Le site du parti de l'In-nocence

A l'Est : les yeux grands ouverts.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
15 janvier 2016, 20:09   A l'Est : les yeux grands ouverts.
Souvent accusés de manquer de compassion envers les migrants, les Européens de l’Est – et leurs médias – semblent tenir leur revanche dans cette affaire. Les journalistes occidentaux sont tour à tour accusés d’être des naïfs ou des inconscients, quand ils ne sont pas suspectés de jouer le jeu des autorités qui auraient voulu passer sous silence ces événements pour ne pas ajouter de l’huile sur le feu.

“La crise migratoire a donné naissance à une sous-culture d’altruistes naïfs et bien-pensants”, croit savoir le quotidien slovaque Sme, cité par la DW. “Il aurait fallu qu’une chaîne de télévision fasse son direct depuis la place de la gare à Cologne au moment des émeutes pour que s’écroule la vision angélique qu’ont certains des migrants. Mais cela ne s’est pas fait, parce que les journalistes allemands sont eux-mêmes sous l’emprise du politiquement correct”, renchérit le quotidien hongroisMagyar Idök.


En Bulgarie, les utilisateurs des réseaux sociaux avaient, bien avant leurs homologues occidentaux, repris les informations alarmantes en provenance d’Allemagne au lendemain des fêtes de fin d’année, tirant la sonnette d’alarme sur une réalité, selon eux, occultée par les médias. Dans un article intitulé “Pour qui sonne le glas à Cologne”, l’éditorialiste de Standart résumait, une dizaine de jours plus tard, le sentiment général :

"Les Européens de l’Ouest regardent avec des yeux grands fermés la vague migratoire qui les submerge et le compte à rebours des bombes humaines djihadistes qui sillonnent les rues de leurs villes. Les élites sont désorientées et incapables d’arrêter ce flux, de juguler la radicalisation tout comme d’intégrer efficacement les nouveaux venus. La grande cloche de la cathédrale de Cologne sonne la fin de paix civile sur le Vieux Continent.”
Utilisateur anonyme
15 janvier 2016, 20:48   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
« La crise migratoire a donné naissance à une sous-culture d’altruistes naïfs et bien-pensants »

Non, c'est l'inverse : c'est la “sous-culture d’altruistes naïfs et bien-pensants” qui a permis ladite “crise migratoire”.
Utilisateur anonyme
15 janvier 2016, 22:43   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
L'inverse ou pas, cher Afchine, ça n'a guère d'importance : pour Cazeneuve il faut arrêter de dire qu'il y a eu des viols en Allemagne !


[www.bvoltaire.fr]
Cher Afchine Davoudi,

Si cette "sous-culture" a pu prospérer, n'est-ce pas, aussi, par le truchement d'un art contemporain "savant", musical, pictural et littéraire que les futurs "naïfs et bien-pensants" n'ont plus été à même de saisir ? Et comment se faire gloire que personne, pour reprendre le mot de Francis, ne "suivra le corbillard" de cet art, que "l'homme de la rue" sera laissé en tête-à-tête avec sa bêtise congénitale, tout en déplorant le triomphe de la sous-culture et les non moins déplorables conséquences qu'elle entraîne ? Seule solution : s'affirmer misanthrope. Mais alors, à quoi bon adhérer à quelque parti politique que ce soit ?
Utilisateur anonyme
16 janvier 2016, 16:05   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
Culture/sous-culture.


C'est peut-être que pire et le meilleur (le moins et le plus) s'enchaînent dans l'histoire de l'art ou de la culture comme les ordres en architecture et les écoles en peinture : par spirale (puisqu'il faut un certain temps au meilleur pour libérer son pire, et inversement).
Utilisateur anonyme
16 janvier 2016, 20:39   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
Cher Thomas Rothomago,

j'avoue être supris de voir ce bashing — épuisé et épuisant — de l'art dit “contemporain” (whatever that is) ressurgir ici. Mais enfin, deux remarques :

1/ Je ne suis pas un grand avocat de l'“art contemporain” ni, dans le mesure où cela revient en gros au même, de l'art du XXème siècle en général. Même si j'ai un immense respect pour certaines de ses émanations, ce n'est pas là que mon goût me porte naturellement (c'est-à-dire, culturellement). Je préfère, très largement et très banalement, l'art européen qui va de la fin du Moyen Age à la Belle Epoque.

2/ Je ne sache pas que l'art dit contemporain ait jamais évincé les classiques. Si l'on trouve l'art contemporain absurde, pédant, inutile et stupide, ce qui peut se comprendre, l'on est toujours libre d'aimer Montaigne, Rembrandt et Beethoven. Le ressentiment de l'homme-de-la-rue (notre Dieu à tous, je ne l'oublie pas), puisque c'est de cela qu'il s'agit, porte bien davantage sur la culture au sens ancien du terme, plutôt que sur l'art récent. D'ailleurs, l'homme-de-la-rue semi-cultivé d'aujourd'hui ne jure souvent que par l'art du XXème siècle (il adore Warhol, etc.), et ne veut généralement pas entendre parler de Giotto, Racine ou Bach — ces atroces vieilleries.
Ce n'est pas un hasard.

Tout cela pour dire que je ne crois pas que Messiaen, Dutilleux et Boulez (écrivant cela, je n'ignore pas le sort un peu rude que le troisième fit aux deux premiers...) soient responsables, à quelque degré que ce soit, de la Grande Déculturation.
Vos arguments sont plus que recevables et font chanceler mes certitudes. A moins que je n’ai pas su définir précisément ces certitudes. Je suis certain que « l’homme de la rue » n’est pas condamné à être coupé de l’art dans ses élans les plus exigeants.

