Soirée Wagner

C'est en ce moment sur Arte! Pour les amateurs, lesquels sont certainement assez nombreux, ici, sur ce forum.

Par contre y aurait-il aussi quelques amateurs de Magma qui se cacheraient?

Magma ... vous parlez du Magma de Christian Vander ? des années 1969-74 ? qui avait "inventé une langue", le Kobaïen, devant sous-tendre sa musique ? Amateur non, en ce qui me concerne, mais fasciné, oui, évidemment, et vaguement troublé par le phénomène.

Les premières images de ce docu-fiction m'ont découragé ! Les réalisateurs ont vraiment de drôles d'idées.

Oui c'est bien ça! Le Magma de Christian Vander! Le seul! L'unique! Le démentiel! Le batteur fou! Le génial!L'incommensurable Christian Vander! Hihihi.
Fils de Maurice Vander (artiste-pianiste ayant, entre autres souvent accompagné Claude Nougaro).
En effet il crée son groupe en 1969 mais, depuis lors, celui-ci n'a jamais cessé d'exister, c'est à dire de se produire en concert et/ou de faire des disques.
Magma c'est plus de 40 ans d'évolution musicale!
Excepté une petite parenthèse, entre 1985 et 1992, durant laquelle le groupe s'est une peu éteint avant de renaître de ses cendres, tel un volcan d'où va sortir un nouvel magma toujours aussi enflammé et de qualité.
Créateur du groupe, compositeur, auteur du Kobaïen (pseudo-langue dont le choix et la prononciation des mots sont fondés uniquement sur leur spécificité musicale et l'effet esthétique qu'ils produisent à l'oreille ; la musicalité se substituant au sens), batteur (c'est en tant que batteur qu'il a grisé et enfousiasmé ses fans! Son jeu de batterie étant d'une technique et d'une puissance phénoménale, nullement réduit à un basique accompagnement), pianiste, chanteur (Il s'est coltiné au chant à partir de 1992. Voix prodigieuse d'intensité).
A propos du Kobaïen, Vander disait : "C'est de la musique dont je parle, non du Kobaïen".

J'ai découvert Magma durant ma 1ère année de fac à Grenoble (1971 - 1972) et l'ai ensuite vu en concert à 6 autres reprises, la toute dernière étant il y a environ 3 ans, au Bataclan à Paris.
Les références musicales de Vander, et donc de Magma, sont multiples : Coltrane (c'était son Dieu musical étant jeune ; Coltrane c'est d'abord un cri, une âme, ce désir effréné d'aller chercher au plus profond de soi, de développer dans la durée cet état de transe qui sous-tend toute la musique du saxophoniste), les musiques d'Europe de l'Est, de Bartok, Stravinski, Carl Orff, mais aussi le gospel et surtout depuis quelques années la musique de Wagner.
Les membres de Magma s'exprimaient à travers une musique profondément originale et, surtout, interprétée par des musiciens de haut vol. Les musiciens de Magma, qu'ils soient issus du jazz ou du rock, ont en commun cette compétence technique qui en a toujours fait l'un des groupes parmi les mieux armés techniquement parlant.
Magma a été, et est toujours, une formidable école de formation pour nombre de musiciens qui s'y sont coltinés à un moment de leur carrière. Tous en sont sortis profondément transformés et bonifiés (en tout cas c'est ce qu'ils disent), les plus emblématiques étant Didier Lockwood et Janick Top (bassiste et artiste magnifique).
Tout, ou presque, ce que le monde du rock expérimental, mâtiné de jazz, compte de musiciens en France semble être passé par la case Vander.

