Faute que les hommes s'entendent sur une voie, l'histoire choisit pour eux : elle accomplit seule, à son rythme ultra-sénatorial ("quatre à cinq siècles"), ce qu'ils se montrent incapables d'accomplir par eux-mêmes !
Donc tout sauf "La fin de l'histoire" annoncée par Fukuyama, si je vous comprends bien. Au passage, celui-ci ne dit pas que le libéralisme a partout gagné sur le terrain, ni que les conflits ont tous disparu de la planète. C'est au niveau "culturel" qu'il se situe : une victoire dans le domaine des idées et des consciences. L'avenir serait clair et lumineux : c'est Mc Donald, "Dallas", Disneyland à perpétuité. Fukuyma est un hégélien puisqu'il raisonne en termes dialectiques, mais il annonce en même temps la fin de la dialectique. Pour lui la thèse libérale s'impose parce qu'elle n'a plus d'antithèse, qu'elle ne trouve plus devant elle d'idéologie mobilisatrice, il n'y a plus de contradiction, plus de moteur de l'histoire, sauf que...
sauf que l'islam se réveille et qu'il s'invite à nouveau
dans l'histoire, '"éternel retour" de l'archaïsme, des archétypes religieux et des
formes civilisationnelles que l'on croyait périmés.
Alors non pas la "fin de l'histoire", qui serait une période fort triste, mais à nouveau la lutte pour la reconnaissance (Jihad), la disposition à risquer sa vie pour une cause purement abstraite (martyr), le combat idéologique mondial (l'islam contre les "koufar" (mécréants)), lequel combat ne sera jamais remplacé par le seul calcul économique, la quête indéfinie de solutions techniques et la satisfaction d'exigences de consommation sophistiquées.
Alors oui !, l'Histoire reprend ses droits, même (et surtout !) si ça dérange les Etats-unis qui, pour le dire vite, se sont construits idéologiquement sur la négation de l'histoire, assimilée à l'oppression, à la pauvreté et au cynisme de l'Europe (je crois que là nous pourrions nous rejoindre... ).