Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1617 : Sur un léger recul de la nocence sonore

Communiqué n° 1617, samedi 27 juillet 2013
Sur un léger recul de la nocence sonore

Le parti de l’In-nocence apprend avec satisfaction que la chaîne de grande distribution alimentaire Casino a décidé de mettre partiellement fin à la sonorisation de ses magasins. Les annonces autopublicitaires subsisteront, hélas, mais le reste de la sonorisation — celle qui implique pour la chaîne le paiement de droits d’auteur — sera supprimé. Cette mesure, bien entendu, n’a pas le moins du monde pour origine le souci, de la part de Casino, de respecter le silence et le droit des clients à faire leurs courses sans être soumis à l’agression des bande-sons imposées. Les motifs de la décision sont purement financiers. Elle n’en constitue pas moins, en soi, un progrès de l’in-nocence et peut donc, à ce titre, être comptée parmi les effets heureux de la crise économique.
Bon, c'est Casino ou c'est Carrefour ? Ce serait la même chose ? Il ne me semble pas, pourtant…
Utilisateur anonyme
28 juillet 2013, 11:16   Re : Communiqué n° 1617 : Sur un léger recul de la nocence sonore
Rien ne va plus.
Il s'agit vraiment d'un recul infime, prétexte, il est vrai, à un communiqué savoureux. Hier soir, nous parlions de ce que sont devenues les nuits d'étés en Provence, et la nocence sonore était au cœur des discussions. Entre deux jours fériés fêtés comme il se doit dans un vacarme assourdissant, l'un subit, chaque soir, la transformation d'une brasserie, au-dessus de laquelle il habite, en discothèque en plein air. Et les autres les assauts répétés d'un imbécile, apprenti-DJ qui terrorise sonorement, plusieurs fois par semaine, toute sa rue. La bande-son manipulatrice de la consommation n'est rien à côté de ces attentats auxquels il est impossible de réchapper pendant les grosses chaleurs, période durant laquelle presque tout le monde est contraint de dormir les fenêtres ouvertes.
Le temps des fenêtres ouvertes, Cher ami, ne m'en parlez pas. A Paris, c'est un vaste capharnaüm qui s'invite dans l'appartement et vous triture le tympan de six heures du matin à minuit (voire beaucoup plus tard le week-end, évidemment) ; un étrange concert qui vous environne, et réduit à néant toute aspiration au calme et à l'isolement : bruit de vaisselle au nord, discussion au sud, pleurs d'enfant à l'ouest, coups de marteau à l'est, orgasme en haut, lessiveuse en bas, réparation de vélo à gauche, sirène à droite, train au fond, moto au loin, fenêtres et volets qui claquent partout, musique bien sûr, télévision parfois, sonneries de téléphones, etc. Et je suis dans un quartier relativement paisible. Vivement l'hiver !!
Utilisateur anonyme
28 juillet 2013, 14:55   Re : Communiqué n° 1617 : Sur un léger recul de la nocence sonore
Le logo de Casino, en passant :

Citation
Olivier Lequeux
Le temps des fenêtres ouvertes, Cher ami, ne m'en parlez pas. A Paris, c'est un vaste capharnaüm qui s'invite dans l'appartement et vous triture le tympan de six heures du matin à minuit (voire beaucoup plus tard le week-end, évidemment) ; un étrange concert qui vous environne, et réduit à néant toute aspiration au calme et à l'isolement : bruit de vaisselle au nord, discussion au sud, pleurs d'enfant à l'ouest, coups de marteau à l'est, orgasme en haut, lessiveuse en bas, réparation de vélo à gauche, sirène à droite, train au fond, moto au loin, fenêtres et volets qui claquent partout, musique bien sûr, télévision parfois, sonneries de téléphones, etc. Et je suis dans un quartier relativement paisible. Vivement l'hiver !!

Vous racontez fort bien ce calvaire que j'évoquais! Et comme je fais mien votre "Vivement l'hiver!"...
Citation
Jean-Michel Leroy
Le logo de Casino, en passant :


