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Communiqué n° 1888 : Sur les accords de l’Europe avec la Turquie

Communiqué n° 1888, lundi 30 novembre 2015
Sur les accords de l’Europe avec la Turquie

Le parti de l’In-nocence et le NON (au Changement de Peuple & de Civilisation) estiment que bien rarement sans doute dans l’histoire de l’humanité aura-t-on vu civilisation et ses porte-parole désignés témoigner tant de veulerie, de pusillanimité et d’impuissance létale que ne font l’Union européenne et ses commissaires, qui confient à la Turquie le soin de la défense de ses frontières contre l’invasion migratoire, cela en échange de plusieurs milliards d’euros, de la suppression des visas pour les ressortissants turcs et de la réouverture des négociations en vue d’une adhésion. Même les derniers empereurs romains ou ceux de la Chine, enfants vicieux ou vieilles femmes sottement calculatrices, n’étaient pas tombés aussi bas. Et les ultimes Paléologues, au moins, n’avaient pas songé à payer les Turcs pour leur abandonner leur capitale, leur empire, leur Dieu et leur peuple.
2,06 enfants par femme, c'est bon. Ils ne se reproduisent plus comme des lapins.
Normalement, ils devraient rester chez eux.

En plus c'est plutôt avantageux, tous les turkmènes sont cousins. Nous seront donc cousins des tadjiks, des kyrgyzs, des Kazakhs, des moujiks (c'est le nom de mon chien), sans oublier des chinois qui ont 300 millions de Turkmènes chez eux.
Putain con, j'ai toujours rêvé d'être le cousin germain d'une ravissante turkmène de Mongolie extérieure.

 
L'Occident benêt ploie logiquement et comme il était prévisible face à cette arme de dissuation massive qu'est la submersion migratoire. Comme l'arme atomique, son efficacité fait merveille sur le terrain de la dissuasion, son effet étant d'amener les "partenaires" à la table des négociations. On ne s'en sert qu'à doses homéopathiques ou modérées, ou par la menace de s'en servir, ce qui suffit généralement pour convaincre l'adversaire de signer des accords, et de livrer des pans de ses territoires. Les Chinois surent brillamment s'en servir dans les années 1980-90 face aux Britanniques à Hong Kong.

Dans le début des années 1980, les Britanniques, qui gouvernaient et possédaient comme ultime joyau de la Couronne le territoire de Hong Kong, rechignaient encore engager des négociations avec la Chine communiste en vue de sa rétrocession, qu'ils envisageaient d'opérer "par morceaux successifs", c'était l'époque du premier gouvernement Thatcher, fort de ses succès aux Malouines. La Chine communiste usa alors de cette arme terrible, et lâcha sur Hong Kong de ses "réfugiés", fuyards, détenus élargis de ses camps, chercheurs d'aventures, brigands, crève-la-faim, trimardeurs et autres trancheurs de gorges par milliers que les Britanniques se virent contraints d'accueillir, car il n'existait aucun accord avec la Chine qui eût permis un renvoi de ces personnes dans leur pays d'origine. Hong Kong fut très vite à la peine, subissant tous les problèmes sociaux que l'on imagine aisément (crise du logement, sécurité, etc.), et ce dans un contexte régional où le territoire était déjà confronté à un afflux toujours croissant de "boat people" indochinois, lesquels, on l'aura compris, dans cette configuration de pressions migratoires aux foyers régionaux multiples, étaient équivalents à nos naufragés volontaires de Libye, les Britanniques à Hong Kong se trouvant alors placés, comme les Européens aujourd'hui (entre Afrique et Proche-Orient), dans un tir migratoire croisé. La Chine frappa donc Hong Kong de cette arme qui lui est de prédilection dans un moment de crise migratoire indochinoise qui avait obligé les Britanniques à installer une dizaine de camps d'accueil et de détention de réfugiés indochinois sur le sol de ce territoire, avec la charge humanitaire que cela représente.

Très vite, la Dame de Fer canna, alla à Canossa et les négociations sur la rétrocession de ce fameux "dernier joyau de la Couronne" purent être entamées (en 1985) dans des conditions favorables pour la Chine de Deng.

La Turquie vient de réussir avec l'UE le même coup que la Chine avec les Britanniques en 1985.

