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Un peuple de droite en marche (III) Aux origines du Surmoi de gauche

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Un peuple de droite en marche (III)
Aux origines du Surmoi de gauche



Pour comprendre la durée et la pesanteur des idées de gauche sur la société française, sur la droite de gouvernement, et sur tout l'appareil d'Etat, il faut revenir aux conditions de l'avènement de la démocratie en France, avec la défaite lamentable du camp conservateur, sur les champs de bataille face à la Prusse, et politiquement, avec la fin honteuse du Second Empire à Sedan et la répression sanglante de la Commune. Ensuite, trente ans durant, entre 1875 et 1905, lors de la phase de structuration idéologique qui marque la première crise du modèle mondialisé de démocratie libérale (nous en vivons présentement la deuxième crise) chaque bataille de la droite est une nouvelle défaite: choix de République à la Gambetta plutôt que monarchie constitutionnelle, épuration administrative massive des années 1870, école républicaine et colonialisme universaliste selon les vues de Jules Ferry, lois protégeant les travailleurs et autorisant les syndicats passées grâce à la gauche, lois sur les congrégations et la laïcité à la Combe, et en apothéose le combat dreyfusard.

Le corpus idéologique de gauche s'installa au coeur de l'appareil d'Etat, à travers la formation des élites sur lequel elle exerça un monopole exclusif, via les écoles de fonctionnaires accessibles par concours, des classes préparatoires qui y menaient au sein des grands lycées d'Etat, des Grands corps qui les consacraient, des entreprises publiques et nationalisées qui assuraient aux commis d'Etat un débouché de carrière et une emprise sur le restant de l'économie, n'hésitant pas à récupérer ce qui venait de l'Etat monarchiste ou bonapartiste (Conseil d'Etat, Cour des Comptes, corps d'Inspections, Polytechnique, Mines, Ponts-et-Chaussées), en mettant au pas les foyers de résistance (École libre de sciences politiques, Sorbonne), et en créant de nouvelles entités marquées à gauche: Écoles normales, Normal Sup., écoles de la magistrature, des impôts, des douanes, jusqu'a l'ENA en 1945 et aux tribunaux administratifs. Rappelons qu'il y a dans cette configuration étatique de formation des élites, laissant à l'université la portion congrue, une spécificité propre à la France, et aux régimes non démocratiques: nulle part ailleurs en Europe ou en Amérique il n'existe un équivalent à nos grandes écoles et nos grands corps, quand on trouvera une ENA en Chine, au Vietnam, en Indonésie, dans les pays du Maghreb, ou dernièrement en Syrie...

C'est à cette période cruciale que se forme le fond de commerce idéologique de la gauche, et le plafond de verre contre lequel viendront se heurter tous ceux marqués au fer rouge de l'infamie droitière. Pour au moins cent ans, la gauche pourra se prévaloir d'être le parti du mouvement et du sens de l'histoire, et par là le parti du Bien et du Progrès. Socialisme, progressisme, révolutionnarisme ou réformisme deviennent l'apanage de la gauche. Ceci en dépit de l'expérience préalable des deux premiers tiers du 19ème siècle, quand la droite libérale était elle-même le parti du changement, ou quand à l'étranger, ce sont des conservateurs comme Bismarck en Allemagne ou Lloyd George en Grande Bretagne qui conduisirent les réformes majeures créant l'Etat-social de leur pays, ou quand c'est la droite pétainiste qui mit en oeuvre un immense programme de modernisation baptisé Révolution nationale, au point que nous vivons sous nombre de lois et décrets adoptés sous Vichy, ou quand en Europe occidentale, c'est le socialisme mussolinien ou hitlérien, avant la social-démocratie, qui initia l'économie sociale de marché, l'ajustement keynésien, la planification, les grands travaux structurants, la mobilisation autoritaire des masses, en écho et en miroir du socialisme soviétique, son alter ego et ennemi. L'ordolibéralisme, héritage des libertés et du légalisme de l'Empire germanique, dont s'enorgueillit l'Allemagne fédérale et fait son succès aujourd'hui, fut pensé en 1932, expérimenté dans le cadre dictatorial des années 1933-1939, suspendu lors de la phase totalitaire et criminelle du régime de guerre, généralisé dans l'Allemagne démocratique d'après 1945.

Le modèle français centré sur l'Etat dirigiste et tout-puissant est pesant, daté, irréformable. De là l'inadaptation de la France au système mondialisé actuel, et l'incompréhension des Français, et leur aversion, pour le libéralisme à l'œuvre ailleurs. Le déni de réalité perdure et le retour au réel en sera d'autant plus dur.


Cet article est le troisième d'une série de quatre articles sur le thème "Un peuple de droite en marche". Trois articles ont été accepté pour publication par Boulevard Voltaire mais pas celui-ci à consonance plus historique. Je me suis dit que je pourrais en faire profiter les lecteurs In-nocents et ainsi recueillir leurs précieux commentaires....
24 juin 2013, 19:37   LTI
avec la fin honteuse du Troisième Empire à Sedan et la répression sanglante de la Commune.


Comment cela se dit-il en allemand ? Drittes Reich ? auriez-vous écrit cela dans un état second ?

Quant à "George Lloyd" de la phrase "Bismarck en Allemagne ou George Lloyd en Grande Bretagne", s'agit-il du musicien ? il est vrai que l'homme politique se prénomme David, je comprends dès lors que, sous le coup de la passion, vous cherchiez un prénom de substitution.
"(...) chaque bataille de la droite est une nouvelle défaite: choix de République à la Gambetta plutôt que monarchie constitutionnelle, épuration administrative massive des années 1870, école républicaine et colonialisme universaliste selon les vues de Jules Ferry, lois protégeant les travailleurs et autorisant les syndicats passées grâce à la gauche, lois sur les congrégations et la laïcité à la Combe, et en apothéose le combat dreyfusard."

En conservant la taille de l'extrait et les mêmes exemples, réécrire ce passage en le faisant commencer par :

"Chaque bataille de la droite est une nouvelle victoire :............"
Notez, Thomas, que si on suit la logique fortimontaine, Monsieur Thiers serait un homme de gauche. Cela m'ouvre des horizons nouveaux.
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