Le site du parti de l'In-nocence

Glory of work

Envoyé par Thomas Rhotomago 
03 juin 2013, 01:48   Glory of work
http://www.lefigaro.fr/societes/2013/05/24/20005-20130524ARTFIG00391-en-manque-de-main-d-oeuvre-le-japon-embauche-des-humanoides.php]cohérence[/url]

"Au Japon, la pénurie de main-d'œuvre et la diminution de la population poussent les entreprises à investir dans les robots. «Nextage libère l'homme du travail ingrat et répétitif, et lui permet de se concentrer sur les tâches qui demandent de la créativité et génèrent de la valeur ajoutée»"

Certainement, les tâches qui réclament de la créativité et génèrent de la valeur ajoutée ne peuvent être proposées à beaucoup de monde... Les "humanoïdes" sont une réponse cohérente à une démographie déclinante ou, autrement dit, militer pour la baisse de la démographie (sans retour à la bougie, comme on dit), c'est encourager le développement de la robotique. Est-ce, ou non, souhaitable ?
03 juin 2013, 09:52   Re : Glory of work
Voici le lien corrigé : ici.
05 juin 2013, 23:57   Re : Glory of work
Tous les remplacements n'excitent pas la même verve et si j'étais un honnête androïde employé d'usine, je me sentirais discriminé..

Dès l'instant où l'on place la question démographique au coeur de tout débat contemporain et à venir, le parti pris du Japon en direction de la robotique mériterait pourtant d'être discuté. C'est une réponse pratique. Mais qu'en est-il de la diffusion officielle de cette doctrine ?Jusqu'à quelle hauteur de responsabilité politique a-t-elle pu être clairement revendiquée ? Où bien va-t-elle sans dire, dans ce pays ?
06 juin 2013, 00:47   Re : Glory of work
J'ai le sentiment qu'elle fait consensus, au Japon. Personne ne semble en contester le bien-fondé. Depuis mars 2011, règne au Japon un étrange défaitisme (plus que de la fatalité, un défaitisme, sans amor fati) : à quoi bon faire des enfants sur une terre qui flotte sur une mer de magma prête à l'engloutir à tout instant, sur un radeau que l'océan menace par tous les temps ?

Les Japonais éprouvent de la tendresse pour leurs robots, qui sont à peine inférieurs dans leur esprit à nos animaux domestiques. Au Japon, il est courant que l'on parle à sa voiture.
06 juin 2013, 09:20   Re : Glory of work
"Au Japon, il est courant que l'on parle à sa voiture."

Comme il est dommage que vous ne puissiez voir ma bobine...
06 juin 2013, 11:13   Re : Glory of work
L'attention japonaise aux objets est une attention à l'esprit des objets; l'entretien de leur propreté, comme celle des lieux, est une marque d'attention aux esprits (kami) des objets et des lieux. Au fond, c'est tout simple.
06 juin 2013, 12:21   Re : Glory of work
"Depuis mars 2011, règne au Japon un étrange défaitisme (plus que de la fatalité, un défaitisme, sans amor fati) : à quoi bon faire des enfants sur une terre qui flotte sur une mer de magma prête à l'engloutir à tout instant, sur un radeau que l'océan menace par tous les temps ?"

Il semble cependant que le choix de la robotique remonte plus loin que 2011.

Ainsi, dans le cas japonais, vous semblez lier la baisse démographique et, par conséquent, le choix de la robotique, à un "étrange défaitisme". Autrement dit, continuer à se reproduire serait la marque d'une confiance en l'avenir, cette confiance que les Japonais n'auraient plus.

Mais ce n'est pas seulement, je crois, parce qu'ils vieillissent que les Japonais se tournent vers les robots. S'ils ne veulent plus faire d'enfants, ou moins, ils veulent encore moins, apparemment, accueillir ceux des autres. C'est dans cette dimension aussi que leur réponse mérite, selon moi, d'être discutée.
06 août 2013, 11:54   Re : Glory of work
Puisque un juste reproche m'a été fait de présenter des "liens" sans apprêt, tel qu'ils ne seraient propices à aucun débat, je me permets d'exhumer cette maigre discussion et la question qu'elle comportait, restée sans écho, ou presque, bien qu'elle me paraisse valoir que l'on s'y intéresse :

"Les "humanoïdes" sont une réponse cohérente à une démographie déclinante ou, autrement dit, militer pour la baisse de la démographie (sans retour à la bougie, comme on dit), c'est encourager le développement de la robotique. Est-ce, ou non, souhaitable ?"
06 août 2013, 12:16   Re : Glory of work
Oui, c'est souhaitable. En sus d'être utile, les robots sont amusants, à la différence des animaux de trait, par exemple, qui deviennent tristes sous le harnais, ou des employés humains, trop hautains et dominateurs, même quand ils baissent la tête, surtout lorsqu'ils baissent la tête.

Le robot est riche d'enseignement sur l'imago humain hypothétique. Il se pourrait même qu'il soit une source inépuisable d'enseignement sur son créateur. A ce titre, il est doublement utile.

L'avenir du robot est celui d'un animal accompli qui ne défèque point. Parvenu à ce stade et par ce trait distinctif, il sera supérieur à toute créature naturelle; la gloire de l'homme, auteur dépassé par son pinocchio, cela alors immense.

