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Du tourisme considéré comme oeuvre pie

Envoyé par Thomas Rhotomago 
« […] il y a encore beaucoup de choses à exécuter par groupes, les voyages, par exemple. Pourquoi, ainsi qu’on vient de le faire pour l’excursion à Londres, des compagnies n’entreprendraient-elles pas des voyages au long cours, à l’instar de la maison Waghorn, au Caire, pour la traversée de l’isthme de Suez ? Pourquoi, moyennant une somme fixée d’avance, un vaisseau frété par un office ne nous prendrait-il pas ici pour nous mener en Italie, en Grèce, en Asie, en Chine, et nous ramener à notre point de départ ? Des excursions impraticables, à moins de grandes fortunes, à des touristes isolés, deviendraient très-faciles, et du moins l’homme ne sortirait pas de la vie sans avoir visité sa planète, et admiré la création dans son ensemble, comme c’est son devoir ; car Dieu ne l’a fait que pour cela : l’homme est le lecteur du poème divin. » Théophile Gautier - Caprices et zigzags (1845)

Mission accomplie, l'homme s'est répandu.
S'il y a bien une famille d'insectes plus passionnante à étudier que la notre, c'est bien la famille des membracidés, surnommée 'mini-monstres' et dont la caractéristique première est d'avoir trois paires d'ailes. Trois paires d'ailes, ça fait une paire d'ailes en trop. Mais les membracidés, eux, ont trouvé à exploiter cette étrangeté à des fins esthétiques et de camouflage, ce qui produit des créatures totalement inoffensives et délirantes: ici et ici
L'homme est surement une forme tarée de membracidé. Lui aussi, doit avoir un truc en trop.
Pas en plus, en trop !
 
19 juillet 2015, 13:26   La grande illusion
« Ces machines nous criaient avec leurs grincements, leurs coups sourds, leurs sifflements aigus : « Moi, je fais la besogne de six mille fuseaux ; moi, je remplace cinq cent marteaux de forgeron ; moi, je trame le châle des Indes plus également qu’un ouvrier de Cachemire au seuil de sa cabane ; moi, j’enfante des machines qui travailleront à mon exemple ; moi, avec mes doigts de bronze, je ploie des enveloppes de lettres aussi habilement et aussi proprement que les ploierait une jolie femme aux doigts roses : seulement j’en fais en un jour assez pour cacheter tous les secrets d’amour, de diplomatie et d’affaires du monde. »

C’est ainsi que parlaient ces grands animaux de fer et d’airain aux formes hybrides, aux attitudes menaçantes, polypes qui semblent vouloir vous prendre dans leurs longs bras pour vous broyer et vous laminer ; ils paraissaient étonnés de notre indifférence. En effet, nous admirons plus que personne ces merveilleuses inventions de l’esprit humain, ces créations mathématiques qui, si elles n’ont pas la vie dont Dieu seul sait le secret jusqu’à présent, agissent du moins comme des êtres animés ; nous les admirons et nous les aimons, car chaque machine est un serviteur insensible, un nègre qu’on peut fouetter à toute vapeur jusqu’à ce qu’il éclate, ce qui est sa manière de se révolter. La machine relève l’homme et l’animal d’un labeur, d’une fatigue ou d’un ennui ; elle a déjà racheté le galérien de la rame, la bête de somme du charroi ; bientôt elle labourera à la place du bœuf […] elle file, elle scie, elle martelle, elle tisse à la place d’innombrables malheureux courbés sur leur métier ; et chaque jour le temps pour la pensée, la rêverie, l’étude, devient plus large et plus long. Quelques générations, hélas ! périront sans pouvoir trouver place dans le nouvel ordre ; mais ceux qui viendront plus tard pourront faire des vers, peindre, combiner des inventions, chercher les secrets de la nature, qui aime à se laisser crocheter ses cadenas. Les esclaves de fer feront l’ouvrage ; la matière domptera la matière, et le travail de l’homme deviendra purement intellectuel. » Théophile Gautier - Op. Cit

Les 80% de réussites au Bac sont une application maladroite de la dernière phrase de cet extrait. On fait "comme si" le programme décrit par Gautier était en voie de réalisation car lui seul, que cela plaise ou non, est compatible avec la présence des machines. Il est cependant à craindre que nous n'appartenions à ces "quelques générations qui périront sans pouvoir trouver place dans le nouvel ordre."
« “Nous devons continuer à voyager”, a encore martelé le secrétaire général de l'OMT »

Faire du tourisme est le devoir civique de Festivus Festivus.
Citation
Marcel Meyer
« “Nous devons continuer à voyager”, a encore martelé le secrétaire général de l'OMT »

Faire du tourisme est le devoir civique de Festivus Festivus.


Je n'ai pas entendu de "Sauvons le tourisme turc!", "Turcs, on vous aime!", " Sultanahmet, même pas peur!", etc. après la boucherie d'Istanbul. D'habitude, suivant la logique paradoxale qui gouverne le monde à l'envers, plus il y a de victimes occidentales (en l’occurrence, des Allemands; en Tunisie, c'était des Britanniques), plus on s'inquiète du PIB des indigènes, dont nous sommes en quelque sorte sommés de sauver fissa l'économie.
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