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Pasdamalgame

Envoyé par Daniel Teyssier 
29 septembre 2014, 12:14   Pasdamalgame
Le très pressant pasdamalgame, auquel on est si lancinement invité à se soumettre, doit-il pour autant nous interdire toute interrogation et tout questionnement à propos du lien, pouvant ou non exister, entre le Coran et ceux qui s'en réclament, même si c'est au travers d'atroces décapitations de mécréants.
Car, s'il n'y a pas lieu, certes, de se livrer à un amalgame abusif et malhonnête entre ces tueurs et la plupart des musulmans occidentaux "pas en mon nom", il n'y a pas lieu non plus, a priori, c'est à dire sans aucune analyse faite, d'en dédouaner absolument et nécessairement le livre sacré du Coran, dont certaines sourates (même si d'autres peuvent ici ou là les contredire) indiquent clairement combien il est recommandé de tuer un maximum d'infidèles ainsi que de les terroriser.

Un parallèle intéressant peut être fait avec le communisme et les débats auquel il donnait lieu dans les années 60 - 70.
Certes il était abusif et très injuste d'amalgamer tous les militants et sympathisants communistes (dont beaucoup étaient de sincères humanistes même s'ils se sont retrouvés cocufiés) aux sbires et autres tueurs à la solde de Staline ou du général Mao mais, pour autant, comme le signalait le très regretté Jean-François Revel, chaque fois qu'un régime communiste s'implante quelque part dans le monde s'ensuivent immanquablement toute une cohorte d'horreurs. Il y avait donc lieu, intellectuellement parlant, à au-moins s'interroger à propos de l'existence d'un lien possible entre les constats dramatiques visibles sur le terrain et l'idéologie mise en place.
Idem pour l'islam, la démocratie et les Droits de l'Homme ne faisant pas bon ménage avec lui, et cela, dans tout pays où il sévit en tant que religion d'état.
Le pasdamalgame ne doit pas nous soustraire à la réflexion ni à une analyse justement menée, et donc ne pas, paresseusement, se contenter d'ânonner l'islam c'est pas ça ou le communisme c'est pas ça.
30 septembre 2014, 07:00   Re : Pasdamalgame
Très juste.
On n'attend pas des musulmans qu'ils nous disent : "L'islam ce n'est pas ça (et d'ailleurs, vous êtes persécuteurs de penser que l'islam c'est ça)", mais "L'islam, c'est (et aussi, surtout, ça a été) aussi ça, et nous voulons que ça ne le soit plus."

Et dans votre comparaison vous pourriez ajouter le christianisme, dans les territoires contrôlés par lequel l'élimination des non-chrétiens par la violence ne s'est pas produite par hasard mais a des racines qui plongent profondément dans les Evangiles. ou bien l'Allemagne (et, plus généralement, l'Europe), qui depuis 1945 a cherché dans son histoire et sa culture politique les racines du nazisme.
A chaque fois, il faut d'ailleurs comprendre que le trait qu'on récuse et qu'on dépasse, il faut lui reconnaître aussi une valeur, et vouloir le transformer plutôt que purement l'abandonner - le transformer, c'est à dire donner une expression meilleure à l'exigence qui se manifestait en lui.
Pour prendre l'exemple du christianisme, le chrétien qui conserve la conviction selon laquelle il y aura d'un côté les élus et de l'autre les damnés comprend très bien comment le christianisme a été aussi profondément intolérant et persécuteur qu'il l'a été, mais peut retenir la passion de la vérité et celle de la transmission du message comme expressions plus hautes de cette conviction.

Le réexamen de la croyance par son partisan pouvant conduire à une transformation qui se situe à l'intérieur de cette croyance, ou bien qui entraîne l'abandon de celle-ci : on attend normalement d'un communiste qu'il cesse de l'être (plutôt que de vouloir d'un communisme à visage humain), d'un nazi qu'il cesse de l'être (et trouve ailleurs ce qui lui paraît avoir été les vertus du nazisme, par exemple l'anticommunisme, ou la capacité de l'effort collectif, ou le patriotisme allemand), on n'attend pas d'un chrétien ou d'un musulman persécuteurs qu'il renoncent à leur religions mais qu'ils les vivent différemment et les transforment.
30 septembre 2014, 07:14   Re : Pasdamalgame
Sacré débat, cher Daniel Teyssier... L'"analyse justement menée" du Coran m'a toujours semblé buté sur une difficulté majeure, qui est de lui assigner précisément les limites de son interprétation possible : j'avoue que les arguments couramment utilisés pour en dénoncer l'univocité foncièrement malfaisante, notamment l'"incréation" et l'abrogation des versets, un seul particulièrement violent suffisant à "abroger" nombre d'écrits plus accommodants, m'ont souvent paru un peu rapides et simplets, sorte de réponse du berger à la bergère, où l'on rend à une lecture aveugle et élémentaire ce qu'on estime lui devoir être dû en se plaçant au même niveau, celui d'une primarité nécessaire de la compréhension.
À ma connaissance, les érudits musulmans eux-même ne sont pas d'accord sur ces questions, mais cela, bien entendu, est immédiatement écarté par la fameuse taqya, par quoi l'on rend d'emblée toute contre-argumentation proposée par l'adversaire caduque, le douant d'avance de fourberie intrinsèque, ce qui est un excellent moyen, aurait dit Popper, de rendre sa propre hypothèse irréfutable...
Bref, dans la mesure où la réponse à la question de savoir si l'on peut être musulman et croyant tout en ne se proposant pas incontinent, le regard fixe et fou, de faire la guerre au monde entier jusqu'à ce qu'il capitule et s'islamise, ou éventuellement rétrograde en humanité à un statut d'inférieur, si la réponse à cela est possiblement positive, alors les raisons des excès dont font parade certains musulmans doivent aussi — et peut-être surtout, la question reste ouverte — être cherchées dans des causes extra-religieuses.
30 septembre 2014, 17:11   Re : Pasdamalgame
Certes la violence est inséparable de tout monothéisme.
Néanmoins ce ne sont pas les Evangiles, une des Ecritures les moins violentes parmi toutes, qui en détiennent le ponpon si j'ose dire.
Mais peut-être vouliez-vous plutôt invoquer l'Ancien Testament (et non les Evangiles) à ce propos? Car effectivement il s'y trouve beaucoup de violences bien que pourtant n'y figurent que très peu de guerres.