Ajoutons à ces exaltantes perspectives que le robot est un ange: nul robot ne saura jamais mentir. Le mensonge consacre une forme supérieure d'autonomie et d'émancipation qu'il n'atteindra jamais. La vérité robotique demeurera le cordon ombilical de la créature mécanique attachée au service de son créateur, lequel conservera ainsi le privilège sublime de pouvoir mentir et se mentir à l'infini.

Emprisonné dans des actes fidèles à ses programmes, incapable de s'en émanciper, de concevoir la fugue et d'accéder à la folle improvisation du fugueur, le robot devriendra la preuve quasi-vivante que la vérité peut être enchaînée et subsumée au mensonge créatif. A ce stade de la démonstration par le robot, celui-ci sera devenu indestructible, vocation du devenir de toute chose sans déchet privée d'auto-évolution, de système excréteur comme de tout pouvoir d'auto-élimination.
06 août 2013, 12:46   Re : Glory of work
Cher Francis Marche, je vais dès à présent regarder les robots d'un autre œil. Pour être franc, telle que vous avez joliment décrit leur évolution prévisible, ils me font encore plus peur.

Je crois que je préfère décidemment la bougie.

Belle image, toutefois, des employés humains : "trop hautains et dominateurs, même quand ils baissent la tête, surtout lorsqu'ils baissent la tête".
06 août 2013, 13:20   Re : Glory of work
L'avenir du robot est celui d'un animal accompli qui ne défèque point. Parvenu à ce stade et par ce trait distinctif, il sera supérieur à toute créature naturelle

Ah, mais pardon : je ne sache pas que le robot fonctionne sans énergie, tout de même ? En fait de défécation, on aura donc celle que nous imposent déjà toutes les machines et tous les artefacts qui remplissent copieusement le monde.
06 août 2013, 13:36   Re : Glory of work
Citation
Pierre-Marie Dangle
L'avenir du robot est celui d'un animal accompli qui ne défèque point. Parvenu à ce stade et par ce trait distinctif, il sera supérieur à toute créature naturelle

Ah, mais pardon : je ne sache pas que le robot fonctionne sans énergie, tout de même ? En fait de défécation, on aura donc celle que nous imposent déjà toutes les machines et tous les artefacts qui remplissent copieusement le monde.

Pas de robot sans rebut, en somme.
06 août 2013, 13:55   Re : Glory of work
Le rebut du robot... c'est l'homme !
06 août 2013, 14:41   Re : Glory of work
Ça profonde grave, dans l’quartier...
06 août 2013, 15:04   Re : Glory of work
Curieux tout de même que, fabriquant ce qui doit le remplacer, l'homme crée un être incapable de mentir non plus que de fuguer (personne, jamais, de vous dira "mon robot a encore fugué", comme on dit "mon chien a encore fugué" ou "mon poulain s'est enfui, il a sauté la clôture").

La fugue et la menterie sont les apanages de l'être libre. Ce créant l'être d'une vérité pauvre, mais tout de vérité, l'homme se réserve le privilège sublime d'être faux, de fuir la vérité à l'infini, laquelle sera verrouillée, comme par une ancienne ceinture de chasteté faite de lourde ferronnerie, dans la bête mécanique toute demeurée de vérité.

"Homme, où as-tu enfermé la Vérité ?
Je l'ai serrée dans le robot, d'où elle ne fuguera point."
08 août 2013, 03:36   Apple
Prenez patience. L'épisode de la pomme dans le jardin d’Éden relate cela très bien : le fruit défendu est un philtre de conscience, le mensonge et la dissimulation s'ensuivent.
il n'est pas du tout impossible que les épigones de Jobs trouvent le moyen, plutôt même par accident, de susciter par systèmes redondants de puces interconnectées le départ de soi à soi, l’étincelle réflexive, et vous serez vite rendu à votre innocence première.
08 août 2013, 19:43   Re : Glory of work
Citation
Pierre-Marie Dangle
L'avenir du robot est celui d'un animal accompli qui ne défèque point. Parvenu à ce stade et par ce trait distinctif, il sera supérieur à toute créature naturelle

Ah, mais pardon : je ne sache pas que le robot fonctionne sans énergie, tout de même ? En fait de défécation, on aura donc celle que nous imposent déjà toutes les machines et tous les artefacts qui remplissent copieusement le monde.

Le problème de l'énergie se pose, en effet, le sucre semble plus efficace que quoi que ce soit d'autre pour être converti en mouvement. Je lisais récemment que quand le cerveau humain consomme, pour une durée et des tâches données, 20 watts, les modèles de cerveaux artificiels actuellement testés consomment des millions de fois plus.
Vous me direz que, pour modéliser des animaux de compagnie, on peut couper dans les fonctionnalités... J'ai vu à l'avant-dernier forum des sciences cognitives de petits robots en forme de dinosaures destinés à sociabiliser de jeunes autistes. Ils avaient quelques mouvement moteurs simples, pouvaient apprendre leur prénom, reconnaître la voix de leur "maître", boire et émettre quelques bruits.
Une production industrielle d'objets plus élaborés est donc très facile. Des robots d'usine pour produire des robots d'appartement ?
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter