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To be (xenophobic) or not to be

Envoyé par Pierre Hergat 
18 février 2015, 14:15   To be (xenophobic) or not to be
Sentinelle manifestant sa xénophobie à coup de flèches




Dans les années 80, le gouvernement indien mit en place un programme afin d’établir le contact avec le peuple des Sentinelles (pygmées negritos des îles Andaman). Les Sentinelles accueillirent leurs intrus à coup de flèches et de lances, interrompant définitivement le programme.
Depuis, personne n’a plus eu de contact, à l’exception de deux pêcheurs ayant accosté sur l’île. Ils y ont laissé la vie.

Dans le même temps, deux îlots plus haut, la bien moins belliqueuse tribu des Bo, disparaissait corps et bien. La dernière représentante des Bo a disparu en 2010. Pareil pour les jarawa, une population autrefois estimée à 5000 personnes qui n’en compte plus aujourd’hui que 56
Si les autres communautés humaines s'étaient comportées comme celle-là, refusant les échanges avec l'extérieur, à ce qu'on en dit, il n'y aurait point d'humanité, point d'humanité "physique", je ne parle pas du "sentiment d'humanité".

Ces gens, s'ils se comportent bien comme ils en ont la réputation, sont absolument non discriminants : ils décochent leurs flèches sur tout humain qui se présente, comme cupidon, d'où le cul de sac dans lequel se trouve leur histoire, car ils doivent bien en avoir une, les malheureux.

Il faut plaindre le sauvage, et non l'admirer. Ne pas craindre de se montrer résolument dix-huitiémiste et hiérarchiseur en la matière. Un commentateur du site en ligne s'est aventuré à supposer ces hommes "sans pitié", et a dû bien entendu essuyer des tirs bien-pensants ("Qu'est-ce que vous savez s'ils sont sans pitié hein ?") particulièrement nourris et véhéments, de la part "d'anthropologues" qui montrent qu'ils n'ont pas la moindre idée de la nature, presque entièrement occidentale et civilisée, de la pitié.
Citation
Francis Marche
d'où le cul de sac dans lequel se trouve leur histoire, car ils doivent bien en avoir une, les malheureux.

Tout de même, la tribu des sentinelles semblent avoir résolu un problème derrière lequel nous courrons, celui de la régulation humaine (ce qui explique sans doute leur acharnement à ne vouloir rencontrer personne). Pour conserver durant 60000 ans une population stable dans un espace aussi étroit qu'est un îlot, il faut un raffinement extrême.

Autre cas remarquable, dans la même région, l'homme de florès arrivé sur l'île de Florès voilà 30.000 ans aura dégénéré à tel point que les derniers spécimens ne mesuraient plus que 80 cm. Au départ, on croyait qu'il s'agissait d'une espèce à part. La thèse est contreversée mais il semblerait désormais que quelques dixaines de milliers d'années suffisent pour voir une espèce dégénérer totalement.
Aussi, si ces sentinelles ont tenu 60.000 dans un espace aussi étroit, il faut le remarquer, et remarquer que cette question est sans doute au coeur de leur (étroite) culture.
On ne sait pas s'ils ont vécu 60000 ans dans cette île et tout porte à en douter, ne serait-ce que pour les raisons qui ont fait "dégénérer" l'homme de Florès: il ne s'agit pas dans le cas des hommes de Florès de dégénérescence du génotype mais d'adaptation phénotypale au milieu insulaire et à la géographie (cf "le nanisme insulaire"). On voit que les Sentinelles sont de belle taille : il se pourrait donc qu'ils ne soient pas autochtones à cette île mais qu'ils s'y soient volontairement exilés ou repliés suite à des guerres intestines dans l'archipel (Adaman et Nicobar), lesquelles ne remonteraient pas à plus de quelques siècles, ce qui pourrait rendre compte de leur comportement si farouche et agressif (héritage de leur histoire). Les populations authentiquement isolées (en Amazonie ou ailleurs en Papouasie) ne montrent pas ce comportement agressif-défensif et "sauvage" : elles se montrent curieuses à l'égard du visiteur, intéressées, spontanément pacifiques envers lui et même accueillantes.

Sur le nanisme insulaire (cet article nain) : [www.futura-sciences.com]
Justement, c'est leur bonne santé qui est étonnante.
La position de l'île des Sentinelles semble venir contredire votre affirmation d'une installation récente car on peut imaginer que cette île est le point ultime d'une migration qui se prolongerait tragiquement dans l'Océan Indien.


