Aujourd'hui, dans le métro toulousain, j'ai laissé échapper un marque-page qui a plané un peu avant d'atterrir à deux mètres de moi, à quelques centimètres des pieds de trois personnes, une jeune femme et deux jeunes hommes de vingt-cinq ans environ.
J'étais embarrassé par une étagère que je tenais pour qu'elle ne tombe pas. Pour sûr, ils allaient s'accroupir tous les trois en même temps pour ramasser le marque-page, se cogneraient la tête, riraient, j'ajouterais à la pagaille en me précipitant pour ramasser moi-même le marque-page, je les remercierais en m'excusant et en souriant, tout le monde sourirait, autour de nous, du chaos provoqué par le marque-page.
Mais aucune des trois personnes n'a bronché. Personne n'a bronché. La jeune femme a légèrement détourné la tête. Tout le monde avait bien vu que le marque-page m'avait échappé des mains. J'ai dû me dépatouiller de mon étagère, me déplacer, m'accroupir aux pieds de ces trois jeunes gens. Je n'ai réussi à accrocher le regard d'aucun d'entre eux, et de personne d'autre dans la rame.
Nous sommes fichus.