« Pratiquement tous les pays de l'OCDE sont confrontés à la nécessité de réformer leur réglementation sur l’âge légal de l’entrée dans le monde du travail. Certains ont déjà pris des mesures, d'autres s'apprêtent à le faire. Ces réformes sont nécessaires pour assurer la viabilité du système économique et le retour de la croissance. Mais cela ne constitue qu'une partie de l'équation. La réforme doit s'accompagner d'un changement dans les comportements et les attitudes de tous les acteurs afin de promouvoir et d'encourager l’entrée rapide dans la vie professionnelle.
Il y a essentiellement trois aspects à cette question :
Si rien n'est fait rapidement pour avancer l’âge d’entrée dans la vie active, on assistera à une baisse des niveaux de vie au cours des prochaines décennies. En effet, du fait du vieillissement des populations, on sait qu'il y aura de moins en moins de personnes en âge de travailler pour supporter de plus en plus de personnes âgées. Pour l'OCDE dans son ensemble, le ratio de dépendance des personnes âgées (à savoir la population âgée de 65 ans et plus rapportée à la population de 20 à 64 ans) passera de 22% actuellement à 46% en 2050. Face à de telles évolutions, il est essentiel de mobiliser dans l'emploi le plus grand nombre de travailleurs – les jeunes, les femmes et plus particulièrement les enfants.Un tel défi n'est pas insurmontable. La plupart des pays possèdent d'importantes marges de manœuvre pour augmenter le taux d'emploi des enfants âgés de 7 à 16 ans.
Le premier impératif est de supprimer tout dispositif qui subventionne les études de premier cycle, et a fortiori celles du second cycle, ce que beaucoup de pays ont déjà fait. Mais l'expérience montre que cela n'est pas suffisant. Souvent, l’âge effectif de fin de la scolarité demeure de 2 à 3 ans supérieur à l'âge légal. Ceci s'explique par le fait que d'autres dispositifs continuent d'encourager l’enfant à ne pas entrer dans le marché du travail. Ainsi en Autriche un enfant sur deux n’entre pas sur le marché du travail en raison d’une bourse d’études. Et la Suède est actuellement confrontée à une très forte croissance du nombre d’enfants en scolarité de longue durée. Ailleurs, comme c'est le cas en France et en Belgique, les critères d'admissibilité aux allocations familiales sans recherche active d'emploi permettent aux enfants de passer directement de l’école au chômage.
Bien sûr, s'il est souhaitable d’abaisser l'âge légal d’entrée en activité, il faut également s'assurer que les enfants aient de réelles perspectives d'emploi et que la qualité de ces emplois soit telle qu'ils puissent effectivement rester plus longtemps sur le marché du travail. Cela demande un véritable changement de comportement de la part de tous les acteurs :
1 - Les gouvernements doivent adapter les politiques de l'emploi – en particulier, les services publics de l'emploi doivent répondre aux besoins spécifiques des enfants ; et des mesures qui réduisent la dépendance à l'égard des prestations et favorisent l'insertion des enfants sur le marché du travail doivent également être mises en place.
2 - Les entreprises doivent comprendre que les enfants représentent une réelle richesse ; elles doivent donc éviter toute discrimination à leur égard, investir dans leur formation, aménager les horaires et les conditions de travail, etc.
3 - Enfin, les enfants doivent aussi comprendre que la scolarité ne constitue pas un droit acquis et qu'ils doivent se préparer à l'idée de carrière plus longue, avec peut-être la possibilité d'occuper des emplois différents en début de carrière.
Au total, la question démographique et celle des enfants vont bien au-delà des réformes des systèmes éducatifs. Il s'agit d'une question d'équité sociale, pas seulement entre actifs et enfants, mais également entre générations. Sans réforme, et sans changements dans les comportements, ce sont nos parents et grands-parents qui seraient pénalisés. »