de se permettre même d'émettre un quelconque jugement.
16 janvier 2014, 05:53   Re : M'bala emballé
Je ne sais pas s'il est possible ou s'il est impossible d'instruire le procès d'un geste qui serait investi d'une charge symbolique sûre -- celle d'un manque de respect pour les morts. Un peu comme si des procès-verbaux devaient être dressés à quiconque n'ôterait pas son couvre-chef en passant devant un monument aux morts. Certains se sont fait photographier quenellant devant le portique d'entrée du camp-musée d'Auschwitz-Birkenau, ou d'autres en des lieux investis d'une très forte et très douloureuse charge symbolique (l'école de Toulouse où une fillette juive à été abattue d'un coup de feu tiré à bout touchant par Mohammed Merah). Ce geste de la quenelle commis en pareil lieu devrait être sanctionné par la loi, leurs auteurs qui publient leurs photos sur Internet recherchés par la police, traduits en justice. Mais au-delà, dans des lieux neutres, dans des cafés-concerts, le faut-il aussi, le peut-on aussi, en toutes circonstances ? Et à supposer qu'on le puisse, cela n'aurait-il pas pour effet adverse de banaliser, d'égaliser le geste lorsqu'il se commet dans ces lieux de mémoire, d'en atténuer la gravité en la rendant indistincte ?

L'analyse contextuelle est nécessaire pour opérer l'indispensable discrimination de ce qui doit intéresser la justice d'une part, le politique d'autre part.

La manifestation du 15 septembre 2012 dont vidéo supra qui CELEBRAIT l'anniversaire semestriel des atrocités commises par Mohammed Merah intéressait la justice au premier chef; les clowneries d'un Dieudonné davantage la psychiatrie, et accessoirement le politique.
Utilisateur anonyme
18 janvier 2014, 16:21   Re : M'bala emballé
Un colloque était organisé, hier, au sénat, à l'occasion du centenaire de la mort de Charles Péguy.

Entre autres interventions, celle de Finkilekraut, résumée :

Cette propension idéologique à nier le réel n'a certes pas disparu avec l'affaire Dreyfus. Plus près de nous, il y a l'affaire Dieudonné. « Edwy Plenel, remarque Finkielkraut, considère l'interdiction de ses spectacles comme un ''attentat contre les libertés'' ». Pourquoi ? Plenel milite pour une société multiculturelle : le racisme de Dieudonné, qui réunit et fait rire des spectateurs blacks blancs beurs, n'a pas sa place dans son idéologie. La France blacks blancs beurs n'est pas, ne peut pas être raciste. « L'esprit de Guesde souffle encore, note l'écrivain. Cette haine n'est pas au programme, donc elle n'est pas. Ce genre de journalistes est fâché avec l'événement. Celui-ci n'est pas leur maitre, il est leur valet. S'il désobéit, il passe à la trappe ». Alors que, rappelle Finkielkraut, Péguy, lui, disait : « Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit ».
18 janvier 2014, 17:19   Re : M'bala emballé
Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit

Comme il est remarquable que, contemporain de Péguy, de l'autre côté de la frontière qui tua Péguy, un autre penseur, Martin Heidegger alors lecteur de Husserl, dût quelques années plus tard (p. ex. dans ses Prolégomènes à l'histoire du concept de temps, 1925) s'efforcer de dire et de faire entendre à ses étudiants que rien n'est plus complexe et difficile que de voir ce que l'on voit. Voir ce que l'on voit mobilise un formidable arcane, celui de l'esprit en conscience et en lutte paradoxale (parce qu'en nécessaire approbation, et profonde et vitale approbation de son acte perceptif, tout entier jeté et dirigé dans cet acte) avec lui-même et son désir, son aspiration de ne voir que le déjà entendu, donc le déjà vu.

Il est très possible que Finkielkraut dise vrai et il est hélas, partant de ce vrai, de cet intelligible articulé et recevable, parfaitement plausible aussi qu'il soit dans l'errement, dans le tort et que la liberté d'expression absolue, la déroutante liberté nouvelle, continue, en dépit de tout y compris Dieudonné et Plenel, d'être l'amie des juifs et des hommes de bonne volonté en général.

