Le crétinisme se révèle si grandiose dans le camp du pouvoir, quand deux apparachiks du PS déclarent vouloir trainer Finkielkraut en justice pour avoir usé publiquement du vocable "Français de Souche", que les moins crétins dans ce camp sont contraints de s'en dissocier, comme l'a fait Demorand déclarant devant les caméras de télévision à l'intéressé "vos idées ont gagné" lors même que vient d'être annoncée cette procédure judiciaire contre lui !
C'est cette configuration qui confère à cet aveu toute sa sincérité.
D'accord avec Marcel : le soralisme, tentative anachronique et avatar d'une méthode politique séculaire en Europe qui consiste à refonder la nation sur l'expulsion des juifs ou dans le sang des juifs, constitue une impasse mortelle. Même en faisant abstraction du caractère épouvantablement immoral et humainement méprisable de cette voie vers la reconstruction unitaire et la refondation de la cohésion du pays (reconstruction unitaire que le soralisme désigne comme "réconciliation"), il s'agit d'un crétinisme politique de plus : les juifs ne sont plus du tout disposés à se prêter à ce jeu, à se plier à une stratégie nationale bâtie sur la vieille figure de leur indignité raciale et articulée sur l'hypothèse de leur faiblesse face à la fureur des nations; ils
sont un Etat-nation intraitable auquel, depuis soixante-cinq ans, qui se frotte se pique; en outre s'attaquer à cet Etat, vouloir comme le font Soral-Dieudonné le frapper de la même indignité que celle qui visait le juif autrefois, en drappant,
par nécessité de sérieux, son anti-sémitisme dans les plis plus respectables d'un
anti-sionisme, suppose de faire ami-ami avec le premier agent de la destruction de notre identité : l'islam.
Ajoutons que le soralisme est une forme de crétinisme politique
aussi parce que la recette d'une unité nationale articulée sur l'expulsion des juifs a toujours, de tout temps et partout en Europe y compris la Russie, conduit à des crises si terribles que les nations qui les traversèrent, échappant de peu à l'engloutissement, durent en subir le retentissement pendant des décennies. Autrement dit, même en faisant abstraction du caractère moralement abject de l'anti-sémitisme et de ses politiques, même et de surcroît en passant outre le fait que les juifs d'Europe en 2014 ne sont plus du tout prêts à se plier au vieux schéma d'une "réconciliation nationale" dont ils devraient faire les frais, le soralisme n'en demeurerait pas moins une forme aigüe de crétinisme politique puisqu'il veut ignorer que ce schéma a conduit de manière répétée et systématique à une catastrophe pour les nations européennes, le cas de l'Allemagne hitlérienne qui alla jusqu'à la "solution finale" ayant porté cette catastrophe à un point de paroxysme tel qu'elle en a frôlé l'annihilation en tant que nation.
Un point sur la dérision et la pitrerie dieudonnesques, indispensable commensaux au discours soralien qui en est le versant "sérieux" : l'héroïsme des juifs constitués en Etat au milieu du XXe siècle rend impossible de soumettre ce peuple à l'indignité raciale antécédente à la création de cet Etat, rend
ridicule toute tentative de faire de ce peuple l'objet d'un traitement racial dégradant; on ne peut répéter l'injure aux juifs en leur prêtant une infériorité raciale
sans se couvrir de ridicule, si bien que la seule manière logiquement (et non juridiquement) possible de le faire est encore d'articuler ce vieux discours sur le mode de l'auto-dérision, en chaussant un nez rouge de clown, et c'est le rôle de Dieudonné. La pitrerie ne lui est imposée par rien ni personne si ce n'est l'aporie comique dans laquelle il se trouve lorsqu'il veut faire paraître le juif sous la guise de l'épouvantail racial telle qu'elle avait cours dans les années 1930, c'est à dire avant la démonstration produite par le peuple juif de sa vaillance et de son héroïsme, y compris militaire, face à l'adversité et sous le regard des nations, dans et par l'Etat d'Israël
plus encore que dans et par la Shoah. Dans les années 30, on pouvait
en conservant tout son sérieux, superposer à la représentation stéréotypée et racialiste du juif, la face d'un dromadaire, en 2014, on ne le peut que dans le régime de l'auto-dérision et du comique assumé, et cette contrainte
est de nature historique (produite par l'Histoire) et non judiciaire ou politique. Le rire moderne est l'expression d'un constat d'impuissance face à l'Histoire, il témoigne de l'irreversibilité de cette dernière; il est le vestige dénaturé et dévitalisé d'une haine devenue inopérante et inefficiente face à l'Histoire et par l'effet même de ses accomplissements. Il est un aveu d'anachronisme, la déclaration d'une fiction et celle de l' état de péremption de ses désirs, l'expression d'un regret navré et navrant de ne pouvoir plus ni agir ni tuer.
Quant au versant sérieux, c'est la nouvelle guise de l'anti-sémitisme, lequel, contraint par l'Histoire comme je viens de le dire, pour être dicible doit agir suivant un angle incident et se présenter comme
anti-sionisme, c'est la tâche d'Alain Soral qui, ce faisant, s'allie à l'Islam contre le peuple historique de France.
En résumé le projet soralo-dieudonniste de "réconciliation nationale" est une gesticulation, une farce (au sens où Marx disait que l'histoire se répète en farce) totalement anachronique, ce qui la rendrait, si elle n'était que cela, inoffensive et vaguement amusante, mais qui portée par sa logique aberrante, est conduite à prendre pour alliée l'islam chiite et de manière générale tout islam implanté ou en voie d'implantation en France, ce qui fait sa dangerosité véritable dans la conjoncture actuelle.
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