Mon intention n’est pas d’alimenter le dénigrement systématique de l’art contemporain et je dois reconnaître que vous avez raison quand vous remarquez qu’un certain art contemporain a ses partisans et ses consommateurs. Je ne vous cache pas que ceux-ci m’intéressent peu car je ne leur reconnais pas la capacité de représenter ce fameux « homme de la rue » qui, dans son cœur, ne vibre pas sincèrement aux boîtes de conserve de Warhol, et moins encore, faut-il le dire, à la musique de Pierre Boulez. On sait très bien à quelle musique savante il s’est arrêté, dans ses goûts.

Que voulez-vous, je regrette ces salles d’Opéra où, du poulailler au parterre, les classes sociales s’étageant trouvaient à se réunir sous les airs de bravoure et où la poissonnière de la vieille ville, perchée debout au Paradis, recevait un signe et un regard des solistes, convaincus que les oreilles les plus fines étaient là-haut On peut considérer la musique comme n’étant pas spécialement imaginée et réunie pour provoquer des élans faciles mais les élans faciles, selon moi, doivent être présents dans toute musique. Il est bien dommage, pour une société, qu’une grande partie de ses membres doivent les rechercher n’importe où, en partie faute de compositeurs qui aient su les susciter sans pour autant faire offense à leur art.
Utilisateur anonyme
19 janvier 2016, 09:16   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
« les élans faciles, selon moi, doivent être présents dans toute [c'est moi qui souligne] musique »

Pourquoi ce caractère totalisant ? Je reste attaché autant qu'un autre à la mélodie en musique, de même qu'à la représentation en littérature ou dans les arts plastiques, mais enfin, est-il si grave que des artistes s'en soient un temps détachés ?

« Il est bien dommage, pour une société, qu’une grande partie de ses membres doivent les rechercher n’importe où, en partie faute de compositeurs qui aient su les susciter »

Il sourd de cette phrase l'éternelle absence de responsabilité du peuple, de la masse, de l'“homme de la rue” face à ce qui survient. Si son goût manque de raffinement, s'il a sombré dans la pop music la plus idiote, ce n'est jamais de sa faute, mais de celle de vilains compositeurs trop méprisants et trop élitistes pour lui offrir quelque chose d'attirant et néanmoins valable d'un point de vue esthétique.

Je ne dis pas que tout est faux dans cette façon d'apprécier la situation, mais il me semble que cette explication aux sonorités bourdieusiennes a bon dos, à la fin. Pourquoi toujours voir l'homme du peuple comme une espèce d'enfant incapable de faire des choix esthétiques valables pour lui-même, indépendamment de ce que l'industrie du divertissement essaie de lui fourguer (et avec quel succès) ? D'ailleurs cette façon de voir n'est-elle pas, mutatis mutandis, la même que celle qui prétend expliquer la nocence immigrée au moyen d'excuses sociologisantes ?

Je fais un pari tout autre : l'homme de la rue est tout à fait capable — à condition qu'on arrête de le prendre pour un demeuré – de se renseigner, de former son goût, de devenir plus exigeant avec lui-même, et ce quelle que soit la direction prise par l'avant-garde du moment. Evidemment, cela était plus simple quand les individus cultivés, ceux qui avaient déjà accompli ce travail, existaient en temps que classe sociale, l'avantage d'une classe étant qu'elle peut intégrer des individus et ainsi se renouveler (quelque peu).
Je reste quand même persuadé, cher Davoudi, que manque dans votre analyse une réflexion sur les causes et les conséquences du chemin pris il y a environ un siècle par l'art contemporain, d'abord par son avant-garde puis, à quelques dissidents près, par l'ensemble du complexe artistique, enseignement compris.

Je ne crois pas, d'autre part que la question de la responsabilisation ou non des classes populaires dans ce qui est advenu ait grand intérêt ni même grand sens. Il s'est passé un effondrement, qui n'est au reste pas tout à fait achevé, dont le remplacement de la musique populaire par les variétés industrielles est une des multiples facettes et nous sommes tous à la fois sujet et objet de ce processus.
Utilisateur anonyme
19 janvier 2016, 22:06   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
S'agissant des causes, il me faudrait, pour les expliciter, disposer d'un temps et plus encore d'une culture que je ne possède peut-être pas. J'ai longtemps pensé, assez banalement sans doute, que c'était la Première guerre mondiale et ses horreurs qui avaient — à jamais, semble-t-il – interdit toute représentation “classique”, fût-elle de l'ordre de la simple esquisse. Comme si après cela il ne pouvait plus y avoir de valable que la destruction, l'errance, le chaos. Mais l'on pourrait tout à fait avancer, non sans d'excellentes raisons, que la représentation (et avec elle la mélodie...) fut attaquée bien plus tôt ; pour cela il suffirait d'évoquer l'Impressionnisme, Debussy, etc.

Alors quoi ? Sensation, pour les artistes occidentaux, d'être allés au bout de ce qu'il était possible de faire avec la représentation, le récit, la gamme ? Fatigue, épuisement du sens et plus encore de la forme ? Haine de soi et de son héritage ? Car il est globalement vrai que l'art occidental — encore que j'y voie peut-être davantage d'exceptions que vous, Mon Cher Meyer — périclita, et parfois, il faut le reconnaître, de façon sublime.

