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Envoyé par Thomas Rhotomago 
« La princesse apprit aussi à mon père comment M. de Maurepas s’était fait ministre.

A la mort de Louis XV, ses filles, qui l’avaient soigné pendant sa petite vérole, devaient, selon l’inexorable étiquette, être séparées du nouveau Roi. Celui-ci, à qui son père le Dauphin avait recommandé de toujours prendre les conseils de sa tante Adélaïde, lui écrivit pour lui demander à qui il devait confier le soin de ce royaume qui lui tombait entre les bras. Madame Adélaïde lui répondit que le Dauphin n’aurait pas hésité à appeler M. de Machault. On expédia un courrier à M. de Machault.

Nouveau billet du Roi : Que fallait-il décider pour les funérailles ? quelles étaient les étiquettes ? à qui s’adresser ? Réponse de Madame Adélaïde : Personne n’était plus propre par ses souvenirs et ses traditions que M. de Maurepas. A se charger de ces détails.

Le courrier pour M. de Marchault n’était pas encore parti. La terre de M. Marchault est à trois lieues au delà de Pontchartain par des chemins alors affreux. On le chargea de remettre en passant la lettre pour M. de Maurepas.
Le vieux courtisan, ennuyé de son exil, arriva immédiatement. Le Roi l’attendait avec impatience ; il le fit entrer dans son cabinet. Pendant qu’il s’entretenait avec lui, on vint avertir que le conseil était assemblé. L’usage voulait que chaque ministre fût averti chaque fois par l’huissier. Le manque de cette formalité fermait l’entrée du conseil ; c’était l’équivalent d’un renvoi. L’huissier du conseil, voyant M. de Maurepas dans cette intimité avec le nouveau Roi, et sachant qu’il avait été mandé, le regarda en hésitant, le Roi ne dit rien, mais se troubla. M. de Maurepas salua comme s’il avait reçu le message, le Roi passa sans oser lui dire adieu. M. de Maurepas suivit, s’assit au conseil et gouverna la France pendant dix ans.

Lorsque M. de Machault arriva quelques heures après, la place était prise. Le Roi lui dit quelques lieux communs, lui adressa des compliments et le laissa repartir. Madame Adélaïde s’affligea, se plaignit, mais elle et son neveu étaient Bourbons, comme elle disait, et n’avaient assez d’énergie, ni pour résister aux volontés des autres, ni pour s’y associer pleinement.

Si Thoiry avait été en deça de Pontchartain, peut-être n’y aurait-il pas eu de révolution en France. M. de Machault était un homme sage, qui aurait su tirer meilleur parti des vertus de Louis XVI, que le courtisan spirituel, mais léger et immoral, auquel il confia son sort."

Mémoires de la Comtesse de Boigne.
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