Magma m'a toujours infiniment passionné (vous l'aviez deviné je pense) par son exigence sans concession, ses beautés musicales ennivrantes, ses rythmes envoûtant, lancinant et obsédant, répétitifs telles des mantras mystiques et magiques.
Il appartient à mon panthéon musical! Pas tout à fait au même niveau que Wagner bien sûr! Mais il a tout de même son strapontin!
D'ailleurs Vander est très amateur de la musique de Wagner et a un regard très critique envers l'ensemble de la musique dite pop ou rock. Excepté des groupes comme Zappa ou l'ex magnifique groupe Van Der Graaf Generator (emmené par son génial créateur Peter Hamill).
Dans un entretien accordé en 2005 à Philippe Robert dans le magazine Vibrations, Vander affirmait que Stravinski n'était plus dans sa musique le compositeur influent qu'il fut il y a encore 20 ans, préférant désormais se référer à Wagner. C'est tout à fait la parenté que j'en avais ressentie à l'écoute.

Parler de musique est un peu une gageure. Comme disait CL Strauss : "On ne peut traduire la musique en autre chose qu'elle même. Ecrire sur la musique, c'est se soumettre à un métalangage qui, quoiqu'il advienne, se placera toujours en deçà de l'oeuvre elle-même."
L'analyse n'explique évidemment pas ce qui demeure bien souvent irrationnel : pourquoi une musique nous touche ou non.
Pour ceux intéressés, je ne saurais trop recommander les splendides enregistrements (4 DVD vidéo) réalisés au printemps 2005 au Triton (Mythes et Légendes 35 ans de musique) avec la participation de toute une flopée d'ex musiciens de Magma, revenus pour Vander à cette occasion.
Mais aussi la non moins magnifique Trilogie, enregistrée au Trianon en Mai 2000 (concert 30ème anniversaire).
Mais attention! Magma n'attire pas les tièdes! C'est normal pour du magma non ? Hihi

Il semble y avoir des personnalités à "tropisme Magma". J'avais un ami, que je n'ai plus revu depuis les années en question, qui était magmaoïde comme vous; sans pouvoir le vérifier, je suis convaincu qu'il est aussi à présent "dans Wagner". D'une discussion avec une japonaise hier soir, il semble aussi exister des affinités (de quel ordre ? esthétique ou "méta-esthétique" ?) très subtiles entre artistes et créateurs oeuvrant dans des arts distincts : Wagner, et le romancier japonais Haruku Murakami, par exemple ont des génies, non point équivalents mais ressemblants (le contenu de leurs oeuvres fait mêmement totalité avec leur style et leurs moyens d'expression, pour le dire très simplement et leur oeuvre entière constitue une rupture suffisante avec les courants artistiques de leur époque, suffisante au sens que l'oeuvre appelle cette rupture pour naître sans que celle-ci ne dépasse, n'emporte, n'éventre l'oeuvre pour en produire une école qui la noie). En ce sens, on peut dire que H. Murakami est un auteur wagnérien.

Sûrement oui! Bien vu!
Je pense en effet que cette rupture suffisante, avec les courants artistiques de l'époque, est une nécessité pour faire oeuvre à la fois profondément originale, novatrice et géniale, du fait qu'elle ne se trouve pas comme phagocyter et finalement lobotomiser par une école ou un courant, lesquels seraient immanquablement nés, si cette rupture avait été plus que suffisante, tel par exemple l'Ecole de Vienne et son dodécaphonisme sériel me semble-t-il.
En utilisant savamment le jargon kantien, je dirais que cette nécessité d'une rupture suffisante est au-moins de nature assertorique, et même peut-être carrément apodictique.