Pour ce qui est des conséquences, donc, la principale fut un grand interdit, et la peur, pour la plupart des artistes d'avant-garde, d'être ringards. Il fallait — et il faut encore, depuis un siècle – absolument être moderne.

Pour ce qui est de mon grand ami le peuple et de sa dignité perdue, j'en reviens à l'effondrement du système des classes sociales en France après 1945, et plus encore après 1968. Il y avait un prolétariat qui avait sa “culture” et sa dignité : la désindustrialisation de la France l'a éradiqué en quelques décennies. Il y avait une petite-bourgeoisie qui n'était pas encore tout à fait ce qu'elle est aujourd'hui car elle était, justement, tenue en respect, si j'ose dire, par la bourgeoisie dominante, autrement dit la classe cultivée — celle qui donnait le la esthétique, linguistique, culturel. (Je ne dirai rien, ici, de l'aristocratie, que de toute façon je connais fort mal.)

Et puis... et puis... Après la fatigue d'être dont j'ai parlé plus haut, après les deux guerres mondiales et leurs horreurs, après, surtout, l'arrosage de l'Europe de musiquette industrialisée en provenance d'Angleterre et des Etats-Unis (et autres biens de consommation culturels), il y eut comme un ultime abandon, une ultime fatigue. Mais ce fut aussi une exquise délivrance : à présent, enfin, on allait pouvoir se vautrer dans le n'importe quoi, ne plus savoir sa langue, dire qu'une paire de bottes vaut Shakespeare, tenir la bande-dessinée pour du grand art, ne plus connaître ses classiques et même allègrement cracher sur eux. L'inculture, pour la première fois peut-être, allait se faire furieusement militante. Et pour contrecarrer toute critique, on aurait à sa disposition, pour les siècles des siècles, cette arme absolue de langage, cette kalachnikov atomique qu'est l'accusation de mépris.

(L'effondrement du bloc soviétique n'a naturellement rien arrangé : avoir un ennemi amateur de musique, de gymnastique et de conquête spatiale vous oblige, dans une certaine mesure, à vous tenir droit. Et Marcel Meyer ajoutera sans doute à tout cela l'irréligion...)

En résumé : une avant-garde ne connaissant plus que la subversion ; épuisement et disparition de l'ancienne élite hier encore agrégée en classe sociale ; libération des pulsions anti-culturelles d'une petite-bourgeoisie longtemps humiliée par la grande ; “industrie culturelle” américanisée (entertainment) bien plus rentable et accessible que les vieilles activités culturelles de naguère et de jadis : voilà le funeste cocktail qui, en effet, est à la fois sujet et objet, cause et conséquence, du processus dans lequel nous sommes, depuis quelque temps déjà, bien engagés.
''Pour ce qui est de mon grand ami le peuple et de sa dignité perdue, j'en reviens à l'effondrement du système des classes sociales en France après 1945, et plus encore après 1968. Il y avait un prolétariat qui avait sa “culture” et sa dignité : la désindustrialisation de la France l'a éradiqué en quelques décennies. Il y avait une petite-bourgeoisie qui n'était pas encore tout à fait ce qu'elle est aujourd'hui car elle était, justement, tenue en respect, si j'ose dire, par la bourgeoisie dominante, autrement dit la classe cultivée — celle qui donnait le la esthétique, linguistique, culturel. (Je ne dirai rien, ici, de l'aristocratie, que de toute façon je connais fort mal.) ''

Je suis entièrement d'accord.

D'autre part, on a souvent fait la remarque que ce sont les héritiers de la classe bourgeoise cultivée qui ont été les premiers à jeter par dessus bord, à partir de 68, la culture de leur classe. J'ai pour ma part, une explication, qui vaut ce qu'elle vaut, à ce fait : grâce à l'excellence de l'école républicaine jusque dans les années 70, les enfants du ''populo'' étaient chaque année plus nombreux à prouver qu'ils pouvaient, eux aussi, maîtriser la culture classique, savante. A partir du moment où les enfants de ses domestiques y brillaient autant que les siens, la classe bourgeoise a pris en mépris,en grippe, peut-être inconsciemment, cette culture et a préféré la saborder plutôt que de s'y voir concurrencée, voire dépassée par les membres des classes ''inférieures''. Elle s'est alors rabattue sur un art contemporain délibérément abscons, faisant en sorte qu'il soit incompris du ''commun'' pour se redonner un sentiment de supériorité.
Utilisateur anonyme
19 janvier 2016, 23:50   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
« Elle s'est alors rabattue sur un art contemporain délibérément abscons, faisant en sorte qu'il soit incompris du ''commun'' pour se redonner un sentiment de supériorité. »

Il faudrait néanmoins ajouter, pour être tout à fait juste, que le “commun” a su aimer cet art contemporain qui — n'exigeant pas, du moins en surface, pour être compris, une très grande culture classique — lui a enfin permis de se mettre à faire lui aussi le malin, et même de faire carrière dans diverses institutions culturelles en faisant valoir sa gouaille, son goût des réseaux et sa haine des classiques, plutôt qu'une quelconque sensibilité aux hautes œuvres de l'esprit.