Casino distribue les produits Fleury Michon, une marque qui, dans son dernier spot publicitaire, met en scène un personnage de boucher qui, tout excité de parler de rôti de porc, n'omet pas, ramadan oblige, de demander à son interlocuteur: "Vous manger toujours du porc, n'est-ce pas?" La traduction de cette phrase étant, "Toujours pas converti?", on devrait l'entendre de plus en plus souvent.
Question aux In-nocents ingénieurs : existe-t-il des neutraliseurs électroniques de bruit (un dispositif qui générerait par exemple une onde neutralisant l'onde sonore nocente entrante, ou quelque chose comme ça), et je pense bien sûr à quelque chose de beaucoup plus efficace que les casques neutraliseurs dits "actifs", un appareil ultra-léger, confortable et qui se ferait oublier ?
Ça aurait un succès fou...
Oui, et si l'on pouvait aussi acquérir un neutraliseur d'ondes visuelles nocentes, ça ajouterait au succès.
La disparition de la sonorisation dans certains magasins à grande surface - pour des motifs sonnants et trébuchants - est certes une bonne chose, que l'on peut saluer, sans enthousiasme excessif toutefois car elle ne signifie pas exactement : recul de la nuisance sonore. En effet une autre nuisance sonore, quelque peu couverte par la "musique d'ambiance", va prendre désormais toute la place. On n'entendra plus que les hurlements d'enfants de tous les âges que nous procure notre si brillante situation démographique, et qui trouvent une caisse de résonance, en ces lieux, très favorable à leur exaction. Vive le retour de la musique, même de cette musique-là, si elle doit si peu que ce soit couvrir ce tintamarre infernal (on se demande comment font les employés et caissières pour le supporter à longueur de journées) qui est à la fois une nocence éprouvante, le signe d'un recul de civilisation ravageur et la manifestation éclatante (c'est le cas de le dire) du changement de peuple.
Citation
Pierre-Marie Dangle
Oui, et si l'on pouvait aussi acquérir un neutraliseur d'ondes visuelles nocentes, ça ajouterait au succès.

Sauf qu'on ne dispose pas, c'est un défaut de fabrication considérable, de paupière auditive.
En théorie, deux ondes d'égale amplitude en opposition de phase s'annulent, ce qui produit le silence ; l'on pourrait aussi trouver le moyen de paralyser, à volonté et momentanément, le déroulement d'une des étapes de la production de la sensation sonore (processus d'une complexité inouïe) pour stopper le message sonore avant qu'il ne parvienne au cortex auditif.
La chose doit être faisable, et je suis sidéré qu'on n'ait pas produit d'appareils plus performants à cet usage.
J'arrête là, sinon Francis Marche, qui semble être actuellement dans une période de ferveur stakhanoviste dangereuse, va illico me sommer de mettre ça au point au lieu de dégoiser...
Ce forum est décidément très instructif. N'ayant pas pour habitude de me nourrir de nourritures industrielles mal comestibles et généreusement empoisonnées par les pesticides et autres herbicides, je ne mets jamais les pieds dans ces épouvantables magasins dits super et hypermarchés aux noms ridicules et mensongers. Lorsque j'étais enfant, ces endroits agoraphobiques me fichaient déjà des crises de panique. J'ignorais donc que certains de ces lieux hideux et mal hospitaliers de consommation concentrationnaire avaient cessé d'être horriblement ''sonorisés''. C'est dommage, ça avait au moins le mérite de la cohérence esthétique (si l'on peut dire). J'imagine cependant que l'odeur que l'on est contraint d'y respirer demeure toujours aussi épouvantable et rédhibitoire pour les narines délicates.
Robbe-Grillet avait bien raison de dire que la prolifération des supermarchés sur notre territoire était ce qui était arrivé de pire à la France, catastrophe économique (et alimentaire) qu'il comparait d'ailleurs à ce que la bombe atomique avait été pour le Japon.

La suppression de l'affreuse "sonorisation" répond, si j'ai bien compris, à des mesures d'économie liées au paiement prohibitif des droits d'auteurs (de variétés et pis encore). Le comble de la législation dans ce pays, c'est que toute boutique commerciale diffusant de la musique au sens ancien du terme (de la musique "classique'' au sens large, de la musique savante, bref de la musique tout court, et la seule qui ne nous casse pas les oreilles) se voit automatiquement exemptée du paiement des droits d'auteurs, quand bien même diffuserait-elle du Ligeti, du Dutilleux, du Boulez ou du Dusapin. De sorte que plus c'est laid et inaudible, plus c'est bête et bruyant, plus c'est abrutissant et cacophonique, et plus vous devez payer. La diffusion de la véritable musique est quant à elle entièrement gratuite, pour peu que vous ayez acheté auparavant le support matériel sur lequel celle-ci a été enregistrée (cette gratuité ne concerne pas le jazz, qui serait pourtant un moindre mal). Mais, bien entendu, la plupart des commerçants, par conformisme, pour complaire au goût le plus bas de la foule, mais aussi à n'en pas douter par choix personnel, préfèrent encore payer pour emplir leurs boutiques de vacarme stupide et de niaiseries à la mode. Voilà pourtant bien un dispositif répulsif qui devrait faire fuir tous les chalands s'ils n'étaient pas déjà eux-mêmes intoxiqués au dernier degré par le bruit permanent et la laideur sonore.
C'est là un signe indéniable de très Grande déculturation, de disparition totale du goût, d'effondrement moral de l'ouïe.
Contrairement à vous, cher Sébastien Delautremer, j'apprécie grandement de faire mes courses dans des supermarchés aux rayons croulant sous les denrées les plus diverses, un peu anesthésié par une musiquette douceâtre et transparente, de choisir, des minutes durant, des fruits, des choux, des saucissons, l’esprit ailleurs… mais franchement, de la "vraie" musique au rayon charcuterie, je ne sais ce que cela donnerait.
Cher Alain Eytan,

Je ne vois aucun chic à jouer les blaireaux. Je dois manquer d'imagination, en plus de lecture.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter