Le site du parti de l'In-nocence

Ohne titel

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 18:46   Ohne titel
« Un chef doit être à même d'apporter des solutions. C'est ce qu'on attend de lui. S'il n'est pas capable d'apporter des réponses, il paralyse le groupe. Son attitude est alors perçue comme de la faiblesse. Cela peut causer des dissensions au sein du groupe, le déstabiliser, le démotiver et conduire à la défaite. Le leader et les gens qui l'entourent représentent le noyau dur qui réfléchit et agit, la tête de pont. Ils connaissent très bien la portée d'une défaite : les troupes ne sont plus motivées, ça ne les intéresse plus, elles s'en vont. Il nous fallait des victoires pour qu'elles suivent, qu'elles ne s'endorment pas. Il fallait être imaginatif : celui qui gagne, c'est celui qui sait le mieux gérer ses hommes, leur moral, leur stress. Si les autres sortent des armes, il faut passer à des armes supérieures. Il faut les traquer sans relâche, les pourchasser, les acculer pour montrer qu'on est prêt à aller jusqu'au bout. S'ils sont prêts à passer à une étape, il faut déjà être à la suivante. La guerre, c'est physique mais aussi psychologique. Elle se prépare, se conçoit, se réalise et s'achève avant même d'avoir débuté.
Un leader, ce n'est pas l'autoritarisme absolu – ferme ta gueule et obéis. Un bon chef doit être à l'écoute. Il ne doit pas avoir peur de prendre des coups. Il doit conjuguer calme et fermeté, et savoir contrôler ses émotions tout en préservant une certaine sensibilité, même si souvent il ne faut pas l'extérioriser. Il est tenu d'amener ses hommes à la victoire, c'est la seule chose qui puisse leur faire accepter les sacrifices endurés. Alors, ils ont confiance en toi et ils te suivent, jusqu'à ta mort s'il le faut. »
21 septembre 2008, 19:46   Re : Ohne titel
De qui ?
21 septembre 2008, 21:31   Re : Ohne titel
Raoul Salan ? De Lattre de Tassigny, Bob Denard, Trotsky, Che Guevara, Manuel Marulanda, Commandant Massoud, le chef tchétchène Bassaev, Philippe Leclerc, Edouard Leclerc, Raoul Castro ?
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 22:01   Re : Ohne titel
Lamence Mazdou - J'étais un chef de gang (septembre 2008)

C'est un récit plein d'intérêt et je me permettrai d'en donner quelques extraits.
21 septembre 2008, 22:43   Re : Ohne titel
Comme quoi dans chef de gang, il y a chef. J'aurais parié pour Bigeard ...
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 23:51   classification
“Quand j'allais chez des copains, des Noirs ou des Arabes qui étaient en France depuis longtemps, ou bien chez des Français, je voyais un autre mode de vie, avec plus d'espace, plus d'intimité.”

Op. Cit
Utilisateur anonyme
22 septembre 2008, 17:39   (re)Classification et cinéma (suite)
"Je devais avoir treize, quatorze ans quand le break est arrivé en France au milieu des années 80. Ca a commencé par le smurf avec des films comme Beat street puis nous avons entendu parler d'Afrika Bambaataa et de la Zulu Nation, et avec lui, a commencé l'éveil de notre conscience black. Les Noirs du milieu hip-hop s'y étaient identifiés.
Aujourd'hui, les gens se disent congolais [Lamence Mazdou est lui-même Congolais, arrivé en France à l'âge de cinq ans, en 1977], ivoiriens, sénégalais, maliens. A cette époque, ça n'existait pas. On se disait noirs, fin de l'histoire. Nous ne savions même pas d'où chacun venait. Bizarrement, nous ne nous étions jamais vraiment posé la question. Je suis d'origine africaine et je ne le renierai jamais mais je me sens français. Je n'ai pas une once de cette culture africaine. Cette façon de penser, d'agir ne fait pas partie de moi. Mais comme beaucoup d'autres, je l'ai cherchée pour mieux comprendre qui j'étais, pour trouver ma véritable identité."
[...]