Pour en revenir à notre classe cultivée de naguère, elle s'est surtout diluée — de son propre chef mais aussi avec l'aide providentielle de l'Ecole pédagogisée, de l'impôt écrasant et de la télévision du samedi soir – dans la petite-bourgeoisie égalisatrice. En même temps, à mesure qu'elle s'y diluait, on l'a vue et surtout entendue se mettre à parler (dans un méchant français de concierge qu'elle a consciencieusement appris) de choses qui relèvent du pur divertissement, si possible idiot — rock, rap, BD, etc. — mais avec un sérieux et une gravité que l'on réservait jadis aux seules œuvres de la (haute) culture. Un art contemporain parfois abscons, parfois intéressant, plus rarement génial, vint aussi donner le change et, c'est exact, servir par moments de caution culturelle.

Le constat de Cassandre n'en demeure pas moins intéressant : mieux valut se diluer, s'éventrer, mourir, que se laisser doubler culturellement et intellectuellement par les rejetons d'un petit peuple ayant accès à une Ecole qui, non contente d'être gratuite, avait l'outrecuidance de fonctionner trop bien.

Ce qui ressort de tout cela, c'est que la dilution de la classe cultivée a été un désastre non seulement pour la culture mais aussi pour le peuple qui, laissé à lui-même, a pu librement inaugurer le règne tout englobant du n'importe quoi, ce qui semble être sa pulsion première. How sad.

Ajoutons à cela qu'il y eut certainement, dans les tréfonds de la classe cultivée, une part inconsciente, une fatigue d'exister, une pulsion de mort qu'on aurait tort de négliger tout à fait.
Utilisateur anonyme
26 mars 2016, 17:57   décadence
Il y a quelques années, j'ai entendu Jean d'Ormesson dire que notre décadence avait commencé avec les Romantiques.
Sur le coup, il m'a semblé que l'idée méritait qu'on s'y attardât.
Plus tard, je l'ai vu au journal télévisé de France 2 servir la soupe à Djamel Debbouze.
Ce soir-là, je me suis dit qu'en fait notre décadence avait commencé avec Jean d'Ormesson.

Séance du 23 novembre [1843]

Charles Nodier – L’Académie, cédant à l’usage, a supprimé universellement la consonne double dans les verbes où cette consonne suppléait euphoniquement le d du radical ad.

Moi – J’avoue ma profonde ignorance. Je ne me doutais pas que l’usage eût fait cette suppression et que l’Académie l’eût sanctionnée. Ainsi on ne devrait plus écrire atteindre, approuver, appeler, appréhender, etc., mais ateindre, aprouver, apeler, apréhender. Si l’Académie et l’usage décrètent une pareille orthographe, je déclare que je n’obéirai ni à l’usage ni à l’Académie.

Victor Cousin – Je ferai observer à M. Hugo que les altérations dont il se plaint viennent du mouvement de la langue, qui n’est autre chose que la décadence.

Moi – M. Cousin m’ayant adressé une observation personnelle, je lui ferai observer à mon tour que son opinion n’est, à mes yeux, qu’une opinion, et rien de plus. J’ajoute que, selon moi, mouvement de la langue et décadence sont deux. Rien de plus distinct que ces deux faits. Le mouvement ne prouve en aucune façon la décadence. La langue, depuis le jour de sa première formation, est en mouvement; peut-on dire qu’elle est en décadence ? Le mouvement c’est la vie; la décadence, c’est la mort.

Victor Cousin – La décadence de la langue française a commencé en 1789.

Moi – A quelle heure, s’il vous plaît ?

Victor Hugo – Choses vues
Une des choses qui m'étonnent le plus dans cette affaire du sens de l'évolution des langues, c'est l'apparente incapacité de la plupart à concevoir qu'il existe des mouvements contraires, selon les époques historiques. En période de décivilisation la langue évolue très vite en devenant presque exclusivement orale, elle se simplifie, devient plus rustre et éclate en dialectes locaux et même en sociolectes, il y a en somme, créolisation : on peut alors à bon droit parler de décadence de la langue précédente, surtout si celle-ci avait donné naissance à un corpus littéraire riche, et elle peut finir par mourir. C'est ce qui s'est passé avec le latin en quatre siècles. En période de civilisation (au sens d'un processus, le contraire de décivilisation), c'est l'inverse : la langue se centralise aux dépens des patois, elle évolue beaucoup moins vite en dépendant davantage de l'écrit et des règles qui lui sont attachées, elle devient plus rigoureuse (certains disent qu'elle devient moins “colorée”). Ainsi le français évolue-t-il fort peu du début du XVIIe au milieu du XXe s, et son évolution, globalement, se fait dans le sens de la plus grande rigueur et précision.
Le plus remarquable dans la dynamique classique décrite par Marcel est que celle-ci est immune, imperméable à la pourtant inédite globalisation de la communication linguistique (moins ancienne que la globalisation économique). La connaissance des langues étrangères, qui peu ou prou pénètre et se fait générale dans les populations, ne change strictement rien au processus de créolisation, de perte et de confusion du vocabulaire le plus élémentaire et n'entrave en rien les progrès de cette gêne universelle à nommer avec précision et concision quoi que ce soit.