Ce qui est tout de même remarquable dans le monde musulman c'est la toujours forte persistance à vouloir universaliser leur croyance à tout le genre humain, et ce par tous les moyens, sans jamais se soucier d'aller à la rencontre de l'Autre. Il est vrai que cet Autre, pointé comme mécréant ou infidèle, ne saurait mériter une quelconque attention.
Cette fermeture à l'Autre est bien sûr une des principales causes du déclin de la civilisation musulmane, et cela dans tous les domaines, que ce soit les sciences, les technologies avancées, les Lettres, la philosophie, l'économie ou même l'art de la guerre.
Avant de se faire persécuteurs les chrétiens l'ont été (persécutés) très durement durant trois siècles (jusqu'à la conversion de Constantin). Ensuite l'histoire du christianisme est jalonnée de schismes, d'hérésies en tout genre entrainant persécutions et guerres.
Et celà dès la conversion de Constantin. Conflits entre les différentes Eglises d'Orient (Antioche ; Alexandrie ; Constantinople), mais encore entre la papauté et les protestants jusqu'à ce que, après des siècles de combats et de persécutions, les chrétiens fussent de plus en plus nombreux à admettre, à l'instar d'un John Locke, l'idée qu'il fallait soustraire aux Eglises le pouvoir coercitif et répressif de l'Etat et ainsi permettre la coexistence (le vivre-ensemble dirait-on de nos jours) entre des religions différentes. C'est, vous l'aurez tous reconnue, la Laïcité.
L'histoire de l'islam fut tout autre.
C'est pour cela qu'on a, de nos jours encore, sur nos plateaux de télévision par ex, des gens qui se présentent, ou sont présentés par le journaliste, comme intellectuel musulman. De même des pays qui se réunissent au sein d'une organisation limitée exclusivement aux seuls pays musulmans, des lieux, dans le monde, réservés (sous peine de mort) aux seuls fidèles de Mahomet. Imaginer les mêmes phrases en remplaçant musulman par chrétien...

Cher Alain Eytan, pour faire très court (car le temps me manque) je vous répondrais que s'il est à chercher ailleurs que dans l'islam, en tant que religion, la cause des comportements criminels de certains islamistes, peut être en trouverait-on dans l'Islam en tant que civilisation, cette dernière étant bien sûr fortement conjointe à l'islam-religion.
Connaissez-vous d'autres civilisations dont certains de leurs membres égorgent des infidèles?
30 septembre 2014, 20:37   Re : Pasdamalgame
Je pense que, de ce point de vue, le christianisme intransigeant, celui qui pratiqua les autodafés pour l'église catholique ou les idéologies athées fulminantes, comme le nazisme ou le stalinisme, se comparent tout à fait à l'islamisme fanatique.

Cela ne veut pas dire que les Espagnols des temps modernes, les Allemands de 1937 ou les soviétiques de 1940 étaient tous des monstres assoiffés de sang, loin de là. Cela ne veut pas dire non plus que tous les musulmans doivent être, pour ainsi dire, mis dans le même sac. Je suis persuadé que la proportion de gens honnêtes est la même dans toutes les grandes concentrations humaines.

On notera d'ailleurs que les trois catégories ci-dessus procédaient par amalgames et catégories :

- pour l'Espagne, "les convertis", ils sont tous suspects, par amalgame ;

- pour les nazis, les juifs sont par définition, par amalgame, ennemis du peuple ;

- pour les staliniens, les koulaks sont, eux aussi par définition, ennemis du peuple.


Le vice de l'amalgame, c'est de ne pas considérer des personnes comme des individus, ce que nous enseigne pourtant la doctrine chrétienne, mais comme déterminées par leur groupe d'origine. Le fils de 10 ans du converti, du juif, du koulak est converti, juif, koulak et c'est un ennemi.
30 septembre 2014, 22:13   Re : Pasdamalgame
L'horreur, le fanatisme, la violence totalitaire sont évidemment à condamner d'où qu'ils émanent. Pas d'ambiguïté à ce sujet en ce qui me concerne.

On peut tout de même ne pas omettre une quatrième catégorie procédant par amalgames :

- pour les islamistes, les non musulmans tous ennemis de l'islam par amalgame.

à moins qu'on nous reproche d'amalgamer ainsi tous les islamistes...

Néanmoins une des opérations principales du cerveau humain est ce qu'on nomme la synthèse, consistant littéralement à mettre ensemble (à amalgamer) diverses perceptions sensibles (phénomènes dans le jargon Kantien) et ainsi à se constituer un jugement synthétique c'est à dire une connaissance.
C'est de cette façon qu'on se forge par exemple une certaine idée de l'Islam et de ceux qui s'en réclament tout en ne pas, stricto sensu, les amalgamer en un insécable corps collectif. L'individu est bien toujours là mais il subit nécessairement la forte prégnance de son milieu surtout quand celui-ci est de nature totalitaire.
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