"Les grands nous ont montré Paris, nous ont emmené dans les boîtes, ils nous ont fait entrer dans les soirées. Ils nous ont fait comprendre que nous étions des Noirs et qu'il existait des choses pour les Noirs. Ils nous ont initiés à un nouveau monde, à une nouvelle culture qui nous est propre à nous, les Blacks. Nous avons appris davantage sur nous-mêmes, sur notre histoire, la fierté de nos peuples et leurs origines, leurs combats, leurs souffrances, les épreuves qu'ils ont traversées. Surtout, nous avons appris que nous pouvions partager cela avec d'autres qui, comme nous, avaient les mêmes attentes, les mêmes questions."
[...]

"Une autre référence est arrivée, celle des bandes américaines que nous montrait le cinéma. Avant, nous regardions des films de musique qui correspondaient à ce que nous vivions, le break, le graffiti. Puis nous avons vu Warriors, le premier film sur les bandes aux Etats-Unis. Ce qui m'a marqué dans Warriors, ce n'est pas tant les bandes que la combativité de ces mecs, la façon dont la petite bande minable qu'ils formaient a affronté toutes les autres, la manière dont ils ont tenu le choc et sont devenus quelque chose. [...] Le film Colors est venu bien après; il nous a aussi marqués. C'était un film brutal [...] Il y eut aussi Les princes de la ville, un film latino sur les bandes qui montre la dureté des codes de la prison."

Op. Cit
22 septembre 2008, 18:02   Re : Ohne titel
C'est accablant pour le Cinéma.
22 septembre 2008, 19:18   Re : Ohne titel
Vous pensiez que le cinéma pouvait ne pas avoir d'influence sur ses spectateurs ? Ah, mais, pardon, vous parliez du Cinéma. Le problème, c'est que les deux passent dans les mêmes salles... (enfin, pas partout, pas toujours, soyons justes).
Utilisateur anonyme
23 septembre 2008, 17:50   Re : Ohne titel
Puisque s'agitent des questions juridiques, que prévoit la législation en matière de reproduction d'extraits de livres récents ?

Je me suis posé cette question au moment de proposer d'autres extraits du récit de l'ex chef de bandes. Le climat étant ce qu'il est, je m'en voudrais de fournir une occasion de chercher noise au forum de l'In-nocence.
23 septembre 2008, 18:01   Re : Ohne titel
Le droit à la citation existe mais il semble que celles dont vous nous gratifiez ne respectent pas toutes les conditions : voir par exemple ici. Cela dit, sur Internet, ces limites ne sont pas souvent respectées.
Utilisateur anonyme
23 septembre 2008, 18:21   Ohne titel
"Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire :

[...]

e) La représentation ou la reproduction d'extraits d'œuvres, sous réserve des œuvres conçues à des fins pédagogiques (...)"

Le caractère pédagogique de ce récit de vie, lu jusqu'au bout, ne semble faire aucun doute, témoin l'extrait suivant, qui contient des accents assez semblables à ceux qui s'expriment régulièrement sur ce forum.

La frontière entre les représentations existentielles d'une enfance de chef de gang et celles d'une enfance de chef d'entreprise, cette frontière ne tient vraiment qu'à un aiguillage... :

“La première fois que j'ai fait de la prison, c'était en 1987, j'avais quinze ans. C'était pour un vol avec agression ; on avait dépouillé quelqu'un. [...] Après mon incarcération, on m'a mis dans un foyer aux Ulis. J'y suis resté dix jours et je me suis cassé. Je trouvais que c'était bon pour les cas sociaux et je ne me sentais pas à ma place. Je voyais des jeunes que je trouvais cons. On nous donnait des places de cinéma, un peu d'argent de poche. Je m'attendais à autre chose. Et puis, j'étais très bien dans mon monde, dans la rue, j'arrivais à me débrouiller, très bien. Je crois que ça doit faire partie de mon caractère : je veux me débrouiller, me battre, gagner et me montrer à moi-même que je peux le faire et y arriver, sans l'aide de personne. On a toujours besoin de l'aide des gens mais pas de cette manière-là. Je trouvais qu'être assisté de cette façon, ça faisait faible.

J'étais encore petit mais je voyais comment étaient les autres jeunes. Je pense qu'ils devaient se sentir mal chez eux, ils devaient mal parler à leurs parents, ils devaient être violents et ils se conduisaient de la même façon dans ce foyer. Ils se faisaient parfois de vraies crasses. J'avais l'impression que leurs problèmes n'étaient pas les miens, je trouvais leurs comportements stupides. On allait au cinéma et ils s'amusaient à jeter des pop-corn sur les gens. Pour eux, c'était un truc enfantin, mais moi, je considérais que c'était emmerder les gens gratuitement et je n'étais pas là-dedans. On avait choisi une autre option, on préférait se battre, se tirer dessus, se mettre des coups de couteaux. On préférait voler pour gagner de l'argent."