Les "traducteurs" des agences très installées, celles qui par exemple détiennent les grands contrats de sous-titrage ou de doublage des documents télévisuels grands publics, donnent régulièrement, désormais, des choses comme "les afro-américains dans les années 60 en avaient assez d'être oppressés par les lois ségregationnistes", entendu hier soir. J'avais quinze quand dans mon lycée de province, nous nous faisions taper sur les doigts et étions tournés en ridicule pour confondre "opprimé" (de l'oppression politique) et "oppressé" (de la consultation médicale). Ces milliers de petites dérives, de petits flops du vocabulaire, au quotidien, forgent le patois universel dans lequel 65 millions de personnes pataugent en France, et bien plus ailleurs car l'anglais est touché mêmement. Les grands journalistes professionnels, les experts de ceci et de cela, des gens qui voyagent dans vingt pays en une année, et les hauts responsables politiques, s'expriment publiquement, sans vergogne aucune, dans la parlure dont on affectait les concierges dans les films en noir et blanc des années 50

Le problème a son origine dans la sphère extralinguistique, il n'est pas un phénomène linguistique mais politique et civilisationnel.
Il y a cinquante ans, le simple emploi de "recoupages" pour "recoupements" (des preuves ou des observations dans une enquête) aurait fait bondir ; aujourd'hui, non seulement les journalistes ignorent cette distinction mais, si on leur en faisait la remarque, ne comprendraient pas "où il est le problème".

Les lois du patois que sont l'appauvrissement de la langue, la perte de ses nuances de vocabulaire, la perte sèche du stock des mots, le solécisme et la mécommunication régissent le quotidien du monde post-moderne où tendre l'oreille n'a plus court, ne participe plus à aucun geste d'entendement, où seul règne le boucan infernal et autiste du "je-me-comprends" ou du "ma tribu me comprend et ça m'suffit".
Utilisateur anonyme
27 mars 2016, 14:47   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
Je crois que c'est bien pire : ils ne se comprennent même pas. Je le constate régulièrement avec mes étudiants. Lorsque ceux-ci me soumettent un paragraphe rédigé en pur charabia, je leur demande : « Mais qu'avez-vous voulu dire, au juste ? », et alors, n'ayant manifestement pas le moindre début de réponse à cette étrange question, ils me regardent l'air perdu, hébété, limite accablé, comme si je venais de leur demander de remettre dans l'ordre chronologique Jeanne d'Arc, François Ier et Louis XIV (autre tâche impossible). Tout ce petit monde, naturellement, finira bien par avoir son “Bac +5”.
Cette semaine la dame de l'accueil téléphonique d'un centre de gestion de copropriété, grande entreprise nationale, s'exprimant sans aucun accent étranger perceptible, sans rien non plus de "racailleux" dans la voix, à qui j'exposais mon souhait de régler un compte par prélèvements bancaires directs, peine à trouver ses mots pour m'expliquer la procédure, n'y parvenant pas, renonçant comme une qui renoncerait à trouver les termes difficiles d'une langue étrangère (je la "voyais", la langue tournicotante et les yeux au plafond dans l'espoir d'une éjaculation verbale qui ne venait point "Ah ... comment dit-on déjà... heu... comment... ") finit par dégager en touche vers le poste de sa collègue : je vous passe la comptable !

Il va bientôt falloir songer sérieusement à donner des cours de français langue étrangère aux natifs de ce pays. Des cours de décrassage, pour les laver des scories toujours renaissantes du patois général qui n'a nullement besoin d'un lieu donné ou particulier (une province, une banlieue) pour engraisser et leur alourdir la langue, leur empâter la bouche.
Il me semble que l'état de la langue française est pire que celui de l'allemand ou même de l'anglais. Voyez par exemple un film contemporain américain en version originale sous-titrée : les sous-titres sont, depuis quelque temps, devenus systématiquement encore plus infantiles, plus vulgaires — les rafales constantes des fuck et fucking nonobstant — et plus pauvres que la bande originale.
Utilisateur anonyme
27 mars 2016, 15:27   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
L'état linguistique des forums anglais et américains — je ne parle pas forcément de forums culturels — est en effet moins alarmant que celui des forums francophones. La syntaxe, bien que souvent simplifiée, reste néanmoins correcte ; une certaine base subsiste. Tandis que sur la plus grande partie de l'internet francophone, on a l'impression qu'un ouragan grammatical a tout ravagé. Mais au vrai cela m'avait choqué dès la fin de la décennie 1990, lors de la première ère webmatique : déjà, la sauvagerie était de retour.
« Mais qu'avez-vous voulu dire, au juste ? », et alors, n'ayant manifestement pas le moindre début de réponse à cette étrange question, ils me regardent l'air perdu, hébété, limite accablé

Ils ne comprennent pas qu'ils ne comprennent pas.

Ils ne se savent pas même ignorants, défaillants, ce qui est bien normal puisque personne ne le leur a jamais signifié, puisque l'école s'interdit de leur signifier (ce qui pourrait "les stigmatiser"); ils se trouvent au-delà de soupçonner leur ignorance et la dimension désespérée de leur cas ; ils ignorent qu'ils sont entretenus dans l'inaptitude à tout. L'école "de la République" a enfanté ces monstres et continue de le faire.

Le stock structurel de millions d'adultes sans aucune perspective de participer au monde par une activité -- qui ne soit pas le trafic de stupéfiants -- qui les rendrait du même coup autonome doit être entretenu coûte que coûte. L'école "de la République" pourvoit à l'entretien et au renouvellement de ce stock. Il semble que ce soit devenu son rôle : étouffer tout possible éveil à l'ignorance, indispensable prélude à celui de la connaissance et de l'action.

