Danger

La difficile traversée du Salon de l’agriculture par un homme que les circonstances ont propulsé là où il n’était pas fait pour se trouver, offre un spectacle au moraliste qui se souvient qu’il n’est d’autre bonheur qu’à occuper sa juste place et de malheur qu’à n’y être pas.

L’amateur de politique poursuit et prétend que quiconque n’étant pas à sa place tout en disposant d’un pouvoir, n’offre pas de gages de fiabilité quant aux décisions qu’il pourrait prendre et, pour tout dire, n’est guère rassurant, ni pour lui-même, ni pour les autres. Car s’il est possible d’être témoin, chez quiconque n’est pas à sa place, du développement de certaines ressources pour se maintenir, on ne peut jamais savoir de quelles natures elles seront et ce qu’elles produiront.

A ce propos, il est curieux de constater qu’il ne semble pas dépendre des régimes d’empêcher que parviennent au pouvoir des individus que rien ne désignait à de telles fonctions ou, au contraire, de favoriser l’émergence de grands politiques. Témoin Louis XVI, qui n’a dû à aucune élection de n’être vraiment pas l’homme de la situation ou, inversement, De Gaulle, qui n’a dû à aucun droit divin de l’être. C’est à se demander si l’introduction d’un système de tirage au sort dans les moyens d’accéder au pouvoir ne rendrait pas compte de l’aléa irréductible des décisions humaines quand il s’agit de se donner des chefs.

Oui. J'ai toujours pensé que le tirage au sort des magistrats à Athènes et l'hérédité de la couronne en monarchie avaient en commun de confier au hasard le choix du détenteur du pouvoir. Avec une différence cependant : si le hasard est celui de la génétique il peut être puissamment corrigé par la transmission de l'habitus adéquat, l'éducation. En ce sens il est bien possible que l'inadéquation de Louis XVI à sa fonction soit autant due à l'éducation assez XVIIIe qu'il a reçue qu'à ses faiblesses intrinsèques.

C'est pas bête. Comme les jurés de cour d'assise.