L'adhésion massive au discours de Marine Le Pen a contraint les "élites", il est vrai, à reconsidérer leur interprétation de la réalité. Le sentiment d'un hiatus profond entre la caste dominante (médiatico-politique, pour aller vite) et le peuple est grandissant, même à gauche (J.-F. Kahn par exemple). C'est un fait ; mais d'un autre côté, on voit 229 "intellectuels" signer une pétition parfaitement abjecte contre Marcel Gauchet. On voit Renaud Camus, Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, Michel Onfray, etc. couverts d'opprobre, quand ils ne sont pas traînés devant les tribunaux, à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche. Une machine de type stalinien (même J.-N. Jeanneney, à propos de "l'Affaire Gauchet", a fait cette comparaison) fonctionne toujours à plein régime dans les milieux que nous avons cités précédemment (radio, télévision, ministères, universités, cénacles supérieurs divers) : elle ne sera certes pas enrayée si facilement. Parmi les signataires de la pétition contre Gauchet, combien de jeunes "doctorants" et "maîtres de conférences", à peine âgés de vingt-cinq ans, qui se préparent à une longue carrière d'inquisiteurs permanents ? La terreur idéologique va continuer et va engendrer toujours plus de malaise, de ressentiment et de désespoir. Nous nous trouvons peut-être dans une situation pré-révolutionnaire.