Les petits monstres, ainsi condamnés d'avance à végéter jusqu'à 35 ans chez leurs parents, descendent dans la rue en revendiquant le droit de ne pas être dérangés dans leur destin sans issue, et conspuent la "Loi travail" en marchant de conserve avec les premiers bénéficiaires du chômage structurel : les inclus du salariat représentés par les syndicats à prébende que sont la CGT et consort et qui tiennent à ce que leur salaire ne souffre aucune concurrence de la part des jeunes générations crétinisées.

La bêtise est un mot inadapté pour qualifier ce qui se donne à voir aujourd'hui en France. Il n'est pas "un mot faible" mais bien inadéquat : il ne rend pas compte de la cruelle perversion du dispositif.
Tandis que sur la plus grande partie de l'internet francophone, on a l'impression qu'un ouragan grammatical a tout ravagé.

Tout recemment encore, sur un forum juridique, donc de juristes, un intervenant qui, répondant à une question, montre qu'il a confondu culpabilisation et inculpation. Et on les regarde ne pas se comprendre.

Il y a des jours où je me demande comment ce pays peut encore fonctionner. Et du reste, fonctionne-t-il encore ?
27 mars 2016, 17:17   Un bon minimum
Sans aucun doute : les trains arrivent à l'heure, le courrier est acheminé, vous avez l'eau courante, l'électricité et le gaz, les biens, les services et les denrées se monnayent plus ou moins correctement, les échanges directs sont encore plutôt courtois et civils, il y a des lieux publics où l'on vous soigne, vous ne vous faites pas dévaliser, violer, écharper à tous les coins de rue, les grandes violences et les tueries demeurent encore l’exception, etc. ; c'est considérable, au regard de réels états d'anomie où il n'y a plus de puissance publique et d'Administration... Le reste est coquetterie de l'âme, comme disait je ne sais plus qui...
27 mars 2016, 18:56   Re : Un bon minimum
Tous les points de ce constat, qui n'est pas faux, peuvent être précédés par « encore à peu près ».
Je clique sur une annonce publicitaire dans un grand site d'information. Je tombe sur le site du chausseur Igert. Une paire de chaussures peu remarquable est proposée en grand luxe graphique à 159,00 euros. [www.igert.fr]


Chaussure de ville, parfaite pour évènement ou pour travailleur accomplit. Pour un esprit habillé et chic.

à lacet en dessus cuir lisse noir doublé cuir

avec semelle intérieure cuir amovible

semelle extérieure 100% caoutchouc

avec absorbeur de chocs pour affronter la journée en toute tranquilité.

Pour une marche tout en douceur

Réduit les chocs - Protège le dos

Soulage les articulations.

Pour un confort optimal du pied



Il ne s'agit pas d'un forum de libre ensauvagement mais d'un site de vente, conçu par des commerciaux, des webmasters, des agences de com truffées de bac+6. Le texte est digne d'un petit paysan en sabots des campagnes d'autrefois, dont la ferme est trop éloignée de l'école pour qu'il puisse s'y rendre plus d'une ou deux fois par semaine.

Qu'en dire ? Que faire et qu'espérer de nous autres ?
28 mars 2016, 18:32   Being curious
Il ne vous a pas échappé, Francis, que ces écrase-merde sont aussi laids que la légende qui les vante ; est-ce que les pompes de plus belle facture auraient également un descriptif de meilleur style ?
Je ne sais pas Alain. Ces écrase-merde sont proposés à un tarif non plébéien, 159,00 euros. Je ne comprends plus guère le monde contemporain. Un pays qui ne fonctionne pas, à mes yeux c'est cela même : des pompes de rien vendues au prix du luxe dans une prose de petit garnement en sabots abonné à l'école buissonnière et où la dette nationale se chiffre à milliards.

J'achète mes escarpins fait mains, en veau retourné, dans une échoppe de Siem Reap où le cordonnier est le mari de la vendeuse, qui s'en va tous les mois acheter ses cuirs à Bangkok en patache, laquelle s'arrête à la frontière. La dame continue en autocar, puis ses achats achevés remonte à la frontière ses cuirs de première qualité et tout le crépin nécessaire au mari, qui oeuvre dans l'arrière-boutique ceint d'un tablier de sapeur, comme un légionnaire. Dans la boutique, désordonnée et fleurant bon la fleur de bovin, la dame me fait poser le pied nu sur une feuille de papier où elle prend au crayon les contours de mes nougats pour qu'on soit sûr que le produit final sera "chaussant" comme on disait dans les années de mon enfance. Elle fait ça en riant et en plaisantant aimablement. Ces chaussures sont inusables, indémodables, elles craquent le neuf pendant des années. Elles me coûtent 49,00 euros la paire. Voilà un pays, le Cambodge, rendez-vous compte, le Cambodge, qui fonctionne.
A propos, quel est le taux de chômage au Cambodge ?
Bonne question Thomas, et je vous remercie de me l'avoir posée comme on disait.

Y'en a pas. Tout le monde s'active, d'une manière ou d'une autre, chacun se débrouille. Et personne ne touche d'alloc. Pas d'assurance chômage. Et pas de gens qui vivent sur le dos de la collectivité nationale (la collectivité internationale, c'est autre chose, en l'espèce des cargaisons de "bénévoles" des quatre coins du monde qui débarquent là tous les matins pour pouvoir, six mois plus tard, inscrire sur leur cv qu'ils ont "fait de l'humanitaire" au Cambodge en enseignant l'anglais à des orphelins, chacun y trouve son compte à priori : le bénévole narcissique, l'orphelin et l'agence privée qui encaisse au passage une commission sur la transaction humanitaro-narcissique).