Il me semble en effet que, dans le domaine de la Musique, nombre parmi les plus grands génies (Monteverdi ; Bach ; Mozart ; Beethoven ; Wagner ; Mahler ; Debussy) participent de cette assertion, à savoir que leur génie a éclos au coeur même de cette rupture suffisante .
Alors que si cette rupture est trop radicale (du passé faisons table rase) et envahissante, l'artiste s'en réclamant sera bouffé par son caractère dogmatique par trop imposant.
Il risque de n'être plus qu'un technicien, tout au service qu'il est de son nouveau dogme, certes novateur mais intransigeant et finalement quelque peu bridant.
Le Génie c'est un bloc en soi! Tout un Monde et un Univers à ses pieds! Il crée mais ne sert pas telle ou telle académie. Il est tout à la fois enraciné dans la tradition et illuminé par son monde intérieur dont jaillira son oeuvre. Il est dans un continuum historique, ajoutant sa pierre à l'édifice commencé par les Grands Maîtres du passé.
Mais peut-être vous ai-je compris de travers cher Francis Marche ?

Non, vous m'avez très bien compris cher Daniel Teyssier. Je préfère ne rien ajouter à votre propos qui jette sur le mien la vive lumière dont il avait besoin.

Kobaïa...

"Vive la rose (... et le lilas)"
Mon amant me délaisse





*
On dit qu'elle est malade,
Oh gué vive la rose, [...]
Peut-être qu'elle en mourra,
Vive la rose et le lilas.

*

video: [www.youtube.com]

Tant de belles roses sont à cueillir en ce bas monde.

[www.google.fr]

Alleluia!! Que pour vous Louis!

Voilà une rose bien réelle, grise, comme on en voit fleurir à présent dans le cimetière où nous végétons. La rose n'est plus rose !

C'est aussi la rose argentée symbolisant la divine voix argentée d'une Elisabeth Schwarzkopf.
Immortelle!
Tout son parfum et sa couleur sont présents dans cette voix-là!

Merci pour tout le mal que vous vous donner afin de remonter le niveau de ce bas monde, Cher Teyssier. Fallait pas pour si peu.

Cela dit, l'idée qu'une organisation choisisse pour symbole cette rose-là est plaisante. L'In-nocence, le parti de la rose argentée ?

(photo de la rose argentée qu'a retrouvée Teyssier)

Remonter le niveau ?
Oh non loin de moi cette prétention! Je m'en garderais bien!
Mais je vous sentais si désespéré et amer que j'ai seulement voulu vous redonner quelques couleurs d'espoir. C'est tout!

Oui effectivement, je trouve que ce serait un bien joli symbole, cette rose argentée, pour l'in-nocence.
Excellente idée même. Que n'y avais-je pas pensé aussi ?
Bon! A demain peut être. Que la nuit soit douce à tout le monde.

Je suis également à la fois wagnérien et magmaïen.
Un jour que j'évoquais ici l'éclectisme (tout relatif) de mes goûts musicaux, le Maître m'avait ironiquement répondu : (je cite de mémoire) "je savais bien que Bruckner menait au rock progressif" (même si ce serait plutôt chronologiquement l'inverse me concernant).

Des goûts et des couleurs on ne discute point! Et pourtant on ne discute presque que de ça!

Dans Wagner, mais aussi dans Magma, je me "vautre" et me complais savoureusement dans un bain sonore, pouvant être tour à tour anesthésiant, sidérant, extatique, avec aussi des passages d'une puissance et d'une énergie phénoménale, le tout catapultant tout mon être dans un ailleurs, et transfigurant la vie même, tel le ferait le magicien Klingsor.
Bien sûr c'est le reproche qu'adressait Nietzsche à Wagner : de n'être qu'un comédien, qu'un histrion !
Ce même Nietzsche ne se privant pourtant pas des charmes de Dame Musique ni de toute une exubérance dionysiaque !
La batterie de Vander semble emmener tout l'orchestre dans son sillage implacable ; elle n'accompagne pas mais appelle le mouvement à venir. Elle le crée, le fait naître, le force à émerger. Elle est centrale et omniprésente dans le processus même de création musicale. Elle est vitalité, puissance irrésistible et emporte tout sur son passage, tel un ouragan. Elle nous catapulte dans une transe euphorisante. Elle perpétue, à sa façon, ce que Vander nomme le cri !
Amen! Rêvez doux!