Ce qui reste confondant : nos "progressistes" nos cosmopolites français entretiennent une vision, un aveuglement paroissial, provincial sur le phénomène djihadiste auquel ils attribuent des causes strictement nationales, locales, du terroir : Zemmour, Finkielkraut, Le Pen, en se refusant de le saisir dans sa dimension planétaire, mondialisante, justement ; et c'est encore au parti des péquenots, des ringards, des pas branchés, le Front National, qu'il revient de leur rappeler que non, décidément, le djihadisme sévit hors l'Europe, sur trois continents et qu'il n'est pas de Le Pen nigerian de Zemmour camerounais qui ait pu "provoquer" les aimables djihadistes africains de Boko Haram à lâcher des fillettes avec des ceintures d'explosifs sur le marché d'un gros bourg du Sahel. Et que de plus, il n'est aucune aviation de chasse camerounaise qui, bombardant la Syrie, expliquerait la survenue de pareilles atrocités au Cameroun.
Ce paradoxe est vertigineux : les éléments les plus aguerris à la mondialisation, ceux que l'on ne peut croiser sans qu'ils vous disent qu'ils ont un copain qui rentre du Brésil, des Seychelles ou de Tataouine, qui parlent tous trois langues au moins et fréquentent les milieux les plus branchés de la capitale, s'obstinent à vous expliquer que les événements en cours en France ont des causes franco-françaises, quant bien même les assassins circulent dans quinze pays différents en une année et appartiennent à des réseaux planétaires ; et c'est le camp des identitaires, des nationaux, des glaiseux, qui doit s'efforcer de leur prouver que pas du tout, le phénomène qui nous touche parcourt la terre entière et n'admet aucune cause de circonstances ou de localité.