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du 18 janvier au 27 février 2015 : vingt ans d'histoire de France

Envoyé par Francis Marche 
On croit faire de la prospective, de la politique-fiction, on s'aventure dans des prédictions sur l'islamisation définitive et accomplie de la France à un horizon de 10, 20 ou 30 ans, quand à la vérité, bien à son insu, on ne fait que dire l'actualité. Le 18 janvier de cette année, j'écrivais sur notre forum, ceci :

Nous sommes déjà dans le futur signifie que rien de distingue ni ne sépare, aucune solution de continuité, ce qu'il y a à faire aujourd'hui de ce qu'il y aura à faire demain. Il ne s'insérera aucune phase de belligérance décisive sur le sol de France entre le moment que nous connaissons et celui où la République française deviendra membre de l'OCI.

et ceci, le même jour :

S'il en est du monde arabe, très majoritairement musulman, comme du monde malais, alors, l'évolution migratoire et démographique en cours sur le continent européen assure à l'évidence et le plus simplement du monde l'avenir de l'islam dans cet espace et, d'ici 2035 environ, la République française, sans avoir le moins du monde à modifier sa célèbre devise Liberté, Egalité, Fraternité, pourra rejoindre l'Organisation de la Conférence Islamique. Et nous pouvons d'ores et déjà rédiger le discours du Valls d'alors, du Hollande de 2035 : "La France, elle n'a pas peur, la France, elle sait qu'elle doit être partout où l'avenir de la planète/ de l'humanité (biffez les mentions inutiles) se joue aujourd'hui, c'est pourquoi, je n'ai pas hésité à répondre positivement à l'invitation qui nous a été adressée par l'OCI, etc..."
[www.in-nocence.org]

Pauvre fou que je suis ! Aujourd'hui 27 février, soit à peine six semaines plus tard, je découvre ceci, extrait du rapport Conesa, « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » remis fin décembre à la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme; Pierre Conesa est ancien haut fonctionnaire au ministère de la défense :

La France doit par ailleurs assumer qu’elle est un pays musulman et participer à la modernisation de la pensée coranique, à travers la création d’un institut de théologie islamique.

Elle est légitime dans la revendication d’un siège à l’Organisation de la coopération islamique [OCI] pour faire valoir ses droits : « Avec six millions de musulmans, elle peut se considérer comme le porte-parole d’une communauté plus significative qu’un tiers des Etats membres. »


[www.europe-israel.org]
Utilisateur anonyme
28 février 2015, 07:47   Re : du 18 janvier au 27 février 2015 : vingt ans d'histoire de France
Souvenons-nous : « Grâce à vos lois démocratiques, nous vous conquerrons. Avec nos lois coraniques, nous vous soumettrons ! »
Utilisateur anonyme
28 février 2015, 08:19   Re : du 18 janvier au 27 février 2015 : vingt ans d'histoire de France
Nous sommes déjà dans le futur signifie que rien de distingue ni ne sépare, aucune solution de continuité, ce qu'il y a à faire aujourd'hui de ce qu'il y aura à faire demain.



Assez d'accord avec vous. Mais ce qui m’étonne toujours c’est à quel point on s’étonne peu, surtout en matière historique. Pourtant l’étonnement est la condition première de la pensée... Ainsi dans l’interprétation conventionnelle de l’Histoire on décrit la succession des événements comme nécessaire ou évidente, mais c’est faux, il n’y a jamais rien de nécessaire ni d’évident. Tout est toujours suspendu à l’imprévu. Ni Richelieu ni Mazarin, par exemple, ni César ou Octave, ni l’empereur chinois Shi Huangdi, le grand fondateur, n’étaient nécessaires ou programmés par la Providence. Les uns et les autres auraient pu ne pas exister ou disparaître avant l’œuvre accomplie. Alors peut-être (très peut-être) que ce qu'il y aura à faire demain sera-t-il radicalement différent de ce qu'il y a à faire, ou à ne pas faire, aujourd'hui... ?
Il y a des phases historiques et la "Providence" a ses lois, qui sont d'ordre quasi-physique. C'est à dire que les phases imprévues de l'histoire, et jusqu'à l'histoire ancienne où se tient le premier empereur C'hing shi-huang, sitôt ces lois dégagées, cessent d'être imprévisibles. Les moments d'histoire qui surprennent n'interviennent pas dans la chronologie quand il leur plaît : ils sont assujettis à ces lois, et il n'est que logique de considérer que leurs contraires, ceux qui ne surprennent pas, l'y sont aussi. Ce à quoi nous faisons face aujourd'hui en Occident, nous y baignons déjà. C'est cela, l'absence de futur : non point un néant devant nous, un abîme, mais un état qui, projeté par les règles ordinaires de la projection et de la transformation, nous donne celui dans lequel nous nous tenons à l'heure où nous produisons la projection. L'état projeté est identique à l'état du moment de la projection. Ces phases historiques étales, comme les inattendues, celles que les hommes mal éclairés sur l'histoire de l'humanité ont toujours vécues comme non-programmées, sont d'occurrence aussi régulières que celles-ci. Leur temps d'occurrence obéit à la même "providence" quasi-physique.