[Rappelons à toutes fins utiles et à l'intention de ceux qui verraient comme incongru ce rapprochement entre Heidegger et Péguy que tous deux furent d'abord et en même temps de fervents catholiques]
Utilisateur anonyme
18 janvier 2014, 18:04   Re : M'bala emballé
« Il est très possible (...) que la liberté d'expression absolue, la déroutante liberté nouvelle, continue, en dépit de tout y compris Dieudonné et Plenel, d'être l'amie des juifs et des hommes de bonne volonté en général. »

Elle me donnerait plutôt l'impression de favoriser la guerre déchaînée de tous contre tous.

Dépénaliser certaines paroles, contrairement à ce qu'on voudrait croire, n'est pas souhaitable, et participe de ré-ensauvagement général en cours. C'est aussi oublier que menaces, chantage, manipulation et harcèlement moral sont de véritables armes, et qu'elles peuvent très bien blesser. Ce n'est pas pour rien que le législateur les a pénalisées.
18 janvier 2014, 18:57   Re : M'bala emballé
Elle me donnerait plutôt l'impression de favoriser la guerre déchaînée de tous contre tous.

En effet, les gens étant incapables de faire un usage raisonné, constructif, progressiste, bref, intelligent, de la quantité aberrante de libertés dont ils disposent, ils courent aveuglément à leur perte (les bras chargés de droits).
19 janvier 2014, 01:07   Circulez, y a rien à voir
» s'efforcer de dire et de faire entendre à ses étudiants que rien n'est plus complexe et difficile que de voir ce que l'on voit

De là à vouloir nous persuader de l’impossibilité constitutive de voir ce qui doit être vu, et que la seule vision digne d'être vue est celle de l'obnubilation du visible, le chemin est tout tracé.

Ne brouillons pas à ce point les cartes : il y a bien, à ce niveau-là d'observation, une réalité factuelle discernable dans laquelle il est possible de faire le départ entre vrai et faux, sans quoi nous nous égosillons tous parfaitement en vain, avec nos beaux discours, et errons surtout dans une inextricable cacoscopie qui ne me dit rien qui vaille.
20 janvier 2014, 11:00   Cacoscopie
Parce que fort heureusement nous ne sommes pas ici sur Boulevard Voltaire ni dans le Nouvel Obs ou une des feuilles électroniques quotidiennes subventionnées par un gouvernement incapable ne serait-ce que d'apprendre à écrire le français à ses journalistes, et parce que si nous sommes ainsi autres et meilleurs, nous vous le devons un peu, cher Alain,

ceci, qui fut écrit par Thomas Hardy en Angleterre en 1891, l'année de parution du premier ouvrage achevé du philosophe allemand Edmund Husserl, la Philosophie de l'arithmétique, Husserl qui, mathématicien curieux de psychologie, devait lancer pour de bon l'étude de la cacoscopie quelques années plus tard avec ses Recherches logiques, poussé à l'instar de Péguy par son inquiétude et entraîné dans une enquête visant la difficulté de voir ce que l'on voit et dans cet élan ou ce cheminement, créant la phénoménologie vingtiémiste:

In the ill-judged execution of the well-judged plan of things the call seldom produces the comer, the man to love rarely coincide with the hour for loving. Nature does not often says "See!" to her poor creature at the time when seeing can lead to happy doing; or reply "Here!" to a body's cry of "Where?" till the hide-and-seek has become an irksome, outworn game. We may wonder whether at the acme and summit of the human progress these anachronisms will be corrected by a finer intuition, a closer interaction of the social machinery than that which now jolts us round and along; but such completeness is not to be prophesied, or even conceived as possible.

L'on devrait dire que ce que l'on voit est toujours de l'inconnu, que si ce que l'on voit était connu, su, acquis, aisément identifiable et couru d'avance parce qu'en coïncidence avec l'attente passionnelle, nous deviendrions tous fous (si nous ne le sommes déjà) comme devient fou le Joueur d'échecs de Sweig qui, face à la chambre de sa détention en isolement sensoriel, espace et mobilier achi-connu qu'il ne peut fuir, chose connue au-delà de ce que lui même ne se connaît, à laquelle il ne peut échapper, heure après heure, semaine après semaine, doit créer de l'inconnu en jouant aux échecs mentaux contre lui-même sous peine de basculer dans le néant, l'autodestruction, et dans cette tentative de solution même, échouant, ne pouvant empêcher la survenue de la démence qu'il redoute.

Nous ne savons pas ce qui est en train de se passer sous nos yeux, et cette ignorance même nous préserve encore de la folie. Le connu nous aveugle et nous masque l'inconnu où se tient le réel en acte. La sagesse, un impératif d'hygiène élémentaire de l'esprit, commandent dès lors de puiser à foison, de s'abreuver à grandes lampées, d'inconnu, à ne voir que lui, et ce faisant d'entretenir son immunité contre les assauts de la folie et du néant.