Op. Cit.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 09:33   Re : Ohne titel
Le grand chef a parlé ce matin sur France-Culture, assisté de sa sociologue favorite.
Je n'ai entendu que le début et la fin de l'émission, fin qui fut un grand moment d'ethno-masochisme gratuit, laïque et obligatoire, avec éloge de la discrimination positive, stigmatisation de la "France raciste", comparaison avec les Etats-Unis qui eux, avec Obama, sont sur le point de réaliser une prouesse dont nous sommes incapables, etc.. etc...
A tel point qu' Alexandre Adler, dont Dieu sait que ce n'est pourtant pas la pente naturelle, s'est cru obligé de prendre - un peu - la défense de la France, en disant qu'elle n'était pas forcément toujours aussi raciste que celà.
Incroyable.
Le tout avec nos impôts, naturellement.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 09:48   Re : Ohne titel
Qui est "le grand chef" ?
26 septembre 2008, 10:21   Grand chef... de gang
Invités des "Matins de France culture" :

Lamence Madzou. Ancien chef de gang, il a par la suite contribué à plusieurs reportages dans des quartiers de banlieue.

Marie-Hélène Bacqué. Sociologue, elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur les quartiers populaires.


"Quartiers populaires" : j'adore l'expression.
26 septembre 2008, 10:37   Re : Grand chef... de gang
Oui, les quartiers populaires...
Et aussi les cités, les jeunes, les territoires, la banlieue, la diversité, j'en passe, tant et tant de vocables confisqués !
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 10:50   Re : Ohne titel
Je vous remercie, Marcel, d'avoir éclairé ma lanterne complètement unplugged décidément. Si l'on achète son livre, on a une prime pour l'emploi ?
26 septembre 2008, 12:11   Re : Ohne titel
J'adore ces gauchistes qui, quand ça les arrange, vante les Etats-Unis et leur " diversité ", alors que ce pays s'est construit sur l'extermination presque totale du peuple d'origine : les Indiens. Mais peut-être trahissent-ils ainsi, inconsciemment, leur rêve de voir disparaître aussi les Indiens que nous sommes, nous les "de souche", pour que se construise le monde métissé imaginé par leur puérile utopie.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 12:53   Graine de notables
Voici comment l'auto-biographe narre la chose (C'est au moment où, après avoir été expulsé de France et vécu trois ans au Congo (de 1997 à 2000), il rentre en France et se range des voitures, renonce à ses activités délictueuses et cherche une voie pour mener une nouvelle vie dans la légalité) :

"Je me suis dit, je suis capable de faire des choses, de faire bouger les gens. J'ai vu qu'il y avait une possibilité avec les médias. J'ai commencé à me servir de mes relations, de mon réseau d'influence pour entrer dans le milieu de la télé, des journalistes. En observant, j'ai compris que le bordel créé par les mecs des quartiers représente une gigantesque pompe à fric. Les gens ne se rendent pas compte, mais ça permet aux journalistes et aux universitaires de faire un bouquin, à l'éditeur de le vendre, ça aide les politiciens pendant les élections et ça permet à la municipalité de récupérer de l'argent parce qu'on passe en zone sensible. Et les grands perdants dans cette histoire, ce sont les mecs qui sont en train de se casser la gueule parce que eux, ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne touchent rien ou pas grand chose.
A partir du moment où j'ai compris cela, j'ai pu moi aussi gagner de l'argent sans plus avoir à foutre le bordel, à menacer, à affronter. Les journalistes n'arrivaient pas à entrer dans les Pyramides, dans les Tarterêts ni à la Grande Borne. J'avais fait quelques reportages avec Yumi Production ; nous avions tourné un film sur le bus 402. Je m'entendais bien avec des journalistes du Républicain, de Libération et du Parisien. Je me suis rapproché des gens de France 2, France 3, qui avaient besoin d'entrer dans le quartier, pour faire leurs reportages. Je suis devenu pigiste, j'ai commencé à gagner de l'argent. Cela payait bien, même très bien. J'ai négocié mes contrats. Si je faisais trois ou quatre reportages dans le mois, je m'en sortais bien. Pour un reportage je gagnais entre six cent et mille euros. Les reportages passaient au 13 heurs et au 20 heures. [...] Après j'ai bossé à Libération aux services généraux et pour France 2 avec un journaliste qui est ensuite passé à TF1. J'ai participé à des reportages sur les trafics de voiture, sur les filières pour retaper les voitures. J'aurais pu le faire tout seul. Tout ce qui me manquait, c'était un cameraman, une formation de journaliste. Le journalisme, c'est comme le bizness ; chacun pense à sa carrière. Les gens ne t'appellent que quand ils ont quelque chose à te demander."

Op. Cit.

De façon générale, il ressort, à la lecture de ce récit, qu'on ne saurait dire que ces "quartiers sensibles" sont peuplés de "branleurs qui ne foutent rien". Ce qui l'emporte de loin, c'est au contraire une activité incessante, fût-elle au service d'activités plus qu'illégales qui se changent, quand il s'agit de se ranger des voitures, en activités politiques, sociales, journalistiques (peut-être artistiques, mais il semble que ce soit plus rare). La nonchalance n'est pas au programme, plutôt une sorte de "struggle for life" permanent qui fait des "dirigeants" de bandes (organisées d'ailleurs en véritables "organigrammes" bien hiérarchisés), des hommes particulièrement "overbookés", appelés à régler toute sorte de questions, ratissant très large, menant leurs affaires avec un sens aigu de l'opportunisme et une appréciation fine de leur environnement, des "créneaux" du moment. Ils n'ont pas les traits des "classes dangereuses" de jadis, n'aspirent pas à la marginalité du crime ni à une quelconque remise en question de l'ordre social. Ils cherchent à devenir des notables, voilà tout.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 12:57   Re : Graine de notables
Ah, vous voyez bien qu'ils branlent quelque chose, Jmarc !
26 septembre 2008, 13:46   Re : Graine de notables
Orimont, vous parlez là, me semble-t-il, des quelques individus qui, précisément, sont, toutes proportions gardées, dans leur type d'occupation et de par l'activisme qu'ils y déploient, des chefs, des meneurs, des caïds, ou quoi que ce soit d'autre qu'il vous plaira de les nommer. Ils ne représentent qu'une fraction minime de l'immense masse de ceux qui "tiennent les murs" et qui, eux, ne fichent proprement rien.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2008, 14:37   Re : Graine de notables
Comme dirait l'autre, ça se discute. La "tenue" des murs, visuellement, peut induire en erreur le quidam qui traverse une "cité" et aperçoit, en effet, des groupes apparemment désœuvrés. Mais cela correspond aussi bien à une façon de vivre ultra-méditerranéenne où l'activité et le désœuvrement ne produisent pas les mêmes attitudes. Et si on vit dans la rue, surtout quand on est jeune, c'est précisément parce qu'il s'y passe quelque chose, c'est se tenir prêt. Ainsi, dans le Sud de l'Italie, aperçoit-on des individus inamoviblement visés sur leur Vespa à l'angle des rues et qui ne font pas "rien", qui ont leur fonction de surveillance (fût-elle au bas de l'échelle) dans l'organigramme de la malavita. Ce groupe qui semble "ne rien branler" ne fait peut-être qu'attendre quelque "mission" spéciale.

Du reste, s'ils ne "branlaient rien", comment pourraient-il se procurer, ces "teneurs de murs", toutes ces nippes de marque, ces voitures, et autres dernier cri de l'électronique ? Les allocations n'y suffisent plus et il faut bien vivre. Il est largement révolu le temps où, pour avoir travaillé trois mois, l'Assedic réglait rubis sur l'ongle une année entière d'allocations à hauteur de 90% du salaire. Aujourd'hui, on a vite fait d'atteindre un revenu minimum et celui-ci, d'ailleurs, j'imagine, a changé d'usage, devenant surtout, pour les délinquants (auxquels, tout de même, la population des "cités" ne se résume pas), une couverture statutaire : on est officiellement chômeur. C'est un petit appoint, certes bienvenu, mais qui ne permet absolument pas de subvenir aux besoins de consommation de ces désœuvrés.

D'un autre côté, qu'il y ait parmi eux des fainéants, certainement. N'oublions cependant pas que plus personne ne se vante de l'être.
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