L'histoire est en accordéon : les phases d'étalement tendu des côtes de l'instrument sont aussi symétriquement espacées que celles où ces côtes sont ramassées. L'accordéon de l'histoire est un instrument très-physique : nous sommes entrés, il y a une quinzaine d'années, dans un mouvement de la partition aux notes longues et soutenues, loin des fols arpèges du vingtième siècle. L'Europe pré-islamique, apprend-t-on en ce début d'année, est phase historique désormais révolue, elle est à présent dernière nous : plus aucune surprise de l'histoire n'est à attendre avant quatre à cinq siècles sur ce continent.
Utilisateur anonyme
28 février 2015, 23:47   Re : du 18 janvier au 27 février 2015 : vingt ans d'histoire de France
plus aucune surprise de l'histoire n'est à attendre avant quatre à cinq siècles sur ce continent.


Là vous y allez un peu fort cher M. Marche ! Car peut-être serons-nous "sauvés"... sinon contre notre gré, du moins à notre insu.

Bien mesurer les limites du déterminisme historique : les situations paraissant les mieux établies pouvant être à tout moment bouleversées par un caprice du destin. L'historien Dominique Venner a montré que treize meurtres au XXe siècle ont fait surgir l’inattendu dans l’histoire. - Pas tous, d’ailleurs. L’assassinat de Kennedy – le premier sous l’œil des caméras – fut aussi spectaculaire qu’énigmatique mais il ne changea pas grand-chose au cours de l’histoire. Tel ne fut pas le cas de l’attentat contre l’archiduc François Ferdinand à Sarajevo : « Un coup de pistolet, neuf millions de morts ».

Principe d'hétérotélie : le résultat d’une action (ou d'une inaction, voire d'une soumission) politique est souvent en complet décalage par rapport à l’intention initiale.
Oui, justement l'hétérotélie : il n'y a point de consensus ou d'accord général sur une parole, une parole de général qui dirait le plan de l'islamisation de la France et de l'Europe, alors l'histoire, fine rate, en profite pour s'infiltrer dans le redoutable interstice du désaccord des hommes sur l'interprétation de sa volonté, de son cours, et ira frayer son chemin dans ce désaccord. Faute que les hommes s'entendent sur une voie, l'histoire choisit pour eux : elle accomplit seule, à son rythme ultra-sénatorial ("quatre à cinq siècles"), ce qu'ils se montrent incapables d'accomplir par eux-mêmes !

Par parenthèse, c'est cette initiative par défaut qui incombe à l'histoire que les grands hégéliens, à commencer par Marx bien sûr, identifièrent, déplorèrent puis, pour les plus audacieux dont Marx lui-même, entreprirent d'y apporter remèdes, lesquels remèdes tous plus catastrophiques les uns que les autres bien sûr. C'est qu'il fallait se mettre d'accord avant mon intervention, messieurs les hommes, semble leur dire Clio en se moquant...
Faute que les hommes s'entendent sur une voie, l'histoire choisit pour eux : elle accomplit seule, à son rythme ultra-sénatorial ("quatre à cinq siècles"), ce qu'ils se montrent incapables d'accomplir par eux-mêmes !