Le défi voir ce que l'on voit est triple : il s'agir de voir par un acte comportemental/déportemental unique l'inédit, l'inconjecturé et le non-encore-connu.
20 janvier 2014, 14:15   Re : Cacoscopie
L'affaire "Dieudonné" soulève plusieurs questions.
Tout d'abord, un petit point de formulation.
Dire "X est antisémite", en général, me déplaît. L'antisémistisme est une opinion.

Or, une opinion ne fait pas partie de l'essence de quelqu'un.
Une opinion est quelque chose que l'on a.
L'opinion découle de certaines raisons.
Et si l'on change les raisons de quelqu'un, son opinion change.

-> Un homme n'est pas une opinion, ce serait un sophisme que de le dire.

Par conséquent, la question à poser serait plutôt : "Dieudonné a-t-il des opinions antisémites ?".
Lui répond que non. Mais peut-être que ça dépend des jours...

Cependant, à vrai dire, que Dieudonné ait des opinions antisémites n'est pas vraiment le point révélé par l'affaire.

Ce que l'on y voit, c'est que la liberté d'expression et de dérision y a trouvé une limite,
alors que ce droit tient une place centrale dans le dispositif juridique actuel.

Le Canard Enchaîné, les guignols de Canal Plus : la dérision est un instrument politique au centre de notre vie politique depuis très longtemps déjà.

Pour ma part, je suis sûr que c'est ce que Dieudonné a voulu montrer.
C'est certainement la raison pour laquelle il a dénommé son spectacle "Le Mur",
le mur étant une limite infranchissable contre laquelle on se fracasse.

Reprenons l'ensemble des polémiques récentes en matière d'expression jugées scandaleuses :
- Caricatures de Mahomet ? pas de mur, vive la liberté d'expression !
- Le piss-Christ, le Christ aspergé d'excrément ? pas de mur, vive la liberté d'expression !
- se moquer du président ou des ministres ? pas de mur, vive la liberté d'expression :
- Tourner en dérision la Shoah ? le mur, la liberté d'expression a des limites !

Le pouvoir politique a donc démontré qu'il pouvait limiter la liberté d'expression et de dérision s'il en avait la volonté.

Mais quelles pourraient être les raisons pour une société démocratique de limiter la liberté d'expression ?
Il y a déjà les injures (sauf en réponse à des injures préalables), les diffamations, les incitations au meurtre. Ces limitations sont liées aux rapports individuels. D'un point de vue plus politique, il y a tout ce qui prend en dérision les fondements de la société elle-même, son organisation, car nulle société ne pourrait tolérer une subversion appelant à sa destruction.

Or, il se trouve que la plus grande part de notre patrimoine culturel, architectural, artistique et moral vient en ligne directe du christianisme et que tout ce patrimoine bimillénaire fait encore la renommée actuelle du pays.

Par conséquent, la raison indique que, s'il faut limiter la liberté de dérision sur certains critères politiques, une priorité va à combattre ce qui dévalorise le patrimoine du pays, donc ce qui dévalorise le catholicisme. Or tel n'est pas le cas. Le catholicisme peut être dévalorisé au-delà de toute limite.

Bizzarement, c'est la Shoah, dont la France n'hérite d'aucun patrimoine, qui a la priorité en matière de protection face à la dérision. De mon point de vue, ce n'est pas légitime. La Shoah n'est en rien le fondement de la société actuelle, et elle ne peut pas l'être à l'avenir. On ne peut pas fonder l'avenir d'un peuple sur sa culpabilisation permanente.

Dieudonné est allé se cogner dans "le mur" pour montrer le pouvoir en place.
Or ce pouvoir n'est pas légitime, car il ne valorise pas notre société, mais au contraire la laisse être dévalorisée.
Ce pouvoir n'est donc pas porteur d'avenir pour notre société, puisqu'il laisse oeuvrer à sa destruction et interdit au peuple de rire de ce qui le culpabilise sans cesse.

