Réflexion antéposée à celle de Loïk l'autre soir à Phnom Penh : où la vie bouillonne partout la nuit, sur les quais du Mékong, et sur le Mékong lui-même, où l'on loue des jonques pour y danser, où l'insouciance et
la joie de vivre, celle des guinguettes du siècle dernier sur les bords de Marne, partout se déploient. Pays pauvre, pourtant, très pauvre même, le Cambodge, pays PMA ("pays moins avancé" dans la parlance onusienne) où les visages, le soir sont rieurs et sans crainte.
Voyant une de ces jonques bondées d'une jeunesse khmère parfaitement heureuse - il y a un début de "middle class" à Phnom Penh, qui adore s'amuser, une manière
d'après-guerre de s'amuser, bon enfant -- je me suis amèrement moi aussi amusé, à imaginer la scène sur la Seine, où la jonque illuminée que je contemplais de loin n'aurait pas tardé à être investie par "la banlieue" et sa maudite racaille, etc...
Triste amusement, triste rêverie
d'avant-guerre de ma part face à la jeunesse khmère en retrouvaille avec elle-même dans un pays qui lui appartient pleinement.