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Haute couture

Envoyé par Thomas Rhotomago 
02 août 2013, 23:38   Haute couture
"Elle avait revêtu des toilettes étonnantes, à la fois somptueuses et pauvres, composées de coupons qu’elle achetait chez les revendeurs. Je lui ai vu, chez elle, une robe de mousseline décorée (!) d’énormes médaillons photographiques, représentant des phases de la chasse à courre, avec, imprimé au-dessous de chacun d’eux, un nom de fanfare : le débuché, l’hallali, etc. Elle portait cela sérieusement, sans prendre garde que ces désignations, sur tel ou tel point de son anatomie, pouvaient tout du moins prêter à rire."

Robert de Montesquiou – Les pas effacés (1923)
03 août 2013, 01:33   Re : Haute couture
Robert de Montesquiou était un homme d'esprit. Dans 30 ans de dîners en ville, beau livre réédité récemment par Lacurne, Gabriel-Louis Pringué rapporte que, aristocrate un brin fauché mais aux goûts dispendieux, Robert de Montesquiou disait à qui voulait l’entendre qu’ "il [était] déjà bien assez ennuyeux de n’avoir pas d’argent, ce serait trop fort s’il fallait encore se priver de quelque chose".
Il est vrai que le comte de Montesquiou s'exprimait en des temps où l'argent ne faisait pas la noblesse, époque déjà bien éloignée de la nôtre.
03 août 2013, 11:13   Re : Haute couture
Il est, à mon goût, meilleur prosateur que poète.

Dans la préface de ses Mémoires, il écrit :

"Voilà bientôt quarante années que je m'entends reprocher d'avoir un style compliqué, en vers et en prose.
[...]
Tout cela pour en venir, non à m'excuser ni à me justifier, mais à faire observer que, cette fois, j'ai écrit cet ouvrage en écriture cursive. J'ai laissé agir la seule vertu de mes grands et petits écrits, servis uniquement par cette syntaxe intérieure que finissent par assurer l'exercice et l'usage ; rien de plus. Je ne crois pas que les phrases, en elles-mêmes, soient incorrectes ; elles évitent naturellement, sur leur parcours, et dans leur plus proche voisinage, les répétitions de mots et les rapprochements de sonorités, ces deux négations, selon moi, non seulement de tout style, mais de la plus modeste des entreprises littéraires. La narration familière et continue les oblige à user fréquemment des mêmes procédés et de rédactions identiques, tels que, par exemple, une fois et un jour, que ramène à satiété une longue additions de récurrences nombreuses."
04 août 2013, 10:40   Re : Haute couture
C'était un homme très redoutable avec la canne, instrument de combat de la belle époque.
04 août 2013, 22:57   Re : Haute couture
Curieux qu'il considère allitérations et assonances comme des procédés anti-stylistiques...
Utilisateur anonyme
06 août 2013, 20:36   Re : Haute couture
06 août 2013, 23:52   Re : Haute couture
À titre personnel, après le port de la ''robe'' de haute couture (sic) en morceaux de viande sanguinolente, et donc en état de putréfaction, d'un mauvais goût aussi sinistre que grotesque (les mouches s'en souviennent), je ne verrais aucun inconvénient, bien au contraire, à ce que cette demoiselle, ô combien complètement gaga et si peu lady, allât désormais constamment vêtue et entièrement voilée de la tête aux pieds d'une burqa, si ça lui chante (pourvu justement qu'elle se dispensât de nous le chanter, si l'on peut appeler cela ''chanter''). Il me semble que le port de la burqa serait dans son cas précis un progrès indéniable dans l'ordre esthétique et quant aux nuisances irréparables commises par cette pauvre créature inepte et tapageuse à l'image de la femme occidentale. L'ultime progrès consisterait bien entendu à rendre cette créature d'apocalypse de pacotille non seulement invisible mais totalement muette.

(Partis de Montesquiou, nous arrivâmes à Gaga, bah...)
Utilisateur anonyme
07 août 2013, 01:09   Re : Haute couture
Je ne savais pas trop où proposer cette nouvelle à nos lecteurs, je me suis dit qu’en la déposant ici, j’avais l’occasion de faire grimper le niveau et cela m’a ravi.
"Elle recevait aussi ; c’est chez elle que mon père entendit, un soir, dans un groupe où se trouvait la vieille D***, nièce de la maison, un homme bien élevé lâcher au nez de cette respectable dame, cet éloge gracieux : « Ah ! c’est que, la Marquise, elle a du poil au cul. »
Elle en avait, en effet, et le prouva, par ce mot qui lui vint, quand on lui annonça que les messieurs allaient reprendre la mode des pantalons larges. Elle répondit tristement : « On ne va plus savoir ce que les hommes pensent. »"

Op. Cit.
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