Si ces derniers envisagent aujourd'hui sérieusement un Brexit, ne vous demandez plus pourquoi.

Un mot de morale politique à cette lamentable histoire : la perte de Hong Kong par les Britanniques fut une triste affaire certes, mais le Royaume Uni se conservait lui-même, son coeur et son corps territorial européens demeuraient intacts : tandis qu'avec la Turquie, ce n'est pas une lointaine colonie que l'UE est en train de livrer, ce n'est pas Tahiti ou les Kerguelen, mais la totalité d'elle-même qu'elle jette dans la balance de la négociation.
La comparaison avec le passé de l'empire chinois et la dynamique des relations qu'il a entretenues dans ses marches avec des puissances périphériques pourrait être plus pertinente encore que celles qui viennent naturellement à l'esprit mettant en présence l'Empire romain, ne serait-ce que parce que la Chine eut à traiter plus longtemps et de manière plus décisive dans son histoire avec les royaumes turcophones d'Asie centrale que n'eut à le faire l'empire romain puis les empires d'Occident.

Très schématiquement et très grossièrement : dans ses phases ascendantes l'empire chinois entretint des royaumes tributaires qui versaient tribut à la puissance Han, l'Empire chinois en échange de diverses obligations (présences de garnisons chinoises dans ces contrées périphériques, droits de commerce et de passage, alliances diplomatiques, militaires et commerciales) leur garantissant une forme de protection et de paix.

En phase de déclin, les termes de l'échange s'inversent : c'est l'Empire affaibli mais encore pourvu en richesses qui paie les Barbares pour lui garantir ses frontières contre l'invasion. En phase de déclin terminal, les Barbares enhardis et méprisants envers la civilisation qui lui achetait la paix, l'indolence et l'insouciance, rompent le contrat et dévorent la civilisation en envahissant son espace. Et c'est la chute, inéluctable. C'est arrivé au moins trois fois à la Chine en quinze siècles.

Face à la Turquie, l'Europe ressemble de plus en plus aux empereurs jaunes pourrissants.

Or il n'est pas possible que les hauts responsables européens ne le sachent pas, qu'il ne se doutent pas qu'une civilisation qui sous-traite sa puissance et la garde de son espace à des forces périphériques étrangères, ambitieuses et ayant entretenu une longue rivalité avec elle signe son arrêt de morts. Quiconque s'est un peu penché sur l'historiographie des empires et des civilisations sait cela. C'est donc en connaissance de cause que les commissaires européens et leurs agents à la tête des nations de l'UE sont en train de saborder l'Europe dans une suite de reculades et de soumissions d'un classicisme tout théâtral, digne d'un opéra chinois.
A l'aune de ce qui se passe et de ce qui s'écrit ici, il faudrait ressortir les articles décrivant, il y a quelques mois, un Erdogan à la ramasse. Par ailleurs, un papier du NY Times qualifiant benoîtement Daesh d'Arabie saoudite ayant réussi, a connu un succès considérable sur les réseaux sociaux. Alors, et cela crève les yeux, que Daesh est bien plus une Turquie qui a réussi (par ex., deux des figures de proue de l'EI, en charge de la conquête de nouveaux territoires, sont turkmènes).
Il y a une logique de protectorat inversé : quand l'Empire français était assez puissant, il entretenait des protectorats, qui n'étaient pas des colonies, mais des états semi-vassaux et protégés. Tel fut le cas du Royaume du Cambodge. Le Cambodge condédait à la France à peu près tout, en échange de quoi, la France s'engageait, s'obligeait à le défendre contre à peu près tout, y compris le Siam.

C'est le "partenariat" qui vient de se conclure avec Erdogan, qui doit n'en pas croire ses yeux, qui doit se pincer de voir ces puissances de jadis qui causaient peurs et tremblement sur toute la terre se constituer, de leur propre initiative, avec le sourire d'une oie blanche, d'une jeune paysanne soumise à son duc, à son baron, à son nouveau propriétaire, protectorat de la Turquie.

L'Union européenne sera un protectorat turc et américain. Solidement nichée entre ces puissances intrépides et qui la toisent, comme le fut jadis le royaume du Cambodge pré-polpotiste de Sihanouk, l'Europe vient de se livrer, de se donner à qui consentira à faire d'elle un terrain d'aventure politique nouveau et un épisode alléchant de son histoire.
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