Sur Trappes encore

Dans l'édition de Valeurs Actuelles de ce 25 juillet 2013, dans la rubrique "Politique" , on trouve cette brève intitulée "Trappes : la gauche à l’épreuve de la réalité", qui d'ailleurs a été mise à la une du site internet.

On peut y lire:
« On va dans le mur. Soit on tient sur la burqa et on a la guerre, soit on recule et on a le déshonneur », s’inquiète un élu socialiste.

Du coup, j'ai écrit à la rédaction de VA car j'aimerais beaucoup qu'une telle déclaration fasse l'objet d'un grand dossier de réflexion. Les français seront sans aucun doute très intéressés de savoir quelles issues des élus socialistes préconisent quant à l'application (ou non) de cette loi: guerre ou déshonneur. Et puis si c'est la guerre, autant s'y préparer.

A ce titre, je me permets de porter à votre connaissance un extrait de " L’hiver de la démocratie » du politologue Guy Hermet (paru en avril 2008), extrait tiré du dernier chapitre « Un nouveau régime nommé gouvernance ? », qui commence par énumérer les types de critiques actuelles de la démocratie.

« D’autres critique parfois inattendues se font également jour. Depuis notamment que Rousseau en a théorisé dans son Contrat Social le mécanisme lié à son irréalisable notion de « volonté générale », l’évocation du spectre d’une tyrannie démocratique de la majorité sur les minorités s’est transformée en lieu commun. Mais ce dont il est question maintenant sur la base d’observations parfois justes est bien plutôt le danger en voie de réalisation d’une tyrannie des minorités sur la majorité. Il arrive aujourd’hui que les droits d’une multitude de groupes minoritaires viennent à l’emporter sur les droits déclarés pourtant universels de tous les citoyens, au point de les contredire ou de les rendre virtuels. On le voit par exemple, quand l’idée s’insinue que, maintenue pourtant comme principe général de l’abstrait, la liberté d’expression en matière religieuse ne devrait plus valoir s’agissant de certaines confessions ou d’une religion spécifique. Au-delà, la conception multiculturelle de la démocratie largement répandue de nos jours, aboutit, sous des dehors de tolérance extrême et de grande générosité, à prohiber toute possibilité de rassemblement véritable des « concitoyens » et, par conséquent, à rendre la survie de toute communauté démocratique impossible.

On étrangle la démocratie à force de vouloir y inclure des groupes qui la refusent ou de prétendre y intégrer des phénomènes incompatibles avec elle, comme l’interdiction sacralisée de sortir de sa propre communauté. Dans cette circonstance, s’agissant toujours en particulier du défi du pluralisme religieux, nommément du supposé affrontement islamo-chrétien, les « décideurs » aussi bien que les commentateurs ou les analystes ne se rendent pas compte ou répugnent à découvrir que ce heurt a peu à voir dans sa substance avec la rivalité de deux croyances distinctes en la divinité. Il s’agit en réalité du choc d’un univers minoritaire d’origine exogène toujours profondément religieux dans sa masse, celui de la plupart des musulmans, avec un autre univers majoritaire – celui des « ex-chrétiens » - presque totalement sorti de la religion, radicalement laïcisé ou sécularisé comme le disent les sociologues. Plus exacte que celle du heurt des religions, cette interprétation n’est pas accessoire pour qui considère le développement et la pérennité de la démocratie. Elle souligne la disparité irréductible existant entre ces deux mondes, avec elle la vanité ou même le potentiel destructeur des desseins de ceux qui prétendent les rassembler au sein d’un cadre politique unifié dans le bref délai d’une seule génération. »

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Moi je pense que l'élu est bien trop optimiste : nous avons d'ores et déjà la guerre et le déshonneur.

Aucune référence, aucun éclairage du contexte de cette déclaration d'un élu socialiste dans le corps de cet articulet. Valeurs Actuelles, décidément, est médiocre. Ce serait pourtant intéressant de savoir, par exemple, si cet élu se réfère consciemment ou pas à Churchill.

Encore un lanceur d'alerte qui n' a pas reçu le mémo: C'est déjà la guerre, l'ami, et la France est dirigée par des gens qui lui mettent la tête dans le sac et la déshonorent chaque jour que Dieu fait!