Vous souvenez-vous de cette proposition démente qui consistait à vouloir faire adopter par des enfants de dix ans en primaire des enfants morts dans les camps de concentration ? C'est fou... Faut reconnaître que le gouvernement français fait un zèle étonnant sur la Shoah, cependant qu'il laisse aller tout le reste à vau l'eau.
20 janvier 2014, 14:52   Re : M'bala emballé
Sans chercher midi à quatorze heures, cet intérêt manifesté par l'Etat, en France, pour le sujet de la Shoah, ne tiendrait-il pas au fait que l'Etat français aurait quelque peu kollaboré à la réalisation de celle-ci ?
20 janvier 2014, 15:25   Re : M'bala emballé
- Caricatures de Mahomet ? pas de mur, vive la liberté d'expression !

Non mais vous plaisantez ? Les caricatures danoises nous ont valu depuis 2006 dans l’ensemble du monde musulman (pas seulement du monde arabe) des émeutes et des saccages de représentations diplomatiques, qui ont fait des tas de morts, des campagnes de boycott, des attentats terroristes et des projets d’attentats miraculeusement déjoués. Deux Américaines, surnommées jihad Jane et jihad Jamie par les médias, viennent d’être condamnées à de longues peines parce qu’elles voulaient tuer le dessinateur suédois Lars Vilks (car il y a aussi une histoire de caricatures suédoises). Jihad Jamie avait entraîné son petit garçon à tuer les gens, dans la meilleure tradition palestinienne.
En France, les bureaux de Charlie Hebdo ont flambé en 2011 en rétribution de la publication de Charia Hebdo, rédac-chefisé par le prophète, parce que les extrémistes musulmans français avaient remarqué précédemment que les procès intentés contre les caricatures pour blasphème et pour racisme ne donnaient rien (ils les perdaient) et qu’ils ont donc préféré passer à l’action directe. On n’a naturellement pas trouvé les incendiaires et on ne les trouvera jamais.
Utilisateur anonyme
20 janvier 2014, 17:18   Re : M'bala emballé
"- Tourner en dérision la Shoah ? le mur, la liberté d'expression a des limites ! "

Dieudonné n'a pas "tourner en dérision la Shoah", il a nié l'existence des chambres gaz (pour mieux demander à ce qu'un journaliste y soit envoyé), puis, s'agissant du conflit qui a amené au projet d'extermination systématique par l'Allemagne nazie d'entre cinq et six millions de Juifs, il a affirmé qu'il ne savait pas "qui avait commencé", mais qu'il avait sa "petite idée" (bref, les juifs ont provoqué et ont bien mérité cette extermination).

La nuance est tellement énorme que ne pas la voir me fait peur, M ou Mme Florentis.
Utilisateur anonyme
20 janvier 2014, 17:43   Re : M'bala emballé
« Mais quelles pourraient être les raisons pour une société démocratique de limiter la liberté d'expression ? »
La civilisation ? Le refus, même en régime démocratique, du n'importe quoi ?

« Bizzarement, c'est la Shoah, dont la France n'hérite d'aucun patrimoine »
Aucun. Absolument aucun. Rien. Nada. Que dalle, quoi. Nous n'avons absolument rien à voir là-dedans. Je ne sais pas du tout de quoi vous parlez (mais, comme dirait l'autre, j'ai ma p'tite idée).

« Or ce pouvoir n'est pas légitime, car il ne valorise pas notre société, mais au contraire la laisse être dévalorisée »
Il faudra donc ajouter cette nouvelle définition à l'entrée légitimité du dictionnaire...
21 janvier 2014, 00:04   Re : M'bala emballé
C'est sans doute l'effet de mon mauvais esprit, mais lorsque je lis la phrase : "C'est la Shoah, dont la France n'hérite d'aucun patrimoine", outre la construction grammaticale qui me paraît un tant soit peu maltraiter le sens supposé de ladite phrase, et la rend passablement obscure, je me demande si derrière pareille formule ne se dissimulerait pas une très, mais alors très légère, intention de rabattre le caquet à ceux qui se seraient bien volontiers passés de l'incommensurable privilège de n'être qu'un détail de la Seconde Guerre mondiale, à telle enseigne que ledit ''patrimoine'' dont nous n'avons pas hérité ne pouvait que partir en fumée, et être passé par pertes et profits.
De plus, quelqu'un pourrait-il avoir l'obligeance de rappeler à l'auteur de cette phrase, primo que le christianisme découle du judaïsme, secundo que l'Europe est une terre judéo-chrétienne, tertio que nombre de chrétiens ont partagé durant la guerre le sort tragique des Juifs ?
21 janvier 2014, 02:43   Re : M'bala emballé
» Bizzarement, c'est la Shoah, dont la France n'hérite d'aucun patrimoine, qui a la priorité en matière de protection face à la dérision

C'est la raison présumée de cette bizarrerie qui nous chiffonne, justement...