L'exploitation des ouvriers et ouvrières, en l'absence de normes d'hygiènes et de sécurité dans les grandes entreprises où l'on fabrique souvent, justement, des chaussures à la chaîne que l'on revendra en France 159,00 euros la paire en payant l'ouvrier 2 euros par jour, est féroce, parfaitement dix-neuviémiste. Le rôle d'une CGT cambodgienne devrait être d'intervenir là. Les temps héroïques du syndicalisme ouvrier de la première heure, du syndicalisme d'urgence, se dessinent. Un pays sain et qui fonctionne, en dépit d'une administration qui n'existe que dans et par la corruption, est celui où en creux se dessinent des solutions accessibles à court ou moyen terme, des solutions concevables et à portée de main, où l'on touche du doigt ce qui est à faire pour améliorer le sort commun.

Il n'est pas de "volant de chômage" ni de chômage structurel de masse ni d'enfermement dans l'inaction et l'attente désespérée, quelle soit comme chez nous individuelle ou collective, messianique. Un monde est à faire, à construire en lequel chacun trouve à oeuvrer à sa mesure, un monde où personne n'entretient personne à rien faire, si ce n'est comme je viens de le dire pour les "bénévoles internationaux" qui se complaisent à ce jeu qui les sert, dont ils se servent directement et égoïstement.

Il y a sept ans maintenant que je retourne et séjourne dans ce pays : je l'ai vu changer, passer de l'enfance à l'adolescence, comme la France jadis, dans les années de mon enfance, précisément, celles du milieu des Trente glorieuses : disons de 1959 à 1966.

Pour la première fois cette année, j'y ai vu des femmes voilées. Des villages musulmans commencent à exister, me dit-on. Dans quelques temps, il faudra commencer à craindre les bombes, comme à Bali il y a quinze ans. Trois ou quatre ans, peut-être moins.
"Un monde est à faire, à construire"

Et quand il sera fait, qu'y fera-t-on ?
Autre excellente question Thomas.

J'aimerais pouvoir vous répondre : on y jouira sans entraves mais l'expérience, celle qu'apportent les ans naturellement, me l'interdit.

Je ne sais plus quel grand homme américain (Lincoln, Washington ?) eut cette phrase (que je cite de mémoire) :

Je fais de la politique pour que mes enfants puissent faire de la philosophie et mes petits enfants de la poésie.
Utilisateur anonyme
29 mars 2016, 09:57   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
"Des villages musulmans commencent à exister"



Francis.

Connaissez-vous le livre de Peter Hammond, "Slavery, terrorism and Islam" ?


Voici comment ça fonctionne :

Aussi longtemps que la population musulmane demeure autour ou inférieure à 2%, peu importe le pays, elle sera perçue comme étant une minorité pacifique, et non comme une menace par les autres citoyens.
Entre 2 % à 5 %, la conversion des autres minorités ethniques et des groupes marginaux commence par le recrutement des détenus dans les prisons et des jeunes marginaux faisant partie des gangs de rues.

Lorsqu’ils atteignent 5%, les musulmans exercent déjà une influence excessive en proportion de leur pourcentage de la population. Ils feront alors de la pression pour l’introduction de produits
alimentaires « halals »,(licites selon les standards islamiques) assurant ainsi l’embauche de musulmans pour leur préparation et le paiement par le consommateur d’une « taxe de certification halal » revenant aux seuls musulmans, mais aux frais et à l’insu de tous.
Ils augmenteront leur pression sur les chaînes de distribution alimentaires pour que celles-ci
mettent ces produits en rayon les menaçant de représailles allant jusqu’à la faillite s’ils ne se soumettent pas à leurs demandes.
Parvenus à ce stade, les musulmans s’infiltreront graduellement dans toutes les sphères d’influence et travailleront afin que les gouvernements en place leur permettent de se gouverner eux-mêmes à l’intérieur de leurs enclaves-ghettos selon les lois de la sharia.

Quand le nombre de musulmans approche 10 % de la population, ils accroissent le non-respect des lois allant jusqu’à les défier ouvertement afin de revendiquer des conditions de vie propres à leur culture et à leurs croyances. Toute action perçue comme étant antimusulmane provoque des soulèvements de foules et des menaces.

Lorsqu’ils atteignent 20% de la population, les pays d’accueils connaissent des manifestations
de violence déclenchées la plupart du temps pour des peccadilles, la formation de milices djihadistes, des tueries, des incendies d’églises chrétiennes et de synagogues juives.

A 40%, les nations connaissent des massacres sporadiques, des attaques terroristes à répétition, et la guérilla militaire sans répit.

A partir de 60 %, les nations vivent la persécution sans retenue des citoyens non-musulmans, ceux qu’ils nomment les«mécréants », mais aussi les musulmans qui ne se conforment pas à l’idéologie intégriste – ceux que l’islam qualifie « d’hypocrites ». Intervient alors le «nettoyage»ethnique, l’utilisation de la sharia comme arme de répression, et l’application de la « jizya » ; cet impôt que les non-musulmans doivent payer aux musulmans.