Je crois que vous n'avez pas bien compris ce que je vous ai écrit concernant la "bonne santé" de ces individus, très vraisemblablement d'implantation récente sur cette île. Et cette île est située à la marge de l'archipel Adaman-et-Nicobar, assez vaste, ce qui fait que leur présence sur cet îlot (Sentinelle), avant d'être conjecturée comme le résultat d'un repli de ces populations du continent, doit l'être d'un repli du reste de cet archipel. Cette île occupe par rapport à lui la position de l'île d'Aran par rapport au reste de l'Irlande. Si des peuplades isolées se découvraient sur l'île d'Aran, on supputerait qu'elles viennent d'Irlande avant de supposer qu'elles puissent être originaires du continent européen, vous ne pensez pas?

La superficie de l'archipel est de 8075 km2, soit le total de la Corse et la Sardaigne. Celle de l'île Sentinel North (où est rassemblée cette population) est de 72 km2. S'il se trouvait à quelques encablures de la Corse et de la Sardaigne une île de cette taille abritant une population recluse, il tombe sous le sens de lui prêter une histoire en rapport avec celle de ces deux grandes îles, avant d'imaginer qu'elle s'est réfugiée du continent, lequel dans le cas de cet archipel de l'océan indien est de dix à quinze fois plus éloigné que ne l'est le rivage ligure du Cap Corse.
Dans notre série La science avance, moi je fais du sur-place, anciennement Le niveau monte donc je nage, voici en exclusivité une vidéo venue du futur, où l'on voit le Vénérable enseigner la physique à l'Université Pierre et Marie Curie de Paris, vidéo prise au premier semestre de l'an 2300 de l'Hegire :

video: [www.youtube.com]
Ce secteur des îles Andaman et Nicobar est en outre difficile du point de vue de la navigation maritime, les conditions météorologiques y sont souvent exécrables. Pour les passagers qui, comme Francis, volent souvent vers le sud-est asiatique, c'est toujours un passage désagréable. C'est d'ailleurs là que Kingsford Smith se perdit.

L'hypothèse d'une venue du continent me semble difficile à admettre.
Citation
Francis Marche
le résultat d'un repli du reste de cet archipel.

Cette région du monde a une histoire singulière qu'il faut garder à l'esprit, s'y est produit le seul cataclysme naturel inscrit dans l'ADN humain, à savoir l'explosion du mont Toba (nord Sumatra), il y a 70.000 ans.

La nuée ardente que provoqua le super-volcan du mont Toba, et qui se heurta aux contreforts de l'himalaya, conduisit à la totale disparition des populations du sous-continent indien: on estime que tout au plus un milliers de reproducteurs humain survécurent à cette nuée. Cette chose a été observée par l'ADN des population indiennes. En fait, elle est tout simplement visible.

L'explosion du mont Toba est en grande partie à l'origine de la dernière ère glaicière.
Ainsi, vers -35000 ans, le niveau des océans est tellement bas que l'homme parvient pour le première fois en Autralie.

Pour en revenir à Andaman & Nicobar, on peut supposer que ce groupe d'îles forment une grande île unique, que par la suite, l'océan viendra à nouveau envahir. Autrement dit, l'explication d'un phénomène migratoire n'est pas la seule possibilité, il peut s'agir de populations résiduelles qui ont fini par s'isoler sur cette îlot de 9x8 km², comme pour l'homme de Flores, par une redistribution des territoires.
 
À l'encontre de cette théorie, de récentes découvertes archéologiques dans le sud de l'Inde à Jwalapuram (en) semblent montrer que l'activité humaine n'a pas été si perturbée pendant cette période. Cinq cents outils de pierre montrant une continuité des techniques traditionnelles y ont été découverts, ce qui tendrait à démontrer qu'il n'y a pas eu d'extinction. Les récentes analyses paléoclimatiques menées dans les sédiments du lac Malawi infirment aussi l'idée d'une catastrophe climatique durable affectant l'Afrique orientale.

[fr.wikipedia.org]
» Il faut plaindre le sauvage

Ça dépend, ceux-là en tout cas, s'ils manifestent un tel égoïsme suffisant, une telle détermination à persévérer dans leur être inaltéré, doivent après tout être satisfaits de leur vie, ne manquer de rien, et surtout n'aspirer à rien d'autre : il a l'air bien cet îlot, la nature y semble profuse et clémente, les pépées gentiment callipyges et rigolardes, ma foi, c'est assez tentant, écoutez... et rien de tel que des abrutis modernes pour brûler l'agressivité naturelle et s’exercer au tir à l'arc...
Je trouve que Pierre Hergat has a point : si la perfection consiste dans l'absolue suffisance de qui n'a besoin de rien d'autre, et que le bonheur n'est que la déclinaison affective d'un tel état, alors ces gens ne sont vraiment pas à plaindre, histoire ou pas...
L'absolue suffisance est méprisable. Le bonheur aussi by the way.
[mucho gracias]
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