» L'antisémistisme est une opinion

Cela peut être débattu ; c'est aussi et surtout une véritable passion, et je ne sais si l'assertion selon laquelle le monomaniaque a l'"opinion" de l'objet de sa fixation conserve encore un sens bien défini à l'opinion en général.
21 janvier 2014, 06:06   Re : Cacoscopie
» Le défi voir ce que l'on voit est triple : il s'agir de voir par un acte comportemental/déportemental unique l'inédit, l'inconjecturé et le non-encore-connu.

Pourtant, le "sens" réside en premier lieu dans la possibilité de l'établissement d'un rapport entre l'inconnu (et à ce titre l'insensé) et le déjà connu, le répertorié et l'identifié ; "avoir du sens", c'est pouvoir renvoyer, en vertu d'un lien proprement directionnel, à un quelconque autre de ce dont on cherche le sens, autre qui l'homologue et le case dans la trame d'un environnement cadastré.
Et cela tombe bien : les sens (au premier rang desquels la vision) renseignent le sens : l'on
reconnaît une forme — c'est précisément le rôle de la perception — en la rapportant à certaines occurrences passées en fonction desquelles le comportement idoine doit être adopté : si ce report est possible, la forme présentée par le percept dans la représentation a du sens, c'est-à-dire que l'on sait comment réagir adéquatement à son égard.
Sinon c'est le pur inconnu, l'insensé permanent, et de là à la folie...
21 janvier 2014, 07:47   Re : M'bala emballé
Voir dans le geste la quenelle un salut nazi inversé, ou modifié, c'est ne pas voir ce que l'on voit et crever dans le connu, dans la folie du connu.

Voir ce que l'on voit c'est pour commencer se dépouiller du connu. La coïncidence entre le vu et le désiré (ou le honni dans le cas de cette quenelle) n'est pas de ce monde comme le rappelait Hardy en 1891, n'étant pas de ce monde, parier constamment sur elle revient à se couper du réel, donc à verser, peu à peu, dans la folie.

Contre le sens : le sur-sens, celui que produit l'investissement permanent du connu dans l'inconnu, soit l'activité de traduction permanente qui consiste à circonvenir (par des voies de pénétration, des passerelles que founissent symboles et signifiants de degrés divers) l'inconnu par et dans le connu, et donc à brider et à faire avorter le sens.

Autre exemple : il existe en Mongolie un parti politique néo-nazi, voulant induire dans ce pays un redressement économique et morale comparable à celui que, selon ces militants, Hitler opéra en Allemagne dans les années 30. Ils arborent des insignes nazi, et bien sûr la svatiska. Or leur occupation principale consiste à .... défendre l'environnement, contrôler l'exploitation minière et ses abus, exiger que les exploitants produisent des licences et des certificats de respect des normes environnementales à jour. C'est là toute leur action sociale et politique : imposer le respect des ressources naturelles du pays chez ceux qui les exploitent, notamment des intérêts étrangers. Aucun antisémitisme dans le discours. Puis l'on se souvient que la svatiska est très présente en Asie centrale (au Tibet notamment) comme emblème de sagesse bouddhique. Et les recoupements qui doivent produire le sens nous éloignent progressivement du connu et de son enfermement pour nous dévoiler de l'inédit, du non-encore connu, de l'original sans traduction possible ni nécessaire. Le voir-ce-que-l'on-voit nous entraîne sur un chemin neuf, impensé, loin de l'enfermement du fou de Stefan Sweig étouffant dans le néant de l'archiconnu.

Reportage photo sur le groupe néo-nazi mongol Tsagaan Khass:
[avaxnews.net]
22 janvier 2014, 05:04   Re : M'bala emballé
Du "sur-sens" pour la quenelle ?? Francis, vous devez plaisanter ; tout est au contraire réifiant dans cette affaire, la chose est désespérément, platement elle-même, rien d'autre, les trombines réjouies, l'expression de haute spiritualité, la basse visée vers l'à rebours et l'arrière exclusivement, et ce rire, ce rire ! qui ne peut que gluer à soi, exactement comme du mécanique plaqué sur du vivant.
Sous-sens, à la rigueur... Gardez l'échappée vers l'horizon des possibles pour de meilleures causes, de grâce...
22 janvier 2014, 10:32   Re : M'bala emballé
Finkielkraut analyse très bien ce que ce genre de rire dit de la société française d'aujourd'hui.
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