Au-delà de 80 %, l’intimidation est incessante, l’oppression et le djihad violent sévit impunément, le nettoyage ethnique est étatisé allant jusqu’au génocide. Les intégristes chassent ou éliminent tous non-musulmans car les pays qu’ils occupent doivent être 100 % musulmans !
Malheureusement, la paix ne survient jamais... car dans ces pays musulmans à 100% les plus radicaux ont toujours soif de plus de radicalité.
Utilisateur anonyme
29 mars 2016, 10:44   Re : A l'Est : les yeux grands ouverts.
« Sans aucun doute : les trains arrivent à l'heure, le courrier est acheminé, vous avez l'eau courante, l'électricité et le gaz, les biens, les services et les denrées se monnayent plus ou moins correctement, les échanges directs sont encore plutôt courtois et civils, il y a des lieux publics où l'on vous soigne, vous ne vous faites pas dévaliser, violer, écharper à tous les coins de rue, les grandes violences et les tueries demeurent encore l’exception, etc. ; c'est considérable, au regard de réels états d'anomie où il n'y a plus de puissance publique et d'Administration... Le reste est coquetterie de l'âme, comme disait je ne sais plus qui... »
Verbatim de l'allocution du président d'une collectivité territoriale, d'un donneur d'ordres donc qui dispose d'un budget de plus de 2 milliards d'euros: "C'est moi qui rapporte le rapport 16 sur l'aide aux communes. Comme je m'y suis engagé depuis notre prise de fonctions et même auparavant, nous restons le premier partenaire de l'aide aux communes et c'est près de 200 millions d'autorisation de programme qui ont été mis sur le soutien de l'aide aux communes cette année. Bien entendu, je veillerai comme nous l'avons fait depuis le début que ce que...chaque territoire soit accompagné dans un cadre transparent et équitable. C'est vrai que nous sommes sur un contexte budgétaire très contraint mais il est essentiel que la ville-centre puisse aussi ne pas, au détriment d'autres communes, avoir un plan triennal. Ce plan triennal, il était terminé précédemment au 31 décembre 2015 -- il était de 100 millions sur 3 ans puis il n'a été donné au Conseil départemental que 31 millions."

Plus loin, l'orateur se dit "irissé" et se réjouit qu'il soit mis fin aux "soupoudrages" des associations.
Avec un peu d'effort de décryptage on comprend tout de même encore à peu près ce qu'il a voulu dire, votre président de collectivité territoriale : de quoi vous plaignez-vous ?
J'ai un peu nettoyé, quand même. Et passé sur diverses confusions ("éligible" au lieu d' "exigible", "resituer" [un rapport] (!) au lieu de "réexaminer/reconsidérer", etc.), emploi frénétique du verbe "permettre" et mésusage désormais classique des prépositions ("sur" à la place de "dans", notamment), j'en passe et des meilleurs.
mais il est essentiel que la ville-centre puisse aussi ne pas, au détriment d'autres communes, avoir un plan triennal.

Vous n'avez aucun problème particulier avec ça Marcel ?
Votre intervention, Francis, me fait douter maintenant de l'ironie du "de quoi vous plaignez-vous ?" meyerien!
Toujours dans notre chronique des progrès du baragouin national, ce titre d'un magazine "people" (qui se disait autrefois "à scandales") :

DEVINETTE : Quelle sublime actrice est devenue cette ravissante fillette ?

Qui aurait sans doute dû être "Quelle sublime actice cette ravissante fillette est-elle devenue ?"

Seulement voilà, il y faudrait l'inversion verbe sujet qui était le marqueur de la forme interrogative directe, désormais aboli, perdu corps et bien dans le baragouin ambiant ("t'es où ?" , "tu fais quoi ?", etc.), et voilà donc que, tout naturellement, le patois médiatique qui s'interdit cette inversion conduit à faire se transformer les "sublimes actrices" en "ravissantes fillettes". La perte des rudiments de grammaire de cette langue, le français, entraîne non seulement une perte ou un brouillage du sens et la mécommunication générale, mais au-delà et même avant cette anomie, aussi et surtout une inversion, une mise cul par dessus tête des termes de la prédication : chacun dit gaiement le contraire de ce qu'il veut dire et ne s'en formalise aucunement (p. ex. mais il est essentiel que la ville-centre puisse aussi ne pas, au détriment d'autres communes, avoir un plan triennal.)


[fr.people.yahoo.com]
Exemple intéressant en effet.

Quelle sublime actrice est devenue cette ravissante fillette !
Quelle sublime actrice est devenue cette ravissante fillette ?

Deux phrases qui, en parlure post-française, n'ont pas du tout la même signification et que ne distinguent que le signe de ponctuation qui les clôt. En somme, au lieu d'être véhiculé par la syntaxe, le sens l'est par un signe qui est déjà une sorte d'émoticône. Curieux stade intermédiaire.
Une différence substantielle entre le français et l'allemand, résiderait dans le placement du verbe, qui se situe, dans le cas du français, plutôt en début de phrase; et en fin de phrase, dans le cas de l'allemand, obligeant les Allemands à faire preuve de patience avant de répondre. Ainsi, en français, les coupures intempestives proviendraient de ce que le verbe, une fois passé, l'interlocuteur croit pouvoir se permettre d'ignorer le restant de la phrase. L'immédiateté étant devenue la règle, on peut donc supposer que ces troubles du comportement trouveront à se généraliser côté français, et à se structurer côté allemand.

Par ailleurs, il est possible de faire un même constat dans l'usage des mots courts au détriment des mots longs. La mémoire immédiate préfère les mots courts, la mémoire longue préfère les mots longs. L'immédiateté privilégiera donc bien souvent les mots anglais au détriment des mots français (nonobstant les effets de mode et autres traviolitudes)
 
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter