Je me permettrai de défendre ici les séries (pas toutes évidemment), car elles se permettent ce que le cinéma Hollywood ne se permet plus : le développement d'un sujet, un vrai travail de scénario et leur réalisation est souvent impeccable. On trouve des séries qui sont aussi abouties que certaines suites de films. Elles constituent aujourd'hui le fer de lance de la production exigeante de Hollywood.
La série "The Americans" que je suis en train de visionner, qui met en scène un couple d'agents du KGB sous couverture, vivant dans années Reagan comme des Américains moyens, avec des enfants ignorant la véritable activité de leurs parents, est aussi fascinante que "Les Perses" d'Eschyle, car ce sont des Américains qui adoptent le point-de-vue de l'ennemi et conduisent à prendre son parti. Il y reste toujorus des touches mélodramatiques, comme dans la plupart des oeuvres américaines, mais l'ensemble se constitue en réflexion sur la question de l'engagement, du partiotisme, de la tension entre fidélité à sa famille et à sa patrie, sur la fin de la Guerre Froide, sur la différence de mode de vie et de mentalité entre les Russes soviétiques (ou non, d'ailleurs) et les Américains, sur la société de consommation.
La série anglaise "Downton Abbey" est une longue reprise de "Gusford Park" et de "La Règle du jeu", avec les mêmes questions mises en scène et une réalisation impeccable.
Le roman peine à réfléchir sur notre époque. Le cinéma s'en désintéresse souvent ou manque de temps. La série peut prendre en charge le questionnement sur l'époque et, au-delà sur la condition humaine à différents moments de l'histoire, sans limite de temps, ni de moyen.
Comme beaucoup de cinéphiles qui sont malheureux devant la plupart des films récents, je retrouve un certain plaisir à suivre certaines séries de qualité, notamment les productions de HBO, de Netfix et de Granada.