Donc tout sauf "La fin de l'histoire" annoncée par Fukuyama, si je vous comprends bien. Au passage, celui-ci ne dit pas que le libéralisme a partout gagné sur le terrain, ni que les conflits ont tous disparu de la planète. C'est au niveau "culturel" qu'il se situe : une victoire dans le domaine des idées et des consciences. L'avenir serait clair et lumineux : c'est Mc Donald, "Dallas", Disneyland à perpétuité. Fukuyma est un hégélien puisqu'il raisonne en termes dialectiques, mais il annonce en même temps la fin de la dialectique. Pour lui la thèse libérale s'impose parce qu'elle n'a plus d'antithèse, qu'elle ne trouve plus devant elle d'idéologie mobilisatrice, il n'y a plus de contradiction, plus de moteur de l'histoire, sauf que... sauf que l'islam se réveille et qu'il s'invite à nouveau dans l'histoire, '"éternel retour" de l'archaïsme, des archétypes religieux et des formes civilisationnelles que l'on croyait périmés.
Alors non pas la "fin de l'histoire", qui serait une période fort triste, mais à nouveau la lutte pour la reconnaissance (Jihad), la disposition à risquer sa vie pour une cause purement abstraite (martyr), le combat idéologique mondial (l'islam contre les "koufar" (mécréants)), lequel combat ne sera jamais remplacé par le seul calcul économique, la quête indéfinie de solutions techniques et la satisfaction d'exigences de consommation sophistiquées.
Alors oui !, l'Histoire reprend ses droits, même (et surtout !) si ça dérange les Etats-unis qui, pour le dire vite, se sont construits idéologiquement sur la négation de l'histoire, assimilée à l'oppression, à la pauvreté et au cynisme de l'Europe (je crois que là nous pourrions nous rejoindre... ).
Deux types de phases historiques s'opposent tête-bêche dans la chronologie : d'une part celles où se réactualisent des configurations d'évolution lente dans des pas de temps réduits (c'est dans ces phases que l'on a le sentiment que l'histoire s'accélère en se répétant), cette réactualisation des configurations passées s'opère suivant un schéma d'autosimilitude (fractal) aisément identifiable; d'autre part celles où l'histoire redevient pré-histoire, dans un redéploiement lent, un agrandissement dans des pas de temps longs de configurations séminales formées dans des pas de temps brefs. La dernière en date des phases du premier type s'est achevée en 2001 et la phase du second type qui lui fait suite a débuté à ce moment. Les moments charnières entre ces deux entonnoirs réunis par la pointe sont les relais de civilisation, quand l'une cède la place à l'autre, moment où nous sommes plongés.

Ce n'est que dans ce mécanisme que l'on peut se risquer à un exercice de prospective, en projetant l'advenu récent dont il faut attendre une transposition et un agrandissement lent et sûr. Il faut donc se préparer à un vaste redéploiement en forme de réédition planétaire et décennale des événements qui ont secoué la France en janvier de cette année et dont nous subissons les répercussions. La transformée planétaire de ces événements est relativement aisée à produire : comme les frères Kouachi et Coulibaly furent "neutralisés" dans une action quasi-guerrière avec l'assentiment et le soutien de l'immense majorité de la population française et des observateurs européens, l'E.I. au proche-orient sera anéanti par une campagne militaire de vaste ampleur dans les mois qui viennent (qui devrait s'achever fin 2016 au plus tard); cette campagne sera menée par l'Occident avec le soutien politique et stratégique des pays islamiques "modérés" de la région et au-delà; et comme l'élimination des Kouachi et de Coulibaly (et la répression implacable de leurs réseaux) a été suivie d une campagne politique contre l'islamophobie, et de promotion politique de l'islam "sage" et non-violent, de l'islam première victime de l'islam, nous verrons, suite à la campagne d'élimination du Daech (et peut-être celle de Boko Haram par la même occasion), un regain de popularité de l'islam qui se sera allié à l'Occident, dans une certaine mesure stratégique et politique, qui lui fera gagner du terrain en Europe de manière plus décisive encore qu'il ne l'a fait jusqu'ici. L'élimination du Daech, comme celle des frères Kouachi (et celle de Boko Haram comme celle de Coulibaly) propulsera l'intégration de l'islam à l'Europe et l'acceptation de l'idée selon laquelle le Coran est occidentalisable, et les campagnes contre l'islamophobie reprendront de plus belle en France et en Europe, sous l'oeil vigilant et propriétaire des Etats-Unis. L'impératif d'accepter l'islam-qui-n'est-pas-le-Daech deviendra plus absolu encore que ne l'est aujourd'hui en France celui de faire toute sa place à l'islam-qui-n'est-pas-les frères-Kouachi.

En se faisant éliminer radicalement, le Daech aura servi l'islam, et son martyr n'aura pas été vain.

Voilà pourquoi j'écrivais ici récemment que le futur ne réserve aucune surprise et qu'il n'y aura aucune campagne militaire en Europe qui préluderait à la conquête de ce continent par l'islam : la campagne aura lieu au proche-orient et la défaire du Daech suffira à assurer le triomphe de l'islam en Europe. La future Europe islamique adviendra ainsi au terme d'un processus d'extension pacifique et sans à-coup du processus présent dont nous vivons l'échelle (micro)événementelle et séminale.
Qu'on soit d'accord ou pas vos réflexions/projections sont extrêmement revigorantes.

Pour prolonger un peu notre échange j'ai envie de dire que nous, Français, Européens, n'échapperons pas à l'histoire en fermant les yeux, en la niant, en la fuyant. Que ce ne sont là que d'autres manières, plus basses, de l'accomplir, ou plus exactement de la laisser s'accomplir. Ducunt volentem, nolentem trahunt. Ce n'est pas à force de plaintes et de tribunaux de morale qu'on se débarrasse des faits. Si l'histoire enseigne une chose, c'est que le moi de l'individu n'a aucune importance.
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